REVUE DE PRESSE !
Anatomie d’un parlement inutile
Anatomie d’un parlement inutile
par Georges Feltin-Tracol
Le scrutin des 6 au 9 juin 2024 destiné à élire les membres du Parlement dit européen devait conduire à des bouleversements gigantesques.
Résultat : Ursula van der Leyen reste à la présidence de la Commission bureaucratique pour cinq nouvelles années malgré les scandales qui l’entourent.
Ce n’est pas la seule inquiétude.
La prochaine vice-présidente de cette instance dévoyée, désignée haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, c’est-à-dire responsable d’une fantomatique « diplomatie » des 27, l’Estonienne Kaja Kallas, est une belliciste russophobe convaincue.
Pis encore, dès le mois de septembre il a été prévu que le Lituanien Andrius Kubilius deviendrait le premier commissaire européen à la défense au mépris de tous les traités européens qui confient ce domaine essentiel aux seuls États.
La clique cosmopolite mondiale est désormais prête à se battre jusqu’au dernier Européen, voire jusqu’au dernier Albo-Américain afin de préserver ses intérêts bancaires.
Le microcosme médiatique craignait une poussée historique des partis de protestation populaire. Force est de constater qu’elle a été jugulée.
Certes, les formations populistes augmentent leur nombre de sièges sans pour autant ébranler l’inévitable coalition qui englobe les soi-disant conservateurs, les sociaux-démocrates, les Verts et les centristes libéraux. La victoire dans le Nord de la gauche verte (le Parti populaire socialiste allié aux écolos arrive en tête au Danemark ou bien les sociaux-démocrates suédois) compense le succès des mouvements populistes dans le Sud.
À l’instar de l’Assemblée nationale française sortie du 7 juillet dernier, le Parlement européen se structure en huit groupes.
Cet éclatement surprend quand on sait les règles draconiennes de formation d’un groupe : un minimum de vingt-trois députés originaires d’au moins sept États membres. Ainsi reste-t-il trente-et-un nouveaux élus chez les non-inscrits.
Outre les cinq Slovaques de SMER, le parti du Premier ministre Robert Fico, longtemps adhérent à l’Internationale socialiste, y siègent les six Allemands de l’Alliance Sahra Wagenknecht, les communistes néo-staliniens tchèques et grecs ou l’Allemand Maximilian Krah viré de l’AfD.
On rencontre d’autres personnalités dont certaines assez loufoques comme les trois élus espagnols nationaux-wokistes de Se Acabó La Fiesta (« La fête est finie ») ou le youtubeur apolitique chypriote Fidías Panayiótou.
La Xe législature (2024 – 2029) voit néanmoins quelques changements révélateurs.
Après avoir lorgné vers le groupe centriste – libéral macroniste Renew Europe, les huit Italiens du Mouvement Cinq Étoiles intègrent le groupe de la Gauche.
Ils travaillent désormais avec leurs trente-huit collègues de La France insoumise, de Die Linke et de Podemos.
Le président du Mouvement Cinq Étoiles, Giuseppe Conte, rêve de reproduire en Italie la stratégie éruptive de Jean-Luc Mélenchon.
Exclue avant le terme formel de la précédente législature du groupe Identité et Démocratie à l’initiative du Rassemblement national, l’AfD est quand même parvenue à monter un groupe précaire de vingt-cinq membres : l’Europe des nations souveraines. L’unique élue de Reconquête !, Sarah Knafo, a eu le courage de le rejoindre et de cohabiter avec un Hongrois du Mouvement Notre Patrie, un Tchèque de Liberté et démocratie directe ou un Slovaque de Republika, dissidence du Parti populaire « Notre Slovaquie » de Marian Kotleba.
Les quatre autres élus de la liste zemmouriste conduite par Marion Maréchal ont pour leur part rallié les Conservateurs et réformistes européens (CRE) aux côtés des vingt-quatre Fratelli d’Italia, des dix-huit Polonais de Droit et Justice ou des trois nationaux-centristes de la Nouvelle Alliance flamande, soit un total de soixante-dix-huit membres, ce qui en fait le quatrième groupe de l’assemblée.
On oublie que l’époux de Marion Maréchal, Vincenzo Sofo, est eurodéputé depuis 2020.
D’abord militant à la Lega et animateur du blogue Il Talebano (« Le Taliban »), il s’inscrit aux Fratelli d’Italia en 2021 quand Matteo Salvini décide de soutenir le gouvernement technique de Mario Draghi.
