TRIBUNES LIBRES !
ET AUSSI
TRIBUNES LIBRES !
La commission des finances a tranché : l’épargne des Français devrait être impactée par le budget 2025.
Un amendement déposé par le député Ensemble Jean-Paul Mattei et adopté le 17 octobre propose de modifier les règles en matière de fiscalité des assurances-vie.
L’élu centriste suggère de les aligner sur la fiscalité des droits de succession en ligne directe (parents, enfants et petits-enfants).
À l’heure actuelle, les contrats d'assurance-vie permettent aux bénéficiaires de profiter d'un abattement de 152.500 euros par personne, sans imposition jusqu'à ce montant.
Au-delà, un taux de 20 % s'applique sur les 700.000 premiers euros, puis de 31,25 % sur les sommes excédentaires. On oublie !
De nouveaux paliers d’imposition pourraient changer la donne.
Réduire l’écart entre les assurances-vie et les successions en ligne directe
« Ce barème après abattement dont bénéficient les produits d'assurance-vie est encore plus avantageux que celui appliqué aux successions en ligne directe, peut-on lire dans l’amendement voté par les élus de gauche et centristes de la commission des finances.
Cette différence de traitement ne semble pas trouver à l'heure actuelle de justification ». En d’autres termes, on pourrait taxer les plus gros épargnants.
Le nouveau barème proposé serait le suivant : après un abattement de 152.500 euros, un taux forfaitaire de 20 % s'appliquerait jusqu'à 552.324 euros.
Au-delà, un taux de 30 % concernerait la part taxable inférieure ou égale à 902.838 euros.
Les chanceux qui dépassent ce plafond seraient mis à contribution.
Un taux de 40 % s'appliquerait sur la part taxable inférieure ou égale à 1.805.677 euros, et un taux de 45 % sur toute somme excédant ce montant.
Les Français risquent de trinquer.
L’UDR monte au créneau
Vivement critiquée, cette mesure révolte Gérard Bekerman, président de l’Association française d’épargne et de retraire (AFER), qui écrit dans l’Opinion : « Aggraver la fiscalité [de l'assurance-vie, NDLR], ce serait la disqualifier au sens propre, s’attaquer au seul contrat qui a rencontré un vrai succès populaire ».
Avec 18 millions de détenteurs d’assurances-vie en France, cet amendement viendrait contrarier un trop grand nombre de foyers français.
Le spécialiste ajoute : « Adopter cet amendement, c’est prendre un risque, un grave risque, sur l’instabilité législative et le succès d’un gouvernement qui n’a pas besoin d’être fragilisé ».
Du côté de l’opposition de droite, prenant les devants, les députés de l’Union des droites pour la République (UDR) ont lancé une pétition contre ce qu’ils qualifient d'« attaque sans précédent contre les efforts d’épargne de millions de Français ». « Cela signifie, pour des milliers de familles françaises, qu’une grande partie de leurs économies durement gagnées partiront dans les caisses de l’État », estiment encore les élus du parti d’Éric Ciotti.
Sur X, la députée UDR Christelle D’intorni se révolte aussi : « Je m’opposerai à cet "économicide" et à cette politique gauchiste qui vient encore faire les poches aux Français ! »
Attention, ce projet de barème reste un... projet : le texte doit d'abord être débattu en séance publique à l'Assemblée avant d'être présenté au Sénat.
L'État aux abois ressemble de plus en plus au célèbre Rap-tout des Inconnus.
ET AUSSI
Le ministre de l’Intérieur avait fait, jusqu’ici, un sans-faute, tapant du poing sur la table, durcissant le ton vis-à-vis de l’immigration et de l’insécurité.
A-t-il raté une première marche, quelques semaines après son installation à Beauvau, sur le dossier emblématique de l’immigration clandestine ?
Le couple Barnier-Retailleau a, en tout cas, rapidement inversé la vapeur : il aura fallu moins d'une journée.
Démonstration est faite que le laxisme migratoire ne passe plus.
