samedi 27 juillet 2024

CÔTOYER LES CRACKERS DU CANAL SAINT-DENIS ......

 

[REPORTAGE] 

Côtoyer les crackers du canal Saint-Denis au quotidien

Le "mur de la honte". © Gabriel Decroix
Le "mur de la honte". © Gabriel Decroix

BV s’est rendu le long du canal Saint-Denis, quais de la Gironde et de la Charente, dans le quartier Rosa-Parks. 

C’est là qu’un collectif de 400 riverains, le collectif « Rosa Craque », mobilisé contre le trafic de drogue dans le quartier, a signalé tout récemment la présence de nombreux crackers et d’un marché de crack au bas de la « passerelle rouge ».  

« Même si on nous a enlevé tous les crackers qu’il y avait, nous sommes dans une zone de crack entre les pôles de Stalingrad, d’abord, porte de la Chapelle, porte de la Villette et porte de Pantin », relève Claude, un boucher interrogé par BV dans un café.  

« Qu’on nous en rajoute ou qu’on nous en enlève, il y en a toujours eu et nous en aurons toujours.

Le long des quais qui jouxtent le parc de la Villette et qui croisent l’avenue Corentin-Cariou, l’on peut voir de nombreux campements, avec des jeunes hommes. « Attention, il ne faut pas tout mélanger […] ce sont des migrants, pas des crackers », explique Claude.

 La mairie passe régulièrement avec des poubelles pour maintenir un minimum de propreté. « Minimum » est le mot.

Aux abords du fameux mur de la honte, construit pour empêcher l’accès des crackés de la porte de la Villette vers Pantin, nous rencontrons Divine.

 La jeune femme promène ses chiens dans le square : « Il y a quelques mois, ni vous ni moi ne pouvions rentrer, la police non plus. 

 Juste par l’odeur : celle de la drogue et des personnes », raconte-t-elle.

 Elle explique qu’il y avait une centaine de personnes « SDF, drogués, sans papiers », évacués par une quarantaine de camions de gendarmes.

 

[Reportage]
Comment les migrants victimes des passeurs basculent dans le crack pic.twitter.com/TmXIvsGbIn

Divine nous confirme que des associations comme Utopia 56 ou l’Armée du salut, vent debout contre une interdiction de distribution de colis alimentaires en fin d’année 2023 dans le quartier, sont très actives. 

Elles apportent nourriture et vêtements aux crackers issus du square. 

Divine explique aussi l'écosystème local : des jeunes sont là pour protéger les riverains et les écoliers des crackers.

 

Une économie locale durement affectée

Derrière la résidence, du côté du périphérique, le gérant du Diagonal, interrogé par Le Parisien, dresse le bilan : « On a perdu entre 20 et 30 % de chiffre d’affaires » depuis la crise sanitaire. 

Un cabinet dentaire a même fermé

. À deux pas, nous interrogeons le pharmacien de la porte de la Villette. 

Les vols ? « Nous avons dû mettre en place un dispositif de sécurité à nos frais pour prévenir ce phénomène », explique-t-il. 

Ce ne sont pas les seuls commerçants à en être victimes, selon le collectif « Rosa Craque ».  

« Personne n’a voulu nous aider, ni la mairie du XIXe, ni celle d’Aubervilliers, et beaucoup de clients quittent le quartier, car il y a beaucoup de gens qui traînent autour. » 

 Juste à côté, c'est un Darty qui a fermé, après avoir été saccagé lors des émeutes, en juin 2023, et avoir souffert de la présence des dealers et des consommateurs.

 Claude égrène les mésaventures des commerçants de la rue Corentin-Cariou, et notamment le Franprix, tenu par des Chinois. 

 Interrogée, la gérante de la supérette confirme les propos du boucher.

 

Et maintenant ?

« On est embêtés qu’ils aient mis un autre camp à deux minutes », regrette le pharmacien.

 Les drogués sont désormais entre porte de la Villette et le centre Commercial le Millénaire, la passerelle rouge de la darse du Millénaire, occupée par une cinquantaine de personnes, selon Divine.  

« Ce que je remarque, poursuit-elle, c'est qu’il n’y a pas de grosses améliorations. 

On a peur que ce soit pire après les JO, ce dispositif de CRS ne va pas être maintenu après. »

Le collectif « Rosa Craque » révèle à BV que des associations empêchent souvent la police d’agir. 357 trafiquants ont été interpellés en 2023.

 Laurent Nuñez, le préfet de police, reconnaissait que les forces de l'ordre ne font souvent que disperser les usagers en journées. 

 Élise Lavielle, sous-préfète, déclarait en Conseil de Paris, en octobre : « Il faut impérativement monter en puissance sur le dispositif sanitaire et social. Les policiers ne sont pas des médecins. 

» À ce jour, il y a 610 places d’hébergement prévues pour les toxicomanes. 

Un nombre de places en augmentation, mais insuffisant pour la totalité des usagers de crack.

 

Les Jeux olympiques vont permettre aux riverains de respirer un peu avec les solutions court-termistes et incomplètes proposées par l’État, la municipalité, la police.

 Dans un tweet, non sans ironie, le collectif « Rosa Craque » déclare attendre les JO de pied ferme.

Gabriel Decroix
Par Gabriel Decroix
Étudiant journaliste 
 
 
 
 ET AUSSI
 
VIDÉO :   https://www.youtube.com/watch?v=n-JejABcjuc&t=10s 
 

Source et Publications :     https://www.bvoltaire.fr

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