Non, il n’y a pas trop de restaurants en France, il y a simplement trop de mauvais restaurants!
Restaurants: réguler leur nombre avec un numerus clausus est une idée aberrante.
Dans un pays où la gastronomie est élevée au rang de patrimoine mondial, voilà que des voix s’élèvent pour réclamer un numerus clausus sur les restaurants. France Info, fidèle à sa vocation de relayer les angoisses collectives, a récemment remis sur la table cette idée saugrenue : limiter le nombre d’établissements pour éviter une prétendue « sursaturation » du marché.
Une idée absurde
Avec plus de 407 000 restaurants recensés, certains hurlent au scandale, comme si la profusion était un mal en soi.
Mais arrêtons les pleurnicheries : le vrai problème n’est pas la quantité, c’est la qualité.
Et plutôt que de brandir le spectre d’une régulation étatique, il est temps de célébrer la liberté d’entreprendre, cette liberté libérale qui fait la grandeur de la France, quand on ne la bride pas.
Imaginez un instant : une bureaucratie toujours plus asphyxiante décidant, d’un coup de tampon, si votre quartier mérite un nouveau bistrot ou un énième kebab ou smash burger.
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C’est l’absurde proposition de Franck Chaumès, président de l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie), qui rêve d’interdire les ouvertures dans les zones « bien pourvues ».
Provocation ? Non, pur délire interventionniste.
La restauration est l’un des derniers bastions où la liberté d’entreprendre n’est pas étouffée par des diplômes obligatoires ou des autorisations kafkaïennes.
Pas besoin de CAP ni de licence IV pour se lancer – et c’est tant mieux !
Cette accessibilité nourrit la diversité, l’audace, l’innovation.
Elle permet à un chef autodidacte de bousculer les codes, à un immigré entreprenant de partager ses saveurs natales. Freiner cela au nom d’une « protection » ?
C’est trahir l’esprit même de l’économie libérale.
Et parlons-en, de cet esprit libéral. Frédéric Bastiat, cet économiste français du XIXe siècle récemment réédité par les éditions Idem dans une version qui mériterait d’être sur toutes les tables de chevet, l’avait compris mieux que quiconque.
Dans sa fameuse Pétition des fabricants de chandelles, Bastiat ridiculisait avec brio les protectionnistes qui réclamaient des lois pour bloquer la lumière du soleil, au profit de leurs bougies.
Appliquez cela à nos restaurants : limiter les ouvertures pour protéger les médiocres, c’est comme voiler les fenêtres pour sauver les chandelles.
Bastiat nous rappelait que la concurrence n’est pas un ennemi, mais le moteur du progrès.
« La liberté, c’est la concurrence ; la concurrence, c’est la liberté », écrivait-il.
En France, où l’État adore jouer les nounous, il est temps de redécouvrir Bastiat : plus de libéralisme, pas de nouvelles normes, quotas ou taxes qui étouffent l’initiative.
Un marché sain
Ce que certains dépeignent comme une « dérégulation anarchique » est en réalité une liberté précieuse, qui s’autorégule d’elle-même.
Les chiffres parlent : un tiers des restaurants ferment dans les deux premières années.
Est-ce un échec ? Au contraire, c’est la preuve d’un marché sain, où la survie dépend de la compétence, de la gestion et de l’offre pertinente.
Le consommateur, ce tyran exigeant, est devenu un arbitre sans pitié.
Il traque le faux, le tiède, l’industriel déguisé en artisanal. Et il a raison !
Avec l’inflation galopante, la baisse du pouvoir d’achat et la peur de l’addition – comme le souligne le rapport KPMG Consumer Pulse (Été 2025), les Français ne tolèrent plus l’à-peu-près.
Ils veulent du bon, du vrai, du chaleureux. Les établissements qui survivent ?
Ceux qui innovent, qui fidélisent, qui résistent à l’explosion des charges, des loyers exorbitants, de l’énergie et des matières premières.
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Les rues envahies de kebabs, un autre sujet
On objectera qu’il existe des rues entières saturées de fast-foods ou de kebabs.
Mais ce phénomène n’a rien à voir avec une prétendue « surpopulation » de restaurants : il traduit surtout l’évolution sociologique d’une clientèle plus jeune, souvent issue d’une culture « street » internationale, qui ne se reconnaît pas forcément dans les cartes traditionnelles françaises.
À cela s’ajoutent parfois des pratiques opaques, certains établissements servant de paravent ou au blanchiment d’argent.
Ce problème relève donc de la consommation et du contrôle de la provenance des fonds et des recettes, pas d’un numerus clausus qui sanctionnerait indistinctement tous les restaurateurs.
Stéphane Manigold, restaurateur engagé, a rappelé récemment sur RTL que la question centrale est celle de la définition même du restaurant.
Il soulève un point essentiel : si chacun peut se prétendre restaurateur, où s’arrête la restauration et où commence la simple vente alimentaire ?
C’est là que surgit un autre enjeu, bien plus concret que les kebabs : la concurrence des boulangeries.
Car celles-ci ne se limitent plus au sandwich jambon-beurre ; elles proposent désormais des plats chauds et des formules complètes, sans pour autant se soumettre aux mêmes contraintes qu’un bistrot ou un restaurant.
Autrement dit, elles deviennent parfois des restaurants qui ne disent pas leur nom.
Mais attention : si ce constat est juste, la tentation de vouloir légiférer davantage serait une erreur.
Comme toujours, c’est le marché qui doit trancher.
La clientèle choisira les établissements capables de répondre à ses attentes, qu’il s’agisse d’un boulanger audacieux, d’un chef excentrique ou d’un bistrotier traditionnel.
Le rôle des pouvoirs publics n’est pas d’ajouter une couche de réglementation, mais de garantir des conditions de concurrence équitables.
Bien sûr, il y a des défis réels : les baux commerciaux usuraires, les charges sociales écrasantes, l’énergie qui flambe.
Mais la solution n’est pas plus d’État, c’est moins !
Allégez les normes, baissez les taxes, les charges, le coût du travail : libérez les entrepreneurs.
Encourageons la montée en compétence via des formations volontaires, pas obligatoires.
Soutenons l’excellence, pas la médiocrité protégée.
Il y aura toujours des millions de bouches à nourrir chaque jour en France.
Laissons les bons restaurateurs les satisfaire, sans leur mettre des bâtons dans les roues.
Et relisons Bastiat : la liberté n’est pas un risque, c’est une chance.
Pour une France libérée, pas entravée.
Source et Publication : https://www.causeur.fr/
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