L’UKRAINE ET LA RUSSIE, L’EUROPE ET L’ALLEMAGNE, ET LES ETATS-UNIS
Le bras de fer de la guerre russo-ukrainienne continue et engendre des sacrifices inversement proportionnels à la puissance des belligérants. Prenons un peu d’altitude et analysons l’historique.
Déjà plus de 30 mois de conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine. Les derniers rebondissements, et les dernières décisions et déclarations de Mr Poutine nous donnent l’occasion de faire un point de situation sur la guerre en Ukraine nommée initialement Opération Militaire Spéciale par Moscou.
Les informations sur la situation purement tactiques étant contradictoires selon les belligérants et les médias, elles n’apportent pas d’indices pertinents sur l’orientation à long terme de ce conflit. En revanche, une analyse plus globale des causes racines permet de mieux cerner les enjeux et d’émettre quelques hypothèses sur les évolutions de ce conflit en particulier, et plus généralement à l’échelle mondiale.
Les causes racines
La prise de parole du 23 février 2015 au « Chicago Council on Global Affairs » de Mr George FREIDMAN,
géopolitologue, spécialiste du renseignement et de la prospective, conseiller des affaires militaires auprès des dirigeants des Etats-Unis d’Amérique, exprime clairement la vision géostratégique des Etats-Unis. Un extrait de cette conférence sur youtube, sous-titrée en français et qu’il est conseillé de visionner avant de poursuivre, parle plus spécifiquement de l’Ukraine et de l’Allemagne (https://www.youtube.com/watch?v=emCEfEYom4A 11:19).
Toutes les phrases ont leur importance mais quelques phrases clés de cet extrait permettent d’appuyer le propos :
- « L’intérêt primordial des Etats-Unis pour lequel nous avons fait des guerres pendant des siècles, lors de la 1ère, la 2ème et la guerre froide a été la relation entre l’Allemagne et la Russie, parce qu’unis ils représentent la seule force qui pourrait nous menacer, et nous devons nous assurer que cela n’arrive pas. »
- « Ce faisant il (le général américain HODGES ndlr) a montré que c’était son armée (l’armée ukrainienne ndlr) »
- « Le fait est que les Etats-Unis sont prêts à créer un cordon sanitaire autour de la Russie »
- « Les Etats-Unis ont un intérêt fondamental, ils contrôlent tous les océans du monde ... Par conséquent, nous arrivons à envahir les peuples et ils ne peuvent pas nous envahir. Ceci est une très bonne chose »
- « La façon dont les Britanniques ont réussi à s’assurer qu’aucune puissance européenne ne pourrait construire une flotte a été de faire en sorte que les Européens s’entredéchirent »
- « La politique que je recommande est celle adoptée par Ronald Reagan envers l’Iran et l’Irak. Il a financé des deux côtés de sorte qu’ils se battent entre eux. C’était cynique et ce n’était certainement pas moral, mais cela fonctionne (Se rappeler du blocus de l’Iran par les Etats-Unis tout en armant l’Iran secrètement. Le secret a été dévoilé lors du scandale de l’irangate en 1986 ndlr) »
- « ...notre problème est en fait d’admettre que nous avons un empire »
- « Pour la Russie, le statut de l’Ukraine représente une menace pour sa survie, et les Russes ne peuvent pas laisser faire (rappel : nous sommes en février 2015, 7 ans avant le conflit armé de 2022 ; mais surtout un an après L’Euromaïdan ndlr) »
- « Pour les Etats-Unis, la peur primordiale est la technologie et le capital allemand avec les ressources naturelles et la main d’œuvre russe »
- « Les Etats-Unis ont déjà joué carte sur table, c’est la ligne de la Baltique à la Mer Noire. Quant aux Russes, leurs cartes ont toujours été sur table. Ils doivent au moins avoir une Ukraine neutre, pas une Ukraine pro-occidentale »
(La totalité de cette conférence en américain est disponible sur https://globalaffairs.org/events/europe-destined-conflict 1:12:30)
Le moins que l’on puisse dire c’est que Mr FREIDMAN n’use pas de la langue de bois. Tout est parfaitement clair, et se vérifie historiquement et à posteriori.
Mais Mr FREIDMAN ne fait que reprendre la vision du monde de Mr Nicholas SPYKMAN, géopoliticien américain du début 20ème siècle, dont les idées sont issues de son homologue britannique MACKINDER, dans la continuité de la stratégie de domination mondiale des États-Unis, et dont les Américains BRZEZINSKI, KISSINGER, et encore WOLFOWITZ ont été les emblématiques architectes.
Dans une vision états-unienne et selon la théorie de Mr SPYKMAN, le monde se compose :
- du ‘Heartland’ (le territoire cœur), le continent eurasiatique avec l'Europe de l'Est et la Russie.
- du ‘Rimland’ qui cerne le Heartland, l'Europe de l'ouest, le Moyen-Orient et l'Extrême-Orient
- du ‘Off-Shore Continents’ (littéralement continent hors terre), l’Amérique du sud, l'Afrique, l'Australie et le Pacifique.
Les Etats-Unis (et le Canada) se considèrent comme territoire maritime ‘Off-Shore’ mais indépendant du ‘Off-Shore Continents’. Reste à positionner la grande Chine initialement dans le ‘Off-Shore Continents’ mais actuellement plus dans le ‘Heartland’, ce qui pose quelques problèmes conceptuels aux États-Unis !
Selon SPYKMAN, assurer la suprématie géographique permet de garantir sa sécurité géopolitique. Toujours selon SPYKMAN : « Qui contrôle le ‘Rimland’ contrôle le ‘Heartland’ donc l'Eurasie, et qui règne sur l'Eurasie contrôle le monde ».
C’est sur cette théorie que les Etats-Unis ont fondé leur stratégie d'endiguement depuis 1945, mise en œuvre initialement par Mr Harry TRUMAN pour contrer l’expansion soviétique, puis s’est poursuivie pour favoriser l’affaiblissement voir l’éclatement de la Russie et plus récemment de la Chine.
Nous pouvons lire une carte pour constater qu’un bon nombre des conflits actuels se situent sur ce fameux ‘Rimland’ de SPYKMAN. Regardons d’ouest en est.
- Pour l’Europe les affaires sont en cours et bien avancées. L’Union Européenne (UE) et l’Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN) sont sous un quasi contrôle des Etats-Unis avec l’affaiblissement des nations européennes. Reste quelques réfractaires comme la Serbie qui, malgré un bombardement ‘humanitaire et d’encouragement’ en 1999, résiste tant bien que mal aux pressions. La création du Kosovo ex serbe est déjà acquise par l’implantation de la base militaire de Bondsteel ; le reste du Kosovo est laissé à la mafia locale mais sous contrôle. La Hongrie et la Slovaquie ne sont pas actuellement les meilleurs élèves mais les déstabilisations sont en cours. Après quelques tentatives, la Biélorussie reste liée à la Russie. La ligne « de la Baltique à la Mer Noire » s’allonge plus au nord avec l’adhésion récente de la Finlande à l’OTAN.
- L’Ukraine reste pour les Etats-Unis le territoire majeur qu’il leur faut contrôler en Europe.
- Traversons la Mer Noire pour arriver au sud Caucase, la Tchétchénie, la Géorgie et l’Ossétie du sud, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, zone de conflits depuis plus de 10 ans. Plus au sud la persistance des conflits au Proche Orient comme le préconise Mr FREIDMAN maintient les pays arabes et perses dans une position d’affaiblissement, de soumission ou de division interne comme en Irak et en Syrie.
