Il y a quelques années de cela, Catherine Deneuve subissait les foudres de la bien-pensance pour avoir signé une tribune défendant le droit d’importuner.
Le texte, au titre un tantinet mal choisi, soulevait le problème de la criminalisation drague induite par la déferlante Me Too et le féminisme hargneux qui irrigue notre société.
L’initiative masculine devenait une manifestation de la domination des hommes sur les femmes… au grand dam de ces dernières.
Car la séduction, ce n’est pas seulement une histoire – déjà considérable en soi ! – de piquant et de passion, d’excitation et de désir. Non, la séduction ce n’est pas que ce qui suit – ou pas – le frisson d’une rencontre singulière.
L’action de faire la cour a aussi et surtout à voir avec le choix : il m’a choisie moi et pas une autre.
Il dit que pour quelque raison, monsieur me préfère à quelqu’un d’autre.
Bien sûr, la séduction peut être équitable, mesdemoiselles peuvent même prendre l’initiative.
Mais quelle est la femme qui n’aimera pas penser « j’ai été choisie ? », et donc sous-entendu « je vaux plus à ses yeux que les autres » ?
C’est là le thème central de la littérature courtoise dont notre pays est le champion : faire la cour, inlassablement.
Car plus elle est longue, plus elle est acharnée – et donc plus elle se heurte à une absence larvée de consentement à dépasser – et plus elle est sincère, authentique, ressentie.
La séduction se loge aussi – et surtout – dans le non-dit, dans cet espace qui n’est ni le consentement, ni son absence, qui n’est ni oui, ni non, mais peut-être.
Voilà ce que l’on tue lentement en voulant contractualiser la rencontre.
Voilà ce que les nouvelles générations ont perdu en chemin en culpabilisant L’homme, en châtrant l’initiative masculine.
Par peur de manquer de respect, qu’un mot ou un geste soit mal interprété, beaucoup d’hommes renoncent maintenant à faire le premier pas
L’art d’entreprendre, de montrer de son énergie est interdit.
Les crimes des uns sont mis sur le même plan que la galanterie des autres, la flatterie est transformée en agression, avec pour conséquence l’atomisation des rapports homme-femme.
Et le pire, c’est que cela impacte exclusivement les braves types, ceux un tant soit peu attentifs au discours ambiant des femmes.
Les autres, les « wesh, file moi ton 06 ! », ceux-là mêmes qui ont ruiné cette convivialité de rue que nos grand-mères ont connu, continueront à harceler parce qu’ils n’ont que faire des discours ambiants et encore moins de la parole des femmes.
Bien draguer, c’est faire preuve de courage, puisque la défaite est toujours possible.
C’est prendre le risque d’une humiliation.
Mais mesdames sont sommées de cesser d’aimer les courageux, le courage, c’est trop viril…
Bien draguer, c’est faire des efforts pour se montrer sous son meilleur jour, étaler ses charmes… ou s’en inventer aussi !
Alors bien sûr, on peut tomber sur des salauds…
Mais les femmes sont-elles des petites choses fragiles ?
Apparemment, on a décrété que oui, qu’elles ne sont plus capables de rembarrer les lourds et les connards.
La possibilité d’afficher leur caractère est ainsi niée : c’est vers les tribunaux qu’elles doivent désormais se tourner.
On pourra regretter que de tels mots proviennent toujours de boomeuses comme on dit maintenant.
Mais cela parce que nous savons ce que vous, vous avez perdu.
À vouloir un homme déconstruit, vous n’aurez pas la chance d’être voulues virilement et pourquoi pas, ardemment chassées !
Et si nous avons toutes succombé un jour ou l’autre à quelque immoral manipulateur, nous n’en sommes pas mortes pour autant.
Alors… vive le sexisme bienveillant !
Par Audrey D’Aguanno
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