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Boualem Sansal, libre par grâce… et par calcul
L’information a de quoi réjouir ceux qui n’ont jamais cessé de défendre la liberté de l’esprit : Boualem Sansal, romancier franco-algérien, 80 ans, a enfin retrouvé la liberté après près d’un an de détention.
Officiellement, il s’agit d’une grâce « pour raisons humanitaires ».
En réalité, c’est une manœuvre diplomatique soigneusement orchestrée, un marchandage de coulisses entre chancelleries européennes et palais présidentiels.
L’auteur du Serment des barbares, voix libre dans un monde arabe corseté par la peur et les tabous, avait fini par symboliser, malgré lui, tout ce que le régime algérien déteste : l’indépendance d’esprit, la critique du pouvoir, la fidélité à une certaine idée de la civilisation.
Que l’Allemagne ait servi d’intermédiaire est révélateur.
Paris s’imaginait n’avoir plus aucun levier.
Berlin, lui, a offert à Alger une sortie honorable, tout en se drapant dans les vertus de l’humanisme.
Le président Tebboune, qui doit bientôt fouler le sol allemand, pouvait difficilement se présenter à Berlin avec un intellectuel malade et respecté croupissant encore en prison.
Tout le monde y trouve donc son compte :
– Tebboune peut se poser en chef magnanime, libérant un vieil homme au nom de l’humanité.
– Steinmeier engrange un succès diplomatique face à une Europe impuissante.
– Macron, lui, se félicite discrètement du « rétablissement du dialogue » sans avoir rien obtenu.
Mais derrière le vernis diplomatique, le message est glaçant : un écrivain doit sa liberté non à la justice, mais à la convenance politique du moment.
C’est une humiliation pour l’intelligence, et une gifle pour l’idée même de liberté d’expression.
Boualem Sansal a été puni pour avoir pensé, puis libéré pour apaiser.
Ce n’est pas une grâce, c’est un troc.
Et tandis que Paris s’auto-félicite d’un « dégel » avec Alger, les causes profondes de cette servilité persistent : la peur de déplaire à un régime autoritaire, la dépendance énergétique, la tentation permanente de troquer nos principes contre un peu de stabilité diplomatique.
L’écrivain, lui, n’a rien demandé.
Il a payé le prix d’une parole libre dans un monde où la liberté s’achète et se négocie.
Que sa sortie de prison ait nécessité un « alignement des planètes » en dit long sur l’époque.
Car au fond, cette libération ne dit pas la grandeur des États — elle dit leur petitesse.
Source : https://lalettrepatriote.com/boualem-sansal


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