mercredi 16 avril 2025

LA LETTRE D' INFORMATION DE L' OBSERVATOIRE DE L' IMMIGRATION ET DE LA DÉMOGRAPHIE ........

 

Cliquez ici pour ouvrir cet email dans votre navigateur

Lettre d’information n°71
du mardi 15
avril 2025

L’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID) est une structure d’étude et d’information relative aux évolutions démographiques et migratoires, destinée aux décideurs ainsi qu’à l’ensemble des citoyens intéressés par ces sujets.

Nous apportons une vision rationnelle et dépassionnée au débat public, en puisant aux meilleures sources disponibles : statistiques publiques, travaux de chercheurs spécialisés, analyses juridiques.

Votre point d'information
sur l'immigration et la démographie

  • Droit d'asile : la France devient le premier pays de destination des demandeurs dans l'UE en février 2025 | Découvrez l'analyse de l'OID sur les données Eurostat
  • Immigration marocaine en France : taux d'emploi, principaux motifs de séjour, logement social quelles sont ses spécificités ? | Retrouvez la synthèse de l'OID
  • Hiver démographique : l'indice de fécondité en Italie tombe à 1,18 enfant par femme – un déclin irréversible ? | Rebâtir les politiques familiales : liberté, lisibilité, pérennité

Droit d'asile : la France devient le premier pays de destination des demandeurs dans l'UE en février 2025 | Découvrez l'analyse de l'OID sur les données Eurostat
Alors que le gouvernement allemand a annoncé, le mardi 1er avril dernier, une nette diminution des demandes d'asile reçues dans le pays durant les premiers mois de l'année 2025, l'OID s'est plongé dans les données détaillées d'Eurostat (le service statistique de la Commission européenne).

ll ressort de notre analyse que la France est devenue le premier pays de destination des demandeurs d'asile dans l'Union européenne au cours du mois de février 2025 (plus récents chiffres disponibles), avec 13 065 demandes enregistrées contre 12 975 en Espagne et 12 775 en Allemagne.
Ce changement dans le classement des principaux pays récepteurs pourrait être l'annonce d'une rupture durable, l'Allemagne ayant été pendant une décennie le principal pays d'accueil des demandeurs d'asile en Europe : 3 millions de demandes y ont été reçues entre 2014 et 2024, soit un tiers du total de l'UE, contre 1,3 million en France.

Ce croisement des courbes s'explique d'abord par une forte diminution des demandes d'asile en Allemagne :
  • Cette baisse est de -23% en un mois, entre janvier et février 2025, plus forte qu'ailleurs (-9% en France et -3% en Espagne). Entre mars 2024 et février 2025, elle est de -37,7% (niveau stable en France et -17% en Espagne).
  • L'Allemagne est désormais en troisième position des pays de réception des demandes, derrière la France et l'Espagne.
 
Parmi les facteurs explicatifs qui peuvent éclairer cette trajectoire différenciée, l'impact des mesures prises par l'Allemagne pour limiter les demandes d'asile sur son territoire national apparaît non-négligeable. Elles incluent :
  • Une limitation des aides financières aux « Dublinables »,  c'est-à-dire aux demandeurs d'asile entrés et enregistrés dans un autre pays de l’Union européenne (UE) avant d'arriver en Allemagne ;
  • L'utilisation de données biométriques pour vérifier l'identité des demandeurs d'asile ;
  • La perte du statut de protection temporaire – et donc de leur titre de séjour en Allemagne – pour les réfugiés qui retournent dans leur pays d'origine (sauf pour les ressortissants ukrainiens, qui bénéficient d'un régime spécial de protection au sein de l'UE) ; 
  • Depuis le début de l'année 2025, une baisse des prestations sociales pour les demandeurs d'asile, de 13 à 19 euros en fonction de l'âge, de la situation de vie et de la situation familiale  
 
