De la lutte contre la vie chère à une rhétorique « anti-békés
», il semble n’y avoir qu’un pas pour certains.
En métropole comme à la
Martinique, l’extrême gauche exploite cette vague qui transforme le
débat sur le coût de la vie en une lutte à connotation décoloniale.
Cette posture, bien que prévisible de la part de certains partis de
gauche, est pourtant loin de la réalité de nombreux Martiniquais, qui
souhaitent que les échanges restent centrés sur les enjeux économiques.
Vie chère, anticolonialisme, même combat pour la gauche
« Les békés aux ordures ! » a fièrement lancé sur X Ritchy Thibault, l’attaché parlementaire de l’Insoumise Ersilia Soudais, interdit d’accès au palais Bourbon
pour pour avoir appelé à l’intifada lors d’une manifestation
pro-Palestine.
Ceux qu’il vise avec subtilité, ce sont les Blancs,
descendants des colons arrivés aux Antilles à partir du XVIIe siècle.
En
tenant de tels propos, le militant, qui fait déjà l’objet d’une plainte par le ministre de l’Intérieur pour incitation à la haine, alimente une vision « anti-békés
» du mouvement de contestation.
Une perspective promue par le
Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources
afro-caribéennes (RPPRAC), qui supplante progressivement les
revendications initiales portant sur le coût de la vie élevé dans les
Antilles.
Et qui commence peu à peu à perdre le soutien des
Martiniquais...
En effet, depuis sa création en juin dernier, le RPPRAC
a joué un rôle majeur dans les affrontements avec la police et les
nombreuses dégradations, voire destructions, d’infrastructures.
Son
leader « autoproclamé », Rodrigue Petitot, surnommé le « R », multi condamné pour trafic de drogue, appelle à kidnapper les patrons de la grande distribution.
L’Antillais, arrivé de métropole, il y a un an seulement, est accusé
d’avoir monopolisé le mouvement contre la vie chère pour en faire une
lutte sociale indépendantiste, voire « anti-békés », après avoir appelé à brûler les maisons de ces derniers.
« Si
nous en perdons un vous en perdrez 10, si nous en perdons 10, vous en
perdrez 100, et quand nous en aurons perdu 100, on vous éliminera »,
a déclaré sur ses réseaux sociaux celui qui a refusé de signer un
accord visant à faire baisser de 20% les prix de milliers de produits
alimentaires sur l’île.
Ces violences lui valent aujourd’hui d’attirer
la méfiance, voire la colère des Martiniquais qui souhaitent prendre
part au débat sur la vie chère, mais qui refusent de se faire
représenter par un groupe dont ils « ne partagent pas l’ensemble des opinions ».
La contestation populaire face à un mouvement « populiste »
« Nous demandons que nos élus reprennent les choses en main, et
qu’une délégation citoyenne représentative du peuple soit constituée
pour débloquer cette situation qui divise les Martiniquais. »
Extrait d'un communiqué signé « des Martiniquais jusqu’alors silencieux
», ce texte de nombreuses fois relayé sur le réseau social WhatsApp,
résonne comme un ras-le-bol dans l’esprit des habitants du département
qui dénoncent la responsabilité du RPPRAC dans l’escalade des violences
depuis septembre.
Lassés de la monopolisation du débat par ce « groupuscule », dont ils contestent la légitimité dans les discussions avec leaders de la grande distribution, certains appellent « au courage, à l’unité et à l’action » pour que la Martinique ne bascule pas « dans un chaos définitif ».
Femme politique martiniquaise et conseillère municipale de la commune
du François, Karine Mousseau a lancé une pétition intitulée « Martinique, Réveille-toi ! » pour faire face au RPPRAC, dans lequel beaucoup ne se reconnaissent pas, ou plus. « Je signe parce que le RPPRAC m’a mis au chômage !!! » peut-on lire sur le site de la cagnotte.
Ou encore : « Il est temps pour la majorité silencieuse de faire savoir qu’elle ne soutient pas ce terrorisme ».
Certains souhaitent même que ce qui est en train de se transformer en un nouveau mouvement aille plus loin : « Une
pétition ne suffira pas. Il nous faut faire des contre manifestations
afin que l’on voie le nombre de personnes qui ne partagent pas le point
de vue de RPPRAC... ».
Des commentaires qui résonnent comme un cri
du cœur de la part de ces citoyens qui entendent bien faire porter leurs
voix plus haut que celle du RPPRAC.
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