REVUE DE PRESSE !
«Cachez cette photo que je ne saurais voir»
La présence d’enfants voilées à l’Assemblée nationale, le 5 novembre, a provoqué une polémique.
Malgré cela, la gauche anti-laïcité est parvenue à imposer son récit, présentant cette apparition comme autorisée dans les tribunes du palais Bourbon.
découvert, erte
(dé-kou-vêr, vèr-t’) part. passé de découvrir
1 Qui n’est pas couvert. Ils ont toujours la tête découverte
. Une maison encore découverte. La cuisinière trouva le pot-au-feu découvert.
Ils ne savent pas que c’est une femme découverte et non une femme nue qui est indécente, Diderot, Salon de 1765, Œuvres, t. XIII, p. 18, dans POUGENS.
Qui a la tête découverte.Vous ne vous contentiez pas que je me tinsse découvert devant vous, Pascal, Conv. 2.
En même temps Foucault s’est couvert et a lu l’arrêt ; M. Fouquet l’a entendu découvert, Sévigné, Lett. 22 déc. 1664.
Définition dans le dictionnaire Littré.
Donne lieu à une polémique la sortie scolaire à l’Assemblée nationale de mercredi dernier, le 5 novembre, qui avait été organisée par le député Modem Marc Fesneau.
En effet, une photographie fut prise par Julien Odoul, député du rassemblement national, dans laquelle on peut voir, dans la tribune réservée au public, des fillettes affublées du hijhab.
M. Fesnau explique :
« Des élèves de deux établissements scolaires privés ont visité hier l’Assemblée nationale, à leur demande, et dans le cadre d’un projet de l’un des établissements [ça ne s’invente pas] ‘Démocratie et citoyenneté’ ».
(Il est interdit de rire, mais il est permis de sourire).
Les réactions ne se sont pas fait attendre.
D’une part, on dénonce une atteinte à la laïcité citoyenne; la présidente de l’Assemblée nationale elle-même, Mme Yaël Braun-Pivet, exprime sa réprobation au nom de la « cohérence républicaine ».
De l’autre, on déchire sa djellaba en hurlant à l’islamophobie et on parle même audacieusement d’« instrumentalisation du principe de laïcité » dont seraient victimes de jeunes enfants.
D’ailleurs, Mme Yaël Braun-Pivet se ferait la complice de l’extrême-droite vu que la photo en question a été diffusée par Frontières; cependant, on se demande où est le problème vu que ce média jouit pleinement de la liberté de la presse et que la photo n’était pas truquée.
Sans oublier que l’on peut tenir pour acquis que tel était le but précis de la manœuvre effectuée par les écoles concernées : jouer les crucifiés.
Mais que dit le droit?
Marine Tondelier, qui évoque également l’islamophobie, donne le cadre jurique général : « il y a ce qui est autorisé et ce qui n’est pas autorisé, ce n’est pas interdit ».
En dépit de sa formulation très maladroite, on devine qu’elle pense sans doute à l’universelle « norme générale de liberté » : est permis tout ce qui n’est pas interdit.
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Les bonnes âmes inféodées aux lobbies religieux signalent, correctement, que la loi de 2004 qui prohibe, dans les établissements scolaires – et évidemment en sortie scolaire – le port de signes religieux ostensibles, ne vise pas les institutions privées.
C’est là enfoncer une porte ouverte.
Le jésuitique Éric Coquerel, pour sa part, pose la question suivante à Mme Braun-Pivet : « Pouvez-vous me dire à quel règlement de l’Assemblée vous faites référence pour interdire des signes religieux au public qui visite l’Assemblée ? ».
Antoine Léaument, lui, est catégorique : « aucune loi n’interdit le port du voile à l’Assemblée ».
Et la patronne des Ecologistes est d’avis que « les huissiers de l’Assemblée sont très scrupuleux, donc si ça avait été interdit, elles ne seraient pas arrivées jusque-là ».
Ces représentants du peuple français lancent ainsi aux intéressés une judicieuse invitation à commencer par le commencement et à nous pencher sur le texte applicable.
L’article 8 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dispose : « pour être admis dans les tribunes, le public doit porter une tenue correcte » et se tenir « assis, découvert et en silence ».
Il est donc exact qu’il y a libre accès au Palais-Bourbon peu importe l’accoutrement du visiteur, à l’exception, cependant, de la tribune où l’on peut assister aux travaux de l’Assemblée.
