REVUE DE PRESSE !
Elon Musk vs Thierry Breton : les médias ont choisi leur champion !
L’idéologie pédagogiste a décapité la transmission des savoirs. La morale gauchisante a supplanté la culture – et la droite elle-même s’est agenouillée devant elle.
Par Didier Desrimais*.
Cet article, doté de toutes les qualités que nous reconnaissons habituellement à son auteur et que nous avons dites cent fois, est paru dans Causeur le 17 janvier. `
Tout y est dit, décortiqué, exposé sur « la montée des opinions dissidentes » – à la fois dans les univers médiatiques, numériques et politiques – et sur les réactions auxquelles s’activent les nomenklaturas en place, menacées, notamment l’U.E.
Il faut mettre nos pendules à l’heure : ces « puissances » sont désormais sur la défensive face à plus puissants qu’elles.
Il n’y a pas lieu de s’en plaindre.
Tandis que les médias de grands chemins s’inquiètent de la montée des opinions dissidentes et des changements dans le paysage numérique, l’Union européenne prépare de nouvelles mesures pour renforcer son contrôle sur les plateformes numériques au nom de la démocratie.
Mais, tout ce petit monde ne disait rien quand des ingérences « progressistes » ou woke étaient constatées par le passé…
De grosses brèches dans la forteresse médiatique…
Elon Musk « promouvant l’extrême droite partout » et Mark Zuckerberg ayant décidé de se passer dorénavant des fact-checkers sur Facebook et Instagram, l’économiste Dominique Seux déclare le plus sérieusement du monde, sur France Inter : « Thierry Breton nous manque. »
Le DSA (Digital Services Act) est la loi européenne sur les services numériques concoctée par M. Breton du temps où il était commissaire européen.
Le but officiel de cette loi est de « réguler » les réseaux sociaux ainsi que les plateformes de partage de contenus (Youtube, Dailymotion…), d’empêcher les « propos haineux », la désinformation et la manipulation sur la toile et d’analyser les « risques systémiques qu’ils génèrent sur les processus électoraux » – voilà qui offre mille possibilités interprétatives pouvant aboutir à une censure à peine camouflée.
Voire pire.
En partance pour Bank of America, Thierry Breton fait une dernière tournée des médias
Thierry Breton a malheureusement entendu Dominique Seux. Le voici de retour.
En l’espace de trois jours, il a été l’invité exceptionnel de LCI, RMC, France 5, France Info (à 8h30, le 11 janvier) et France Culture (à 12H45, le même jour).
Les journalistes ont été très gentils avec lui, ne l’ont confronté à aucun contradicteur et l’ont laissé dérouler un discours archi-rodé sur le « peuple européen » sacrément bien représenté par un « Parlement européen » garant du « progrès européen », du « vivre-ensemble européen » et de la « démocratie européenne » – ces derniers seraient menacés par les vilains réseaux sociaux en général et celui du méchant Elon Musk en particulier.
Sur RMC, M. Breton a déclaré que s’il était constaté des « interférences » lors des prochaines législatives allemandes, les résultats de celles-ci pourraient être remis en cause.
« On l’a fait en Roumanie et il faudra le faire si c’est nécessaire en Allemagne », a-t-il menacé en faisant référence à l’annulation par la Cour constitutionnelle de Bucarest des dernières élections présidentielles roumaines au motif que le réseau social TikTok aurait été utilisé par des « éléments étrangers » pour manipuler l’opinion publique.
La liberté d’expression, c’est bien.
Mais c’est mieux, pensent certains, quand le cadre en est strictement délimité par les milieux informationnels qui ne manquent ni de commissaires, ni de vérificateurs, ni d’argousins médiatiques.
Pour Dominique Seux, Mark Zuckerberg est passé du côté obscur de la Force numérique.
« Les “vérificateurs de faits” ont fait preuve de trop de partialité politique », affirme pourtant simplement le directeur général de Meta, avant d’ajouter : « Ce qui a commencé comme un mouvement inclusif a de plus en plus été utilisé pour bloquer les opinions et exclure les personnes ayant des idées différentes ».
Cette censure a été ouvertement pratiquée sur les différents réseaux sociaux, Twitter du temps où Jack Dorsey en était le propriétaire, Instagram et Facebook du temps où les Démocrates américains étaient au pouvoir et Zuckerberg à leur service.
Le rachat de Twitter par Elon Musk et le revirement de Zuckerberg changent radicalement la donne.
