Souvenons-nous d’Emmanuel Ratier par Georges FELTIN-TRACOL
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- Catégorie : Ils marchent avec nous !
Le 19 août 2015, en pleine activité spéléologique en compagnie de son épouse Véronique et de leurs trois filles (Sophie, Marguerite et Camille) sur le territoire de la commune d’Orgnac - l’Aven dans le sud de l’Ardèche, Emmanuel Ratier s’effondre.
Une crise cardiaque le foudroie à l’âge de 57 ans, à l’instar de son prédécesseur, le spécialiste de la Subversion et fondateur des éditions Faits et Documents, Yann Moncomble, décédé d’un arrêt cardiaque le 29 mai 1990 à 36 ans…
Journaliste de profession, Emmanuel Ratier débordait d’initiatives. Il venait de lancer un projet patrimonial majeur, les Archives associatives du Vexin, qui prendra ensuite le nom d’Institut Emmanuel-Ratier.
Cette association entend conserver et archiver tous les imprimés (livres, revues, journaux, tracts, affiches…) de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne avant que le numérique n’impose son grand effacement périodique et des révisions politiquement correctes obligatoires fréquentes.
Après avoir contribué au lancement sur Radio Courtoisie du bulletin quotidien de la réinformation où il officiât un temps chaque vendredi matin, il animait un mercredi sur quatre à partir de 18 h 00 et pendant trois heures d’affilé, un « Libre-Journal de la Résistance », soit quarante-et-unes émissions.
Il avait auparavant présenté à la demande de Claude Giraud la seconde partie du propre libre-journal de cette dame, un jeudi par mois.
Emmanuel Ratier poursuivait la parution régulière de sa lettre confidentielle riche en informations exclusives, Faits et Documents.
Il formait dans la plus grande discrétion Xavier Poussard.
Ce dernier apprit auprès d’un excellent professeur l’art précis et minutieux du décryptage patient de l’actualité.
Il s’occupait aussi de la librairie d’occasion Facta située au 4, rue de Clichy dans le IXe arrondissement de Paris, non loin de la station de métro Trinité – D’Estienne d’Orves.
Il en avait confié la gestion courante à son presque double en qui il avait entière confiance, Vincent.
Quelques années plus tôt, Vincent s’était infiltré à sa demande dans quelques milieux malséants…
Avec diligence et brio, Vincent donnait des conseils avisés aux clients ravis du mardi au samedi après-midi.
Par ailleurs, dans la perspective déterminante de l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Ratier commençait à s’intéresser à certains candidats éventuels.
En avril 2014, il avait signé Le vrai visage de Manuel Valls, un portrait décapant du premier ministre alors en exercice.
Il acceptait aussi de collaborer à la revue Éléments, mais, par la force des choses, il n’écrivit finalement qu’un seul et unique article.
Cette collaboration aurait-elle longtemps duré ?
En décembre 2016 parut aux éditions du Rocher La droite buissonnière de François Bousquet, alors rédacteur en chef du « magazine des idées » bimestriel.
Cet essai étudie de manière élogieuse les idées de Patrick Buisson (1949 – 2023).
Or les relations étaient plus qu’exécrables entre Buisson et Ratier.
Une détestation mutuelle remontait au milieu des années 1980 quand Buisson dirigeait la rédaction de l’hebdomadaire d’enquête non-conformiste Minute dans laquelle œuvrait Emmanuel Ratier.
Il mena une sévère fronde contre Buisson et organisa même une grève !
Savoureux paradoxe, il agissait en tant que représentant FO (Force ouvrière) au sein d’un journal plutôt vindicatif envers les syndicats.
Fidèle en effet aux principes de la Charte d’Amiens de 1906, FO accorde une large autonomie interne à ses sections et confédérations professionnelles qui acceptent sur le terrain des responsables syndicaux de différentes sensibilités politiques.
