REVUE DE PRESSE
L’entrée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris pourrait devenir payante et coûter 5 euros.
C’est une proposition de la ministre de la Culture, Rachida Dati.
L’idée divise touristes et fidèles.
Avant l’incendie, près de 15 millions de touristes visitaient l’édifice.
Les faire payer 5 euros rapporterait 75 millions d’euros par an, la solution selon la ministre pour sauver toutes les églises de France qui se dégradent.
Stéphane Bern défend l'idée
L’idée est également défendue par Stéphane Bern, chargé d’une mission pour la sauvegarde du patrimoine. "Celui qui veut prier (...) y entre gratuitement, et celui qui veut faire des photos, visiter, il prend une autre entrée et il paye", estime-t-il.
Si Notre-Dame appartient à l’État, c’est le diocèse de Paris qui la gère.
Celui-ci rappelle la loi de 1905, qui garantit l’accès au culte gratuit, et s’oppose à faire payer l’entrée.
À l’étranger, l’entrée de la plupart des églises est payante.
ET AUSSI
Entrée payante à Notre-Dame : polémique autour du «tarif symbolique» de Rachida Dati
Rachida Dati veut imposer un tarif d’entrée à Notre-Dame pour financer la sauvegarde du patrimoine religieux.
Une mesure qui suscite un tollé : le diocèse de Paris, fermement opposé, défend la gratuité comme symbole d’accueil universel, tandis que les débats sur la laïcité refont surface.
Jeudi 24 octobre, la ministre de la Culture Rachida Dati annonçait avoir proposé à Monseigneur Ulrich, archevêque de Paris, de mettre en place un « tarif symbolique » pour les visites touristiques de Notre-Dame de Paris et de consacrer l’argent récolté – 75 millions d’euros par an, si 5 euros étaient réclamés – à « un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux ».
Sans tarder, le diocèse de Paris a communiqué son opposition de principe, refusant catégoriquement la distinction entre pèlerins et visiteurs.
Derniers témoins de la gratuité, refuges d’une vie intérieure malmenée, outils irremplaçables d’évangélisation, véritables musées, cours d’histoire accessibles à tous, havres de paix… les arguments en faveur de la gratuité ne manquent pas.
Pour justifier sa position, inchangée depuis des années, le diocèse invoque deux raisons.
L’une rappelle la « mission fondamentale des églises : accueillir de façon inconditionnelle et donc nécessairement gratuite tout homme et toute femme ». Argument que semblait pourtant désamorcer Rachida Dati en affirmant que « partout en Europe, l’accès aux édifices religieux les plus remarquables est payant ».
Certaines églises, en effet, peuvent être visitées moyennant finance, ailleurs en Europe, parfois à l’initiative de l’Église elle-même.
Même si elle le déplore systématiquement, cette dernière invoque le nécessaire entretien dont elle a la charge.
C’est sur ce point que la comparaison entre la France et l’étranger devient caduque, et que le diocèse invoque la deuxième raison de son opposition : « Les dispositions de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État. »
À l’étranger, l’Église est propriétaire et affectataire des églises et cathédrales ; en France, l’État est propriétaire des cathédrales, les communes des églises, et l’Église n’en est qu’affectataire.
Or l’article 17 de la loi en question dispose sans détour que « la visite des édifices et l’exposition des objets mobiliers classés seront publiques : elles ne pourront donner lieu à aucune taxe ni redevance ».
La relation houleuse entre la République et l’Église s’est notamment jouée sur la gestion des églises : confisquées en 1789, affectées pendant le Concordat, la question s’est à nouveau posée en 1905.
Auteur de Quand les catholiques étaient hors la loi, Jean Sévillia rappelle le débat d’alors : « La loi de 1905 prévoyait que les biens mobiliers et immobiliers soient gérés par des associations de laïcs désignés par les représentants des cultes. Si les protestants et juifs, également concernés, ont immédiatement accepté, ce ne fut pas le cas des catholiques. L’Église refusait alors une décision qui ne respectait pas sa hiérarchie cléricale. »
Lorsque la loi entre en vigueur, en décembre 1906, la question du statut des églises et des catholiques qui les « occupent » est entière.
Les discussions s’établissent, et deux lois complémentaires viennent encadrer la situation : en mars 1907, les édifices sont repris par l’État et les communes, et l’Église obtient l’autorisation de « tenues de réunions sans autorisation préalable » ; en avril 1908, la loi dispose que l’État, les départements et les communes peuvent « engager les dépenses nécessaires pour l’entretien et la conservation des édifices du culte dont la propriété leur est reconnue par la présente loi ».
En France, l’État est propriétaire des cathédrales, les communes des églises, et l’Église n’en est qu’affectataire
Une absence d’obligation stricte, qui inquiète notamment le député Maurice Barrès qui se lance alors dans une intense campagne en faveur de la préservation des églises. Dans ses Cahiers 1906-1907, il écrit déjà : « La commune pourra- (voudra)-t-elle se charger de l’église ? Nous connaissons les difficultés des petits budgets ruraux. Dans la pratique, la commune se désintéressera de l’église, l’édifice tombera en ruines, on le désaffectera, et quand il y a aura péril pour la sécurité publique, on le démolira. Disparition d’un admirable patrimoine d’édifices sacrés dont le cours des siècles a couvert le sol de la France. »
Nous y sommes.
Et si tous – État, Église et Français – sont préoccupés par la question patrimoniale, l’Église profite de l’exception culturelle, cultuelle et historique française pour refuser que l’État arbitre ses budgets contre ses propres engagements.
Source et Publication : https://www.lejdd.fr
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