Ce dernier affirmant vouloir « supprimer un tas de restrictions sur l’immigration et le genre », les commissaires politiques de la radio publique se gargarisent de grands mots : « C’est notre modèle de démocratie qui est attaqué », gribouille sur X le journaliste Julien Pain, fact-checker officiel de France Info, avant de… bloquer les commentaires des internautes se réjouissant de la décision de Zuckerberg.
Elon Musk, le George Soros de la droite
Les médias français et la Commission européenne se plaignent de l’ingérence d’Elon Musk dans des élections européennes. Soit.
On ne les a pourtant guère entendus lorsque George Soros, le discret mais très efficace financeur de centaines d’ONG immigrationnistes et d’associations wokes via son Open Society Foundation, a arrosé de ses bontés sonnantes et trébuchantes la campagne des opposants au Brexit.
Aucun murmure de réprobation n’est venu entacher non plus la vidéo de soutien à Emmanuel Macron, archi-diffusée sur les réseaux sociaux entre les deux tours de la présidentielle de 2017, de l’ancien président américain Barack Obama qui, quelques mois plus tard, se rendra à Londres pour soutenir, lui aussi, la campagne contre le Brexit.
Pas un mot sur Bill Gates qui, par le biais de sa fondation « philanthropique », s’insinue dans les instances internationales qui décideront demain des politiques mondiales de santé et d’alimentation.
Et que dire de l’incroyable et outrancière campagne politico-médiatique européenne contre Donald Trump lors des dernières élections présidentielles américaines ou du rouleau compresseur médiatique français qui, au nom du « front républicain », a écrabouillé la campagne des dernières élections législatives ?
Il est finalement assez réjouissant de voir les journalistes progressistes paniquer en se demandant ce qui arrive.
Il arrive, sommes-nous obligés de leur dire, que les digues qu’ils ont construites pour empêcher la diffusion de la libre parole commencent de se fissurer.
Oh ! pas beaucoup ; mais suffisamment pour les agacer, ce qui n’est déjà pas si mal.
Ne nous leurrons pas : ces digues sont si épaisses, si régulièrement réparées et même renforcées par eux-mêmes et par l’oligarchie politique, qu’il sera difficile de les abattre totalement.
Il n’empêche, quelques brèches apparaissent. Aussi modestes soient-elles, elles chiffonnent ces journalistes qui ont pris l’habitude de parader dans les studios, particulièrement dans ceux de l’audiovisuel public, entre eux, sûrs d’eux, dans le confort de l’uniformité politique, la connivence et la douceur de l’endoctrinement sans accroc, en suivant la ligne définie par l’idéologie gaucho-progressiste, ligne studieusement entretenue par les crayonneurs de l’AFP et du Monde, deux éminents propagateurs de la doxa.
La presse mainstream prête à encourager les mesures coercitives et censoriales
Leur conformisme n’a d’égal que leur paresse naturelle et leur mollesse intellectuelle au moment de livrer bataille – l’adversaire est qualifié trop rapidement de réactionnaire ou de fasciste pour que l’on puisse imaginer que, derrière cette invective, se cache une argumentation intelligente, laquelle a été remplacée par le catéchisme progressiste.
Ils barbotent là-dedans depuis si longtemps que la moindre résistance les blesse douloureusement.
Nerveux, irascibles, peu habitués à jouter honorablement, l’existence d’une extrême droite fantasmagorique leur sert, comme d’habitude, à tenter de briser la mutinerie, aussi minime soit-elle.
Leurs compatriotes regimbent et se cabrent devant leurs leçons de morale usées jusqu’à la corde ? Ils s’enferrent, frénétiques, dans un discours daté qui impressionne de moins en moins les peuples subissant les effets délétères d’une politique européenne désastreuse.
Exaspérés, ils voient finalement d’un bon œil les mesures coercitives et censoriales prévues par la Commission européenne pour briser les élans patriotes.
Vendredi 10 janvier. Une journée ordinaire sur la radio publique.
Sur France Inter, Patrick Cohen tient absolument à « rediaboliser » le RN, parti toujours aussi « raciste et antisémite » que du temps du FN de feu Jean-Marie Le Pen, selon lui.
Il évoque « des chaînes où le RN est désormais comme chez lui » en rabâchant la sempiternelle litanie de messages moraux invariables et paresseux sur « l’extrême droite ».
Sur la radio publique, on peut quotidiennement vouer aux gémonies les millions de Français qui n’ont pas voté comme il faut sans que l’Arcom s’émeuve.