Ces décisions ne sont pas le fruit du hasard, mais interviennent au terme d'une décennie de tous les records en Europe : au total, 8,5 millions de primo-demandeurs d’asile ont été reçus dans l’UE entre 2014 et 2024  ce qui équivaut démographiquement à l’admission par l’UE d’un nouvel État membre.
Cliquez pour lire la tribune de l'OID :
Or, à mesure que de nombreux pays de l'Union européenne restreignent leur politique d'immigration et d'asile (comme les Pays-Bas, le Danemark, l'Italie ...) la France n'a pas encore pris de telles mesures relatives aux conditions juridiques et matérielles des demandeurs d'asile ; elle devient donc, par contraste, toujours plus attractive ce qui la place dans un état de vulnérabilité migratoire.

Un tel constat apparaît rendre d'autant plus impérieuse la nécessité de réformer notre législation relative au droit d'asile, et plus globalement de reprendre la maîtrise de notre politique d'immigration. 
En effet, selon une estimation de l'OID, à l'appui de calculs détaillés pays par pays : 580 millions de personnes dans le monde seraient potentiellement éligibles au droit d'asile en France, à l'aune de nos actuels critères juridiques en la matière.
Cliquez pour lire l'étude OID sur le droit d'asile en France :
Étude OID | L'asile, une voie d'immigration hors de contrôle

Immigration marocaine en France : taux d'emploi, principaux motifs de séjour, logement social – quelles sont ses spécificités ? | Retrouvez la synthèse de l'OID

Alors que la relation migratoire franco-algérienne est au devant de la scène politique et diplomatique depuis plusieurs semaines, des questions politiques similaires apparaissent se poser avec d'autres immigrations en France.

Ainsi, il est à noter que pour la 7ème année consécutive, les Marocains ont représenté la première nationalité bénéficiaire des nouveaux titres de séjour dans notre pays en 2024 (+37 000).
Si les Algériens demeurent la principale nationalité bénéficiaire du stock de titres de séjour actuellement valides en France (avec 649 991 titres), les Marocains se classent immédiatement en deuxième position (617 053) selon les plus récentes données au 31 décembre 2024.
Sur deux générations, l'immigration marocaine représente plus d'1,6 million de personnes en France selon les bases de données INSEE :
  • 802 000 immigrés (première génération) ;
  • 853 000 descendants d'immigrés (deuxième génération).
Au titre de l’accord bilatéral franco-marocain du 9 octobre 1987, les ressortissants marocains bénéficient de certaines dispositions dérogatoires pour leur immigration, plus favorables que le droit commun – sans avoir néanmoins le caractère intégralement exorbitant de l'accord franco-algérien  :
  • Les Marocains peuvent obtenir une carte de résident de 10 ans après seulement 3 années de séjour régulier sous couvert d’une carte de séjour temporaire portant la mention « salarié », au lieu de 5 années sous le régime ordinaire ;
  • Le conjoint et les enfants admis au titre du regroupement familial sont autorisés à séjourner en France dans les mêmes conditions que la personne rejointe.
 
Pourtant : parmi les titres de séjour actuellement détenus par des Marocains en France, les motifs familiaux arrivent en tête (33%).
Par ailleurs, seuls 59% des immigrés marocains et tunisiens en âge actif occupent un emploi en France, c'est à dire :
  • 4 points de moins que la moyenne des immigrés ;
  • 12 points de moins que les personnes sans ascendance migratoire.
 
De même, le taux de chômage des immigrés marocains et tunisiens est le double de celui des immigrés européens – et 5 fois supérieur à celui des immigrés d'Asie du Sud-Est.
Enfin, 44% des immigrés marocains et tunisiens en France vivent en logement social – soit une part quatre fois supérieure à celle des personnes sans ascendance migratoire.
Cliquez pour lire la note OID « L’immigration marocaine en France » :
Note OID | L'immigration marocaine en France

