dimanche 7 juillet 2024

LÉGISLATIVES 2024: MACRON S' ENFONCE ET EMPORTE LA FRANCE DANS SON PROPRE ÉCHEC........

 REVUE DE PRESSE !

Législatives : Macron désavoué emporte la France dans son propre échec

macron

Ce 7 juillet au soir, la clarification voulue par le président de la République a bien eu lieu. 

A l’heure où nous écrivons, tous les résultats du deuxième tour des élections législatives anticipées ne sont pas encore connus, mais les grandes lignes sont claires. 

En craquant une allumette dans un paysage politique qu’il a lui-même mis à l’état gazeux, Emmanuel Macron a obtenu une partie de l’effet recherché : la déflagration efface tous les calculs. 

Du passé, Emmanuel Macron a fait table rase, éclatant au passage façon puzzle sa propre majorité politique qui ne cesse de rétrécir. 

En 2017, le Président avait fait élire plus de 350 parlementaires, quand la majorité se situe à 289 sièges. 

Le premier quinquennat s’est déroulé pour le chef de l’Etat dans un confort absolu dont il n’a…rien fait ! 

Après le renouvellement de l’Assemblée en 2022, la macronie pouvait encore compter avant la dissolution sur une majorité relative de 250 députés (169 Renaissance, 50 du MoDem et 31 d'Horizons) : elle s’est rétractée ce 7 juillet comme peau de chagrin.

 Seuls 157 à 163 députés macronistes échappent au massacre d’une polarisation revenue au triple galop, selon BFM TV.

Logiquement, Gabriel Attal remettra sa démission ce lundi à Emmanuel Macron qui la refusera sans doute, le temps de trouver une solution à la crise qu’il a lui-même ouverte. 

Difficile de présenter ces résultats pour une grande victoire du camp présidentiel.

 

Effacer la volonté populaire

Et pourtant ! Pourtant, rien n’a été négligé pour parvenir à sauver les meubles dans le parti du Président. 

Aucune manoeuvre, aucune alliance, même les plus honteuses, n’ont été écartées.

 La macronie a tendu la main au cartel rouge vif, tentant de trouver une place parmi la troupe hétéroclite haineuse qui s’est donnée la main, du NPA de Philippe Poutou aux socialistes d’Olivier Faure et de François Hollande en passant par les LFI qui hier traitaient les mêmes macronistes de tous les noms à l’Assemblée.

 Il aura fallu que le parti présidentiel cède du terrain à tous égards, brouille le message sur Israël, saisisse les mains les plus sales, jusqu’à celles d’un fiché S élu à Avignon, demande à ses candidats de se désister en faveur du pire de la France rouge, pour effacer la volonté populaire clairement exprimée lors des Européennes et réitérée lors du premier tour de ces législatives : celle d’un raz de marée du RN. 

Voilà ce qui reste du président hâbleur lors des débats avec Marine Le Pen, du candidat à l'Elysée qui hurlait avec des airs de démence : « Parce que c'est notre projet ! »

Il y a cent ans... 

Ce 7 juillet, l'ex-patron des députés macronistes Sylvain Maillard avait beau jeu d’affirmer, la main sur le cœur, sur BFM TV : « Il n’y aura pas de majorité construite ni avec la France Insoumise, ni avec le Rassemblement national ».

La macronie et ses alliés du NFP ont réussi à endiguer le flot des élus RN auquel les sondages promettaient la majorité ou presque, mais à quel prix ? 

Au prix d’abord de cet embrouillamini idéologique digne d’un mauvais magicien qui prendrait son public pour des lapins de six semaines, en sortant un faux pigeon du chapeau : l’alliance avec l’extrême gauche, y compris La France insoumise est avérée, quoi qu’en dise le parti au pouvoir qui a pris ses voix dans maintes circonscriptions, sans barguiner.

 L'endiguement du RN se fait aussi au prix d’un isolement politique majeur.

 Il manque quelque 130 députés chez Ensemble pour atteindre le seuil fatidique des 189 voix à l’Assemblée. 

Les macronistes tenteront de séduire les LR anti-Ciottistes, qui se diviseront sans doute une fois encore. 

Mais ils ne sont plus qu’une cinquantaine. 

Le compte n’y est pas. Il faut que des non inscrits (ils sont entre 15 et 20) emboitent le pas du radeau de la Méduse présidentiel dynamité par Macron lui-même. 

Et surtout que les socialistes et les Verts acceptent de baiser la main tendue par le pouvoir après l’avoir mordue sans ménagement depuis 2017. 

Impossible pour qui parle d’honneur et de cohérence. 

Mais tout peut arriver dans ces familles politiques, PS, Verts, LFI, dont les élections européennes ont montré la faiblesse dans l'opinion mais qui conserve un appétit de pouvoir effréné.

 Des partis acculés à la disparition, poussés hors du système par les électeurs à force d’échecs et de trahisons, contraints de jouer la carte ultime de l’union nationale, jouant la carte usée de la résurrection d’un fascisme d’opérette, digne du guignol du Champ de mars. 