Grand castor parmi les castors, M. Cohen dit ainsi espérer que le « front républicain » opérera encore et toujours lors de prochaines élections.
Autant dire que les directives de l’UE pour castoriser, de gré ou de force, les prochaines élections en Europe, ne lui font pas peur.
Le même jour, sur la même radio, Pierre Haski conseillera à la Commission européenne de réagir fermement face à « l’alliance Trump-Musk ».
La veille, dans l’émission “Le téléphone sonne”, Fabienne Sintes, inquiète des décisions de Zuckerberg, se sera demandé si « l’Europe est assez forte pour faire barrage avant qu’on se prenne une potentielle avalanche de bouses » sur les réseaux sociaux.
France Info n’est pas en reste : Aurélie Herbemont, chef adjointe du service politique de ladite radio, s’étonne qu’Elon Musk ait « remis sur le tapis une sordide affaire de pédo-criminalité impliquant des Pakistanais il y a 10 ans » au Royaume-Uni – mais ne s’étonne pas que cette effroyable affaire, qui a duré plus de trente ans sans que les autorités anglaises, par crainte d’être taxées de xénophobie et d’islamophobie, bougent le petit doigt, n’intéresse absolument pas nos militantes féministes de gauc..he si promptes habituellement à réagir au moindre regard concupiscent…
La nomenklatura médiatique française n’a en réalité pas grand-chose à craindre.
Les fact-checkers vont pouvoir continuer de fact-checker, c’est-à-dire d’orienter l’information.
Clara Chappaz, notre actuelle ministre déléguée chargée de l’intelligence artificielle et du Numérique, affirme en effet sur X : « J’ai échangé avec la direction de Meta France ce soir qui m’assure que cette fonctionnalité ne sera déployée qu’aux États-Unis pour le moment.
En Europe, le Digital Service Act sera respecté. Croyez en ma vigilance sur le sujet. » Le service de censure européen veille donc au grain. Selon Mme Chappaz, les dirigeants de Meta « ont bien compris qu’en France comme en Europe, la façon dont nous définissons la liberté d’expression est différente de la façon dont elle est définie aux États-Unis ».
Ne reste plus qu’à savoir ce que l’UE entend par « liberté d’expression ».
Le DSA européen se verra bientôt complété par de nouvelles mesures censées protéger la démocratie mais qui, en réalité, la dépouilleront de ses derniers oripeaux.
Les « vérificateurs de faits » des médias de gauche vont pouvoir continuer de dissimuler le réel et d’occulter les difficultés des sociétés européennes confrontées à l’immigration massive, l’insécurité physique et culturelle, la précarité, au déclassement d’un continent que la technocratique UE a accéléré.
L’inénarrable Thierry Breton vit apparemment dans un monde parallèle. Sur LCI, il ose affirmer que « les empires déclinants – la Grande-Bretagne, la Russie, la Turquie – s’attaquent tous à l’UE » parce qu’ils sont jalouxde« nos progrès » (sic), de « notre dynamique démocratique » (resic) et de « notre projet et notre vivre-ensemble » (etsic de der).
L’Europe mythologique de M. Breton doit absolument éviter de se frotter au réel, raison pour laquelle l’ex-commissaire européen prévient les propriétaires des réseaux sociaux, Elon Musk en tête : l’UE a les moyens de les interdire s’ils ne respectent pas les règles établies par lui-même, Thierry Breton, ex-démolisseur d’entreprises (Thomson, France Telecom, Atos) et ex-mamamouchi de l’oligarchie bruxelloise.
Pour conclure sur une note plus légère, signalons que Sandrine Rousseau a envoyé une missive écrite avec le pied gauche, truffée de fautes d’orthographe et d’un pléonasme intéressant, à « tou.tes les député.es du NFP », pour les inviter à quitter le réseau social X « de manière collective ».
Extraits : « Ce courrier pour vous inviter à ce que (sic) nous quittions/arrêtions (sic) de poster sur la plateforme. […]
X est devenue (sic) une véritable machine désinformation (sic), une arme de destruction massive de la réalité factuelle (sic), et la caisse de résonnance (sic) des courant (sic) d’extrême droite.
Rester sur X, c’est en partie cautionner ce que la plateforme est devenu (sic) sous Elon Musk. »
C’est beau comme du Sébastien Delogu. ■
Par DIDIER DESRIMAIS
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ET AUSSI
L’an 2000 ou la génération Macron
Par Pascal Cauchy.
« Ainsi s’éclipse le monde ancien. Les frontières s’estompent.
Les idéologies sont surannées.
