mardi 15 octobre 2024

LE COMMUNIQUÉ DE L' INSTITUT " POUR " LA JUSTICE !

 


 
Comment cette femme tient-elle toujours debout ?


Chère Madame, cher Monsieur, 


15h30. Le 12 septembre 2020, un agent de sécurité du supermarché Leclerc de Carpentras surprend un homme qui filme sous les jupes de plusieurs clientes à leur insu. 


La police est prévenue, il est arrêté rapidement et placé en garde à vue.


Le lendemain matin, il peut quitter le commissariat, mais l’enquête se poursuit, son téléphone a été saisi.

 Ce que la police va trouver est inimaginable


Les enquêteurs vont découvrir plusieurs vidéos édifiantes : une femme inanimée d’une soixantaine d’années se fait abuser sexuellement par différents hommes. 

 

Ils vont ensuite perquisitionner le domicile de cet homme, prendre plusieurs cartes SIM, son caméscope et son disque dur. 

 

Pendant presque deux mois, ils vont exhumer plus de 20 000 vidéos à caractère pornographique.

 

Tout bascule alors le 2 novembre 2020.  

 

Les enquêteurs découvrent que ce sexagénaire, à l’air ordinaire, propose sur un site de rencontres (fermé depuis) de violer sa femme inconsciente.

 N’importe quel homme peut entrer en conversation avec lui pour se porter volontaire. 

 

Il propose également de visionner les vidéos des viols qui sont commis. 

Son ordinateur, ses cartes SIM et son disque dur contiennent tous les films

 

Avec cette découverte, il est à nouveau placé en garde à vue. Sa femme est elle aussi convoquée.

 Elle ne sait pas pourquoi. 

 

Au moment où il est arrêté, dans le même commissariat, un officier de police explique les faits à son épouse dans la pièce à côté. 

Elle a été droguée et sédatée par son mari, puis violée par des dizaines d’hommes pendant près de 10 ans. 


Toutes les vidéos qu’ils ont découvertes et visionnées en attestent.

 

Elle ignorait tout. Elle était inconsciente à chaque fois qu’elle était violée. 

 

Elle, c’est Gisèle Pélicot. 

 

Son mari est Dominique Pélicot.

Ils habitaient ensemble à Mazan dans le Vaucluse.

 

Depuis plus d’un mois aujourd’hui, le procès des agresseurs de Gisèle Pélicot a commencé. 

 

On entend parler tous les jours du procès des “viols de Mazan”. 

 

Quelle affaire ! 

 

Ni vous, ni moi, n’aurions jamais pu imaginer une histoire aussi abjecte. 

 

  • 92 viols commis sur la même victime entre 2011 et 2020.
  • 83 violeurs potentiels.
  • 54 sont identifiés.
  • 51 hommes sont actuellement jugés par la cour criminelle du Vaucluse (le 52e est décédé et les poursuites des deux autres ont été abandonnées, faute de preuves) principalement pour “des faits de viols aggravés commis au préjudice d’une femme droguée à son insu par son époux, au domicile du couple”.
  • Le procès va durer 69 jours.
  • La peine maximale encourue par chaque accusé est de 20 années de réclusion criminelle.
  • 18 accusés sont actuellement détenus (16 dans le cadre de ce dossier, deux pour autres causes) et 33 se trouvent en liberté sous contrôle judiciaire.
  • Sur les 51 accusés, 41 habitent le Vaucluse.

 

Les faits se passaient généralement toujours de la même manière : 

 

Sur Internet, Dominique Pélicot recrutait des hommes sur un forum intitulé “à son insu” sur le site Coco.gg, fermé depuis. Il proposait d’avoir une relation sexuelle avec sa femme inanimée. 

 

Une fois sur place, au domicile du couple, les hommes avaient pour consigne de ne pas réveiller la victime, de ne porter ni parfum, ni odeur de cigarette, et de se réchauffer les mains en les passant sur un radiateur ou les laver à l’eau chaude.

 

Puis, ils pouvaient se rendre dans la chambre à coucher où Gisèle Pélicot était effectivement allongée inconsciente. 

 

Dominique Pélicot, 71 ans aujourd’hui, ressemble à un voisin ordinaire. 

 

Depuis le début du procès, il explique qu’il a lui-même été victime d'agressions sexuelles lorsqu’il était enfant (comme si cela pouvait justifier ou excuser les actes pour lesquels il est jugé). 