Ce rapprochement conjugal coûte cher aux contribuables franco-italiens.
Créé sous l’impulsion du ministre – président Viktor Orban dont les députés européens étaient jusqu’à présent non-inscrits, le groupe des Patriotes pour l’Europe compte quatre-vingt-quatre élus parmi lesquels les Hongrois du Fidesz (10), les Espagnols de Vox (6), les Portugais de Chega (2) ou les 7 Tchèques d’Ano 2011. « Oui 2011 » en tchèque a rompu au lendemain des dernières élections avec le bloc central Renew Europe.
En dépit de la présidence exercée par Jordan Bardella à la tête du contingent le plus nombreux (30), la présence de la Mitteleuropa y demeure prégnante.
L’impossibilité de rassembler les Patriotes pour l’Europe et les Conservateurs et réformistes européens ne repose pas sur des querelles personnelles. De puissantes divisions opposent en fait ces deux groupes sur des sujets primordiaux.
Lancés par les Polonais de Droit et Justice et les tories britanniques qui estimaient le Parti populaire européen trop fédéraliste, les CRE sont historiquement des atlantistes.
Dans le conflit ukrainien, ils encouragent l’effort de guerre de Kyiv. Par ailleurs, ces conservateurs réformistes prônent la répartition obligatoire des immigrés clandestins dans tous les États membres de l’Union, quitte à accroître les fractures ethno-sociales internes.
En voisin de l’Ukraine, Viktor Orban recherche d’abord la paix entre les belligérants et se préoccupe ensuite du sort de la minorité hongroise en Ukraine.
Le dirigeant magyar refuse en outre toute répartition obligatoire des migrants chez lui. Sa modération lui fait récuser tout projet sérieux de remigration peut-être envisagé par l’AfD.
La Hongrie accueille des usines chinoises et fait venir une main-d’œuvre qualifiée étrangère extra-européenne.
L’économie hongroise est bien trop mondialisée pour esquisser toute éventualité autarcique réelle.
Symbole de la fatuité politique, le Parlement dit européen discute, bavarde et jacasse.
Quand il ne vote pas des motions fumeuses adressées à la terre entière, ce qui en fait la risée du globe, il conçoit des normes incessantes qui tyrannisent le quotidien des petites gens.
L’assemblée fractionnée plonge dans les abîmes de la théâtrocratie parlementaire, un bidule qui remue sans fin sur lui-même en-dehors de toute essence du politique.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 126, mise en ligne le 1er octobre 2024 sur Radio Méridien Zéro.
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La nouvelle Commission européenne: affaires, influence américaine et lobbying
La nouvelle Commission européenne: affaires, influence américaine et lobbying
Intérêts personnels, liens étroits avec de grandes entreprises et influence externe, notamment des Etats-Unis, caractérisent l'image des nouveaux membres de la Commission européenne.
Par Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2024/10/neue-eu-kommission-geschaeft-us-einfluss-und-lobbyismus/
La Commission européenne est volontiers présentée au public comme la gardienne des valeurs européennes et de la transparence.
Mais un regard attentif sur les nouveaux commissaires révèle une autre facette: des intérêts personnels, des liens étroits avec de grandes entreprises et une influence externe, notamment venue des Etats-Unis, marquent l'image de cette puissante institution.
On peut se demander à quel point le népotisme et le lobbying sont réellement enracinés au sein de la Commission européenne.
Un cas particulièrement flagrant est celui du multimillionnaire et grand propriétaire terrien grec Apostolos Tzitzikostas (photo), qui dirigera le secteur du tourisme au sein de la nouvelle Commission.
Ce qui, à première vue, semble être une décision peu spectaculaire s'avère être hautement problématique lorsqu'on y regarde de plus près.
Tzitzikostas possède d'importants biens immobiliers en Grèce, qui pourraient bénéficier directement des décisions qu'il prendra désormais en tant que commissaire.
Des conflits d'intérêts ? Ils sont largement passés sous silence dans ses déclarations. Il y a un manque de transparence - et ce dans une fonction qui a une influence directe sur sa richesse privée. Le soupçon que l'enrichissement personnel est ici au premier plan et s'impose.
Le cas de Stéphane Séjourné (photo), le nouveau commissaire à la prospérité et à la compétitivité, n'est pas moins douteux.
