REVUE DE PRESSE !
Ce que j’ai pu être con d’attendre d’avoir 47 ans pour comprendre le Menhir !
Jean-Marie Le Pen, ce fut longtemps pour moi ce qu’en disaient mes enseignants gauchistes, depuis le collège jusqu’à l’université, tout ça dans un magma mitterrandien parisien dont je ne mesurais pas encore la nuisance.
Puis le temps a passé et j’ai commencé, timidement, à réaliser que ce titan de l’Histoire de France – le dernier en fait – avait eu raison avant tout le monde, trop tôt peut-être, parce que les Français comprennent vite mais il faut leur expliquer longtemps !
Puis il y eut les Gilets jaunes et, dans la foulée, grâce à Henri Dubost me proposant de l’accompagner à Montretout pour une émission de Radio Courtoisie, ma première rencontre avec cette figure politique majeure.
J’ai donc découvert un homme courtois, avenant, facétieux, déjà un vieux monsieur mais avec une distinction exemplaire lorsque d’autres étaient avachis avec souvent plus d’une trentaine d’années de moins que lui.
Les mêmes et leurs suiveurs qui se partageront aujourd’hui entre hommages hypocrites et curée déchaînée, à présent que l’intéressé ne peut plus répondre à personne, sinon à son Créateur.
Je le revis une année plus tard, en 2019, toujours à l’occasion d’un entretien, et il possédait toujours cette force de conviction, plus une capacité intellectuelle qui fait tant défaut à toute la classe politique inculte et vaniteuse au demeurant.
Et, à ma demande, il se prêta plus tard volontiers à un autre entretien pour Riposte Laïque.
Je ne déroulerai pas ici la biographie de Jean-Marie Le Pen, qui devrait cela dit faire rougir de honte la valetaille l’ayant fustigé toute sa vie sans avoir son courage pour défendre la France qu’il aimait sincèrement, lui.
Courage qui l’a souvent mis en danger, ainsi que sa famille, notamment lors d’un attentat heureusement raté contre son domicile parisien, en novembre 1976.
Enfin, petite anecdote révélée par son conseiller, Lorrain de Saint-Affrique, dans les locaux de Radio Courtoisie, et que je m’étais promis de garder pour moi avant le décès du Menhir.
Elle concerne le fameux « point de détail de l’Histoire », lors d’une émission de radio en septembre 1987 et qu’on a gonflé à souhait tandis que ce n’était qu’une déclaration provocatrice et rien d’autre. Jean-Marie Le Pen, en montant dans la voiture le ramenant chez lui, aurait regretté immédiatement ses propos, parlant d’une « connerie ».
Mais comme on l’attaquait sans cesse alors sans le laisser s’expliquer, il s’est braqué.
Maintenant, soyons sérieux un instant : que valent les propos de Jean-Marie Le Pen au regard de l’appel à violer des bébés blancs ou mener le djihad en France ?
Tout de même, partir le jour des dix ans de l’attentat de Charlie Hebdo, journal qui lui a craché dessus allègrement mais qui a été victime de ce que le Menhir n’avait cessé de dénoncer, quelle ironie et quel panache !
Alors bon vent, Monsieur, merci et que vive la France que vous avez défendue inlassablement. Puissions-nous être dignes de votre héritage…
Charles Demassieux
ET AUSSI
Au revoir Jean-Marie, au revoir Lieutenant Le Pen
« Des hommes médiocres peuvent être compagnons, alliés ou complices, des hommes simples peuvent être frères mais seuls les hommes cultivés seront amis… » (Abel Bonnard (1)).
Aujourd’hui, j’ai perdu un ami, un vieil ami qui avait largement l’âge d’être rappelé à Dieu, un vieil ami que j’ai souvent applaudi en meeting, un vieil ami auquel je n’ai adressé qu’une ou deux fois la parole, au téléphone, au début des années 80 ; aussi, si je m’autorise à m’honorer de son amitié c’est parce que je lui dois beaucoup.
