Daniel Husson est un physicien de haut vol (plus de soixante-dix publications scientifiques de niveau international) qui revendique, sur les questions climatiques, une attitude « climato-sensée » : « Ce n’est pas du scepticisme vis-à-vis de températures en hausse (en ce moment) mais une saine défiance envers un discours monolithique ».
Dans Climat, de la Confusion à la Manipulation (Éditions L’Artilleur), copieusement documenté en données officielles, il défend le travail scientifique sur le climat contre tous ceux qui, motivés à des titres divers, s’affranchissent de ces exigences ou la réduisent à la seule question du CO2 [gaz carbonique, NDLR].
Pour l'auteur, tout a commencé à la fin des années 80, en Allemagne : « En octobre 1989, le mur de Berlin tombe et la menace nucléaire disparaît [...] Dorénavant, l’ennemi, ce sera le gaz carbonique ».
Un politicien américain enfourche très tôt ce combat : « Depuis la contribution filmique du vice-président américain Al Gore [Une vérité qui dérange, 2006, NDLR], les discours alarmistes ont été martelés, constate Husson. Qui sait que, l’année suivante, les assertions outrancières de ce film ont été démenties en justice ? »
En 2007, la Haute Cour de Londres, présidée par le juge Michael Burton, a jugé que la présentation des causes et effets probables du réchauffement climatique par le film était correcte dans l'ensemble mais a répertorié neuf « erreurs ».
Le GIEC au centre des polémiques
Comme bien d’autres scientifiques avant lui, notre physicien s’en prend aux rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Daniel Husson constate, d’une part, que le GIEC rassemble une somme de travaux scientifiques aussi divers que qualitatifs mais, de l’autre, que ses rapports y font une sélection qui, chaque année, va dans le sens d’un même discours.
Cela serait sans graves conséquences, affirme Husson, si la vision qui s’en dégage sur l’avancée des travaux climatologiques n’était immédiatement utilisée par des non-scientifiques (médias engagés, organisations politiques, gouvernements…) pour légitimer un combat idéologique.
Calmer le jeu
S’inquiétant du « climat » catastrophiste, Daniel Husson se veut rassurant : « Non, il ne nous reste pas "trois ans" ; non, le niveau de la mer ne va pas nous submerger demain matin et, bien entendu, ni l’axe de rotation de la Terre ni le Gulf Stream ne vont basculer ».
En fait, contrairement à ce que laisse penser le discours dominant, les chiffres officiels n’ont pour lui rien de véritablement dramatique : « Entre 1901 et 2017, l’élévation du niveau des mers fut de vingt centimètres », et « entre 2002 et 2005, la perte de glace de la banquise australe a été de 150 km3/an, [...] en élévation de la hauteur d’océan sur le globe, le calcul indique 0,4 mm/an », écrit-il.
Le CO2 ne fait pas tout
Daniel Husson note surtout que le discours des non-scientifiques sur le climat a tendance à inverser la donne scientifique : « Comparée à un gaz comme l’atmosphère, l’eau est quatre fois plus inerte, même à masse égale [...] thermiquement parlant, les océans sont mille fois plus "lourds" que l’air et ne se laissent pas déménager ».
Ce qui signifie que ce ne sont pas l’air ni, donc, le CO2 qui déterminent principalement nos climats, explique l'auteur, mais les océans et le Soleil : « La vie sur Terre est entièrement dépendante du rayonnement solaire ».
Or, « tous les corps naturels rayonnent, à la puissance quatre de leur température. [Et si] la température du globe venait à augmenter de 1 %, la quantité de rayonnement renvoyée vers le cosmos augmenterait [...] de 4 %, surplus de rayonnement qui entraînerait illico son refroidissement ! »
Là encore, le physicien plaide pour un respect de la science, de sa diversité et du débat nécessaire, et à une dédramatisation des questions climatiques.
Relire Fabien Bouglé
Hors du champ de sa spécialité, Daniel Husson est moins à l’aise.
S’il dénonce justement « le mirage du virage électrique », que nous évoquions récemment sur BV, son opposition au nucléaire et son ambiguïté sur l’éolien étonnent.
Mais sur ces questions, aussi, la confrontation scientifique est toujours féconde et nous renvoyons donc le lecteur aux travaux de Fabien Bouglé, Nucléaire : les vérités cachées et Éoliennes : la face noire de la transition écologique.
Contesté, contestable ou non, Daniel Husson verse une pièce à l'intense débat sur le climat.
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