Dieudonné interdit de scène en Bretagne : quand la liberté d’expression et le « Je suis Charlie » s’effacent.. devant des arrêtés préfectoraux
[La Réponse de l’humoriste]
En trois jours, les préfectures du Morbihan, du Finistère et d’Ille-et-Vilaine ont frappé coup sur coup : trois arrêtés, trois interdictions du nouveau spectacle de Dieudonné, annoncé pour les 8 et 9 août.
Résultat : l’humoriste ne pourra pas se produire légalement en Bretagne ce week-end… à moins qu’il ne décide de braver la consigne, comme il le laisse entendre.
Un « risque élevé »… et un scénario bien rodé
Le texte des arrêtés est désormais rodé : plusieurs condamnations judiciaires pour propos jugés antisémites, homophobes ou conspirationnistes (tous extraits de spectacles, mais manifestement pour Dieudonné, par le droit d’en appeler à la liberté d’humoriste) ; un risque « élevé » de trouble à l’ordre public ; et surtout une organisation « dans une grande discrétion » avec lieu communiqué au dernier moment, interprétée comme une volonté d’échapper au contrôle des forces de l’ordre.
À Lorient, Francis Lalanne devait assurer la première partie le 9 août.
À Rennes, la représentation du 8 août était prévue « dans un rayon de 30 km » de la ville.
Dans les deux cas, l’entrée coûtait 34,90 €.
Les billets sont désormais inutilisables… du moins pour ce spectacle-là.
Sur X (ex-Twitter), Dieudonné a réagi avec ironie : « Et de 3 arrêtés en 24 heures !
Mon nouveau record !
Je sens qu’on va bien se marrer ce week-end, je vais mobiliser à moi seul la moitié des effectifs de police et gendarmerie. »
Même la « substitution » interdite
L’humoriste avait prévu un plan B : un « spectacle de substitution » intitulé Nèg Doubou, assuré par l’artiste antillais Cheick Siday Lô.
Là encore, la préfecture d’Ille-et-Vilaine a dit non, rappelant que l’intéressé a lui aussi été condamné pour incitation à la haine.
TWITTER
En janvier 2015, la France officielle se proclamait unanime : « On peut rire de tout », « Je suis Charlie ».
Dix ans plus tard, certains humoristes semblent pourtant relever d’un régime spécial : le rire n’est autorisé que s’il ne dérange pas les bonnes personnes.
La mécanique est simple : un arrêté préfectoral, une menace d’atteinte à l’ordre public, et le rideau tombe avant même que la lumière ne s’allume.
Qu’on aime ou non son humour, Dieudonné a réussi, par la seule annonce de sa venue, à mobiliser trois préfectures et à occuper la chronique politique et judiciaire régionale.
Ce week-end, il ne fera peut-être pas rire en Bretagne… mais il aura prouvé qu’en matière de liberté d’expression, la République française n’a aucune leçon à donner aux régimes les plus autoritaires, et que certains rires coûtent décidément plus cher que d’autres.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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