- Puis traversons la Mer Caspienne et le Turkménistan pour aboutir en Afghanistan avec certes un échec militaire de l’intervention des Etats-Unis mais une déstabilisation de la région.
- L’Inde est un gros poisson qui ne peut pas être pris directement. Au nord, le conflit du Cachemire avec le Pakistan dont les relations avec les Etats-Unis ont toujours été un simulacre de coopérations, reste une zone de fortes tensions armées. Le récent putsch du 05 août 2024 au Bangladesh, mené par des groupes d’opposition soutenus par les États-Unis, déstabilise l’Inde, mais aussi le Myanmar (ex Birmanie) et la Thaïlande, sans oublier les tensions savamment entretenues au Népal, au Bhoutan et au Xinjiang avec les Ouïghours.
- Pour boucler le ‘Rimland’, reste les Philippines ayant récemment quitté leur neutralité au profit des Etats-Unis, Taïwan qui est un objectif majeur des Etats-Unis, enfin la Corée du sud et le Japon déjà acquis sous contrôle.
- Pour compléter et vraiment boucler le ‘Rimland’ de SPYKMAN, il faudrait ajouter le contrôle de la route maritime du nord entre l’Arctique et la Russie, nommée « route de la soie arctique » par les Chinois. Cette route maritime, dorénavant accessible en brise-glaces, et le gros potentiel de ressources minières et énergétiques de l’Arctique, en font un enjeu géostratégique important, source de futurs conflits.
Mais les conflits et changements de régimes se situent aussi dans le reste du monde en fonction des circonstances et des intérêts à dominer certains Etats : Amérique du sud, Afrique, sud-est asiatique.
L’objectif de domination mondiale des Etats-Unis d’Amérique et sa stratégie a le mérite d’être historiquement évidente et constante depuis de nombreuses décennies, quels que soient les dirigeants au pouvoir, républicains ou démocrates. En revanche, le narratif politique de leur implication dans un conflit pour assurer la paix et la sécurité est un affichage bien différant du résultat des interventions directes ou indirectes. Les guerres en Irak, en Libye, en Syrie et d’autres en sont des exemples. L’objectif est plutôt de contrôler les ressources énergétiques et les matières premières, prévenir l’émergence de concurrents économiques et démographiques, voir, selon certains spécialistes de l’histoire des Etats-Unis, une emprise sur les nations par une élite internationale agissant depuis l’Amérique.
L’opposition idéologique plus actuelle de rupture avec la voie néoconservatrice promise par Mr Donald TRUMP, déclarant se recentrer sur l’économie territoriale américaine et renoncer à un certain expansionnisme ou interventionniste actuels, pourra-t-elle infléchir la géostratégie américaine ? Il faut le souhaiter mais il s’avère que les victoires et les défaites des opérations directes ou indirectes de l’empire américain, dont les échecs militaires sont nombreux, n’ont pas à ce jour influencé leur idéologie mondialiste et conquérante, quelques soient les dirigeants au pouvoir, et ceci quelles qu’en soient les conséquences humaines, surtout lorsqu’il s’agit de la vie des autres.
Les méthodes employées vont de la manœuvre parlementaire à la guerre directe, en passant par les manipulations électorales, les assassinats, les coups d’État, les guerres civiles et révolutions de couleur. Certes plusieurs conflits débutent sur des tensions préexistantes, mais ces dernières sont habilement exacerbées selon une technique largement éprouvée en Amérique du sud depuis 1945. Le contrôle des états se poursuit par la méthode économique de Mr Milton FREIDMAN (un autre Freidman), fondateur de l'Ecole de Chicago. Les thèses de l'Ecole de Chicago s’opposent au keynésianisme. Le contrôle économique d’un état s’effectue généralement par un prêt du Fond Monétaire International (FMI) sous condition de politique d'austérité, de privatisations, et de libéralisation des prix. Les richesses et les secteurs clés de l’État sont rachetés par des multinationales. L’inflation appauvrit le peuple, et la spirale : inflation, appauvrissement, privatisations, s’accélère. Une couche de corruption permet de renforcer le processus.
Depuis la dislocation de l’Union Soviétique en 1991, les déstabilisations des Etats, guerres par procuration ou directes par les Etats-Unis ont fait des morts dont le nombre dépasse largement le million.
Côté Russie, la stratégie affichée est beaucoup moins ancienne. De 1923 à 1991, la vision de l’URSS composée de pays continentaux, était essentiellement idéologique, marxiste, sans nécessité d’établissement d’une hégémonie sur toutes les nations du monde, contrairement aux Etats-Unis avec leur besoin croissant de contrôle mondial des marchés et des ressources adossées au dollar, monnaie imposée d’échange mondiale depuis les accords de Bretton Woods en juillet 1944, et juridiquement renforcée par l’extraterritorialité du droit américain.
De 1991 à 2000, dans une situation d’écroulement généralisé, la Russie sous Boris Eltsine ne pouvait pas mettre en pratique une vision géostratégique. Cette période a été un ravage économique par l’application des soit-disant méthodes de redressement économique de l’école de Chicago : subvention contre privatisation et libération des prix. En revanche depuis 2000, ayant redressé sa situation interne, elle s’est engagée dans un objectif géopolitique basé sur un monde multipolaire en opposition à l’hégémonie des Etats-Unis. Pilote dans cette nouvelle organisation du monde, alliée de circonstance avec la Chine et d’autres puissances, elle devient pour beaucoup de pays anciennement nommés du tiers monde, puis en voie de développement ou émergents, un allié fiable pour leur développement. Ces pays émergents, dont certains ont émergé, rejettent l’influence idéologique des pays dits de l’Occident collectif.
L’Ukraine
La situation géopolitique mondiale étant posée, redescendons en Europe.
Il est difficile à un Français de comprendre les peuples d’Europe de l’est, car même si chaque région de France a sa spécificité, ce qui est une bonne chose, le long travail accompli par nos rois a créé au fil des siècle un terreau fertile à l’unification de notre nation. L’hexagone est resté globalement identique, nos frontières déplacées de façon anecdotique et les Français restés en France. L’immigration d’origine italienne, portugaise, et autres nations européennes, bien intégrées, n’a pas modifié la nature du peuple français jusqu’aux années 70. En France, la notion de nationalité, communauté française, citoyenneté est généralement confondue.
Ce n’est pas le cas de l’Europe de l’est. Les peuples d’Europe de l’est ont été déchirés, déplacés, regroupés sans tenir compte des cultures, langues, coutumes et religions. Des Etats ont été détruits et réassemblés au fil des siècles et des guerres. Les migrations internes en Europe de l’est créent des communautés supplémentaires, car on s’intègre à un peuple qui existe, pas à un Etat mosaïque de peuples. Les peuples conservent leurs identités propres, leurs cultures, leurs langues, et font bien la différence avec un Etat qui les administre avec sa monnaie, ses impôts, ses lois et ses règles. Toutes proportions gardées, il y a une similitude avec les Etats d’Afrique composés de nombreuses ethnies (plus de 1 000 ethnies et donc de langues en Afrique) morcelées et dispersées. Le partage par le découpage ,souvent à la règle sur une carte, en territoires, par la colonisation des pays européens dont la France, n’a fait qu’accentuer cette marqueterie, et les guerres d’origine ou de prétextes ethniques sont pléthore en Afrique.