Au même titre que mon père, que Roger Holeindre, ou encore Marcel Bouyer, il aura contribué à forger mes engagements et mes convictions politiques.
Il y a quelques années, j’ai lu un roman de Lionel Duroy intitulé « Le chagrin ». L’auteur est issu d’une famille de dix enfants, très « fin de race ».
Il est né en 1949, comme moi.
Il a été pro-Algérie française avant de virer à gauche et de devenir journaliste à « Libération » et à « L’événement du jeudi ». Il a réglé ses comptes avec son milieu au travers de deux pavés indigestes « Priez pour nous » et « Le chagrin » (2).
J’y ai lu des pages qui m’ont fait sourire ; la description des idées de son grand-père, par exemple : «…Membre de l’Action Française, camelot du Roi, (il) était un adepte de Charles Maurras… Il est assez vraisemblable qu’il fut antidreyfusard avec Maurras et Léon Daudet, puisqu’il partageait avec eux la peur et peut-être même la haine des Juifs et des Francs-maçons… ».
J’aurais pu, en gros, écrire la même chose mais moi, je n’ai pas renié (ni trahi) mon camp. Il m’est arrivé de ne pas me sentir en phase avec mon milieu; ça ne m’autorise pas à renier un héritage intellectuel. Mon père s’est méfié toute sa vie des partis politiques ; il n’en attendait rien de bon.
À l’inverse de lui, j’ai milité pendant des années, toujours à la droite de la droite.
Mon premier engagement politique date des « Jeunesses Patriotes et Sociales » de Roger Holeindre, après la chienlit soixante-huitarde. Vint ensuite l’époque où quelques hommes décidés, sous l’égide d’un ex-député – sans mandat depuis 1958 – Jean-Marie Le Pen, allaient tenter de fédérer les divers courants nationalistes dans un grand mouvement politique : le Front National.
En fait, sans le savoir, le pouvoir gaulliste avait rendu service au courant nationaliste avec l’amnistie accordée aux défenseurs de l’Algérie française.
Les associations d’anciens combattants poussaient à l’amnistie mais De Gaulle était rancunier.
Seul Pompidou parviendra à le faire fléchir.
En 68, les prisons se vident, tous les clandestins rentrent en France (la plupart d’entre eux reviennent d’Espagne) et s’empressent de se regrouper pour militer à nouveau.
Le mérite de Le Pen, secondé par François Brigneau, alors rédacteur en chef de « Minute », de Roger Holeindre, et de quelques autres moins connus, est de (tenter de) fédérer les différents courants.
Le FN veut clairement: « donner une dimension nouvelle aux luttes de l’opposition nationale ».
L’autre mérite de Le Pen sera de faire cohabiter les catholiques de la « Contre Réforme Catholique » (CRC) ou de la « Rue des Renaudes » avec des groupuscules totalement athées ou agnostiques
. Cette époque me fait faire un grand bond en arrière, avec un brin de nostalgie. En 1974, Georges Pompidou meurt, trop tôt pour accomplir de grandes choses.
En dehors de ses goûts artistiques discutables, cet homme avait du bon sens, des valeurs « terriennes » et un véritable attachement à la France. Avec lui, et bien qu’il s’en défende, le pays tirait un trait sur le Gaullisme. 1974, c’est aussi le premier choc pétrolier, qui vint rappeler au pays que le combat pour l’Algérie française n’était pas seulement sentimental : en bradant le Sahara nous avons perdu notre autosuffisance énergétique (gaz ET pétrole).
C’est le début de « la crise » : de 1974 à… ce jour, nous irons de crise en crise ; nous ne connaîtrons plus de budget en équilibre jusqu’à atteindre plus de 3100 milliards d’euros de déficit. Après les « 30 glorieuses », nous entrions dans les « 40 piteuses ».
1974 : je suis civil, jeune marié, et je débute une carrière dans les assurances en tirant le diable par la queue. J’écris bien quelques articles dans des « feuilles de chou » politiques ou dans des revues spécialisées dans les armes anciennes mais ça ne rapporte rien.