La proximité successive de Patrick Buisson avec Jean-Marie Le Pen, Philippe de Villiers et Nicolas Sarközy renforcèrent une suspicion légitime.
L’auteur de ces lignes se rappelle qu’en attendant dans un café parisien l’arrivée d’autres participants à un « Panorama Actu » sur Méridien Zéro en février 2012, Emmanuel Ratier l’incitait à se méfier de Patrick Buisson.
Il ne se privait pas de lui parler de la vie intime de l’ancien patron de Minute.
Plus tard, Nathalie Kosciusko-Morizet le qualifiera de « Gestapette »…
S’il le fallait, Emmanuel Ratier n’hésitait pas à coopérer avec ses confrères des chaînes officielles de grand chemin.
Par exemple, lors d’un reportage consacré à l’ancien conseiller de l’ombre de Nicolas Sarközy dans l’émission « Envoyé spécial », certainement celle du 13 mars 2014, on reconnaît bien que de dos, anonyme et assis dans la pénombre de son bureau, par son allure et sa voix Emmanuel Ratier.
Il y critique violemment Patrick Buisson.
Le reportage présente même une photographie de toute la rédaction de Minute avec un Patrick Buisson qui tient dans les mains le portrait du Maréchal Pétain.
Il est plus que probable qu’Emmanuel Ratier ait donné une copie de cette photographie à l’équipe de France 2.
On ne le sait peu, mais Emmanuel Ratier appréciait l’apiculture et le soufflage du verre.
À force de pratique assidue, il réalisait de beaux objets artisanaux.
Toujours très pris par ses diverses activités, en particulier le suivi quotidien de la presse, surtout écrite, il acceptait volontiers d’offrir un peu de son temps libre à ses proches et à ses amis.
Ainsi, chaque été, Emmanuel Ratier faisait-il la cuisine pour les réunions générales annuelles d’Europe Jeunesse (EJ).
On se souvient de l’avoir rencontré pour la première fois à la fin d’un camp d’été vers 1999 ou 2000.
Il dirigeait quelques volontaires adultes cuisiniers.
Ses plats simples et variés ravissaient tous les convives (les jeunes, la maîtrise, les parents et les invités).
Sa brusque disparition subite fut un premier coup sévère pour EJ avant que le covidisme y mette fin, à l’exception notable de quelques bans régionaux belges, luxembourgeois et néerlandais, voire flamands de France, perdurent dans le cadre de Dietsland – Europa Jeugd (DEJ).
Loin d’être un ermite chroniqueur – rédacteur de fiche sur tout le monde, Emmanuel Ratier présentait diverses facettes, parfois étonnantes, mais aussi plus sympathiques les unes que des autres. Il incarnait en lui-même une vraie synthèse nationale.
Ancien du PFN (Parti des forces nouvelles) et de sensibilité païenne, il travaillait avec le FN (Front national) de Jean-Marie Le Pen, puis de Marine Le Pen.
Favorable à un compromis entre lepénistes et mégrétistes lors de la grande scission de 1998, il resta néanmoins dans l’entourage du « Menhir de Montretout ».
Ce proche du GRECE (Groupement de recherches et d’études pour la civilisation européenne) acceptait les invitations des mouvements royalistes et/ou catholiques.
Par ailleurs, ce sont tantôt les équipes de Terre & Peuple, tantôt celles d’Égalité et Réconciliation qui déménagèrent une partie de ses archives de son vivant.
Son influence sur la mouvance au sens large était bien plus grande que le pensaient ses détracteurs. Son décès soudain, il y a dix ans, a constitué une perte irréparable pour l’Opposition nationale et populaire.
Sans mésestimer le travail précieux de Xavier Poussard, son seul héritier spirituel immédiat avec, bien sûr, Vincent Facta, le regard percutant d’Emmanuel Ratier sur le microcosme politique nous manque terriblement encore aujourd’hui.
Source et Publication : https://www.terreetpeuple.com
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