L’État ukrainien, par l’histoire de cette région, fait partie de ces Etats mosaïques d’Europe de l’est. Les cartes historiques sont très parlantes pour le démontrer.
Sur cette carte de la République des Deux Nations entre mi 16ème siècle et fin 18ème siècle, le Royaume de Pologne (légende n°1 en rose) s’étandait sur une grande partie nord-ouest de l’Ukraine actuelle. A l’est le Donbass était Russe, au sud la Crimée était sous domination Ottomane puis de nouveau Russe.
Cette seconde carte du 20ème siècle présente en pointillé rose les limites de l’État ukrainien à son indépendance en 1917. Des territoires Polonais, Roumains et Slovaques y seront rattachés entre 1939 et 1945. Non représentés sur cette carte, environ 100 000 Hongrois sont présents à l’ouest de l’Ukraine.
On y retrouve donc les Hongrois Magyars, des originaires de Pologne, des Russes et autres peuples. Il y aurait en Ukraine une douzaine de langues et dialectes dont principalement le russe et l’ukrainien.
Wikipédia nous informe, (information à prendre avec réserve), que : « Selon une étude sociologique
de 2002, 44,7 % seulement de la population totale de l'Ukraine parlaient l'ukrainien de façon habituelle, le reste de la population, y compris les ethnies autres que russe, parlaient habituellement le russe. »
Selon cette carte de 2003 de l’Institut International de Sociologie de Kiev (à prendre aussi avec réserve), le sud et l’est de l’Ukraine est majoritairement slave, russe de langue russe, le nord et l’ouest est plutôt de langue ukrainienne ou sourjyk, un mélange de russe et d’ukrainien. Ces dernières sont aussi des langues slaves et s’écrivent en cyrillique comme le russe.
Cette dernière carte montre le résultat du second tour des présidentielles de 2004 entre Viktor Ianoukovitch, déjà soutenu par la Russie, et Viktor Iouchtchenko, soutenu par l'Union européenne et les Etats-Unis. Le partage de l’État ukrainien en deux parties est évidente. Les résultats dépassant les 80 % se situent, à l’ouest dans les oblasts anciennement polonais avant 1939, à l’est dans les oblasts russes de Luans’k, de Donests’k et de Crimée. La Crimée peuplée de Russes, a été offerte à l’Ukraine par Nikita KHROUCHTCHEV en 1954. Son intention a peut-être été de russifier un peu plus l’Ukraine et selon l’adage, diviser pour mieux régner.
Le territoire de l’Ukraine actuel a toujours été convoité pour ses terres fertiles, et plus récemment pour ces ressources minières, fer, uranium, potasse, ses réserves en titane et manganèse, ses ressources énergétiques, pétrole, gaz, charbon, et son industrie liée à ces ressources.
L’on peut donc affirmer qu’une importante proportion des Ukrainiens est russe dans le sens où la Russie est leur mère patrie.
Les origines du conflit ukrainien
Pour les Etats-Unis, l’Ukraine est l’Etat majeur du ‘Rimland’ côté Europe. En effet, avoir la main sur l’Ukraine c’est être à la frontière de la Russie, supprimer la flotte russe de Sébastopol, contrôler la Mer Noire et donc l’accès de la Russie à la Méditerranée via le Bosphore et les Dardanelles en Turquie.
Côté Russie, comme l’a très bien exprimé Mr George FREIDMAN en 2015 au ‘’Chicago Council on Global Affairs’’ : « Pour la Russie, le statut de l’Ukraine représente une menace pour sa survie, et les russes ne peuvent pas laisser faire » et « Ils doivent au moins avoir une Ukraine neutre, pas une Ukraine pro-occidentale »
Les russes ont lu SPYKMAN, et ils savent que la démonstration de force au-dessus du Japon des 6 et 9 août 1945 opérée par les Etats-Unis, seul Etat au monde ayant fait ce spectacle son et lumière de grande ampleur avec ses ‘dégâts collatéraux’, peut se reproduire. Ils connaissent, pour avoir pendant 45 ans activement participé aux révolutions marxistes, les méthodes de mise en place des dictatures anti-marxistes à la botte des Etats-Unis. Ils ont aussi constaté depuis 1991 les multiples déstabilisations des Etats et conflits organisés par les Occidentaux, le non respect par les Occidentaux du compromis sur la neutralité des pays d’Europe de l’est moyennant la dislocation du pacte de Varsovie, et le non-respect des accords de Minsk. Leurs démarches d’alliance vers l’Europe de l’ouest, d’intégration à l’OTAN, et en 2021 leur proposition d’architecture de sécurité européenne, ont toutes eu une fin de non-recevoir.
En politique intérieure, Mr Vladimir POUTINE a le soutien d’une majorité de sa population, et a affaire à une petite opposition pro-occidentale, et à une opposition plus importante plutôt nationaliste et ex-communiste dénonçant la mollesse de ses actions contre « l’Occident collectif ».
La méthode employée par les Etats-Unis en Ukraine a été des plus classiques : infiltration, soutien d’organismes de propagandes et subvention d’ONG pro-occidentales, manifestations, révolution de couleur : révolution orange en 2004 et l’Euromaïdan de 2014 avec des tirs mortels d’agitateurs sur les manifestants faussement attribués au gouvernement en place, puis mise en place d’un président et d’un gouvernement à la botte des Etats-Unis.
Les manifestants de l’Euromaïdan, dirigés par des mouvements extrémistes d’idéologie néo nazie et anti Russes, s’opposaient au choix du gouvernement de signer un accord de coopération avec la Russie, au lieu d’un accord avec l’UE.
A la manœuvre, madame Victoria NULAND, digne disciple de Mr Paul WOLFOWITZ et responsable de l'Ukraine pour le département d’État des Etats-Unis, a bien œuvré pour créer les conditions de la révolution de l’Euromaïdan de 2014, puis le choix des futurs dirigeants ukrainiens.
L’enregistrement piraté et divulgué d’une de ses conversations avec l’ambassadeur des Etats-Unis à Kiev (https://www.youtube.com/watch?v=WV9J6sxCs5k 05:17) donne une idée de son dévouement à la cause ! La phrase : « ...to have the UN help glue it, and you know, fuck the EU » «...avoir l’aide de l’ONU pour l’intégrer et, vous savez quoi, baiser l’UE » étonne d’une part, par le terme « fuck » pouvant choquer dans la bouche d’une diplomate aussi ‘respectable’, d’autre part par l’incohérence entre la présentation du soutien de Mme NULAND au ‘peuple ukrainien opprimé et désirant ardemment rejoindre l’Union Européenne’, sous le terme Euromaïdan, et le « fuck EU ».
(traduction sur https://www.voltairenet.org/article182063.html
Les États-Unis sont en fait plus intéressés à positionner un dirigeant et des membres du gouvernement à leurs bottes, que de servir les slogans de rattachement à l’UE des manifestants de la place Maïdan.
Incontestablement, les Etats-Unis d’Amérique ont été impliqués directement dans la création et la poursuite de ce conflit, comme ils l’ont été depuis 1945 dans de nombreux pays dans les révolutions anti socialistes ou anti marxistes et, depuis la dislocation du pacte de Varsovie en 1991, dans les révolutions dites de couleur.