De l’Armée, je n’ai conservé que mon béret rouge, ma « Bigearde » et quelques insignes, brevets et « pucelles » régimentaires.
J’ai aussi conservé mon imperméable « Blizzard », à doublure amovible en mouton synthétique. Cet imperméable, je l’ai gardé quelques années ; il était idéal par tous les temps.
On me l’a volé, hélas, au vestiaire d’un restaurant.
Sentimentalement, ça m’a fait comme un choc : avec lui je n’étais pas tout à fait un « pékin » (3), un peu comme ces grognards de la Grande Armée qui, démobilisés, gardaient leur redingote pour se reconnaître entre eux.
À la Présidentielle de 1974, Le Pen se présente (et je vote pour lui) mais les mouvements catholiques appellent à voter pour Jean Royer, le maire de Tours. Le Pen fait 0,74 % des suffrages ; Royer, 3,2 %. Entre temps, le FN s’est à nouveau divisé. Brigneau a claqué la porte pour aller fonder, avec d’autres cadres, le « Parti des Forces Nouvelles » (PFN).
À l’époque, je lis « Minute » et « Valeurs Actuelles » ainsi que le journal (quatre feuillets !) du FN, qui ne s’appelle pas encore « National Hebdo » mais « RLP le National » et le mensuel « Lectures françaises ». Je lis beaucoup pour combler les manques de mes études avortées.
Même si je continue à croire, comme le dit Maurras, que « tout est politique », je rêve à une droite dure.
Mon milieu prône une droite « soft » et lit « le Figaro » (surtout pour le carnet mondain). Ce sont les mêmes qui s’indigneront – autour d’une tasse de thé – de la loi Veil autorisant l’IVG puis l’accepteront quand elle sera votée. Ils n’ont pas compris que l’avortement, devenu légal, n’en est pas pour autant moral.
L’important pour « ces gens-là » c’est que Giscard (d’Estaing depuis… 1929) et sa pimbêche d’épouse aient « de la classe ». J’ignorais, pour ma part, qu’on pût jouer de l’accordéon – le « piano à bretelles » – avec distinction.
En 1980, des amis anciens paras me font adhérer à « l’Union Nationale des Parachutistes ». À l’époque, l’UNP, créée pour venir en aide aux « soldats perdus » de l’Algérie française, pratiquait sans complexe un « apolitisme » fortement marqué… à droite.
Pour ma part, j’y adhérais par devoir : fils de para, parachutiste moi-même, l’UNP, c’était un peu ma famille.
Le 10 mai 1981, Giscard d’Estaing se faisait sortir par François Mitterrand. L’auteur du « coup d’État permanent » arrivait enfin aux fonctions suprêmes, après trois tentatives avortées.
La France devenait officiellement socialiste. Jean Cau écrivait : « Nous sommes gouvernés par des instituteurs morts : dès le 10 mai, dès qu’un croque-mort alla déposer des roses sur les tombes du Panthéon, la France changea de visage. Tout avait la ressemblance qui est celle de tous les cadavres… » (4). Pour beaucoup de gens, la France basculait à gauche ; pour moi elle passait d’une gauche larvée à une gauche avouée. L’arrivée de la gauche au pouvoir marquait aussi la percée de la droite nationale.
De nos jours, on s’ingénie à écrire que Mitterrand a favorisé la montée du FN pour gêner la droite parlementaire. C’est une ineptie, au moins partiellement.
Certes, en introduisant la proportionnelle aux Législatives de 1986, il permettait au FN d’avoir plus d’une trentaine de députés. Je n’ai aucune sympathie pour François Mitterrand ; je lui reconnais cependant un (grand !) mérite : avoir laminé le Parti Communiste qui, jusque là, totalisait 20 à 25 % des suffrages à chaque élection.
Mais la percée du Front National, du moins de 1981 à 1986, ne doit rien à la gauche sinon à l’incapacité de cette dernière à endiguer le chômage, la délinquance, l’insécurité, l’immigration-invasion, etc.