Tout devient possible et, surtout, la nouvelle génération, tout à son ressentiment pour les « boomers », veut sa place et monter dans le train de la société ouverte pour aller vers le « village global » où tous les habitants ressemblent aux figurants béats d’un reportage de CNN. »
C’était le temps où le monde entier était refaçonné avec de nouveaux mots : global, opportunité, multipolaire…, joyaux brillants dont les élèves de Sciences Po s’emparent, le jeune Emmanuel en tête.
C’était donc le moment où le voile du discours a recouvert le réel, le transformant en un espace politique virtuel.
L’an 2000, comme le dit une publicité : « nous l’avons rêvé ».
Avoir 20 ans aux premiers jours du millénaire, quoi de plus émoustillant ?
Emmanuel Macron et sa génération ont eu leurs rêves faits d’enthousiasmes et de ressentiments.
Les enthousiasmes sont ceux de la fin de la Guerre froide, la naissance d’un monde « global », « ouvert », relié par internet et des avions « low cost ».
Le ressentiment, c’est la conviction d’un monde ancien obsolète, une société bloquée par une génération qui a trop profité de la vie.
C’est vite dit, mais c’est bien ce qui domine les esprits du côté de la rue Saint-Guillaume à Paris où le jeune Macron fait ses études entre 1999 et 2001.
Quand Emmanuel Macron passe son bachot, le monde est en pleine métamorphose.
Le communisme soviétique est mort, la Guerre froide appartient à un passé révolu, les frontières semblent vouées à la disparition au profit d’un monde global selon le mot américain.
Il y a bien quelques spasmes de l’histoire mais qui semblent anachroniques.
Les guerres yougoslaves ou le génocide du Rwanda n’ont pas mobilisé les opinions.
Les jeunes Français ne manifestent pas contre les bombardements de l’OTAN, ils ne chantent pas « We are the World » comme pour l’Éthiopie affamée dix ans plus tôt.
Le temps de « l’engagement » est bien passé. Une euphorie gagne peu à peu les esprits, d’autant que des promesses nouvelles font leur apparition.
La fin de la Guerre froide n’est pas seulement la fin du communisme en Europe, c’est aussi une formidable ouverture des frontières matérialisée par deux phénomènes qui vont faire exploser les échanges : l’ouverture de l’espace aérien et la révolution des transmissions.
La première consacre l’augmentation du trafic et l’effondrement des coûts de transport, désormais toute une classe moyenne voyage aux quatre coins du monde.
La seconde, c’est Internet qui relègue le fax et le minitel dans les greniers.
Le téléphone portable fait sa timide apparition. La génération d’Emmanuel Macron est spectatrice de ces mutations.
Elle voit l’histoire du XXe siècle disparaître sous ses yeux.
Le décès de Mitterrand en janvier 1996 clôture le chapitre. Les guerres appartiennent au passé, la preuve en est la suppression du service militaire. Emmanuel Macron sera à jamais un civil. Il y a bien la question des « banlieues » en France, mais celle-là est sociale ou culturelle, donc résoluble à terme par la marche du monde.
Les attentats de 1995 (métro Saint-Michel) et 1996 (Port–Royal), imputés au GIA algérien, sont une malheureuse affaire de contingences extérieures.
L’an 2000 : une attraction du train fantôme
Le XXIe siècle, les jeunes de vingt ans l’attendent avec impatience et un optimisme fébrile.
Cette génération entre dans la vie d’adulte comme dans un roman d’anticipation.
La peur du « bug » de l’an 2000 est juste une attraction du train fantôme de la foire médiatique. Sans doute, un basculement intervient le mardi 11 septembre 2001, mais l’émotion passée, les tours new-yorkaises sont reconstruites.
Pour une génération privilégiée entrant à Sciences Po dans ces années cruciales, l’Europe est dans le sens de l’histoire, une histoire dont Fukuyama annonce la fin dans le titre d’un article désormais célèbre. Le monde global est une évidence en cette fin de siècle pour ces jeunes qui trouvent tant de portes ouvertes devant eux.
Nous entrons dans l’ère des « opportunités » (un américanisme très à la mode à cette période). Ce contexte est un décor sur lequel l’esprit caméléon d’un jeune de 20 ans peut se fondre.
Il constitue surtout une culture commune faites de références partagées. Encore faut-il admettre que, selon le milieu social ou géographique, l’empreinte est plus ou moins forte.
À Sciences Po, le jeune Macron est un élève discret. Il ne participe guère aux amusements de ses condisciples.