Les manifestations de l’Euromaïdan se terminent en février 2014 et le président Viktor IANOUKOVYTCH, pourtant élu démocratiquement en 2010, est destitué. Sentant le vent du boulet, la Russie organise les élections en Crimée qui proclame son indépendance en mars 2014 puis son rattachement à la Russie. Pour la Russie, sa flotte de Mer Noire à Sébastopol et les Russes de Crimée sont épargnés.
Mr Petro POROCHENKO, pro-occidental, est élu président en juin 2014. Des mesures contre les minorités ethniques, condamnées par la Roumanie et la Hongrie, et les mesures anti-russes avec l’interdiction de la langue russe, provoquent des révoltes dans le Donbass. La répression aux ordres de Kiev par des milices et unités militaires à idéologie nazie est féroce, et la guerre civile débute entre Kiev et les ukrainiens russes du Donbass. Le Donbass est bombardé et les mouvements opposés aux actions de Kiev s’organisent, soutenus par la Russie en matériel et en conseillers militaires. Dès 2014 de nombreux conseillers civils, militaires et unités de renseignement britanniques et américains débarquent en Ukraine.
Le protocole de Minsk I de septembre 2014, puis les accords de Minsk II de février 2015 signés par l'Ukraine, la Russie, les républiques de Donetsk et de Lougansk et l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) devaient figer le conflit mais ont en réalité permis de laisser le temps aux membres de l’OTAN d’armer l’Ukraine et aux Etats-Unis et au Royaume-Uni d’organiser l’armée ukrainienne. Mr George FREIDMAN : « Ce faisant il (le général américain HODGES ndlr) a montré que c’était son armée (l’armée ukrainienne ndlr) » !
Parallèlement les classiques mesures d’austérité avec libération des prix et privatisation contre des prêts profitent à des sociétés multinationales étrangères qui rachètent principalement des terres agricoles céréalières. La situation anarchique de l’Ukraine avec une corruption décuplée permet à Mr Volodymyr ZELENSKY de prendre la présidence en 2019.
L’invasion russe
La proposition de nouvelle architecture de sécurité européenne proposée par Moscou fin 2021 est rejetée par Washington (Probablement après un avis de l’UE !).
Février 2022 les troupes russes entrent en Ukraine sous le vocable d’Opération Militaire Spéciale. Avec les moyens de renseignements modernes, dont ceux prépositionnés en Ukraine, L’OTAN et les occidentaux ne pouvaient pas ignorer que l’entrée des troupes russes allait débuter. Cette guerre a été initialement de mouvement par les Russes et s’est soldée par un échec. Elle passe rapidement en guerre de position.
Le prétexte russe, plus réel que les armes bactériologiques présentées par Mr Colin POWELL et sa fiole d’anthrax exposée au conseil de sécurité de l’ONU pour justifier la 2ème guerre d’Irak, est le massacre durant 7 ans des russes du Donbass. Cette guerre civile aurait, selon l’ONU, causé chez les Ukrainien pro Russes la mort de 6 500 combattants et 3 500 civils.
L’objectif annoncé par Mr POUTINE est triple : Démilitarisation de l’Ukraine, neutralité de l’Ukraine, dénazification de l’Ukraine. Aucun objectif territorial n’est annoncé.
Les deux premiers objectifs, démilitarisation et neutralité s’expliquent par la nécessité de bénéficier d’une zone tampon permettant la détection plus précoce de missiles stratégiques balistiques ou de croisière. Ceci est d’autant plus crucial que les missiles de croisière sont de plus en plus rapides et atteignent des vitesses hypersoniques de 7 000 à 20 000 Kilomètre/heure soit entre 4 et 1 minutes 30 entre Donetsk et Volgograd (ex-Stalingrad). Une fois la frontière franchie, il est impossible à la défense russe de détecter, identifier et neutraliser de tels missiles volant à basse altitude. Démilitarisation (non intégration à l’OTAN) et neutralité (non intégration à l’UE) de l’Ukraine permettent aussi à la Russie de conserver la libre circulation maritime dans la Mer Noire et l’accès à la Méditerranée.
Le 3ème objectif de dénazification, c’est à dire de la suppression des mouvances se revendiquant héritières de Mr Stepan BANDERA, est plus politique et médiatique que réalisable, car on ne supprime pas une idéologie avec des armes.
La question à se poser et à laquelle nous n’avons pas de réponse, est la suivante : qui des deux réels belligérants a eu l’initiative ?
- Les Etats-Unis ont-ils forcé la Russie à attaquer pour créer cette zone de conflit et affaiblir l’Ukraine, l’Europe et la Russie ?
- La Russie a-t-elle pris l’initiative après s’être suffisamment préparée et avant qu’elle ne puisse plus agir ?
Plusieurs combinaisons sont possibles.
Le narratif médiatique et le soutien aux belligérants
Le narratif médiatique occidental et surtout français nous annonçait initialement la défaite rapide et totale de l’armée russe. Les généraux de plateaux et spécialistes autoproclamés nous l’ont tous affirmé sur les médias grand public, nous expliquant que les soldats russes avinés, armés de pelles et utilisant du matériel obsolète, mouraient dans des assauts suicidaires face à de braves soldats ukrainiens bien entraînés et armés par l’OTAN (quasiment mot pour mot les premières semaines). Ce narratif était la pensée magique qui aurait dû faire basculer le rapport de force très en faveur de Kiev.
Dans les médias occidentaux, le dur constat de la réalité s’est imposé et il a fallu progressivement inverser le discours, pour en arriver à un autre extrême et annoncer qu’il fallait craindre que la Russie n’envahisse l’Europe. Il est impressionnant de voir les mêmes spécialistes changer de discours et inverser le narratif en deux ans sans que personne ne s’en offusque. La majorité des partis politiques dits ‘respectables’ suivent ce narratif avec moult « y a qu’à faut qu’on ».
Dans la réalité, les unités russes engagées dans ce conflit étaient mieux organisées et entraînées que ne le pensaient les services de renseignement de l’OTAN. Les cafouillages et erreurs du début ont vite été rectifiés et l’organisation adaptée pour durer. Grâce à une propagande efficace, les Russes ont majoritairement soutenu Mr POUTINE. L’industrie de guerre s’est renforcée, soutenue par la Chine et d’autres alliances complétant les secteurs industriels défaillants. Côté économie, après une baisse en 2022, les chiffres des organismes internationaux montrent une croissance de la Russie dépassant celle de l’UE, au grand étonnement des analystes occidentaux et n’en déplaise au stratège romancier LE MAIRE.
Côté ukrainien, c’est plutôt l’inverse. Dans un état fortement corrompu, l’armée ukrainienne a été désorganisée après le changement de régime. Des militaires ukrainiens russes ont déserté et en partie rejoint le Donbass ou fui à l’étranger. Grâce aux accords de Minsk, L’OTAN a profité de l’accalmie pour réorganiser, réarmer et entraîner l’armée ukrainienne. Mais après 7 ans, le résultat n’a pas été au rendez-vous. Les méthodes, procédures et systèmes de commandement de l’OTAN ainsi que les matériels livrés ne pouvaient pas efficacement s’intégrer dans une armée type de l’ancienne Union Soviétique. La population, initialement motivée après l’Euromaïdan, a déchanté lors de la prise de mesures de restrictions budgétaires de la politique d'austérité et la corruption des dirigeants.