Hiver démographique : l'indice de fécondité en Italie tombe à 1,18 enfant par femme – un déclin irréversible ? |
 Rebâtir les politiques familiales : liberté, lisibilité, pérennité
Une étude de l'ISTAT (l'INSEE italienne) publiée le lundi 31 mars confirme la chute des naissances dans la péninsule italienne, qui s'amplifie nettement :
  • L'indice de fécondité de l'Italie est tombé à 1,18 enfant par femme en 2024 ;
  • De son côté, le taux de natalité est tombé à 6,3 naissances pour 1 000 habitants la même année ;
  • À population comparable, le nombre de naissances est passé de 526 000 en 1995 à 370 000 aujourd'hui.
Évolution du taux de natalité
(nombre de naissances / 1 000 habitants) en Italie entre 2004 et 2023 :
La démographie italienne fait donc face à un cercle vicieux, qui apparaît difficilement réversible : avec la hausse constante de l'âge moyen, le nombre de femmes en âge de procréer diminue fortement (la population féminine âgée de 15 à 49 ans est passée de 14,3 millions à 11,4 millions entre 1995 et 2025), ce qui risque d'accélérer la diminution des naissances.
 
Parallèlement, le nombre d'étrangers augmente (+169 000 l'an dernier), tandis que les acquisitions de la nationalité italienne atteignent un niveau record. Malgré l'immigration, le pays affiche une diminution de sa population de 36 000 personnes en 2024, et de 1,5 million de personnes depuis 2014.

Selon certaines projections, l'Italie devrait passer de 58,9 millions d'habitants aujourd'hui à 54,8 millions en 2050, et à 46 millions en 2080 (soit une baisse de 13 millions de personnes).
L'Italie forme donc la pointe avancée de « l'hiver démographique » européen, selon le concept forgé par le professeur Gérard François Dumont, qui décrit une situation dans laquelle l'indice de fécondité s'installe nettement et durablement au-dessous du seuil de remplacement des générations (2,1 enfants par femme).
 
 Dans une interview au Figaro, ce dernier souligne également que « depuis 2015, l'Union européenne est entrée dans une nouvelle étape au sein de laquelle la croissance démographique de l'Europe n'est plus assurée que par l'immigration ».

Ainsi, l'Europe est d'ores et déjà le plus
vieux continent du monde :
Structure par âge des populations selon le continent (données Insee - 2021)
Toutefois, ces projections ne devraient pas pour autant nourrir un discours fataliste en matière démographique. Dans sa récente étude pour l'OID et la Fondapol, Gérard-François Dumont a démontré l'efficacité réelle des politiques familiales en matière de fécondité. Il appelle donc à les faire renaître autour du tryptique « liberté, lisibilité, pérennité », avec trois priorités :
  1. Limiter la réduction de pouvoir d'achat liée aux charges d'éducation, avec notamment le rétablissement de l’universalité des allocations familiales, et l’extension du quotient familial à la CSG ;
  2. Faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, avec la possibilité effective de choix entre le recours à un mode d’accueil de la petite enfance et un congé parental temporaire – variable dans sa durée et réparti entre les parents selon le souhait des familles ;
  3. Permettre l’accès à un logement adapté aux besoins des familles, avec le développement et la diversification de l’offre locative, de meilleures possibilités de devenir propriétaire ou de changer de logement en fonction de l’évolution de la taille de la famille – ce qui suppose de contenir les coûts du foncier et donc de fluidifier le marché immobilier.
Cliquez pour lire l'étude OID - Fondapol de Gérard-François Dumont :
Élus et responsables politiques, journalistes, décideurs économiques : vous avez une question sur les sujets liés à l'immigration et à la démographie ? N'hésitez pas à nous solliciter :
 
ration et à la démographie ? N'hésitez pas à nous solliciter :
Contactez-nous ! ➤

Si, comme nous, vous pensez que les thèmes de l’immigration et de la démographie ont leur place dans le débat public, aidez-nous à produire toujours davantage d’analyses publiques sur le sujet : 
Soutenez-nous ! ➤














 
Contactez-nous ! ➤

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire