TRIBUNES LIBRES !
Selon le nouveau patron de la gendarmerie « Notre pays connaît un point de bascule »
Il est assez rare de lire sur les colonnes du quotidien Le Monde quelque article qui prenne la mesure de ce qu’il se passe dans notre pays, les médias subventionnés étant généralement plutôt occupés à convaincre nos concitoyens que la société française n’est pas plus ensauvagée qu’avant.
Quelle ne fut pas ma surprise, ce matin, en lisant un article intitulé : « Le patron de la gendarmerie met en garde ses troupes contre « la possibilité d’un conflit armé » » qui analyse un courrier interne adressé aux personnels par Hubert Bonneau, Directeur Général de la Gendarmerie Nationale depuis le 31 octobre 2024 (anciennement commandant de la région de gendarmerie de Bretagne).
Le ton, pour une fois, semble cohérent avec l’état de la France : « Notre pays connaît un point de bascule. »
« Dans ce document, dont Le Monde a pu prendre connaissance, le patron des gendarmes reprend le constat déjà effectué (… ) celui d’un pays confronté à des dangers inédits et protéiformes, tant à l’intérieur de ses frontières qu’à l’extérieur, « où conflits et menaces se multiplient ».
Le DGGN entend également « pousser les feux » dans le domaine de la sécurité intérieure, afin d’« obtenir rapidement », promet-il, « des résultats concrets et durables dans la lutte contre la criminalité organisée et les narcotrafics ».
Un objectif, là encore, pour le moins ambitieux, compte tenu d’une situation qui nécessitera un traitement de fond sécuritaire, sanitaire et social sur des années. »
Et de regretter le manque de moyens en période de coupes budgétaires.
Incapacités par la difficulté de renouveler les effectifs, freinés par les ordres de ne pas agir en gendarme « pour ne pas jeter de l’huile sur le feu« , un travail accru par le nombre indécent de récidivistes qui arpentent nos rues et amplifié par le climat d’impunité qui règne, « le manque de moyens » semble un euphémisme au regard de tous les problèmes que les forces de l’ordre doivent affronter au quotidien.
Un tweet de Julien Rochedy m’est alors revenu.
Il se rapportait à la ville de Marseille : en quelques lignes, c’était l’analyse la plus pertinente de la situation de la cité phocéenne… qui vaut, hélas, pour de nombreuses zones de notre territoire.
Mais les responsabilités des pouvoirs publics sont clairement identifiables : le pouvoir exécutif faisant fi du maintien ou du rétablissement de l’ordre public et de son monopole de violence légitime (ou plutôt de ne le faire que contre les autochtones, gilets jaunes, agriculteurs, automobilistes…), le pouvoir législatif produisant réformes de la justice sur réformes de la justice créant les conditions de l’insécurité, et le pouvoir judiciaire, pourri de philosophie anti-incarcération et de culture de l’excuse, n’appliquant pas les lois déjà existantes. Entre autres.
Bref, tout ça pour dire que quand on laisse une gangrène proliférer, elle prolifère.
Par Audrey D’Aguanno
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
« Agression du sanctuaire national » : l’avertissement du patron des gendarmes
Une lettre qui fait du bruit !
Le général d’armée Hubert Bonneau, directeur général de la gendarmerie nationale, à l’occasion des vœux du Nouvel An, a adressé à ses grands subordonnés une lettre (révélée par Le Monde) dans laquelle il ne se contente pas de souhaiter une bonne année et une bonne santé aux 130.000 « pandores » d’active et de réserve.
« Depuis l’invasion russe en Ukraine, la possibilité d’un conflit armé et d’une agression du sanctuaire national doit être sérieusement envisagée », écrit en effet celui qui a pris ses fonctions le 31 octobre dernier.
Est-ce à dire que la guerre est à nos portes ? Personne n’en sait rien, mais...
À ce sujet, la semaine dernière, Hubert Védrine, lors d’une conférence aux stagiaires de l’École de guerre, dont le thème était « 2025 : l’année de tous les périls ? », déclarait : « Je pense un peu différemment de la moyenne, je ne pense pas que la Russie se lance dans une attaque insensée contre autre chose que l’Ukraine. »
Et l’ancien ministre des Affaires étrangères d’expliquer : « Si Poutine avait voulu attaquer d’autres pays, il l’aurait fait, il y a deux ou trois ans, quand l’OTAN était désarmée, incomplète, les pays baltes pas assez armés, etc., et les opinions croyaient que c’était impensable.
