samedi 12 avril 2025

GÉOPOLITIQUE : LA RÉVOLUTION TRUMPISTE EST PROFONDE ET TOUCHE LA MONDIALISATION ......

 


Trump enterre les mythes du libre-échange et de la mondialisation

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Trump enterre les mythes du libre-échange et de la mondialisation

Raphael Machado

Source: https://jornalpurosangue.net/2025/04/04/trump-sepulta-os-...

 

Lorsque nous avons affirmé l'année dernière que l'élection de Trump serait très disruptive pour l'hégémonie mondiale libérale, nombreux sont ceux qui nous ont accusés d'être des « trumpistes », des « néoconservateurs » et de nous ont asséné une multitude d'injures.

Mais les décisions de Trump en matière de politique intérieure confirment notre analyse. 

En fait, aujourd'hui, je dirais que Trump est plus disruptif que je ne l'aurais même imaginé en 2024.

Je me rappelle d'ailleurs qu'au moment de l'annonce de la fermeture de l'USAID, les membres de la « gauche émotive » (qui ne peut tout simplement pas accepter que Trump était une option plus disruptive que Biden) sont immédiatement venus dire, dans des tons oraculaires, que les ressources de l'USAID seraient simplement réaffectées.

Non. Cette semaine, la fermeture de l'USAID a réellement été confirmée et l'argent serait réintégré au budget, sans aucune prévision spécifique de continuer à utiliser le même argent de la même manière à travers d'autres programmes et agences. Il est clair que les États-Unis continueront à projeter leur influence à travers le monde, ils l'ont toujours fait.

 Mais un des principaux agents de cette projection a été fermé et le budget pour ce type d'activité a diminué de manière significative. 

Désormais, l'initiative privée sera encore plus pertinente dans ce domaine.

Eh bien, en matière économique, le fait même que Trump envisage un retour au « système américain » d'Hamilton, avec une politique commerciale basée sur des tarifs douaniers destinés à protéger et promouvoir l'industrie nationale, est déjà un grand succès.

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Et cela pour une raison simple : depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus les paladins du libre-échange. Ils ont créé l'Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce (GATT) par lequel ils faisaient pression sur d'autres nations pour qu'elles réduisent leurs barrières douanières pour les produits du Bloc Atlantique.

Plus significativement, les États-Unis ont mis leur poids derrière un establishment académique économique qui a pratiquement relégué toutes les théories et écoles économiques antilibérales dans la catégorie de l'« hétérodoxie ».

 Cela s'est branché sur le financement de think-tanks libéraux à travers le monde, y compris au Brésil, où ces think-tanks sont déjà complètement impliqués dans la politique et la production culturelle.

Le GATT est devenu l'Organisation Mondiale du Commerce au sommet du moment unipolaire, lorsque, après la déclaration du « Nouvel Ordre Mondial » par George Bush et le Consensus de Washington, on croyait que le monde était arrivé à la « Fin de l'Histoire », lorsque toutes les nations du monde s'intégreraient indistinctement dans un chaudron cosmopolite fragmenté, dans lequel les flux de capitaux, de biens et de personnes seraient parfaitement libres.

Pendant toute cette période, c'était Washington qui impulsait des accords de libre-échange dans le monde entier, comme le malheureux projet ALENA et plusieurs autres qui nuisaient clairement aux économies des pays qui les acceptaient.

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Les déclarations publiques du vice-président Vance vont toutefois dans un sens exactement opposé, en affirmant spécifiquement que, dans la pratique, le libre-échange a également été nuisible pour les États-Unis, en particulier à cause de la désindustrialisation causée par les Reaganomics et de l'essor des États qui, au lieu du libre-échange, ont eu recours à tous les outils de soutien gouvernemental possibles et imaginables.

Au moment où le cœur du système commercial libre-échange recule et décide d'imposer des tarifs douaniers à une grande partie du monde, transformant cela en sa principale stratégie économique, il faut nécessairement prêter attention au fait que la foi dans les mythes du libre-échange a été perdue, en particulier son illusion majeure, celle des « avantages comparatifs ».

Mais la « révolution trumpiste » est encore plus profonde et touche directement la mondialisation.

Au lieu d'un monde de plus en plus intégré, Trump (indépendamment de ses intentions) fracture encore plus la communauté internationale. 

Son anti-européanisme a créé la plus profonde rupture historique entre les États-Unis et l'Europe depuis la période de De Gaulle et de la Crise de Suez, tandis que le Japon, effrayé par Trump, se rapproche de la Chine.

Trump redessine le monde selon ses propres intérêts (qui aujourd'hui impliquent de « réduire les coûts » et de « contrôler les pertes »), mais la conséquence est que les pays devront de plus en plus s'appuyer sur leurs propres voisins et sur les puissances de leurs régions, ainsi que chercher d'autres références et d'autres partenaires bien loin des États-Unis.

Le monde post-Trump sera beaucoup plus proche du nomos planétaire des Grands Espaces prévu par Carl Schmitt, où, au lieu d'une cosmopolis mondiale, nous aurons des blocs civilisationnels et continentaux étroitement associés et tournés vers l'intérieur.

 

ET AUSSI

 

Trump n'est pas si fou...

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Trump n'est pas si fou...

Jordi Garriga

Trump n’est pas un président fou qui a soudainement commencé à imposer des sanctions économiques à tout le monde.

Trump fait tout ce qu’il peut pour sauver les États-Unis d’un effondrement à moyen et long terme. 

Et pour ce faire, il veut revenir en arrière.