Séjourné, qui aime se présenter publiquement comme un adversaire sévère de la corruption, réclame à cor et à cri un contrôle approfondi des déclarations de patrimoine de ses collègues.
Pourtant, sa propre déclaration ne contient aucune information sur son patrimoine.
Comment est-il possible que quelqu'un qui prêche la transparence et l'intégrité laisse sa propre situation financière dans l'ombre? Séjourné, qui a été lobbyiste par le passé, évolue manifestement lui-même dans un réseau de connexions qu'il aime reprocher aux autres.
La situation est particulièrement délicate avec Kaja Kallas (photo), la nouvelle commissaire aux Affaires étrangères de l'UE.
Kallas, qui s'est retrouvée en 2023 au cœur d'un scandale parce que son mari possédait une entreprise de logistique qui continuait à faire des affaires avec la Russie malgré les sanctions, n'a toujours pas révélé ses liens financiers.
Alors que de nombreuses entreprises européennes ont subi des pertes à cause des sanctions, la famille Kallas a continué à en profiter.
Et pourtant, elle est nommée commissaire aux affaires étrangères - une position qui l'implique de manière décisive dans l'élaboration de la politique étrangère de l'UE.
Une personne aussi profondément impliquée dans ses propres intérêts économiques peut-elle vraiment agir de manière indépendante ?
Un autre cas intéressant est celui de la Roumaine Roxana Mînzatu (photo), la nouvelle vice-présidente exécutive chargée des ressources humaines. Mînzatu a créé en 2021 une société de conseil destinée à faciliter l'accès de ses clients aux fonds européens. En même temps, dans son rôle d'alors à la Commission, elle était responsable de l'attribution de ces fonds. On constate ici un conflit d'intérêts évident, qui n'est pas remis en question. Comment une personne peut-elle être à la fois conseillère et gestionnaire des mêmes fonds sans que cela ne pose problème ?
Christophe Hansen, le nouveau commissaire à l'agriculture, originaire du Luxembourg, s'inscrit parfaitement dans ce tableau. Sa femme travaille au bureau de la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et son cousin est ministre de l'Agriculture du Luxembourg.
De plus, Hansen préside depuis 2015 la fédération luxembourgeoise des éleveurs de petits animaux.
Avec des liens aussi étroits au sein de la politique agricole européenne, on peut se demander dans quelle mesure Hansen peut réellement être indépendant dans ses décisions.
Mais ce ne sont pas seulement les liens internes qui placent la nouvelle Commission européenne sous un jour douteux.
L'influence américaine est particulièrement frappante.
Teresa Ribera, vice-présidente chargée de la transition verte, et Andrius Kubilius, le nouveau commissaire à la défense et à l'espace, ont tous deux des liens étroits avec des ONG et des groupes de réflexion financés par les États-Unis.
Kubilius (photo) a également été membre du conseil consultatif de l'Institut républicain international (IRI) de 2016 à 2019, une organisation financée par le budget américain et dont l'objectif principal est de promouvoir les intérêts géopolitiques américains dans le monde.
L'influence de Washington sur des domaines clés de la politique européenne est ici plus qu'évidente.
Quel peut être le degré d'indépendance des commissaires qui entretiennent de tels liens avec les États-Unis ?
La nouvelle Commission européenne est loin d'être un organe qui agit exclusivement dans l'intérêt des citoyens européens. Au lieu de cela, l'enrichissement personnel, le népotisme et l'influence des acteurs internationaux dominent.
Les citoyens européens espèrent la transparence et la justice, mais en coulisses, d'autres forces déterminent la direction à prendre.
La question qui se pose n'est plus de savoir si cette Commission sert les intérêts de l'Europe, mais à qui elle est réellement redevable.
En fin de compte, on ne sait pas combien de temps l'Europe continuera à jouer cette farce.
Il semble que les promesses de transparence et d'intégrité de l'UE ne soient guère plus que de la rhétorique vide.
Les citoyens européens ont le droit de savoir qui se trouve réellement derrière les décisions qui les concernent.
Et une chose est sûre : la nouvelle Commission européenne n'a déjà pas répondu à ces attentes.