Redynamisée à l’arrivée de Mr ZELENSKY par ses promesses de pacification qu’il ne tiendra pas et grâce à la propagande très soutenue des médias occidentaux, la population découvre progressivement, depuis 2022, le coût humain de la guerre et subit les campagnes musclées de recrutement. Un certain nombre d’Ukrainiens ne veulent pas se battre pour reconquérir des oblasts qu’ils considèrent comme russes. Les frontières sont actuellement très contrôlées limitant l’exil vers l’Europe. L’économie ukrainienne était en bonne progression dans les années 2000 pour ensuite stagner parallèlement à l’augmentation de la corruption des milieux d’affaires. Depuis 2014 l’économie s’effondre progressivement et l’Ukraine ne vit actuellement que sous perfusion occidentale.
De 2014 à 2022, l’OTAN a soutenue discrètement l’Ukraine dans l’organisation du commandement, de la logistique, de la cyberdéfense et de la normalisation des procédures. Le soutien est aussi par la livraison de matériel médical, de défense aérienne, de communication, d’observation satellitaire, de fabrication et de défense contre les agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. Le tout est accompagné des instructeurs et techniciens nécessaires.
Depuis l’intervention militaire russe, et à grand renfort médiatique, le soutien occidental en matériel militaire s’est accentué. Initialement il était sanitaire et ‘humain’, puis logistique, puis composé d’armes défensives. Le soutien des occidentaux passe ensuite aux armes antiaériennes modernes, aux canons d’artillerie, aux missiles de courte portée, aux chars, puis aux missiles de longue portée et aux avions de chasse F16. A chaque étape, les Etats de l’UE fournisseurs d’armes dont la France, dans leurs discours politiques, s’interdisent de franchir un niveau d’armement, niveau généralement dépassé quelques mois plus tard.
L’OTAN participe aussi activement au renseignement et à la coordination des opérations en particulier par les survols en zone hors conflit au-dessus de la Mer Noire.
Dans les faits, la quantité d’armes fournies pour le front, d’un volume raisonnable dans les premières livraisons, est relativement faible comparée à sa longueur de plus de 1 000 Km. A grand renfort médiatique la France livre initialement 18 canons Caesar soit plus de 20 % de nos canons Caesar en service. Ces canons sont très performants mais plus fragiles, beaucoup plus vite usés, et représentent moins de 1 % des canons d’artillerie dont dispose l’Ukraine. Il en est de même des munitions que les ukrainiens consomment plus vite qu’ils n’en sont approvisionnés. Au manque d’armes et de munitions s’ajoute le manque de combattants. Les pertes humaines seraient beaucoup plus importantes dans l’armée ukrainienne que dans l’armée russe. Les pertes matérielles seraient aussi conséquentes, qu’elles soient de fabrication soviétique ou occidentale, et au grand dam du complexe militaro-industriel des Etats-Unis qui y voient une mauvaise publicité pour leurs exportations, en particulier pour les chars Abrams brûlant comme les autres.
Le soutien financier se chiffre en centaines de milliards de dollars. Les chiffres sont en fait très flous car on ne sait pas si cela correspond à des dons, des prêts, des équivalents en matériels militaires, ou des hypothèques sur les richesses ukrainiennes.
Le soutien à l’Ukraine s’accompagne aussi de sanctions contre la Russie. Les premières sanctions datent de mars 2014 après l’annexion de la Crimée et se sont depuis accumulées. Elles n’ont pas été appliquées par une majorité des Etats du monde, considérant que ce conflit n’intéresse que les Européens et les Etats-Unis. Un bon nombre de ces Etats se sont aussi abstenus de condamner la Russie.
L’UE est la championne des sanctions qu’elle fait appliquer par ‘ses’ Etats. Depuis 2022, les entreprises européennes ont quitté la Russie, les relations commerciales et importations d’énergie ont été rompues, les avoirs et biens russes confisqués. Artistes et sportifs russes en Europe subissent la russophobie. Les Etats ne se soumettant pas totalement à ces sanctions sont montrés du doigt et sanctionnés.
Résiliente, la Russie a su rapidement contourner ces sanctions. Les entreprises européennes ont été reprises par les Russes et les relations commerciales orientées vers d’autres pays. Pour l’énergie, la Russie continue à approvisionner l’Europe en gaz naturel via la Biélorussie, l’Ukraine et la Turquie mais en quantité plus faible. L’Europe compense en s’approvisionnant en gaz de schiste liquéfié GNL (Gaz Naturel Liquéfié) américain beaucoup plus cher, et en produit pétrolier et GNL transformé par des pays tiers dont l’Inde, mais ironiquement venant de Russie, ce qui permet à ces pays tiers d’engranger des plus-values conséquentes.
En résumé, les sanctions n’atteignent pas l’économie russe mais en revanche affaiblissent celle des Etats européens. Bien que prônant les sanctions, les Etats-Unis se permettent de continuer à commercer avec la Russie en important des matières premières russes dont de l’uranium car, n’est-ce pas, ‘faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais’.
‘Mr Bruno Le Maire n’as pas eu le temps de mettre l’économie russe à genoux, car il lui a fallu préalablement tester la méthode sur un autre pays, la France. Le test a été bien mené et nous pouvons convenir que, pour la France, c’est une réussite.’
L’on pourrait se poser la question de savoir si les dirigeants des Etats européens sont naïfs, esclaves, ou vendus à la cause des anglo-saxons. C’est probablement un mélange des trois.
L’escalade du conflit, où sont les lignes rouges et les limites ?, jusqu’où ira-t-on ?
Les lignes rouges annoncées par les politiques et les médias ne sont que de la propagande et des effets d’annonce. Seules comptent les lignes rouges que se sont fixées les stratèges, et celles-ci ne sont pas toujours connues. C’est, par exemple, la ligne rouge que s’est fixée le Kremlin, et qu’ont franchie les puissances occidentales, ayant entraîné le déclenchement de ladite Opération Militaire Spéciale russe.
De 2014 à février 2022, le conflit peut être qualifié de guerre civile entre le régime de Kiev et les séparatistes ukrainiens russes du Donbass. Soutenu non officiellement par les Occidentaux et la Russie, le conflit présentait une dimension limitée tout en ayant causé de nombreux morts dans la population civile.
Après la stabilisation de l’intervention russe, les armes nouvelles engagées et fournies par les pays de l’OTAN, dont les missiles longues portées, ont augmenté la profondeur, le rythme et la puissance des attaques. Par un effet cliquet, les annonces d’attaques ou attaques par les missiles et drones ukrainiens sur le territoire russe, sont suivies par des annonces de ripostes par la Russie mises à exécution. Au jeu des annonces, l’on constate que les Russes peuvent ironiser, mais ne bluffent pas. Le Kremlin est toutefois confronté à un subtil exercice d’équilibre entre sur-réagir au détriment de l’opinion mondiale et de ses soutiens, et sous-réagir donc présenter une faiblesse aux yeux de la branche radicale dure de son opposition politique intérieure.