Il aurait fallu tenter le coup de surprise à ce moment-là…
» Appréciation personnelle d’un ancien responsable se tenant très au fait des affaires de ce monde mais qui a eu, d’ailleurs, l’honnêteté intellectuelle d’ajouter immédiatement : « Mais je ne peux pas le prouver… Mais je ne peux pas le démontrer. C’est pourquoi je suis totalement favorable à la reconstitution de l’équilibre des forces, l’équilibre de la dissuasion… »
Les militaires ne font pas de spéculations mais sont payés pour envisager toutes les hypothèses, notamment les plus « dimensionnantes », comme on dit aujourd’hui, et s’y préparer.
Les gendarmes : d'abord des militaires
Et les gendarmes - on l’oublie parfois, peut-être depuis que la gendarmerie a été rattachée au ministère de l’Intérieur sous Sarkozy - sont d’abord des militaires.
C’est sans doute ce que leur nouveau patron a voulu leur rappeler, moins de trois mois après sa prise de fonction.
Un message clair de la part d’un chef marqué par son passé opérationnel : escadron parachutiste d’intervention de la gendarmerie nationale, commandement du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale que l’on connaît mieux sous son acronyme GIGN.
Les gendarmes ne sont pas des policiers en képi (de même que les policiers ne sont pas des gendarmes en casquette) : ainsi, le statut des militaires grave dans le marbre de la loi l’éventualité du « sacrifice suprême » ainsi que le service « en tout temps et en tout lieu ».
Un devoir statutaire extraordinaire qu’aucun autre corps de l’État ne connaît.
Le rôle des gendarmes dans la défense opérationnelle du territoire
Mais au-delà de l’aspect moral de ce rappel que l’on peut deviner en filigrane dans cette lettre, il y a les aspects opérationnels fondamentaux.
Si la France doit se préparer à l’hypothèse d’une guerre (meilleur moyen de l’éviter, selon le principe de la dissuasion !), les armées sont concernées au premier chef.
Mais la gendarmerie aussi, dont le rôle, en cas de guerre, ne se limite pas à aller chercher les déserteurs au fond des campagnes !
Or, qui dit conflit majeur dit risque d’« agression du sanctuaire national », comme l’écrit le général Bonneau, et, donc, nécessité d’organiser ce qu’on appelle la « défense opérationnelle du territoire » (DOT).
Une notion qui avait été quelque peu oubliée depuis – faisons court – la chute du mur de Berlin.
La DOT, concrètement ? Comme l’explique le Code de la défense, il s’agit, « en présence d'une menace extérieure reconnue par le Conseil de défense et de sécurité nationale ou d'une agression, d'assurer au sol la couverture générale du territoire national et de s'opposer aux actions ennemies à l'intérieur de ce territoire ».
Le Code de la défense évoque même, en cas d'invasion, la conduite d'« opérations de résistance militaire qui, avec les autres formes de lutte, marquent la volonté nationale de refuser la loi de l'ennemi et de l'éliminer ».
Cette DOT revient donc sur le devant de la scène, compte tenu du contexte géopolitique.
Preuve en est, le rapport d’information des députés Patricia Mirallès et Jean-Louis Thiériot, publié en février 2022.
« Dans la perspective d’un conflit de haute intensité, la défense opérationnelle du territoire (DOT) doit être remise au goût du jour », soulignaient les rédacteurs.
Un général de gendarmerie, auditionné par les parlementaires, avait d’ailleurs expliqué qu’il fallait « développer l’interopérabilité entre l’armée de terre et la gendarmerie pour que chacun sache ce que fait l’autre ».
Ce même général déclarait, quelques mois plus tard : « En cas de déclenchement de la défense opérationnelle du territoire, nous serons mobilisés aux côtés des armées sur le territoire national où on jouera tout notre rôle et rien que notre rôle. »
Or, couvrant 97 % de notre territoire et 95 % des communes, la gendarmerie a pour ADN historique l'ancrage territorial.
Il est donc évident qu'en cas d'agression de notre sanctuaire national, la gendarmerie nationale aurait un rôle essentiel.
C'est ce qu'a voulu rappeler le directeur de la gendarmerie à ses troupes.
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