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Causeur est allé voir hier soir le spectacle du politologue
C’est dans une salle de deux cents places à moitié vide que le politologue Thomas Guénolé s’élance dans son seul-en-scène, tel Zorro, un cavalier qui surgit hors de la nuit.
Il veut raconter son périple au sein de la flottille qui rêvait de briser le blocus maritime de Gaza. D’entrée de jeu, il annonce la couleur : son aventure sera « la guerre d’Espagne de notre époque ».
Pendant près de deux heures, accompagné par un jeu de lumières furtif et clignotant, il déploie son talent pour dramatiser des histoires sans enjeu, décrire l’épouvante qu’il ressent face à des situations sans danger, donner à de simples anecdotes des airs d’épopée.
Ainsi, il pousse jusqu’au bout la dramatisation de péripéties, depuis la séance d’entraînement avant l’embarcation, au début officiel de l’aventure en tant que « pirate des mers ».
Une flotte hippie
Bien volontiers, il confesse que l’assemblée qui l’accompagne au bord de la croisière est faite « de gauchistes et de punks à chien », personnages dont il vante « le courage extraordinaire ».
Parmi eux, des « révolutionnaires » de tous types.
Par exemple Tabea, éboueuse suisse par vocation, qui « croit et aime son métier », virée de son travail pour avoir « trop parlé de la Palestine », qui embarque à bord du bateau en tant que spécialiste des déchets.
Joe « le musulman pratiquant » qui dort dans le même lit que lui, et avec qui les blagues sur leurs potentielles nuits torrides s’enchaînent à longueur de journée.
« Nous sommes une flotte de hippies et nous en sommes fiers », insiste-t-il, des étoiles dans les yeux, avec la naïveté touchante d’un enfant de cinq ans. Arrive enfin cet instant suspendu dont un extrait a été révélé sur internet en avant-première.
Celui dans lequel il s’émeut de la voûte céleste, qui s’illumine en pleine mer… « Chaque nuit je pouvais voir la lumière…
La première fois que j’ai vu ça, j’étais tellement ému que j’en ai pleuré », confesse-t-il, après une seconde de silence pour accentuer la portée dramatique.
Et bien sûr, nous pleurons presque avec lui.
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À hauteur d’un enfant, peu enclin à s’arracher à lui-même, Thomas Guénolé incarne le personnage principal de sa pièce.
Il est le protagoniste principal de bout en bout. Thomas Guénolé scénarise sa vie et se voit en résistant.
A mesure que le récit s’installe, le spectateur s’enfonce dans les pensées profondes du politologue, faites d’idéal et d’angoisse, de romantisme naïf et de simplification politique.
Il y a les méchants israéliens d’un côté, les gentils palestiniens de l’autre.
Et puis, dans son imaginaire, il y a toutes ces peurs, ces catastrophes auxquelles il est convaincu d’avoir échappé.
« J’aurais pu perdre un doigt », explique-t-il au moment du cordage, « j’aurais pu » être tué par des soldats israéliens, assure-t-il au moment de l’arrêt du bateau, il « aurait pu » toutes sortes de choses, tandis que l’expédition s’est terminée comme prévu : par un retour à l’envoyeur, c’est-à-dire une expulsion vers l’aéroport direction chez lui.
Torture
Autre question : dans la présentation de la pièce, Thomas Guénolé affirme avoir été torturé par les soldats israéliens.
Qu’a-t-il subi exactement ?
Il le détaille dans son spectacle, à savoir, des « privations de sommeil », c’est-à-dire qu’il n’a pas pu dormir la nuit lorsque l’équipage a été arrêté en attendant d’être renvoyé à la maison.
Ces monstres sadiques d’Israéliens venaient la nuit allumer la lumière des cellules par intermittence, ce qui vaudrait pour lui les pires sévices de Guantanamo !
Il raconte ce bruit des chiens qui circulaient dans les couloirs la nuit et qui éveillait chez ses amis de combat des peurs insoupçonnées…
Tout cela qui est, selon le droit international, assimilé à de la torture, affirme-t-il…
Et puis, il y a bien sûr l’armée des drones, racontée comme dans Star Wars, qui est apparue une nuit, alors qu’ils étaient encore sur le bateau.
Une preuve supplémentaire, selon Guénolé, que l’armée israélienne a craint son embarcation au plus haut point – sinon pourquoi monopoliser trois drones pour les surveiller ?
Clou du spectacle : l’armée israélienne a piraté les communications du bateau en diffusant du Abba, à plusieurs reprises, ce qui a réveillé brutalement notre héros.
« Une annonce sadique », explique-t-il. Abba, dont les chansons viendront accompagner la fin du spectacle, preuve qu’elles ne demeurent pas pour lui si traumatisantes.
Bref, Thomas Guénolé va bien, il a beaucoup d’histoires à raconter et une imagination débordante.
En tant qu’acteur ou scénariste, il peut tenter sa chance à Hollywood.
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