Pâques, fête centrale du christianisme dans un monde en perte de foi
Alors que les cloches sonnent à nouveau dans nos campagnes pour annoncer la Résurrection du Christ, une question se pose avec une acuité croissante : que signifie encore Pâques dans une société occidentale largement sécularisée, où la pratique religieuse ne cesse de décliner ?
Pour des millions de chrétiens, catholiques ou orthodoxes, Pâques reste pourtant le cœur vibrant de la foi, la fête des fêtes, celle qui donne un sens profond à toute l’existence humaine.
Mais dans une époque marquée par le relativisme, la perte de la transcendance et la montée de l’individualisme, le message de Pâques semble de plus en plus inaudible.
Pâques, cœur battant du christianisme
Dans la liturgie chrétienne, Pâques est bien plus qu’un simple moment de réjouissance printanière.
Il s’agit de la célébration de la Résurrection de Jésus-Christ, trois jours après sa crucifixion, événement fondateur de la foi chrétienne.
Comme le proclame saint Paul dans sa Première lettre aux Corinthiens : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » (1 Co 15, 17). En d’autres termes, sans Pâques, le christianisme n’existe pas.
La Résurrection n’est pas une métaphore, mais une affirmation centrale et littérale du Credo.
Elle est la victoire de la Vie sur la mort, du Bien sur le mal, de l’Espérance sur le désespoir.
Elle révèle la divinité du Christ et fonde la promesse de la résurrection pour tout croyant.
Cette foi, transmise depuis près de deux millénaires, a forgé la civilisation européenne : son calendrier, son art, son droit, ses fêtes, ses valeurs.
Une fête ancrée dans les rites liturgiques
Pâques ne se comprend pas sans la Semaine Sainte qui la précède.
Elle commence avec le dimanche des Rameaux, commémorant l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Puis viennent les jours saints, notamment le Jeudi Saint (institution de l’Eucharistie), le Vendredi Saint (passion et mort du Christ), le Samedi Saint (jour du silence et de l’attente), jusqu’à la Vigile pascale et au matin de Pâques où l’Église célèbre la Résurrection.
Dans la tradition catholique, la nuit pascale est aussi celle des baptêmes d’adultes, signe que la foi continue de toucher des cœurs, même aujourd’hui.
L’eau, la lumière, les chants de l’Exultet, tout concourt à célébrer la victoire de la vie et de la grâce.
Le paradoxe de la modernité : abondance matérielle, vide spirituel
Mais si Pâques est célébrée avec ferveur dans de nombreuses paroisses, force est de constater que, dans l’ensemble de l’Europe occidentale, la fête est souvent réduite à une symbolique décorative : des œufs en chocolat, des lapins, des repas de famille.
Le sens profond de cette fête, son caractère spirituel et théologique, s’efface peu à peu dans une société marquée par la déchristianisation.
Ce recul n’est pas anodin.
Il s’inscrit dans un contexte plus large de désaffiliation religieuse, de relativisme moral et de rejet des traditions.
En France, moins de 5 % des catholiques pratiquent régulièrement.
Et dans certaines régions urbaines, les églises ferment ou sont reconverties, souvent dans l’indifférence.
Or, cette disparition du religieux laisse un vide.
La société de consommation propose des plaisirs immédiats, mais elle ne répond pas à la soif de sens, à la quête d’espérance, à la question du mal et de la mort.
C’est dans ce contexte que le message de Pâques prend toute sa pertinence.
Pâques face à la crise de civilisation
La Résurrection du Christ n’est pas une histoire ancienne : elle est une réponse actuelle à l’angoisse existentielle de l’homme moderne.
Elle rappelle que la souffrance n’a pas le dernier mot, que le mal peut être vaincu, que la mort est un passage et non une fin.
Dans un monde fracturé, marqué par la guerre, les crises écologiques, le déracinement, les identités vacillantes, Pâques invite à la confiance.
C’est un appel à se recentrer sur l’essentiel, à redécouvrir la dimension spirituelle de l’existence, à renouer avec la tradition chrétienne qui a façonné la France et l’Europe.
Pâques est aussi une invitation à transmettre.
Aux enfants, d’abord : leur faire découvrir que cette fête ne se résume pas à une chasse aux œufs, mais qu’elle raconte l’histoire la plus bouleversante de l’humanité.