C’est une période de ma vie où je ne me suis pas limité au rôle modeste de militant de base.
J’ai cependant souvent occupé mon temps libre à faire de l’affichage nocturne ou bien à renforcer le service d’ordre des meetings du FN. Il m’arrive de plaisanter en disant que « j’ai passé un CAP de tapissier en cours du soir », allusion à mes nuits de collage d’affiches, faites de franche rigolade mais parfois aussi de frayeurs et de démarrages en trombe (avec la « cale à roulis » dans le seau de colle, pour éviter d’en renverser dans ma voiture).
Je me suis également présenté à quelques élections qui se sont soldées par des claques mémorables. Cette époque durant laquelle je militais activement, c’est aussi la fin de vie de mon père (décédé en avril 1985).
En 1983 ou 84, il suivait, amusé, mon engagement politique. Au soir de sa vie, heureux de savoir toute sa progéniture casée, il constatait avec une fierté légitime que pas un de ses enfants n’avait viré à gauche. Nous étions tous dans sa mouvance.
Nous avions des divergences de vue sur la façon de prendre (ou de ramasser) le pouvoir, de redresser le pays, de tirer un trait sur mai 68, mais il nous avait transmis ses valeurs.
En 1986, juste après l’entrée au palais Bourbon d’un groupe parlementaire RN-FN (5), nous créons, avec Marcel Bouyer et quelques amis, le « Comité de Liaison des Amitiés Nationalistes » (CLAN). Marcel en est le président, moi le vice-président.
Partant de l’adage de Philippe Malaud – ex président du CNI- « je n’ai pas d’ennemis à droite », nous voulons fédérer les droites nationales autour du FN. Mais au plan régional, on soupçonne Marcel Bouyer de vouloir traiter directement avec son ami Jean-Marie Le Pen (ils ont été députés UDCA ensemble de 56 à 58).
C’est à cette époque que Marcel Bouyer me fait connaître le général Jouhaud, le seul « pied-noir » du putsch des généraux d’avril 1961.
Le général me dédicace deux de ses livres(6). Puis, lors d’un méchoui, me décerne le titre – purement honorifique – de « pied-noir d’honneur » en raison de mes écrits pour la défense de l’Algérie française.
1987, lassé par les querelles internes au sein du FN régional, je claque la porte avec quelques amis mais je reste proche des « Indépendants nationaux » de Michel de Rostolan.
Nous prônons encore et toujours une union des droites mais Le Pen, avec la fameuse affaire du « détail », diabolise à jamais le FN aux yeux des tièdes : le mouvement devient infréquentable.
Même si la tirade de Le Pen a été – volontairement – déformée et/ou mal interprétée, c’est un coup mortel porté à nos années de militantisme. Et au FN, Bruno Mégret se sent pousser des ailes.
Une partie des cadres est prête à le suivre en dissidence. Le clash aura lieu deux ans plus tard. La droite nationale a encore manqué son rendez-vous avec l’histoire, comme le 6 février 1934, comme le 21 avril 1961…
Quelques années plus tard, j’ai repris ma carte au FN dans l’espoir que Bruno Gollnisch en deviendrait président, au congrès de janvier 2011.
L’élection de Marine, due à des manipulations internes et aussi au népotisme de Jean Marie Le Pen, m’a fait prendre du recul : le FN de Marine, devenu RN, n’a plus ni la doctrine, ni les valeurs intellectuelles d’antan.
C’est un parti démagogue et racoleur qui rivalise avec celui de Mélenchon. Je reste cependant cohérent avec moi-même : « pas d’ennemi à droite » donc je continue à voter RN. Mes idées n’ont pas changé mais j’estime que j’ai passé l’âge de jouer les bateleurs d’estrade, de distribuer des tracts sur les marchés ou de coller des affiches la nuit.
Et puis, je dois l’avouer, je crois de moins en moins à la « démo-crassie ».