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Fin de l'Allemagne -
Ursula von der Leyen lance la guerre commerciale entre la Chine et l'Europe
Fin de l'Allemagne -
Ursula von der Leyen lance la guerre commerciale entre la Chine et l'Europe
Source: https://dissident.one/dit-maakt-een-einde-aan-duitsland-von-der-leyen-initieert-een-chinees-europese-handelsoorlog
Des droits de douane punitifs plus élevés sur les voitures électriques chinoises figurent depuis longtemps sur la liste des souhaits d'Ursula von der Leyen.
Aujourd'hui, elle l'a emporté et Olaf Scholz a perdu.
Les contre-mesures attendues de Pékin ne feront pas autant de mal à d'autres pays qu'à l'Allemagne et à l'industrie allemande.
L'UE imposera à l'avenir des droits de douane de 35,3 % sur les voitures électriques en provenance de Chine.
L'Allemagne, premier donateur de l'UE et premier constructeur automobile, a pourtant voté contre cette mesure, qui équivaut à déclarer une guerre commerciale à l'Empire du Milieu, écrit Gregor Spitzes.
De nombreux secteurs de haute technologie de l'industrie allemande, en particulier l'industrie automobile et l'industrie chimique, sont déjà devenus extrêmement dépendants de la Chine, car ils y ont installé leurs principaux sites de production.
La Chine contrôle également jusqu'à 30% du port de Hambourg, principal centre de commerce maritime de l'Allemagne.
Une réaction négative de la part de la Chine, qui est un marché d'exportation et un partenaire commercial essentiel pour l'économie allemande, pourrait s'avérer désastreuse pour l'Allemagne, qui s'enfonce déjà dans l'abîme de la récession et de la désindustrialisation.
Mais la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a l'habitude de se comporter en reine et de plier les gouvernements nationaux à sa « volonté inflexible ».
Depuis l'automne dernier, elle fait pression pour obtenir des droits de douane supplémentaires, soi-disant pour compenser les subventions publiques élevées que la Chine accorde aux fabricants de voitures électriques.
Elle s'inquiète donc d'une concurrence « équitable » pour les produits européens.
L'Allemagne, poids lourd incontesté de l'UE, sans lequel l'existence de l'Union serait impensable, n'a pas été en mesure de défendre sa position et a dû s'incliner devant les bureaucrates de Bruxelles.
Pour empêcher l'introduction de droits de douane, Berlin aurait dû organiser un vote à la majorité simple, puis à la majorité qualifiée.
Or, vendredi, outre l'Allemagne, seules la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie et Malte ont voté contre les droits de douane compensateurs imposés à la Chine. Douze autres pays se sont abstenus.
Ce qui est encore plus surprenant, c'est que même au sein de la coalition allemande du feu tricolore, il n'y a pas d'accord sur la question.
Le ministère des finances, dirigé par Christian Lindner, chef du FDP, l'un des rares experts au sein du gouvernement allemand, s'est catégoriquement prononcé contre une guerre commerciale avec la Chine, car il est bien conscient des conséquences.
Olaf Scholz, ancien ministre des finances de Mme Merkel, s'y est également opposé.
Malgré toutes les critiques légitimes dont elle a fait l'objet, la chancelière avait encore des traces d'esprit d'État et sait ce qui est juste et ce qui ne l'est pas dans les relations internationales.
Mais le déclenchement d'une guerre commerciale avec la Chine est vigoureusement défendu par les Verts allemands, des politiciens sans retenue ni bon sens, qui ne sont manifestement pas satisfaits de la misère dans laquelle ils ont déjà plongé l'Allemagne et son économie par leur mauvaise gestion.
Les ministères de l'économie et des affaires étrangères, dirigés par les « intellectuels verts » Robert Habeck et Annalena Baerbock, ont plaidé avec force en faveur d'une abstention (qui, dans ce cas, équivalait à un vote) afin d'accroître la pression sur la Chine dans les négociations. Finalement, Scholz a dû user de ses pouvoirs de chancelier pour forcer l'Allemagne à voter contre, ce qui lui a même valu d'être accusé de « comportement dictatorial » à Bruxelles.
Cette situation montre bien que la bataille entre les politiciens européens qui défendent les intérêts de l'économie nationale et les activistes politiques incompétents, ce sont ces derniers qui l'ont gagnée jusqu'à présent.
La triste plaisanterie selon laquelle Ursula von der Leyen, gynécologue de formation, entraîne inexorablement l'Union européenne dans son domaine de compétence devient une réalité amère.
- Source et Publications : http://euro-synergies.hautetfort.com/
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