Les États-Unis étaient grands parce qu’ils avaient une grande industrie, une grande armée et de grandes ressources. 

La géographie les a aidés dans cette tâche.

Tout cela les a conduits à croire qu’ils avaient une mission dans le monde : leur système était le meilleur, et ils devaient l’étendre à toute la planète, avec eux-mêmes à la barre, en tant que nouvel Israël, enfants bien-aimés de Dieu, puisque le succès économique et la prospérité étaient le signe de l'élection divine.

 Comme ils l’ont affirmé dans leur Déclaration d’indépendance, il s’agit de « la poursuite du bonheur comme un droit inaliénable de tous les êtres humains ».

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Cependant, malgré la puissance idéologique, militaire et économique, il existe de vastes territoires et des milliards de personnes qui n’acceptent pas cette domination, activement ou passivement.

Ensuite, et c’est le plus important, la dynamique du capitalisme détruit les États-Unis, tout comme le parasite détruit son hôte.

Le capitalisme fonde son succès et son existence sur deux piliers: la mobilité (illimitée) et la consommation (de masse). 

Cela implique l’absence de frontières et une expansion totale, tous azimuts.

Les entreprises de chaque pays souhaitent vendre le plus possible au moindre coût.

 Les Américaines aussi. 

Pour y parvenir, ils essaieront de payer le salaire le plus bas possible. Si les travailleurs nationaux s’y opposent, ils feront venir des travailleurs étrangers moins chers.

 S’il n’est pas possible d’en faire venir beaucoup, ils installeront des usines ailleurs où les matières premières et les salaires sont encore plus bas.

 La logique capitaliste règne.

C’est cette logique qui détruit l’Occident depuis le triomphe de la mondialisation dans les années 1990.

 La recherche du profit maximum au coût minimum, désormais sans frontières militaires, idéologiques ou économiques, s’est répandue.

 Mais à mesure que le jeu s’est répandu, le nombre de joueurs a augmenté. 

Et la Chine s’est révélée être un élève très intelligent.

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Un jeu reste amusant jusqu’à ce que vous commencez à perdre. 

Trump, en tant qu’homme d’affaires, a commencé à imposer des mesures économiques pour sauver les États-Unis.

La mesure idéologique ne fonctionne plus.

 L’idée d’un progrès infini a été freinée par l’idée du changement climatique, et l’idée du bien-être individuel en tant que bonheur social a généré des sociétés névrotiques et dysfonctionnelles, avec une épidémie de solitude, de suicide et de maladie mentale.

La stratégie de Trump est de s’appauvrir pour pouvoir revenir à la case départ et relancer le jeu. 

La mauvaise nouvelle est que la Chine est désormais l’acteur principal, mettant en œuvre les politiques qui ont fait de l’Occident cette puissance économique: la tutelle de l’État, le contrôle politique de l’économie, le protectionnisme et l’industrialisation avec des investissements publics massifs ont été, et continuent d’être, les fondements sur lesquels le système capitaliste actuel a été construit.

L’idée de Trump est de relancer la production et la consommation nationales de la richesse américaine.

 Toutes les usines devraient être relocalisées aux États-Unis et seuls les citoyens américains devraient y être employés.

 Pour y parvenir, pour mettre en œuvre des mesures patriotiques et de sauvetage national, il faudra promouvoir des mesures anticapitalistes (pas nécessairement socialistes), telles que l’établissement de frontières nationales et l’arrêt des migrations. 

C’est mortel pour le capitalisme. 

Réussira-t-il ou s’agira-t-il d’un simple interlude ?

Ce qui est certain, c’est que cela va à l’encontre de toute la tradition et de la philosophie des États-Unis

. Cette nation a été construite sur l’idée que tous les êtres humains sont égaux et que nous devrions tous chercher à préserver notre vie, notre liberté et la poursuite du bonheur.

 Comme c'est écrit dans leur Déclaration d’indépendance en 1776.

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Cela rendait chaque personne souveraine, responsable et, du moins en principe, capable de réaliser tout cela. 

Cette idée est le produit de l’expérience historique yankee, lorsqu’un groupe de fanatiques religieux a fui l’Europe et s’est installé en Amérique, devenant souverain quant à sa volonté et son destin.

 Ce succès leur a fait croire que l’individualisme était synonyme de liberté.

C’est pourquoi il n’y a jamais eu de socialisme aux États-Unis, car cela ne correspond pas à leur mentalité. 

C'est pourquoi le socialisme a triomphé provisoirement ailleurs, et pourquoi il a perduré en Chine: le marxisme n'y a jamais affronté de capitalisme qui n'existait pas dans les sociétés traditionnelles, il a donc évolué vers un pré-capitalisme, le même qui a donné naissance au système capitaliste en Occident...

Ce qui est intéressant et extrêmement perturbant, c’est que l’histoire, la culture et la philosophie de la Chine ne sont pas celles de l’Occident.

 En fait, on pourrait même dire que le monde chinois en est le contraire.

 Aucun individualisme n’y a triomphé et leur conception du temps et de l’espace est différente. 

Le chemin historique et les changements qu’il engendrera sont actuellement imprévisibles.

Donc, en ce moment, les États-Unis se rapprochent, comme au 19ème siècle de l'Asie, qui était fermée à l'Europe pour des raisons de protection. 

 

Ils ne peuvent rien faire d'autre. C’est un cycle paradoxal.

La question est de savoir si eux seront également ouverts par la force au reste de la planète par des coups de canon, comme c'était la coutume il y a plus d'un siècle...

 

 

Source et Publication :   http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/04/07/trump





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