Lepénisation de Mélenchon, acte 2
Adieu la « bordélisation » ?
Après avoir joué pendant des années la carte de l’intransigeance vis-à-vis du pouvoir, le leader des Insoumis se vante désormais d’exercer, en matière économique, une certaine influence sur le gouvernement.
Exactement comme le RN en matière migratoire.
Pour lui, c’est carrément « l’agonie d’une époque ».
Dans un texte mis en ligne hier sur son blog personnel, Jean-Luc Mélenchon a salué le projet du gouvernement d’augmenter les impôts des contribuables disposant des plus hauts revenus et des entreprises les plus prospères.
« Victoire idéologique »
« Le budget Barnier reconnaît notre victoire idéologique, pour nous antilibéraux, se réjouit-il dans ce texte incroyablement apaisé.
L’impôt sur les riches est réhabilité et celui sur les superprofits des entreprises aussi. (…)
Peu importe les montants : c’est le raisonnement qui compte. (…) Michel Barnier a enterré les interdits et les tabous du libéralisme des gouvernements macronistes. »
N’en jetez plus !
Ainsi donc, le général Tapioca continue de se lepéniser.
Mais cette fois-ci, ce n’est plus à Jean-Marie qu’il emprunte ses méthodes.
Finis les provocations éruptives et les sous-entendus essentialisants.
Désormais c’est à Marine Le Pen que Jean-Luc Mélenchon essaie de ressembler.
La patronne du RN ne s’était-elle pas elle aussi réjouie d’une “victoire idéologique” lors du vote de la loi Immigration l’hiver dernier ?
A lire aussi, Stéphane Germain: Dans l’enfer ultraprogressiste
Le leader des Insoumis vient en réalité de rentrer dans une nouvelle séquence.
La motion de censure du Nouveau Front populaire ayant été rejetée, il ne peut plus hurler – au mépris du bon sens le plus élémentaire : « On nous a volé l’élection ! »
Le processus de destitution du président ayant été abandonné la semaine dernière, il ne peut davantage promettre – contre toute évidence : « On va virer Macron ! »
Dès lors, le voilà qui se résout à faire de la politique de façon plus classique.
Comme Marine Le Pen et ses députés cravatés, ses paroles sont à présent celles d’un opposant qui instaure un rapport de force rationnel et civilisé avec le pouvoir.
Barnier Sanders : tax the rich !
Quelles sont les armes – enfin loyales – dont il dispose pour infléchir les décisions de Michel Barnier ?
Ici s’arrête l’analogie avec le RN.
Car Marine Le Pen brandit l’épouvantail de la censure au parlement pour se faire entendre, obtenant notamment que le ministre de l’Intérieur remette sur l’ouvrage une loi Immigration, Mélenchon, lui, agite plutôt la menace du mouvement social et du blocage du pays.
Et cela paye ! Effrayé à l’idée de vivre l’enfer d’Alain Juppé en 1995, le Premier ministre a donné quelques gages à la gauche dans sa proposition de budget.
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Et les Français dans tout cela ?
Malgré ce que prétendent la plupart des commentateurs de la grande presse, on peut se demander s’ils n’ont pas obtenu en somme ce qu’ils voulaient : un gouvernement centriste, présentable et policé, sachant toutefois écouter les demandes de redistribution de la gauche et les demandes de contrôle aux frontières de la droite.
Michel Barnier fait en
somme penser à ces couples bourgeois qui doivent se résoudre, en
gardant leurs bonnes manières, à une certaine infidélité, pourvu que
celle-ci ne soit pas trop exposée.
Message d'Elisabeth Lévy
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