À quoi sert, en effet, l’adage parfaitement idiot « un homme, une voix » quand cet homme n’est pas capable de lire (ou de comprendre) un programme politique, quand il n’ingurgite plus que des niaiseries, qu’il est totalement anesthésié par la téléréalité, le cinéma porno, le loto ou le foot ?
Déjà, en 1871, Gustave Flaubert écrivait : « Le rêve de la démocratie est d’élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli. » Mais j’aime mieux cette citation de Léon Daudet, l’une des meilleures plumes de « l’Action Française » : « La démocratie, c’est la révolution couchée et qui fait ses besoins dans ses draps. »
Ou celle, encore plus sévère, d’Henri Louis Mencken : « La démocratie, c’est l’art de diriger le cirque à partir de la cage des singes. »
En fin d’année, j’ai écrit un article sur « l’Opération Mousquetaire » menée par la France à Suez en 1956. Dans ce rappel historique j’écrivais ceci : « À Suez, chez les Légionnaires-paras, il y avait « le plus jeune député de France » de l’époque. Élu sous l’étique de l’UDCA de pierre Poujade, ancien sous-lieutenant d’Indochine, il avait rempilé comme lieutenant chez les Légionnaires-paras. Ce jeune homme bravache s’appelait Jean-Marie Le Pen.
A ma connaissance, sous la 4° République, trois députés, pas un de plus, ont abandonné provisoirement leur mandat pour aller se battre en Algérie. Le Pen a eu le courage de mettre « sa peau au bout de ses idées », comme l’écrira plus tard Pierre Sergent, et ce comportement force le respect, quoiqu’on pense du personnage.
On juge un homme à ses actes, pas à ses propos ! L’« Opération Mousquetaire » a valu à Jean-Marie Le Pen le surnom de « croque-mort de la 10°DP ». En effet, il avait insisté auprès de sa hiérarchie pour que les morts égyptiens soient inhumés selon leur croyance, en direction de La Mecque… »
Je rappelle que Jean-Marie Le Pen s’était engagé en Indochine pour que les Vietnamiens ne tombent pas sous la coupe des communistes du Vietminh ; il défendait des Asiatiques.
Il a « rempilé » en Algérie pour que les Algériens pro-français ne soient pas massacrés par les tortionnaires du FLN ; il défendait des musulmans.
Et il s’est porté volontaire pour l’opération de Suez, aux côtés de l’Armée israélienne. Et il se trouve encore des gens pour le traiter de raciste ou d’antisémite. Aujourd’hui, je tenais à rappeler ces quelques « détails » dont la presse ne nous parle jamais.
Au revoir lieutenant Jean-Marie Le Pen ! Ce soir je lèverai mon verre en pensant à vous.
Que Saint-Michel, le saint patron des paras, vous conduise au paradis des braves.
Par Eric de Verdelhan
1)- « L’amitié » d’Abel Bonnard ; réédition Trident ; 1991
2)- « Le chagrin » de Lionel Duroy ; Julliard ; 2010 ; « Priez pour nous » ; Barrault ; 1990
3)- « Pékin » : surnom que les militaires donnent aux civils
4)- « La barbe et la rose » de Jean Cau ; Table Ronde ; 1982
5)- « Rassemblement National – Front National » : car le groupe comptait aussi des « Indépendants Nationaux » comme Michel de Rostolan.
6)- « Ô mon pays perdu » du général Edmond Jouhaud ; Fayard ; 1969. « Serons-nous enfin compris ? » du même auteur ; Albin Michel ; 1984
La révérence du vieux soldat
Mardi 7 janvier 2025, à 12 h, Jean-Marie LE PEN a tiré sa révérence. Le vieux soldat s’en est allé rejoindre les étoiles.
Une étoile qui scintille est signe d’une vie ; une étoile qui s’éteint est signe de fin d’un destin, de fin d’une période et le début d’une autre. Mais les vieux soldats ne meurent jamais, ils disparaissent simplement et JMLP ne m
ourra jamais tant que son souvenir sera présent dans nos cœurs.
