mercredi 17 janvier 2024

L' ÉTRANGE DESTIN DU PRÉNOM COMPOSÉ AVEC UN TIRET ! JEAN-PIERRE , JEAN-MARIE OU MOHAMED-AMINE ..........

 REVUE DE PRESSE !

« Tradition française » : l’étrange destin du prénom composé avec un tiret

C’est le magazine Marie France qui l’affirme sur son site : le prénom composé, avec son trait d’union bien caractéristique, serait une « particularité culturelle française ».

 La journaliste renvoie à l’analyse d’une psychologue, Marie-Christine Abatte, dans les colonnes de La Vie : « Massivement donnés dans les années 1950, les prénoms composés ont quasiment disparu », constate la psychologue. «

 Est-ce parce qu’ils sont trop longs, trop compliqués à porter à cause de leur connotation sociale ? » Sans doute pense-t-elle à Marie-Chantal ou Charles-Édouard. Elle le déplore : « Quel dommage ! Le tiret est une exception culturelle française : il n’existe nulle part ailleurs, y compris dans les pays anglo-saxons, pourtant friands de prénoms doubles. 

Il vient faire le trait d’union entre deux prénoms, souvent donnés pour honorer un ancêtre, une marraine, ou placer l’enfant sous une protection spirituelle (Marie ou Anne). » 

Mais pour Marie France, « en déclin ne veut toutefois pas dire disparu »

En effet, se référant à L’Officiel des prénoms 2024 (Éditions First), le célèbre magazine féminin relève que « le prénom composé, notamment chez les garçons, n’a aucunement cessé d’être ».

 Et c’est « un prénom d’origine arabe devrait [qui] remporter tous les suffrages à la maternité dans les mois à venir : le prénom composé Mohamed-Amine, qui succède à Mohamed-Ali, premier du classement 2023. »

Une tradition bien française 

Ah, cette tradition bien française du prénom composé ! Marie France, dont on se demande pourquoi il ne deviendrait pas à terme Leïla Aïcha, s’interdit stoïquement de commenter.

 Pourvu que le trait d’union demeure… c’est le principal, n’est-ce pas ? Marie France, qui fête ses 80 ans cette année, est en somme à l’image des lectrices de sa génération : dociles, soumises aux injonctions de la société, esclaves du prêt-à-penser comme du prêt-à-porter.

 Plus que le prénom, c'est le magazine qui compose.

Jérôme Fourquet, dans son Archipel français (Seuil), en 2019, l’avait déjà prophétisé, attirant l’attention sur l’effondrement de la courbe des « Marie » : plus de 20 % des naissances au début du XXe siècle, 0,3 % en 2016.  

« On peut formuler l’hypothèse d’une prise de distance progressive avec le catholicisme », avait conclu le sondeur.

 Remplacés par des prénoms anglo-saxons, régionaux, inventés de toute pièce - on veut aujourd’hui un prénom aussi unique que son enfant roi quand on l’inscrivait autrefois humblement dans une filiation et sous une protection - et, surtout, venant d’une autre sorte de sanctoral. 

Plus exotique : 18 % des nouveau-nés garçons en 2016 portaient un prénom arabo-musulman. « La trajectoire de cette courbe est des plus impressionnantes et montre de manière très nette l’une des principales métamorphoses qu’a connues la société française au cours des dernières décennies. » 

 Venant infirmer une supposée discrimination à l’endroit de ces prénoms : si elle était si prégnante, les parents, pour préserver leur enfant et lui donner un avenir meilleur, choisiraient de l’appeler autrement.

L'éléphant au milieu du couloir...

Mais les magazines féminins ne sont pas les seuls médias à faire comme s’ils n’avaient pas aperçu l’éléphant au milieu du couloir. 

À l’instar de Marie France, La Voix du Nord livre sans ciller le « top 10 » des prénoms les plus donnés à Roubaix en 2023. 

Les vainqueurs sont... Ambre et Ibrahim. Après Jade et Mohamed en 2022. 

Détrônés à Roubaix, ces deux derniers prénoms sont en revanche couronnés à Laval, selon France Bleu Mayenne : Mohamed et Jade sont sur la première marche du podium. 

Là non plus, France bleu Mayenne se borne à noter qu’à Laval, « des prénoms assez rares ont été donnés en 2023 ».

 Rien vu, rien remarqué. Rien à signaler. Si près de Notre-Dame de Pontmain, le prénom Marie ne fait pas seulement partie du peloton de tête. Même de loin. 

Ce 17 janvier est précisément le jour anniversaire de ces apparitions. 

Les voyants étaient des enfants et la Vierge est censée avoir empêché les Prussiens, aux portes de Laval, de rentrer. Sans elle, qui sait, les petits Lavallois se nommeraient peut-être Otto ou Frieda.

 Les Prussiens, ces benêts, n’avaient pas compris que pour faire baisser la garde d’un peuple français sans peur, conquérant, batailleur, explorateur mais surtout profondément chrétien, ce n’était pas de casques à pointe et d’uniformes rutilants qu’il fallait se vêtir, mais des attributs réels ou supposés de la pauvreté, pour faire jouer jusqu'au cynisme la corde dévoyée de la charité, du scrupule, de la culpabilité dont sa religion l’a pétri durant des siècles.

 L’autre nom de la Vierge de Pontmain est Notre-Dame de l’Espérance. 

Convenons qu'il en faut.

 
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Par  Gabrielle Cluzel

Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste        https://www.bvoltaire.fr/
 
 


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