103 millions d'euros d'économie
En début de journée, ce 18 octobre, une étude approfondie du budget révèle une… diminution des crédits alloués à l’immigration clandestine.
Ils vont passer de 300 millions d’euros, en 2024, à 173 millions, en 2025, selon le Plan de finances 2025.
Contacté par BV, le cabinet du ministre nous confirme la baisse du budget avec des chiffres à peine différents : « Factuellement, les crédits de la mission Immigration, Asile, Intégration baissent en effet de 103 millions d'euros par rapport à 2024 », précise le ministère.
Mais voilà, comment lutter contre cette plaie devenue ultra-prioritaire pour une grande majorité de l’opinion avec un budget en baisse de plus de 40 % ?
Dans un des pays les plus taxés au monde, l’État semble abandonner encore davantage ses tâches régaliennes : la sécurité individuelle et collective.
Les réactions, à droite, sont fermes. « Ce décalage permanent entre les discours et les actes sème la confusion et nourrit le doute sur la volonté de mettre fin à des années de laxisme migratoire, écrit Marine Le Pen, sur X.
Il va falloir que le gouvernement mette son budget en adéquation avec ses discours ». Éric Ciotti est sur la même ligne : « Comment expulser plus, avec une baisse des moyens pour expulser ? », interroge-t-il aussi, sur X. Il « proposera à l’Assemblée d’augmenter ce budget lors du débat parlementaire ».
Même le macroniste de droite Charles Rodwell, député de Versailles, fait grief à Retailleau de cette baisse ainsi que d’une « diminution de 115 millions d’euros du budget d’investissement, notamment pour la sécurisation et la construction des centres de rétention administrative (CRA) ». « Nous appelons Bruno Retailleau à rétablir ces crédits en les compensant par des baisses de dépenses que nous vous proposerons », tempête Rodwell.
Efficacité
Que s’est-il passé ? Retailleau jette-t-il l’éponge sur l’immigration clandestine ? Ce n’est évidemment pas l’avis du ministère de l’Intérieur, dont il faut entendre les arguments.
La baisse des budgets serait liée à une réorganisation des services de manière à, justement, gagner en efficacité. Selon le cabinet de Bruno Retailleau, « une partie de cette baisse s’explique par une maîtrise de la dépense allocation pour demandeur d’asile (ADA) grâce au renforcement des effectifs de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA, +29 emplois) » : ces recrutements permettraient « de traiter la demande d’asile plus rapidement » et, donc, de « réduire la durée de versement de l’ADA ». Par ailleurs, le ministère vise « une optimisation des places d’hébergement », notamment par « la réduction des places indûment occupées ». `
Ce qu’on ne peut qu’approuver… Enfin, le ministère de l’Intérieur table sur « une diminution constante » du nombre des réfugiés ukrainiens.
Ils passeraient, nous précise le cabinet, de 96.000, en août 2022, à 39.000, à fin 2025, confirmant que ces réfugiés ne sont décidément pas comme les autres.
Attention, conclut le cabinet, ce projet de budget n’est pas définitif, à ce stade : il pourrait être modifié (augmenté ?) lors du débat parlementaire ou sur demande expresse du Premier ministre.
Un budget si peu définitif, donc, que Bruno Retailleau, lors de sa conférence de presse ce 18 octobre au soir, précise qu’il a obtenu une rallonge budgétaire du Premier ministre.
Une rallonge expresse !
L'immigration, devenue urgence nationale
Les temps changent doucement. Tout ministre qui s’attaquait à l’immigration, voilà quelques années, mettait sa carrière en péril – Sarkozy fut traîné dans la boue des mois durant pour avoir nommé Éric Besson « ministre de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale » en 2009, un ministre pourtant éphémère et impuissant.
Désormais, les Français exigent que l’État fasse une priorité absolue de la lutte contre l’immigration.
Ils réclament des économies partout, sauf… sur la lutte contre l’immigration illégale, devenue une urgence nationale.
Macron, Barnier et Retailleau savent à quoi s’en tenir.
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