Aux jeunes, ensuite : leur montrer que la foi n’est pas une contrainte mais une liberté, qu’elle donne des repères dans un monde sans boussole.
Enfin, aux familles et aux communautés : retrouver le goût du silence, de la prière, du sacré, et peut-être aussi… celui du pardon.
Car Pâques, c’est aussi cela : le tombeau vide, la pierre roulée, la miséricorde offerte à chacun.
À l’heure où beaucoup s’interrogent sur la direction prise par notre société, Pâques propose une réponse simple et radicale : croire que la vie triomphe de la mort, que l’espérance est toujours possible, et que le monde ne se résume pas à ce que l’on voit.
Dans un Occident tenté par le nihilisme, Pâques reste un appel à la conversion des cœurs, à la résurrection intérieure.
Et peut-être, à la résurrection d’une civilisation qui, pour retrouver son âme, devra un jour se souvenir du tombeau vide de Jérusalem
Par Paul D (Gestel, Morbihan).
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Jésus en bande dessinée, par les éditions Mame [+ The Chosen]
Créées en 1796, les Éditions Mame continuent depuis cette date de publier des livres religieux.
Elles viennent de sortir deux bandes dessinées sur Jésus, l’une pour les petits, l’autre pour les grands.
1- Jésus en bande dessinée, pour les petits.
Destiné aux enfants, cet album raconte, en simplifiant les Evangiles, la vie de Jésus, de l’Annonciation à l’Ascension.
Chaque épisode illustré est accompagné de ses références, afin d’aider les enfants à les retrouver dans le Nouveau Testament.
Toni Matas, auteur et éditeur espagnol, a plus de 20 ans d’expérience dans l’écriture de livres et la conception de scenarios de bandes dessinées, de films et de jeux vidéo pour enfants.
Il travaille chez Barcelona Multimedia, une maison d’édition pour enfants qui publie des CD-ROM, des DVD, des jeux sur Internet et des applications pour appareils mobiles.
Il a également écrit les scenarios des livres illustrés par Picanyol.
Josep Lluís Martínez i Picañol (1948- 2021), connu sous le nom de Picanyol, était un dessinateur de bande dessinée espagnol.
Autodidacte, il débute dans les années 1960 sous la direction de Josep Toutain, rédacteur en chef de Barcelona SI Artists, qui introduit en Espagne l’école franco-belge.
Il s’oriente vers un style réaliste, écrivant des westerns et des bandes dessinées d’aventure.
Au début des années 1970, il adopte un style plus humoristique.
Sa création la plus connue est le sorcier Ot el bruixot.
Sa popularité grandit dans les années 1980.
Dans les années 2010, Picanyol s’intéresse à l’Évangile.
C’est ainsi qu’il réalise cette bande dessinée sur l’enseignement de Jésus de Nazareth destinée aux enfants, publiée par Barcelona Multimèdia en 2011.
Elle rencontre rapidement un succès considérable, puisque publiée en Italie, en Pologne, en France, en Allemagne, en Norvège, aux Pays-Bas, en Slovénie, au Portugal, en Grèce, en Croatie, aux États-Unis, en Inde, en Australie, au Brésil et en Russie.
Picanyol a également réalisé d’autres livres sur les Paraboles, François d’Assise, Ignace de Loyola et les Psaumes.
Cet album rappelle inévitablement ceux réalisés par Christine Ponsard (scenario) et Jean-François Kieffer (dessin).
Comme Kieffer, pour cet album sur Jésus, Picanyol s’inspire de la ligne claire chère à Hergé.
Jésus en bande dessinée, 160 pages, 14,90 euros. Editions Mame.
2- The Chosen, Jésus en bande dessinée pour les grands.
The Chosen (L’Élu), ambitieuse série TV américaine financée par le public, retrace depuis 2019 la vie du Christ à travers le regard de ceux qui croisent son chemin.
En France, la série était diffusée sur la chaîne C8 (avant sa fermeture), appartenant au groupe Canal+, dont l’actionnaire majoritaire est Vincent Bolloré, le milliardaire conservateur breton.
Dallas Jenkins, créateur et réalisateur de la série, a pour ambition de tourner 7 saisons pour présenter dans le détail les Évangiles.