Seuls comptent la détention des leviers de commande.  A tout prix.

 

Colère

Mais « bien mal acquis ne profite jamais », dit le proverbe.

 Ainsi, la soirée des dupes n’a pas fini de dériver en bombe à fragmentation. 

Les Français qui ont choisi en masse le RN aux Européennes retrouvent ce parti en troisième position grâce à un jeu d’alliances contre-nature.

 Les mêmes Français qui ont désavoué la macronie, réduite à la portion congrue à l’Assemblée (160 députés sur 577) vont sans doute assister au… maintien des macronistes au pouvoir via une alliance avec les adversaires d’hier. 

Tandis que le RN préparera l’alternance sans avoir à forcer son talent pour expliquer qu’il s’oppose seul à cet incroyable syndicat de la ruine : dans cet étrange cortège, l’aveugle (le macronisme qui n’a rien vu venir) guide le paralytique (le PS et les Verts, plus destructeurs encore), suivi de ce que la politique française a produit de plus destructeur (les Verts, bourreaux des agriculteurs, ou les banlieues islamisées, enrôlées sans vergogne).

 Macron s'expose à la colère des Français... 

Jusqu’à ce que la déflagration finale, à la présidentielle, ne débarrasse enfin la France de ces politiciens à la fois artisans et rentiers du désastre.

 En attendant, comme un noyé, le Président s'agite sans fin et enfonce la France dans son propre échec.

Marc Baudriller
Par Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste 
 
ET AUSSI
 

Grands vainqueurs, grands vaincus : gauche repoussoir et droite d’avenir

Macron Mélenchon

Ce second tour inattendu qui a déjoué les pronostics des sondages est d'abord le résultat de l'alliance contre-nature entre la gauche et la Macronie, qui se sont sauvées l'une l'autre par le biais des désistements. 

A tout seigneur, tout honneur, passons en revue cette cohorte de la honte.

 

Les repêchés de la macronie

En ballotage difficile, l'ancienne première ministre Elisabeth Borne a sauvé son siège dans le Calvados, avec 56 %, contre Nicolas Calbrix, le candidat RN. 

La mère de la réforme des retraites votera-t-elle le détricotage de sa réforme prévu par le programme du NFP ? 

Même sauvetage par LFI pour le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, dans le Nord, avec 61 %.

 

Un président socialiste et un fiché S sauvés par la macronie !

Dans cette catégorie encore inimaginable il y a quelques semaines, c'est François Hollande qui, bien sûr, remporte la palme : bien que désavoué par Claude Chirac, il a été soutenu par LFI et la Macronie. 

Résultat : 43 % pour l'ancien président, dans une triangulaire qui l'a certainement sauvé. Palme que lui dispute l'autre figure repoussoir de la gauche que la macronie peut se targuer d'avoir fait élire, Raphaël Arnault, à Avignon.

 Louis Boyard, réélu dans le Val-de-Marne, ne sera plus seul à transformer l'Assemblée en AG de l'UNEF ou en ZAD. 

Une alliance de la honte dénoncée par Geofroy Lejeune.

 

Ces grands de la macronie à l'élection facile

Le Premier ministre Gabriel Attal et son ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné ( à 72 %...) ont été facilement réélus dans leurs circonscriptions bourgeoises des Hauts-de-Seine, tout comme Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée sortante, ou Aurore Bergé.

 

Des macronistes historiques battus

Olivier Véran a été battu par un candidat LFI en Isère, tout comme les ministres Stanislas Guerini et Sarah El Haïry.

 

Les inclassables

On notera la défaite d'Emmanuelle Ménard, battue par le candidat RN, et la victoire sur le fil du centriste Charles de Courson, élu sans interruption depuis 1993 dans la Marne, face au RN.

 

Les LR canal historique résistent

Laurent Wauquiez a été élu à 60 % dans son fief de Haute-Loire. 

Il a déclaré refuser toute coalition ou compromission. 

A noter aussi la victoire sur le fil de Vincent Jeanbrun (LR) , avec 544 voix, face à Rachel Keke (LFI) dans la 7e du Val-de-Marne.

 Olivier Marleix, patron des députés LR, a été réélu dans l’Eure-et-Loir, avec plus de 57 % face au candidat du RN, Olivier Dubois. 

Tout comme Annie Génevard, dans le Doubs.

 

Le succès des LR-RN

Eric Ciotti peut se féliciter de son choix.

 Non seulement, il a fait élire son équipe des Alpes-maritimes (quatre sièges à Nice), mais l'alliance RN-LR a aussi permis l'élection de Brigitte Barèges dans le Tarn-et-Garonne contre la vice-présidente socialiste de l'assemblée Valérie Rabault, de Bartolomé Lenoir dans la circonscription de la Creuse, à la faveur d'une triangulaire, et d'Alexandre Allegret-Pillot, qui a remporté le dernier bastion LFI des Cévennes . 