Pour sa part, le service communication (ou plus exactement com’) de l’Assemblée nationale nous informe que
« Le port de tenues manifestant une appartenance religieuse n’est pas en soi interdit.
Ce n’est que dans le cas où le président de séance estimerait que le port de telles tenues est de nature à troubler l’ordre ou le bon déroulement des débats qu’il pourrait être amené à prendre des mesures… cette tolérance permet d’accueillir en tribune des députées ou d’autres invitées étrangères voilées ».
En effet, on précise que « l’article 8… n’est pas interprété à la lettre »! Chacun appréciera l’euphémisme.
C’est là feindre d’ignorer qu’un texte clair, par définition, ne peux faire l’objet d’« interprétation » : l’on n’« interprète » pas une formule mathématique.
C’est d’ailleurs une des failles de l’herméneutique juridique française où l’on invoque trop souvent spécieusement le soi-disant « esprit » d’un texte pourtant univoque afin de le contourner et même de le modifier.
Or, cette disposition ne comporte aucune exception, aucune possibilité de « tolérance ».
L’expression correcte eût donc été : « L’article 8 n’est pas appliqué dans tous les cas » : l’on accorde occasionnellement des passe-droits, notamment aux gamines.
(Incidemment, l’on peut supposer que ces étrangères seraient heureuses de se soumettre à la lettre de cette disposition, qui leur fournirait une libération, quoique éphémère.
Sans oublier que les femmes occidentales se trouvant, par exemple en Iran, ou en Afghanistan, à quelque titre que ce soit, n’ont jamais droit à une quelconque « tolérance » les dispensant de la lettre chariesque).
D’aucuns invoquent un flou juridique, pourtant imaginaire.
En ce qui concerne l’aspirante présidente Tondelier, on lui répondra que cette norme générale de liberté se heurte ici à une interdiction précise, consacrée par le participe passé « découvert » dont la portée sémantique est indiscutable.
Et la possible négligence des huissiers n’a aucune incidence linguistique.
À noter l’outrecuidance de plusieurs députés, dont l’onctueuse Sandrine Rousseau, qui activent la glande lacrymale et posent bien soudainement comme protecteurs de l’enfance malheureuse : ils voudraient voir dans cette polémique la stigmatisation d’« enfants »; Marc Fesneau abonde, finalement, dans le même sens et rejette « des polémiques inutiles qui viennent surtout jeter des enfants à la vindicte populaire ».
Du Hervé Bazin et du Jules Renard pur jus.
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(Note : en l’occurrence, « enfants » est un terme piquant vu que, selon les informations disponibles, il s’agit d’élèves de CM2, donc nubiles, ou sur le point de l’être aux termes de la charia; pour mémoire, selon l’éminente doctrine du regretté Ayatollah Khomeny, est proclamée apte à la reproduction la femme dès son 9e anniversaire, ou, en cas de maturité sexuelle incomplète, au moins habilitée à canaliser, d’une manière ou d’une autre, les bouillonnements maritaux).
Que nenni.
Les défenseurs de la laïcité ne songent nullement à s’en prendre à ces fillettes qui sont bel et bien des victimes, mais à la mouvance religieuse rétrograde dont elles sont captives et qui lui servent de chair à canon; en revanche, ils exposent l’instrumentalisation, et même la provocation auxquelles se livrent les donneurs d’ordre.
Il ne faut pas se tromper de chefs d’orchestre.
En résumé, on ne peut, en effet, que constater et déplorer, sinon un flou, une certaine incohérence dans l’article 8 dans la mesure où il est muet sur les oripeaux religieux en tant que tels.
Il en résulte que, en l’état, peut prendre son siège à la tribune le prêtre catholique enseignant à Bétharram en visite à Paris et étranglé par son col romain; en revanche, en sont exclus les popes grecs orthodoxes, les juifs orthodoxes portant la yarmulke ou le schtreimel, les sikhs (dont le turban dissimule un kirpan) et les bonnes sœurs à cornettes.
Et donc les musulmanes cloitrées dans leur voile.
Cependant, quid du moine bouddhiste Matthieu Ricard?
Impossible de nier qu’il est « découvert », mais sa tenue est-elle « correcte » ?
SOURCE : https://www.causeur.fr/cachez-cette-photo-que-je-ne-saurais-voir-voile-filles-assemblee

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