L’incursion surprise ukrainienne dans l’oblast de Koursk le 6 août 2024 a fait grand bruit. Cependant cette zone n’a pas d’intérêt militaire majeur , excepté la centrale nucléaire de Koursk qui aurait été une lourde perte pour la Russie, mais qui n’a pas été atteinte par les forces ukrainiennes. Un autre objectif ukrainien a probablement été de saper le moral des Russes, créer des troubles internes, et de les forcer de dégarnir le front du Donbass pour armer une contre-offensive contre l’incursion ukrainienne sur le territoire de Russie. Le constat est que si c’était l’objectif, il n’a pas été atteint car l’inverse s’est produit. L’armée russe n’a pas allégé le front du Donbass et, en limite de potentiel, l’armée ukrainienne n’a pu que dégarnir ce front pour armer l’incursion de Koursk. En revanche politiquement et médiatiquement, Kiev affiche, avec cette opération, une volonté de poursuivre la lutte et incite les occidentaux à continuer de soutenir l’effort de guerre.
Côté Russie, cette incursion de troupes a fait encore monter d’un cran l’escalade. Le bénéfice militaire est aux Russes qui réduisent progressivement la poche ukrainienne de Koursk, et accélèrent le grignotage vers l’ouest du front du Donbass. La propagande russe permet de maintenir l’opinion favorable à Mr POUTINE malgré une opposition des nationalistes et ex-communistes demandant une riposte forte du Kremlin.
Côté ukrainien, après une brève reprise du moral, les troupes restent au bord de la déroute. Le courage et l’héroïsme admirables des combattants fidèles à Kiev ne suffit pas à renverser les rapports de forces.
L’observation de la conduite de la guerre sur 30 mois permet de s’apercevoir que depuis le début du conflit, l’Ukraine est maintenue militairement et économiquement à la limite de la rupture. Les soutiens occidentaux sont fournis au juste besoin pour que l’Ukraine tienne.
Un paramètre, probablement non pris en compte par les Occidentaux, est que les Russes ne lâchent pas. Mr POUTINE fait souvent référence à la grande guerre patriotique , l’opposant à l'Allemagne nazie ayant fait plus de vingt millions de morts russes.
Une guerre armée coûte très cher. L’effort de guerre, à moins de se payer sur un autre Etat, se retourne inexorablement sur la population, que ce soit sur le capital matériel, sur le capital humain avec les morts, les blessés et le moral, ou sur l’économie. Les limites sont humaines, industrielles, économiques, diplomatiques, et idéologiques.
Le Kremlin pourra-t-il résister longtemps à l’escalade imposée par les Occidentaux et maintenir ses objectifs ?
Quelle est l’ambition des Etats-Unis ? Les alliés de l’OTAN pourront-t-il longtemps supporter ce conflit ?
Si les pays de l’OTAN s’engagent avec des troupes en Ukraine ou lancent des missiles sur le territoire russe, la Russie ripostera sur l’OTAN et pourrait utiliser des armes nucléaires tactiques. Ce sera inévitablement l’escalade et la 3ème guerre mondiale. En écartant cette hypothèse et l’utilisation de l’arme nucléaire tactique ou stratégique, les forces ne sont pas identiques dans ce bras de fer.
La Russie est affaiblie par l’effort de guerre dans le sens où l’effort supplémentaire ne profite pas à son développement interne. Son taux de natalité est faible et donc sa population vieillit comme celle des occidentaux. Ses 145 millions d’habitants sont établis sur un immense territoire, plus densément en Europe à l’ouest de l’Oural et en faible densité en Sibérie. L’une des fragilités de la Russie se trouve dans la faiblesse et la répartition inégale des structures de l’Etat, ce qui nécessite un pouvoir central fort.
En revanche elle dispose de ressources minières et énergétiques, d’une industrie et d’une agriculture en croissance depuis plus de 15 ans. Le peuple russe a beaucoup souffert pendant la période soviétique et a renforcé sa résilience devant l’adversité. De plus, et récemment, la Russie s’allie avec des Etats recherchant une alternative à la domination impérialiste des Etats-Unis. Ces alliances sont bilatérales ou dans des organisations intergouvernementales à l’exemple des BRICS+ ayant intégré l’Égypte, les Émirats Arabes Unis, l’Éthiopie et l’Iran début 2024.
Côté occidental, la réserve en ukrainiens aptes à combattre est critique. La population de 45 millions en 2014 ne cesse de décroître dû aux pertes humaines et surtout à l’exode, et serait actuellement de moins de 33 millions d’habitants. Des dizaines de millions d’Ukrainiens ont été déplacés, des villes détruites, de nombreux Ukrainiens sont dans la pauvreté. L’enrôlement de combattants, de plus en plus jeunes, se fait de force au détriment du soutien économique du pays. La population subit plus qu’elle ne soutient l’action de ses dirigeants. La réalité est que l’Ukraine est au bord de l’effondrement.
Dans ces conditions, l’effort de guerre et le soutien industriel et économique de l’Ukraine ne dépend que des pays occidentaux. Ces derniers peuvent faire tourner la planche à billets, mais ne peuvent pas en un coup de sifflet remplacer leur industrie de guerre trop longtemps démantelée, adaptée à soutenir de petites interventions extérieures, fondée sur la conviction que l’OTAN et les Etats-Unis assureront leur défense. Même réduit au strict nécessaire à l’Ukraine, la fourniture de matériel militaire et de munitions désarme progressivement les pays d’Europe.
La Russie et l'Ukraine étaient sur le point de conclure un traité de paix en mars 2022 suite aux pourparlers d’Istanbul. Ce traité stipulait le retrait des troupes russes d’Ukraine sauf de la Crimée, et l’engagement de l’Ukraine de refuser tout accord avec l’OTAN et intégration à l’UE. Approuvé par les belligérants et sur le point d’être signé, l’accord de paix d’Istanbul a été interrompu par les Anglo-saxons sous l’intervention de Mr Boris JOHNSON, premier ministre britannique, ce dernier ayant promis à Mr ZELENSKY le soutien inconditionnel de l’OTAN dans la poursuite du conflit.
D’autres tentatives par des pays tiers ont connu le même sort et démontrent la volonté des Anglo-saxons de poursuivre le conflit quoi qu’il en coûte en vies humaines.
Les dernières informations laissent à penser que les Etats-Unis initient un désengagement financier du conflit. Washington estime qu’il a assez donné et demande à l’UE d’accorder un prêt de 50 milliards de dollars à l’Ukraine garanti sur les avoirs russes. Cela permettrait à l’Ukraine d’entamer le remboursement des investissements de BlackRock, McKinsey et JPMorgan, pressés de reprendre leurs mises sur la reconstruction, la victoire de l’OTAN ne semblant plus aussi rapide ni certaine. Imposer aux Etats de l’UE de soutenir l’Ukraine, c’est affaiblir ces Etats, affaiblir la Russie, financer les banques américaines et ultérieurement pouvoir transformer l’Ukraine en ruine en un grand Kosovo sous contrôle des Etats-Unis. Le réarmement des pays de l’UE pourra se faire par un plan ‘Marshall 2’ et les Etats-Unis pourront finaliser la vassalisation de l’Europe, qu’ils n’ont pas pu effectuer entièrement après 1945, certains Etats comme la France ayant à cette époque repris leur souveraineté.
En période électorale, ce désengagement peut s’expliquer mais, quel que soit le résultat des présidentielles de novembre, et même si les interventions de l’armée américaine ont principalement été déclenchées sous des présidences démocrates, la politique hégémonique des Etats-Unis reste dans une continuité, que les dirigeants soient républicains ou démocrates. Les Etats-Unis ont toujours eu une vision comptable de la guerre, et leur désengagement d’un conflit s’est souvent expliqué dans le passé par la mesure du rapport coût / gain.