Ce qui fait du Gard un département 100% RN-LR.

 Eric Ciotti devrait être en mesure de constituer un groupe de 15 députés à l'Assemblée.

 Une déception : le jeune LR Guilhem Carayon, battu de peu dans le Tarn.

 

Les éditorialistes de Cnews

Ils avaient retenu l'attention des médias : si Guillaume Bigot a été élu de justesse à Belfort, Pierre Gentillet a été battu, à 48 %, dans le Cher, mais il prend date pour la suite.

 

Le groupe RN sort renforcé

Après les élus du premier tour, plusieurs personnalités ont été élues ou réélues : Roger Chudeau, dans le Cher, Christophe Barthès, dans l'Aude, contre Philippe Poutou, du NPA; les jeunes Jorys Bovet largement réélu dans la 2e circonscription de l'Allier et Gaëtan Dussausaye élu dans les Vosges.

 On notera aussi l'élection de proches de Marion Maréchal : Anne Sicard, ex-candidate Reconquête, est élue députée RN à l'issue d'une triangulaire dans le Val-d'Oise et Thibault Monnier l'emporte dans la Drôme.

Mais dans le camp national, les déceptions sont bien là : la défaite serrée de Grégoire de Fournas en Gironde ou de Marie-Caroline Le Pen dans la Sarthe; celle de Nicolas Dupont-Aignan, dans sa circonscription de l'Essonne au profit d'un LFI, à cause du maintien d'un candidat LR. sont amères.

Ce catalogue ressemble à une liste à la Prévert, aussi hétéroclite à gauche que la nouvelle assemblée sortie des urnes.

 Si le camp national ne cache pas sa déception, sa progression, sa stratégie d'alliance, le doublement de ses sièges en deux ans seulement et l'émergence de nouvelles figures sont des éléments porteurs d'espoir pour les années qui viennent.

Frédéric Sirgant
Par Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire 
 
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[EDITO] 

Une victoire indécente et en trompe l’œil

carte électorale

 

Halte au sketch, aux congratulations, à la gloriole bruyante. 

Car ce tapage triomphant n’est qu’un grossier trompe l’œil. 

Tout est affaire de récit.

 Jean-Luc Mélenchon, peu après 20 heures et la publication des résultats signant l’arrivée en tête Nouveau Front populaire prend la parole. 

Il se réjouit bruyamment de la défaite du Rassemblement national, qui à l’écouter aurait été balayé.

 Mais la réalité est tout autre : si l’on en croit les estimations à l’heure où j’écris ces lignes, son parti La France Insoumise, stagne, tandis que le Rassemblement national voit son nombre de députés presque multiplié par deux. 

 

En nombre absolu, le Rassemblement, national a rassemblé près de neuf millions de voix, contre  7 millions pour le NFP et un peu plus de 6 millions pour Ensemble.

 L’apparent succès du Nouveau Front populaire n’est lié qu’à une entourloupe arithmétique, comme un bilan d’entreprise au bord de la faillite qui maquille son bilan en additionnant adroitement des lignes comptables.

 Et cette entourloupe va permettre à la gauche de diriger un pays ayant voté à droite.

Évidemment, le résultat du RN n’est pas celui annoncé, loin s’en faut.

 Bien sûr, le barrage, même usé et essoufflé, a une fois de plus fonctionné. 

Naturellement, le gouvernement de coalition qui s’annonce à de quoi inquiéter, sur tous les plans : celui de l’immigration, de la sécurité, de la justice, de l’économie, du sociétal… 

Sans parler des élus plus que douteux : un fiché S - en la personne de Raphaël Arnault, député à Avignon, la ville où a été tué le policier Éric Masson, quel symbole ! - fait son entrée à l’Assemblée nationale. 

Mais ouf grâce aux front républicain, la danger RN est écarté. 

Quel soulagement, la France peut dormir tranquille, n’est-ce pas ?

 

Sauf que s’il y a une dynamique, elle est du côté du RN.

 Et ces désistements bricolés ne peuvent effacer le motif même de ces élections législatives : le résultat des Européennes.

Parmi tous les commentaires entendus sur les plateaux de télévision ce dimanche soir, ceux de l’ancien ministre de la Défense et centriste Hervé Morin sont sans doute les plus sages car les plus humbles et les plus inquiets : que l’on puisse refermer tranquillement le couvercle sur la cocotte-minute des Européennes et du premier tour des législatives, bien ligotée avec la vieille grosse ficelle du cordon sanitaire, en s’imaginant que le contenu va se volatiliser est une folie.

 Il va au contraire macérer, montrer en pression. 

Jusqu’aux prochaines élections. 

 Les Présidentielles.

 

En attendant, place de la République les émeutes ont commencé. 

Quand l'extrême-gauche perd, elle casse tout. 

Quand elle gagne, elle casse tout aussi.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste
 
 

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