Sans doute les inclinations de son cœur ne lui permettent pas de se joindre aux jeunes de son âge. Rue Saint-Guillaume, Macron est un bosseur.
C’est en économie politique et financière qu’il excelle. À l’époque le cours est assuré par Dominique Strauss-Kahn, qui professe un « keynésianisme » mesuré. L’ex-ministre, englué dans les « affaires » de la MNEF, a trouvé refuge à Sciences Po, accueilli par un Richard Descoings alors au sommet de sa gloire.
Le cours pendant est celui de Jacques Généreux, qui n’a pas encore fondé le Parti de gauche, et qui lui aussi professe un libéralisme économique tempéré.
Rien de marxiste dans tout cela.
À côté de ces enseignements, les entreprises de conseil font leur entrée en force dans l’école.
Des cabinets comme Arthur Andersen et Ernst & Young ont table ouverte, recrutent les diplômés et participent même aux réformes par leurs conseils avisés. La finance et l’argent facile font rêver.
L’avènement d’un monde multipolaire
L’ouverture internationale et, bientôt, la discrimination positive, sont à l’ordre du jour. Sciences Po est dans l’air du temps et se veut même à la pointe d’un nouveau modèle universitaire.
Macron est du voyage de Berlin clôturant les études pour toute la promotion 2001. Diplômée, cette génération part avec son petit bagage intellectuel.
Pour elle, le XXe siècle est bien achevé.
L’histoire de France n’est plus qu’un « roman national ». La philosophie politique adoube le modèle démocratique des sociétés, modèle indépassable mais améliorable. Rawls est à l’honneur ; Habermas et son « état de droit » est indiscutable.
Quand on évoque la cité grecque, c’est pour vanter les vertus du tirage au sort des magistrats (on ne peut pas ne pas penser aux initiatives d’Emmanuel Macron qui promeuvent cette pratique) avant de passer à Benjamin Constant et aux bienfaits de la démocratie représentative (qualificatif d’ailleurs systématiquement accolé au substantif).
Quant aux relations internationales, elles confirment l’avènement d’une heureuse planète grâce aux promesses d’une Europe nouvelle et d’un monde « multipolaire ».
L’Europe est une « construction » incontestable, d’autant que Bruxelles fait miroiter des promesses d’emplois (le mot « lobbying » entre dans les « fiches carrières »). L’Union européenne est dans le sens de l’histoire.
Le monde multipolaire, c’est la marotte locale de Bertrand Badie et de Ghassan Salame. Des pays « émergent » comme l’Afrique du sud de Mandela, le Brésil ou l’Inde – mais pas encore la Chine.
Quant aux états classiques (occidentaux), ils sont menacés par les nouveaux « acteurs » internationaux que sont les ONG.
D’ailleurs, il n’y a plus d’international mais du « transnational ». On s’enthousiasme pour la « gouvernance » mondiale.
Les nouvelles formes « interétatiques », supranationales donc, sont prometteuses comme le Mercosur, très à la mode à cette époque (déjà !). Habermas ne conçoit-il pas l’Union européenne comme un premier pas dans la direction d’un authentique ordre cosmopolite ?
Monter dans le train de la société ouverte pour aller vers le village global
Ainsi s’éclipse le monde ancien. Les frontières s’estompent. Les idéologies sont surannées.
Tout devient possible et, surtout, la nouvelle génération, tout à son ressentiment pour les « boomers », veut sa place et monter dans le train de la société ouverte pour aller vers le « village global » où tous les habitants ressemblent aux figurants béats d’un reportage de CNN.
Pour la génération Macron, le monde du réel, avec ses permanences et ses certitudes, n’est plus.
Dès les premiers jours de sa présidence, Emmanuel Macron avait prévenu : « Les forces du monde ancien sont toujours là, bien présentes, et toujours engagées dans la bataille pour faire échouer la France ».
Mais ces forces sont périmées.
Un monde virtuel, tout neuf, sort de la chrysalide.
Dès lors, la représentation que l’on a de ce monde en métamorphose suffit à en modifier le sens comme dans le film Matrix (sorti en 1999).
Pour affronter une telle dissipation des sociétés il faut une bonne dose d’hédonisme, et un souci supérieur de l’instant présent.
Le grand succès télévisé du printemps 2001 est Loft story, appelé avec une certaine justesse dans l’à-propos : « téléréalité ». ■
Il y a 80 ans, c’était « l’épurat.ion »
Petite chronique des sanctions contre la Russie (à l’attention de Bruno Le Maire)
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