jeudi 30 janvier 2025

ESPAGNE SOUS FRANCO , REMETTRE L' HISTOIRE À L' ENDROIT !

 HISTOIRE .

Répression sous Franco : les faussaires historiques de gauche démasqués

Répression sous Franco : les faussaires historiques de gauche démasqués

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27 janvier 2025 |

 Médiathèque

L’actuel président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a déclaré qu’il ne se souciait pas de la rigueur historique, mais de l’utilisation du passé à son profit politique actuel.

 Pas n’importe quel passé, mais un passé qui présente la droite actuelle comme héritière des crimes du franquisme et qui omet les crimes de la gauche, c’est-à-dire une fausse histoire. 

Certes, la guerre civile espagnole a été terrible mais elle n’a pas causé 1 millions de morts, comme c’est souvent affirmé avec gourmandise, mais 400 000. 400 000 tués aux origines multiples : victimes de droite de la 1re République, franquistes er républicains tués au combat, anarchistes et communistes s’entretuant dans une guerre civile dans la guerre civile, épuration des républicains après la victoire franquiste.

 Sur ce dernier point, l’historien Miguel Platón, auteur de La répression dans l’Espagne de Franco 1939-1975. De la propagande mémorielle à la réalité historique, déclare : « Plus il y avait de morts supposées, mieux c’était pour la cause de la gauche ». 

Or la répression franquiste n’a pas fait 200 000 morts comme le fantasme le discours mémoriel socialiste mais 15 000. 

Terrifiant certes, mais radicalement différent néanmoins, Franco ayant dès 1940 commué les condamnations à mort en détentions.

 Des détentions qui ont duré quelques années.

 Pour aider à y voir plus clair, nous publions ci-dessous le remarquable entretien conduit par Breizh-Info avec l’historien espagnol Miguel Platón pour cesser de se laisser intoxiquer par les fraudeurs de l’histoire.


Polémia

 

Miguel Platón a couvert l’actualité politique de l’Espagne et du monde, pendant plus de 40 ans, dans des journaux, des revues, des agences de presse, à la radio et à la télévision. 

Entre 1997 et 2004, il a été directeur de l’information de l’agence EFE. Il est l’auteur d’une douzaine de livres d’histoire contemporaine (dont “El fracaso de la utopíaPorqué cayó el comunismo”, “Alfonso XIII, de Primo de Rivera a Franco : La tentación autoritaria de la Monarquía”, “Hablan los militares : 1939-1996” ; “La tentación separatista” ; “Segunda República : de la esperanza al fracaso” ; “Así comenzó la Guerra Civil : Del 17 al 20 de julio de 1936” ; “La represión de la posguerra : Penas de muerte por hechos cometidos durante la Guerra Civil”, et “Testigos de la Transición”, écrit avec ses collègues du groupe Crónica). Son livre majeur «  

La represión de la posguerra »vient d’être publié en France sous le titre : La répression dans l’Espagne de Franco 1939-1975. 

De la propagande mémorielle à la réalité historique avec une préface du professeur américain Stanley G. Payne (Paris, Éditions L’Artilleur).

Ayant obtenu l’accès au fonds d’archives inédit du Cuerpo Jurídico Militar (Corps Juridique Militaire), Miguel Platon a mis cinq ans pour retrouver et étudier, un par un, les dossiers des condamnés à mort qui, à partir de 1939, ont été transmis à Francisco Franco pour qu’il prenne une décision sur la commutation de la peine de mort ou sur leur exécution.

Le nombre réel d’exécutions, environ 15 000, est très nettement inférieur aux chiffres publiés jusqu’à ce jour (on a longtemps parlé de 200 000 exécutés !). 

 Surtout, on découvre qu’un ordre de Franco lui-même, en janvier 1940, a permis de commuer la plupart des condamnations à mort en peines de prison. 

Un ouvrage étayé par des centaines de cas et des témoignages d’une grande intensité dramatique, qui montre la dureté tragique de l’après-guerre, mais qui, en même temps, situe dans ses justes limites la vieille controverse sur la répression voulue par le Caudillo.

Nous avons interrogé l’auteur pour vous, à propos d’un livre qui, comme ceux de Pio Moa, tenter d’éclairer une période historique très souvent faussée par l’idéologie de gauche dominante chez les Historiens officiels de la question.

 

Breizh-info.com : Votre ouvrage se veut une étude rigoureuse sur la répression franquiste. 

Qu´est-ce qui vous a poussé à entreprendre cette recherche et à explorer ce sujet controversé ?