 

On a appris récemment : 

 

  • qu’il est mis en examen pour le viol et le meurtre d’une jeune femme de 23 ans en 1991.
  • qu’il est mis en examen pour la tentative de viol d’une jeune femme de 19 ans en 1999.

 

Ces deux affaires ont pû être relancées en 2022 après une première arrestation de  Dominique Pélicot en 2010. Il avait filmé l’entrejambe de femmes à leur insu, dans un supermarché en Seine-et-Marne. 

Un prélèvement ADN réalisé à ce moment-là avait permis de faire le lien avec l'affaire de 1999. 


Mais à la suite d’erreurs dans les instructions des affaires, ce prélèvement n’a jamais été exploité et tout était resté au point mort. 

 

Encore une fois, des erreurs humaines auront entravé le fonctionnement de la Justice. 

L’erreur est humaine, elle arrive et nous en faisons tous. 

 

Mais les erreurs qui surviennent dans un domaine aussi sensible qu’une enquête ou une instruction ont des conséquences très lourdes. 

 

Dominique Pélicot n’aurait peut-être jamais commis les viols dont il est accusé s’il avait été poursuivi et jugé pour meurtre, viol et tentative de viol… 

 

Cette affaire est glaçante. 

 

Les justifications des 51 accusés, pour être allés chez les Pélicot commettre leurs horreurs, sont à peine audibles. 

 

Et en face d’eux, Gisèle Pélicot se tient impassible. 

 

Cette femme est extraordinaire. Comment tient-elle encore debout ? Est-elle encore vivante ? 

 

Elle n’a pas voulu d’un procès à huis clos. Après tout, pendant près de 10 ans, son supplice a été filmé et diffusé à des milliers d’hommes. 

 

Comment, durant toutes ces années, aurait-elle pû imaginer que les problèmes gynécologiques dont elle souffrait étaient dûs aux viols qu’elle subissait ? 

 

Comment aurait-elle pu comprendre que sa fatigue et ses pertes de mémoire étaient dûes aux drogues et médicaments que son mari lui administrait ? 

 

Gisèle Pélicot a consulté maints médecins car ses problèmes de santé l'inquiétaient beaucoup. Comble du vice, son mari l’accompagnait à ces rendez-vous. 

 

Son corps a été l’objet des pires sévices. 

 

On lui a diagnostiqué quatre maladies sexuellement transmissibles. 

 

Mais cette femme est là. Tous les matins, elle franchit le seuil du palais de Justice d’Avignon pour affronter les 51 hommes qui l’ont abusée. 

 

Les victimes sont souvent oubliées. Vous le savez, à l’Institut pour la Justice, nous nous battons pour les sortir du silence et de l’isolement dans lesquels on les enferme. 

 

Il faudrait qu’une victime se taise, n’apitoie pas trop, s’efface pour laisser à son bourreau toute la place. On étudie toujours la personnalité des personnes que l’on juge pour essayer de comprendre. Le procès en cours ne fait pas exception, la vie des 51 co-accusés est passée au peigne fin.

 

Enfance difficile, agressions subies, chômage, timidité, problème d’insertion… Tout passionne quand il s’agit des accusés. 

 

La vie des victimes, elle, intéresse moins.

 Que voulez-vous, souvent leur histoire est moins sensationnelle. Leurs parcours sont moins chaotiques. 

 

Pourtant, les victimes devraient avoir toute l’attention.  

 

Leur résilience et leur courage sont souvent sans pareil. 

 

Une victime, comme Gisèle Pélicot, est une personne dont la vie est brisée du jour au lendemain. Une personne qui va subir des dommages physiques ou psychologiques, qui va subir des mois et des mois d’enquête, d’instruction puis un procès. 

 

Une victime va devoir se reconstruire, vivre parfois la peur au ventre. Une victime va être au cœur d’une Cour de justice où l’on va tenter de minimiser tout ce qui a pu lui arriver. Et on lui demande en plus de se faire toute petite !  

 

Et bien, aujourd’hui, Gisèle Pélicot rend hommage et justice à toutes les victimes à qui on a demandé de faire profil bas. 

La tête haute, elle regarde ses bourreaux, leurs avocats, les jurés et les juges. 

 

Ils devront rendre Justice en face d’une victime qui ne se tait pas.

Avec tout mon dévouement, 

Axelle Theillier

 

Présidente de l’Institut pour la Justice

 

L'Institut pour la Justice est une association loi 1901 en faveur d'une Justice plus protectrice des citoyens et plus équitable vis-à-vis des victimes.

 

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