Les Occidentaux prépareraient aussi un accord sur le gel du conflit. Ce serait une sorte de Minsk 3 que les Russes, sauf à être dans une situation économique et politique interne défavorable, ne pourront pas accepter. Les médias occidentaux pourront alors argumenter que Mr POUTINE refuse la paix.
Parallèlement, le sujet d’actualité est l’autorisation que les Occidentaux donneraient à l’Ukraine de frapper le territoire russe en profondeur avec les missiles à longue portée, ce qui se fait déjà (attaque par drone de deux radars stratégique à plus de 1 500 km). Le choix des cibles et la coordination des attaques sont évidemment, avec ces armes, dirigés par l’OTAN qui serait directement impliqué. La riposte russe s’appliquerait alors sur les nombreuses infrastructures ou intérêts de l’OTAN, dans ou hors du territoire ukrainien.
L’objectif du Kremlin depuis février 2022 étant la démilitarisation et la neutralité de l’Ukraine, la Russie n’annonce aucun objectif territorial, la lente progression des troupes russes vers l’ouest n’ayant pour intérêt que d’affaiblir les forces ukrainiennes. Ceci se confirme dans l’accord de paix d’Istanbul, lequel stipulait le retrait des troupes russes d’Ukraine.
Toutefois en observant une carte, on ne peut s’empêcher de penser que la Russie pourrait conquérir le sud en s’emparant de Mykolaïv et d’Odessa, et faire la jonction avec la Transnistrie. La Transnistrie, peuplée de Russes, et située entre le fleuve Dniestr et la frontière ukrainienne, a fait sécession de la Moldavie en 1992 et a demandé par référendum son rattachement à la Russie. Elle n’est pas reconnue de jure en tant qu’Etat par la communauté internationale, y compris par la Russie qui y stationne des troupes. La Moldavie n’est actuellement pas dans le radar des médias. Pourtant elle fait l’objet d’une attention toute particulière pour une future intégration dans l’UE et à l’OTAN.
Quel que soit le narratif politico-médiatique, la volonté des belligérants est à ce jour de maintenir le conflit.
En écartant l’hypothèse d’un embrasement de toute l’Europe, vœu de certaines élites globalistes occidentales, et donc d’une 3ème guerre mondiale, le bras de fer en Ukraine entre la Russie et l’alliance occidentale dépend de la capacité des belligérants à maintenir l’effort de guerre pour atteindre au plus près les objectifs qu’ils se sont fixés, quel qu’en soit le coût humain pour les Ukrainiens.
L’Allemagne et Nord Stream
Reprenons les paroles de Mr George FREIDMAN du 23 février 2015 au « Chicago Council on Global Affairs » :
- « L’intérêt primordial des Etats-Unis pour lequel nous avons fait des guerres pendant des siècles, lors la 1ère, la 2ème et la guerre froide a été la relation entre l’Allemagne et la Russie, parce qu’unis ils représentent la seule force qui pourrait nous menacer, et nous devons nous assurer que cela n’arrive pas. »
- « Pour les Etats-Unis, la peur primordiale est la technologie et le capital allemand avec les ressources naturelles et la main d’œuvre russe. »
Après la 2ème guerre mondiale, l’occupation de l’Allemagne de l’Ouest s’est achevée par son intégration à l’OTAN lors des accords de Paris d’octobre 1954. La riposte de l’URSS a été la formation du pacte de Varsovie en mai 1955.
A la sortie de la guerre, l’Europe est ravagée et l’Allemagne dévastée. Dans le couple franco-allemand de l’UE, l’Allemagne porte la culotte ‘tyrolienne’, son économie et son industrie progresse, rattrape rapidement puis dépasse la France et devient la 1ère puissance économique et industrielle d’Europe. Sa balance commerciale est positive et ses équipements industriels de qualité profitent à de nombreux pays dont la Chine qui s’autorise à en copier la production.
L’énergie est vitale pour l’Allemagne et une alliance avec la Russie était et sera la meilleure option pour son développement.
Ce n’est bien sûr pas du goût des Etats-Unis, qui se sont toujours opposés aux relations germano-russes et donc à la réalisation du gazoduc Nord Stream 2, doublant les capacités d’approvisionnement en gaz naturel.
La conférence de presse à Washington de Mrs Olaf SCHOLZ et Joe BIDEN le 7 février 2022 est très instructive sur l’état d’esprit des deux dirigeants ( https://www.youtube.com/watch?v=OS4O8rGRLf8 3:42)
A la question d’une journaliste allemande au sujet de Nord Stream,
- Mr BIDEN répond : « If Russia invades, that means tanks or troops crossing the border of Ukraine again, then there will be no longer a Nord Stream 2. We will bring an end to it. »
« Si la Russie envahit, je veux dire des chars et des unités traversant de nouveau la frontière ukrainienne, alors il n’y aura plus de Nord Stream 2 Nous y mettrons fin »
- La journaliste : « Mais comment le ferez-vous exactement, pour contrôler ce projet piloté par les Allemands et les Russes ».
- Mr BIDEN : « "I promise you, we will be able do that." » « Je vous promets, nous serons capables de le faire »
Les paroles de Mr BIDEN sont sans équivoque, peut-être même trop claires au goût de ses conseillers. Mr SCHOLZ a été beaucoup plus mielleux en bottant en touche, n’évoquant jamais le gazoduc et adoptant une posture de soumission. Mr SCHOLZ : « Nous agissons ensemble, nous sommes totalement unis et nous prendrons les mêmes mesures ».
Les gazoducs Nord Stream sont détruits en septembre 2022.
La mer Baltique est la zone maritime la plus surveillée au monde par l’OTAN, et par la Russie présente dans l’enclave de Kaliningrad, ex Königsberg allemande. Les fonds marins sont, depuis la 2ème guerre mondiale truffés de micros, sonars passifs et détecteurs en tous genres. A cela s’ajoutent la surveillance satellitaire, l’écoute des ondes électromagnétiques, l’observation optique des côtes, et les patrouilles maritimes dont les navires sont équipés de moyens sophistiqués de renseignement. Le minage des 4 gazoducs composant l’ensemble Nord Stream 1 et 2 n’a pas pu se faire discrètement sans complicités.
Il s’avère qu’un exercice de l’OTAN en juin 2022 « BALTOPS 22 », comprenait un scénario d’exercice minage-déminage dans la même zone.
La destruction des gazoducs a eu pour conséquence la rupture immédiate de l’approvisionnement en gaz naturel de l’Allemagne, engendrant une chute brutale des capacités de productions industrielles allemandes.
Au début du conflit, l’Allemagne refusait de livrer des armes à l’Ukraine contrairement à d’autres pays de l’OTAN, et a donc fait l’objet de pressions par ses alliés. Après la destruction de Nord Stream, Berlin a ‘révisé’ sa position, les choses sont rentrées dans l’ordre et l’Allemagne s’est raccrochée au train des sanctions contre la Russie et des aides à l’Ukraine.
Et la France dans cette guerre
Longtemps phare du monde et 1ère puissance, la France a réussi à émerger de la 2ème guerre mondiale en reconstruisant la nation et redevient une puissance industrielle et économique. Membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU et quittant le commandement intégré de l’OTAN en 1966, elle reprend une indépendance, et une posture d’équilibre dans les relations internationales.