Miguel Platón : Il y avait une lacune dans l’historiographie.

 Aucun chercheur n’avait pu jusque-là exploiter des sources documentaires rigoureuses. 

Il y a une dizaine d’années, j’ai appris que les dossiers judiciaires que les auditeurs militaires avaient envoyés à Franco entre 1939 et 1975 afin de décider du sort des condamnés à mort avaient été retrouvés.

 Il s’agissait d’une documentation extraordinaire, que j’ai étudiée pendant six ans.

 Le travail a consisté essentiellement à créer une base de données comportant un maximum de 28 champs pour chaque condamné, que j’ai mise à la disposition du public au moyen d’un code QR*

 

Vous avez donc travaillé pendant six ans sur les archives inédites du Cuerpo Jurídico Militar.  

Quels obstacles et défis avez-vous rencontrés dans l´accès et l´analyse de ces documents, et comment ces archives ont-elles transformé votre compréhension de cette période ?

Ces documents sont librement accessibles. 

Toute personne, espagnole ou étrangère, peut les consulter, sans limite.

 Cela dit, je suis le seul chercheur à les avoir étudiés systématiquement. 

Quand j’ai commencé, je ne savais pas ce que j’allais trouver.

 Les dossiers reflètent une période très dure, au cours de laquelle quelque 15 000 condamnés ont été exécutés.

 Jusqu’à présent, plusieurs auteurs, sans aucune source documentaire, avaient spéculé sur 50 000 exécutions, mais ce chiffre n’avait aucune valeur.

 Mon étude n’a pas abaissé le nombre d’exécutés de 50 000 à 15 000, mais l’a plutôt fait passer de zéro à 15 000. 

Ce dernier chiffre coïncide avec les enquêtes partielles rigoureuses, nom par nom, qui ont été menées ces dernières années par la Généralité de Catalogne et la mairie de Madrid.

 Dans les deux cas, elles citent, une à une, un peu plus de 3 000 personnes exécutées.

 La somme des deux, plus de 6.000, est compatible avec 15.000 pour l’ensemble de l’Espagne et rend impossible l’estimation de 50.000.

 

Votre étude établi une chiffre d´environ 15.000 executions, loin des 200.000 souvent avancés.

 Quelle est, selon vous, l´origine de ces chiffres exagérés ? 

 S´agissait-il d´erreurs ou d´une instrumentation politique?

À l’origine il y a le livre d’un journaliste américain, publié en 1948. 

Il ne reposait sur aucune source fiable, mais il était sensationnaliste et il a commencé à avoir du succès lorsque, dans les années suivantes, plusieurs auteurs d’autres ouvrages l’ont admis sans la moindre vérification.

 En fait, pour certains, plus grand était le nombre de morts qui pouvait être attribué au général Franco et à son régime, et plus leur opposition à la dictature espagnole se trouvait justifiée.

 Le nombre total des victimes de la guerre civile a lui aussi été exagéré. 

Le cliché du million de morts, titre d’un roman à grand succès en Espagne dans les années 1960, ne tient absolument pas la route.

 Le bilan réel est inférieur à 400 000 morts, et cela toutes causes confondues : combats, répression et maladies.

 

Vous mettez en lumière un ordre de Franco, en 1940, qui a permis la commutation de nombreuses peines de mort.

 Cela nuance l´image souvent répandue d´un Caudillo impitoyable, Comment interprétez-vous cette décision dans le contexte de l´époque ?

De toute façon, et quoi qu’il en soit, le chiffre de 15 000 exécutions me paraît effroyable. 

Cela dit, Franco avait de fortes convictions catholiques et il est clair qu’il souhaitait limiter la répression. 

Les peines capitales étaient commuées en peine de réclusion à vie qui, en droit espagnol, était d’une durée maximale de 30 ans, mais les peines les plus longues effectuées ont été de six ans et demi. 

D’autres condamnés à la peine capitale ont purgé moins de cinq ans, voire même moins de quatre ans.

 

Comment expliquez-vous la persistance de la controverse sur la répression franquiste, malgré des recherches comme la vôtre qui apportent des données chiffrées et des archives précises ?

Jusqu’à présent, cela était dû à un manque de sources documentaires et aussi, dans de nombreux cas, à un préjugé idéologique : plus il y avait de morts supposées, mieux c’était pour la cause de la gauche. 

Cette situation a cependant changé avec mon livre. 

Personne n’a contesté mes chiffres, en dehors du procès d’intention d’un auteur qui n’a pas pu fournir le moindre argument.

 

Vous décrivez une après-guerre d´une “dureté tragique”. 