La révérence du vieux soldat
« La véritable grandeur d’un homme ne se mesure pas à des moments où il est à son aise, mais lorsqu’il traverse une période de controverses et de défis » (Martin Luther King)
De son vivant, Jean-Marie Le Pen aura été l’homme politique qui aura le plus suscité de controverses. Que n’a-t-on dit et écrit durant ces 70 années sur ce personnage charismatique hors du commun ?
Patriote pour les uns, raciste et antisémite pour les autres, JMLP aura connu autant d’honneurs que de déboires, d’admiration que de rejets…
Né le 20 juin 1928, il est âgé de 11 ans, en 1939, quand la guerre éclate. En novembre 1944, à 16 ans, il demande au colonel Henri de La Vaissière (alias Valin) à s’engager dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI), mais celui-ci refuse en ces termes : « Désormais, ordre est donné de s’assurer que nos volontaires ont bien 18 ans révolus. Tu es pupille de la nation : songe à ta mère ! ».
En 1954 il s’engage pour l’Indochine au sein d’une prestigieuse unité de légion : Le 1er Bataillon Étranger de Parachutistes où il sert comme sous-lieutenant.
Le 2 janvier 1956 il est élu, à l’âge de 27 ans, député dans la 1ère circonscription de la Seine.
En septembre 1956, fidèle à ses convictions « Algérie française », il troquera son costume de député pour une tenue « léopard » et rejoindra, en Algérie, son ancienne unité – reconstituée sous l’appellation de 1er Régiment Étranger de Parachutistes (1) – fleuron de l’armée française où il évoluera comme officier de renseignements avec le grade de lieutenant. Avec son unité il participera, le 5 novembre 1956, au débarquement à Port-Fouad (à l’Est du Canal de Suez) puis, de janvier à octobre 1957, à la « bataille d’Alger » dans le but d’éradiquer le terrorisme qui ensanglantait la ville. Le général Massu le décorera de la Croix de la valeur militaire.
Profondément marqué par ces conflits, il épousera la cause israélienne alors que de Gaulle, son adversaire politique, condamnera, lui, l’ouverture des hostilités par Israël lors de la guerre des Six Jours.
Dans sa conférence de presse du 27 novembre 1967, de Gaulle ira jusqu’à traiter Israël de « peuple sûr de lui et dominateur », provoquant ainsi une véritable levée de boucliers en France et à l’étranger.
De cet engagement, JMLP gardera toujours des amitiés juives et éditera (bien avant la création du FN) un disque de propagande sioniste dont Golda Meir dira qu’il avait contribué à « resserrer les liens entre la France et Israël ».
Parmi ses plus proches collaborateurs figuraient un ami d’Ariel Sharon et un ancien membre de l’Irgoun.
En 1986, alors que les médias français et la « bien-pensance » entreprenaient leur œuvre de « diabolisation » à son endroit, l’hebdomadaire Tribune juive lui décernait un certificat de non-antisémitisme. En 1987, il fut reçu à New York par les représentants des organisations sionistes américaines qui se levèrent pour l’applaudir, y compris Netanyahou.
À cette époque, il préparait une rencontre en Israël avec Ariel Sharon.
Et pendant que JMLP marquait sa solidarité avec le peuple juif, les mauvais génies s’activaient dans l’ombre en essayant sans cesse – à coups de sentences démagogiques et d’accusations fallacieuses d’antisémitisme – d’annihiler son action.
Pour s’en dédouaner, JMLP – désormais président du Front National – créa le 1er octobre 1986 un Comité National des Français Juifs (CNFJ), association regroupant médecins, intellectuels et personnalités diverses, dirigée par un océanographe retraité habitant Monaco, Jean-Charles Bloch, avec l’aide du docteur Wolf et de Robert Hemmerdinger.
Ce dernier, ancien résistant puis affecté à la recherche des criminels de guerre nazis, participa également à la guerre d’Indochine puis d’Algérie et combattit dans les rangs de l’OAS pour la sauvegarde de l’Algérie française.
Il était Commandeur de la Légion d’honneur.
Français juif et patriote, ayant perdu en déportation plusieurs membres de sa famille, JC Bloch déclarera :
« C’est une imposture de vouloir confondre toute personne concernée par le problème de l’immigration maghrébine avec un raciste, donc un antisémite.
Je n’arrive pas à établir une relation entre le massacre délibéré et systématique par les nazis des populations juives de l’Europe occupée, et le refus de JM Le Pen de voir s’installer aujourd’hui en France une marée maghrébine prolifique et difficilement assimilable, qui va à court terme bouleverser tous les équilibres de la nation. »
Et M. Bloch de remercier Jean Marie Le Pen d’être « le seul chef de parti politique français à demander la fermeture du bureau de l’OLP ».
C’était l’opposé même des « censeurs de gauche » en totale contradiction avec eux-mêmes, quand ils dénonçaient d’un côté le moindre soupçon d’antisémitisme et cédaient de l’autre sans complexe à « leur goût immodéré et sans cesse affirmé pour la cause palestinienne ». Quarante ans après, rien n’a changé sur ce point et cette déclaration de JC Bloch demeure toujours d’actualité…
Puis vint le 13 septembre 1987 et le coup de tonnerre… Le tsunami politique de JMLP !
Au « Grand Jury RTL-Le Monde », il déclara à brûle-pourpoint à propos des chambres à gaz utilisées par les nazis : « Je n’ai pas étudié spécialement la question, mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ».
À cet instant, les « censeurs » tapis dans l’ombre qui appelaient de leurs vœux la « phrase ou le mot assassin » laissèrent exploser leur joie.
La bombe venait d’exploser sous les pieds de JMLP !
Lorrain de Saint Affrique, conseiller en communication de JMLP dira que celui-ci regrettera ses propos en privé immédiatement après l’entretien.
Seulement le mal était fait et entraînera sur-le-champ, dans une violence inouïe, la réprobation de la quasi-totalité de la classe politico-médiatique, rendant actuelle cette célèbre saillie de Fouquier-Tinville : « Donnez-moi une phrase de n’importe qui, et je me charge de le faire pendre ! ».
C’est à partir de ce jour funeste et de ce mot honni que JMLP sera médiatiquement lynché et isolé à perpétuité dans le « couloir de la mort » du « politiquement correct » que Beaumarchais stigmatisait en ces termes : « Les réputations sont faites par des gredins et exploitées par des sots ».
Abasourdi, assommé par l’ampleur des cris d’orfraie qui inondaient ondes et quotidiens et par la haine qui s’en dégageait, le « Menhir » décida de redresser la tête et de répliquer. S’engagea alors un combat sans merci, âpre, farouche, sans la moindre concession contre « l’establishment ». Puisqu’on lui déclare la guerre, il relèvera le gant ! Fini les bonnes intentions !
Il deviendra, pour la circonstance, « sauvage », « polémiste », « provocateur » contre ceux qui cherchent à le trucider et contre ces mêmes associations juives qui, négligeant le péril que représentait pour eux le terrorisme islamiste (2), faisaient désormais de JMLP leur « ennemi n°1 ». Cette blessure ne se cicatrisera jamais !
Se taire, se terrer, faire amende honorable ? Jamais ! Tendre l’autre joue en signe de contrition ? Pour toute autre personne que lui, cela aurait été possible : pas pour JMLP ! Son orgueil aidant, il ne supporte pas d’être bafoué, humilié, méprisé, blessé.
Accepter l’offense sans se défendre au nom d’un amour passé, cela dépasse ce dont il est capable.
Le Breton est pugnace, coriace, bagarreur… teigneux quand on l’accule dans ses derniers retranchements.
C’est un ancien légionnaire parachutiste, guerrier dans l’âme ; alors, il rendra coup pour coup !
C’est ainsi que, pour le plus grand bonheur du journaliste Jean-Jacques Bourdin, bavant et piaffant d’impatience dans l’attente de la petite phrase scandaleuse bien juteuse qui le propulserait aux nues de la gloire médiatique, JMLP réitéra, le 2 avril 2015, son mot assassin qui provoqua une nouvelle levée de boucliers et une citation par le parquet à comparaître…
« L’ânerie humaine » professait Montaigne « est la source des pires catastrophes… mais aussi une mine d’or inépuisable pour qui sait l’exploiter ».
On s’est toujours posé la question de savoir si cette phrase – prononcée « trop facilement » – exprimait une véritable hostilité, ou si elle était dite surtout pour attirer l’attention.
La réponse se trouve probablement dans cette confidence de JMLP au journaliste de confession juive, Serge Moati : « Un Front national gentil n’intéresserait personne »… d’où l’âpreté de ses réparties.
Le 31 janvier 1995, lors du cinquantième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, il se recueillera en ces lieux chargés d’histoire et, en reconnaissant la réalité du génocide des juifs et des horreurs des camps d’extermination, exprimera ses regrets pour avoir blessé le peuple juif lors de sa précédente déclaration.
Mais dans toute cette abomination, parmi toutes celles qui ont ébranlé la planète lors du dernier conflit, la question du « détail » sur l’emploi des chambres à gaz demeurera à jamais aux yeux des moralistes – que Philippe Bouvard stigmatisait dans « Mille et une pensées » : « Le propre du moraliste est de tenir pour immorales les saletés qu’il a toujours rêvé de faire » – le mot assassin dans lequel s’était caché le diable… et c’est Lucifer en personne qui se plut à apporter sa note démoniaque dans la démesure des réactions malveillantes.
Le 30 juin 2019, âgé de 90 ans, JMLP fit ses adieux au Parlement européen où il avait siégé durant 35 ans.
Dans une mise en garde, il adjura les députés de réagir face au « phénomène migratoire géant que représente la croissance démographique qui menace de submerger le continent boréal dont fait partie l’Europe (sic) ».
Et d’exhaler la plainte de son âme torturée en fustigeant ses pairs dans un ultime Credo : « Députés, qui êtes restés aveugles, sourds et muets, la postérité vous maudira ! ».
Dans un point presse, quelques minutes avant son intervention, il avait déclaré voir dans l’incendie de Notre-Dame de Paris « un signe des menaces qui pèsent sur la France » (3).
« Ce discours que vous venez d'entendre est mon testament de mort. Je l'ai vu aujourd'hui, la ligue des méchants est tellement forte, que je ne puis espérer de lui échapper. Je succombe sans regret ; je vous laisse ma mémoire, elle vous sera chère et vous la défendrez » (Maximilien Robespierre)
(1) Le 1er REP fut dissout par de Gaulle au lendemain du putsch d’avril 1961 et ses cadres (dont le Commandant Hélie Denoix de Saint Marc), furent incarcérés.
(2) Un an auparavant, le 17 septembre 1986, le Hezbollah commit une série d’attentats à la bombe en France : 10 attaques entraînèrent la mort de 14 personnes et en blessèrent 300 autres, notamment rue de Rennes à Paris, devant le magasin Tati, faisant 7 morts et 55 blessés.
(3) Dans son ouvrage « Faites vous-même votre malheur », l’écrivain philosophe Paul Watzlawick soutenait que « La prédiction d’un événement a pour résultat de faire arriver ce qu’elle a prédit »
Jean Marie Le Pen nous avait déjà prévenus en 1989. Qui l’écoutait alors ?…
https://youtu.be/2ShxCuidsbk?si=brIF7nZNicIOcQql
Lieutenant Jean-Marie Le Pen décoré de la Croix de la valeur militaire par le général Massu à Alger, mars 1957
Toute citation comportant l'attribution de la Croix de la Valeur Militaire est considérée comme un titre de guerre
Par José CASTANO
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