Comme chaque année, l’été défilait
tranquillement en Bretagne : afflux de touristes au supermarché,
embouteillages de camping-cars, algues vertes et gaufres au Nutella en
front de mer.
Et puis surtout, rendez-vous festifs à ne plus savoir
qu’en faire !
Il faut dire qu’au fil des ans, les
Bretons sont devenus experts dans l’art de la « fête ».
Festoù-noz,
festivals, fête de la mer, de la terre, de la crèpe et du cidre : quand
reviennent les beaux jours, pas un panneau d’affichage qui ne déborde de
placards annonciateurs d’« événements culturels » en tout genre, même
au fin fond de l’Argoat.
Du concert de Magic System
à la Fête du Blé à la dernière prestation d’un obscur cercle celtique
dans une station balnéaire random, on ne sait plus trop où donner de la
tête et des oreilles tant la Bretagne a décidé de fêter.
On ne sait trop
quoi par ailleurs.
Bref, le biniou jouait sa ritournelle
habituelle par chez nous quand une fausse note est venue troubler
l’ambiance.
Cette fausse note a un nom et il fait trembler les murs
depuis quelques jours dans le petit monde culturel breton.
Pierre-Édouard Stérin,
milliardaire dont la notoriété a explosé ces derniers mois, fait faire
des cauchemars à la « Bretagne ouverte sur le monde ».
En plus
prosaïque, à tout ce que la région compte de gauchistes squattant un bon
nombre d’événements festifs locaux.
Le motif du traumatisme : le
label « Les plus belles fêtes de France » aurait le malheur d’avoir des
liens avec le milliardaire qualifié « d’extrême droite » par une partie
de la presse française et bretonne…
Depuis, les articles pleuvent en cascade
sur la figure de Pierre-Édouard Stérin, entre deux annonces de
renoncement au label en question, comme par exemple la Fête des
Islandais et des Terre-Neuvas à Paimpol.
Dans une Bretagne où
l’étiquette « de droite » fait encore office d’épouvantail et de mort
sociale, associations, organisations, groupes, etc. se succèdent ces
derniers jours pour montrer à quel point ils désapprouvent la prétendue «
tentative d’infiltration politique » du label.
Il n’y a pas grand intérêt à passer
toutes ces jérémiades en revue, mais les commentaires de ces nombreux
articles de la presse régionale sur les réseaux sociaux mettent en
évidence une fracture grandissante : celle entre deux Bretagne qui n’ont
plus grand-chose à se dire.
Tandis que le RN a réalisé des scores
historiques dans beaucoup de communes lors des dernières élections, le
monde culturel breton, vivant dans l’entre-soi depuis des décennies,
préfère rester dans sa bulle gauchiste.
Les mêmes qui tolèrent
allègrement en fest-noz les discours sur la Palestine, le Kurdistan ou
les clandestins sont devenus en quelques jours les plus fervents
défenseurs de la neutralité politique des fêtes bretonnes.
La dernière « condamnation » du label
recensée au moment d’écrire ces lignes était celle émanant de « la
fédération des fêtes et des festivals de culture bretonne ».
Une
organisation qui soutient « plus de 75 évènements régionaux, à travers des actions de communication, de l’aide logistique, de la formation ».
Toutefois, dans cette ambiance de
sectarisme quasi-soviétique, cette fédération a eu un éclair de lucidité
à en croire ses propos repris dans l’article de Ouest-France : « Ce label offre certes un soutien financier et une visibilité non négligeable
en cette période compliquée pour les fêtes, mais ce lien avec l’extrême
droite est dangereux.
Pour nos fêtes et pour toutes les valeurs
qu’elles défendent. »
C’est bien là toute la nouveauté de la situation !
Le monde culturel breton a besoin d’argent et ne parvient plus à
s’auto-financer.
« Ventre affamé n’a point d’oreilles », disait La
Fontaine.
Pierre-Édouard Stérin doit connaître l’adage, tout comme les
préposés aux tableaux Excel ayant pour mission, dans les organisations
des fêtes et festivals en Bretagne, d’équilibrer les dépenses avec les
recettes…
Malgré la terreur idéologique imposée
par l’extrême gauche régnant encore sur ces évènements, les comptables
doivent donc être un peu moins prompts à cracher sur le label « Les plus
belles fêtes de France » lorsque l’on voit la situation financière
inquiétante voire désastreuse d’une grande partie de tous ces
rendez-vous festifs.
Et particulièrement ceux liés à la culture
bretonne.
Parmi tant d’exemples, Sonerion, la confédération des Bagadoù, appelait ces derniers jours « l’ensemble
des organisateurs de fêtes populaires, des collectivités locales et des
acteurs culturels à la vigilance et à refuser toute labellisation ou
subvention qui compromettrait l’indépendance, la pluralité et les
valeurs humanistes de nos événements. »
Inciter les autres à refuser des
subventions, c’est bien beau, mais encore faut-il être soi-même un
modèle de gestion rigoureuse.
Or Sonerion était contrainte, en début
d’année, de réduire ses activités en raison justement de difficultés financières…
Même constat du côté du festival des
Filets Bleus de Concarneau, qui a reçu le label objet de toutes les
hantises : si l’association organisatrice a annoncé qu’elle se réunirait
prochainement en conseil d’administration pour décider des suites de ce
partenariat, il faut savoir que le festival présentait un déficit de 50
000 € après l’édition 2024, dans un contexte de baisse des subventions
de la part des partenaires institutionnels.
En clair, il y a de moins en
moins d’argent public et, en ces temps de disette, la culture bretonne
ou ce qui s’en approche n’est pas la priorité.
Loin des incantations idéologiques des
gauchistes, l’analyse des difficultés budgétaires de ces événements
festifs montre aussi les conséquences économiques que ferait peser leur
potentielle disparition à moyen terme sur les commerçants locaux et même
sur certaines entreprises du secteur agroalimentaire.
Disparition qui
viendrait également précariser encore un peu plus les « intermittents du
spectacle » du microcosme musical breton, déjà à la peine pour trouver
des dates et des cachets.
Après ce long exposé, pas besoin d’être
grand clerc pour deviner la suite de l’histoire : dans une Bretagne où
le « tout festif » ne parvient plus à se rassasier de subventions en
provenance de collectivités ruinées, les organisateurs d’événements
devront tôt ou tard s’affranchir de la chape de plomb gauchiste qui les
pousse progressivement vers la faillite.
Et à défaut d’accepter le soutien de
labels proches de Pierre-Édouard Stérin (ou d’autres mécènes), ces mêmes
organisateurs seront contraints de gérer leurs fêtes comme on gère une
entreprise : en étant compétitifs et attractifs.
En remettant en cause
leur programmation, leur communication et leur modèle économique.
En
étant capables de s’adapter aux lois du marché avec la création d’une
offre véritablement susceptible de répondre à une demande.
Le Puy du Fou
y parvient, lui !
Mais le sérail de la culture bretonne ne
veut pas non plus en entendre parler.
Pensez donc !
L’entreprise, c’est
aussi un concept « d’extrême droite » !
Surtout quand elle est
rentable…
Par Gwenolé Dubois
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