Dans les premiers épisodes, la série prend le temps de montrer les Romains, l’identité juive, les Pharisiens…
On découvre le contexte historique de l’époque, celui de la domination du peuple d’Israël par l’Empire romain.
Entre différentes scènes des Evangiles (les noces de Cana, la pêche miraculeuse, la guérison du paralytique, le sermon sur la montagne…), cette série ajoute des épisodes inventés, mais plausibles.
Le spectateur méconnaissant les Evangiles ne fait pas la différence.
Cette série TV est aujourd’hui adaptée en bande dessinée.
Le premier tome, qui vient de sortir, retrace la première saison de la série TV. Il présente Jésus et l’appel des premiers disciples.
À Capharnaüm, deux frères, Simon et André, tentent désespérément de payer leurs dettes fiscales envers Rome.
Leur dossier est suivi par le percepteur Matthieu, considéré comme un traître par ses compatriotes juifs.
Pendant ce temps, Marie Madeleine, ancienne possédée, a été guérie par un homme.
Le pharisien Nicodème enquête sur ce miracle.
Marie Madeleine reçoit des invités lors de son dîner du Shabbat, parmi lesquels Jésus, celui qui l’a guérie.
Simon et André passent une dernière nuit à pêcher, dans une tentative désespérée de rembourser leurs dettes.
André aperçoit Jésus, qui les attend sur les rives de la mer de Galilée.
Après un sermon, Jésus demande à Simon et André de jeter leurs filets.
Une pêche miraculeuse permet alors à Simon et André de rembourser leurs dettes.
Simon, d’abord sceptique au sujet de Jésus, désire maintenant le suivre.
Nicodème interroge Jean le Baptiste sur Jésus, lequel se rend à un mariage à Cana.
Lorsque le vin vient à manquer, Marie demande à son fils d’intervenir.
Celui-ci change de l’eau en un vin délicieux.
Par la suite, Jésus guérit un lépreux sur la route de Capharnaüm, puis un paralytique.
Une nuit, Nicodème rencontre Jésus et découvre son message.
Puis Jésus et ses disciples, dont Matthieu, quittent Capharnaüm pour la Samarie.
En chemin, au puits de Jacob, Jésus rencontre la Samaritaine, une femme souffrante, et lui annonce qu’il est le Messie.
Le scenario du tome 1, de Dallas Jenkins, Ryan Swanson et Tyler Thompson, fait découvrir l’Evangile d’une autre façon.
Marie-Madeleine avait l’esprit torturé par les démons.
Simon et André souffraient de l’oppression romaine.
Matthieu s’était fait de nombreux ennemis au sein de son peuple. Puis, leur vie est transformée par Jésus.
Les scénaristes suivent scrupuleusement les événements décrits dans la série TV, même si toutes les scènes ne sont pas conservées.
Les dessins et couleurs sont de Big Chris.
Cet américain fait partie de Corvus Comics, studio d’art et de bande dessinée créant des œuvres fondées sur la foi.
Avec une équipe de plus de 15 artistes, son objectif est de présenter le message de l’Évangile de façon nouvelle, en mélangeant l’art et la foi.
La devise du studio est « Comics with Kingdom Purpose » (Des bandes dessinées au service du Royaume).
Sur leur site internet, ces artistes expliquent que « Nous sommes particulièrement passionnés d’atteindre les jeunes générations qui sont souvent laissées dans l’obscurité, leur offrant une façon unique et engageante de rencontrer la lumière du Christ ».
La dernière création de ce studio est Histoire de Écriture Livre 01 Abraham.
Le dessinateur n’a pas demandé à une Intelligence Artificielle de transformer cette série TV en bande dessinée, ce qui doit sans aucun doute être possible aujourd’hui.
Mais il est évident qu’il regarde cette série lorsqu’il est devant sa planche à dessin ou sa tablette numérique.
Il suffit de comparer, par exemple, dans la série et la bande dessinée, la scène dans laquelle Marie demande à Jésus, lors des Noces de Cana, de changer l’eau en vin.
The Chosen, volume 1, Je t’ai appelé par ton nom, 208 pages, 19,90 euros. Éditions Mame, 2024
Par Kristol Séhec.
Crédit photo : DR
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