En refusant de participer à la 2ème guerre du golfe en 2003 contre l’Irak, la France a probablement fait son dernier grand coup d’éclat en politique étrangère et a reçu l’approbation ou les félicitations d’une majorité des Etats dans le monde. Elle n’a donc pas participé à la dislocation de ce pays, au bilan humain de 400 000 morts et ayant eu pour conséquence la multiplication et le renforcement des mouvements djihadistes.
Les présidents successeurs n’ont pas eu la même grandeur ou la même sagesse. Réintégrant le commandement intégré de l’OTAN, bradant son industrie à l’étranger, réduisant sa puissance militaire et la rendant dépendante des États-Unis, s’endettant de plus de 3 200 milliards d’euros, soumise aux décisions de l’Union Européenne, la France a perdu sa souveraineté.
Dans le soutien de la guerre en Ukraine, la France fait figure de bon élève. En tête du peloton des va-t-en-guerre dans le discours politico-médiatique, et proposant l’envoi de troupes sur le territoire ukrainien, elle ne fournit dans la réalité que peu de matériel militaire. La raison est qu’elle n’en a pas suffisamment. La livraison des canons Caesar et de véhicules blindés, à grand renfort médiatique, n’est qu’une goutte d’eau pour les besoins de Kiev. La France a aussi livré des matériels de fabrication américaine dont des drones. Le rachat de ces matériels fera fonctionner le complexe militaro-industriel des Etats-Unis.
En revanche, la France participe à l’effort financier direct ou par l’achat d’armement américain ce qui, d’une part favorise les entreprises d’armement américain, d’autre part augmente son déficit déjà colossal.
La relance de nos capacités de production industrielle a aussi été annoncée à grand renfort médiatique. Dans la réalité il est impossible à court terme d’y parvenir. Il est plus rapide de détruire une industrie que de la reconstruire. Les compétences et savoir-faire ne se réinventent pas d’un claquement de doigt et la réalisation d’un plan de relance prend des dizaines d’années. La situation est similaire dans d’autres pays de l’UE et aussi dans une moindre mesure aux Etats-Unis qui sous-traitent une partie de leur production d’armement à l’étranger.
Aux yeux du monde, la France dissoute dans l’Union Européenne en cours de fédéralisation et vassale des États-Unis a perdu sa grandeur et son prestige. Sa diplomatie, d’un niveau d’incompétence jamais vu auparavant, n’est plus écoutée par les autres nations. Nous devrions avoir une vision plus réaliste et pragmatique de ce conflit et de la géopolitique mondiale en général.
Pour conclure
Les mots prononcés par Mr George FREIDMAN le 23 février 2015 sont d’une clarté et d’une évidence telles que l’on ne peut pas les ignorer, sauf à être dans une démarche idéologique ou sectaire.
Il faut reconnaître aux hommes de pouvoir des Etats-Unis d’Amérique cette franchise. Ils expriment clairement leur objectif stratégique, mais cachent leurs cartes pour leurs actions. Ce sont des joueurs de poker.
Comme l’explique fort bien Mr George FREIDMAN « Quant aux Russes, leurs cartes ont toujours été sur table ». Il devrait plutôt dire pions sur table. Les Russes sont des joueurs d’échecs.
Le second et principal objectif des Etats-Unis en Eurasie est la Chine. Déléguer l’affaiblissement de la Russie aux Etats de l’UE leurs permettra de se concentrer sur ce redoutable concurrent économique. Les Chinois ne jouent pas mais avancent. Ce sont des fourmis. Barrez-leur un passage, ils contourneront l’obstacle, c’est une question de temps.
La guerre en Ukraine est une des nombreuses guerres par procuration entre les Etats-Unis d’Amérique, plus globalement les anglo-saxons, et l’Eurasie. Elle impacte malheureusement l’Europe et donc la France. Les Etats-Unis veulent contrôler un cordon sanitaire armé autour de la Russie. Les Russes veulent à leur frontière une zone tampon neutre et démilitarisée. Du point de vue géostratégique, les Etats-Unis sont en offensive et les Russes en défensive. Les objectifs officiels de la Russie en Ukraine sont clairs, ils le sont beaucoup moins pour les Occidentaux. Les Etats-Unis ont toujours eu une vision comptable de la guerre. Pour les Russes la guerre est une question de survie et de fierté. Ce sont deux visions opposées.
Le bilan à ce jour est en faveur des Etats-Unis. Ils investissent, sans pertes humaines, avec l’assurance de récupérer en partie leur mise en se payant sur l’Ukraine en ressources agricoles, minières et énergétiques, et sur les Etats d’Europe. Ils n’ont pas à ce jour réussi à mettre la Russie à genoux mais l’économie russe souffrira tôt ou tard de ce conflit. En revanche, ils ont réussi à scinder pour longtemps l’Europe de l’Oural à l’Atlantique en deux, à séparer l’Allemagne de la Russie, et à affaiblir les Etats de l’UE. La Russie a toujours eu deux options stratégiques, s’orienter vers l’Europe ou vers l’Asie. Les Russes souhaitaient l’Europe. Ils ont été contraints de choisir l’Asie et les grands perdants sont les pays d’Europe de l’ouest.
Mr Henry KISSINGER, politologue et grand diplomate américain décédé en novembre 2023 a dit : "To be American enemy is dangerous; but to be American friend is fatal." " Être un ennemi de l'Amérique est dangereux ; mais être un ami de l'Amérique est fatal". Le message n’a pas été entendu par les pays d’Europe de l’ouest mais bien enregistré par les pays de l’ex tiers monde et émergents.
La carte du monde pourrait se dessiner en deux parties.
Un bloc occidental comprenant l’Amérique du nord, l’Union Européenne et les pays alliés soit moins de 15 % de la population mondiale, où les États-Unis sont les dominants ; et le reste des Etats du monde représentant plus de 85 % de la population mondiale, sans dominants mais avec des nations fortes comme la Chine, l’Inde et la Russie. Les Etats-Unis misent sur l’effondrement intérieur de la Russie. Il est possible que l’inverse se produise, ce qui a été le destin de tous les empires.
Ce bras de fer impitoyable coûte des vies humaines, beaucoup trop de vies humaines. L’Ukraine est dévastée. Quel que soit l’issue du conflit, que ce soit une scission en deux parties russe et ukrainienne, ou son éclatement entre les Russes, les Polonais, les Slovaques, les Hongrois, et les Roumains, cette région et sa population souffriront pour longtemps.
Le son du canon mondial est possible et même statistiquement certain mais nous ne savons pas quelle génération le subira. Le plus tard possible est le plus souhaitable.
Dans ce contexte, il est grand temps que la France millénaire reprenne son destin en main en abandonnant les idéologies destructrices des civilisations, retrouve son indépendance et sa souveraineté, et se reconstruise dans le monde tel qu’il est, et tel qu’il se transforme rapidement et irréversiblement.
Il reste à comprendre qu’elle est l’idéologie fondatrice de cette volonté de domination mondiale, mais c’est un autre sujet.
Liste des sujets :
- Les causes racines
- L’Ukraine
- Les origines du conflit ukrainien
- L’invasion russe
- Le narratif médiatique et le soutien aux belligérants
- L’escalade du conflit, ou sont les lignes rouges et les limites ?, jusqu’où ira-t-on ?
- L’Allemagne et Nord Stream
- Et la France dans cette guerre
- Pour conclure
Source :Par notre ami Capitaine X
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