Quelles ont été les conséquences humaines, sociales et politiques de cette répression sur la société espagnole ?

La conséquence la plus importante a été une dictature qui a duré près de 40 ans, résultat de l’échec de la IIe République et de la guerre civile. 

La réaction de la majorité de la société a été de surmonter cette Espagne de la haine et de retrouver la coexistence.

 Quatre-vingt-dix pour cent des Espagnols ne voulaient pas d’une guerre civile, c’est pourquoi la réconciliation a commencé en même temps que la guerre.

 Dès le mois de juillet 1936, des gens de gauche ont protégé des gens de droite et des gens de droite ont protégé des gens de gauche : parents, amis, voisins, collègues de travail…

 La société a devancé de beaucoup d’années les forces politiques en présence, même si certaines d’entre elles ont voulu s’en attribuer le mérite par la suite.

 

Votre livre constitue une étape importante dans l´historiographie de la « guerre d´Espagne ».

 Quels autres aspects de cette période mériteraient, selon vous, des études similaires pour nuancer encore davantage le débat ?

Il y a surtout un bon nombre d’études partielles basées sur des sources rigoureuses.

 Ces deux dernières années, de très bonnes études ont été publiées comme Detengan Paracuellos (Stoppez Paracuellos) de Pedro Corral sur les massacres de novembre et décembre 1936 dans le Madrid républicain, sur la base des rapports du délégué de la Croix-Rouge internationale ; ou Un veraneo de muerte (Des vacances d’été mortelles), de Guillermo Gortázar, sur les huit premières semaines de la guerre à Saint Sébastien (252 morts), qui a fait l’objet d’un grand consensus dans la ville ; ou encore Fuego Cruzado (Feux croisés) des professeurs Manuel Álvarez Tardío et Fernando del Rey, sur les cinq mois de gouvernement du Front populaire avant la guerre (482 morts dans toute l’Espagne), qui est également exceptionnel.

 Il s’agit de recherches qui ont duré de nombreuses années et qui sont précises, et non pas des estimations vagues et globales.

 

Votre démarche se veut rigoureuse et non idéologique. 

Pensez-vous que les débats historiques sur Franco et la guerre civile espagnole sont encore trop politisés aujourd´hui ?

On a longtemps assisté à une politisation marquée, de part et d’autre, mais aussi à des études rigoureuses, à partir des années 1960. 

 Cette tendance s’est intensifiée au cours des dernières décennies. 

Aujourd’hui, on demande plus de précision et beaucoup d’auteurs citent les protagonistes nom par nom. 

Victimes, chefs militaires, pilotes de ligne, purgés, députés, etc. … sont présentés un à un, avec leurs vicissitudes personnelles. 

Les sources sont disponibles, il suffit de les exploiter. 

Les histoires généralistes sont dépassées.

 

Vous êtes à la fois historien et journaliste.

 En quoi votre expérience journalistique a-t-elle influencé votre manière d´aborder cette recherche historique?

Elle m’a permis de connaître la politique de l’intérieur et tous les personnages politiques entre 1970 et 2015. 

Elle m’a également donné la passion des faits, nécessaire pour se forger des opinions cohérentes. 

L’histoire est faite par les gens et ce sont eux qui en sont les protagonistes, mais avec des informations vérifiées et des documents à l’appui. Les journalistes, les meilleurs ou les pires, font l’histoire au quotidien.

 

Que pensez-vous de la récente loi espagnole de “mémoire démocratique” ? 

Est-elle compatible avec une approche historiographique rigoureuse comme la vôtre ?

Lors d’une réunion informelle, j’ai entendu l’actuel président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, dire qu’il ne se souciait pas de la rigueur historique, mais de l’utilisation du passé à son profit politique actuel. 

Pas n’importe quel passé, mais un passé qui présente la droite actuelle comme héritière des crimes du franquisme et qui omet les crimes de la gauche, c’est-à-dire une fausse histoire.

 Le parti socialiste n’a toujours pas demandé pardon pour la responsabilité de ses dirigeants et militants dans des dizaines de milliers d’assassinats, de tortures, de viols et de vols.

 Il a été le parti le plus important du Front populaire, qui a violé l’État de droit républicain le 19 juillet 1936, en même temps que le coup d’État militaire.

 

Propos recueillis par Yann Vallerie pour Breizh-Info
27/01/2025 – Publication initiale sur le site Breizh-Info le 36/01/2025

*Les lecteurs intéressés par cette base de données peuvent en faire la demande à l’auteur via les Éditions l’Artilleur.

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