jeudi 4 septembre 2025

MERCOSUR : L' UNION EUROPÉENNE VRAIMENT NÉFASTE À NOTRE AGRICULTURE !


Mercosur : l’UE entame la ratification du traité néfaste à notre agriculture

« Tout se passe comme nous pouvions hélas nous y attendre », explique à BV la présidente de la Coordination rurale.
Capture d'écran Youtube France Info
Capture d'écran Youtube France Info

Ce 3 septembre, l’accord UE-Mercosur a été validé par les membres de la Commission européenne. Dans les mois qui viennent, le texte sera soumis aux États membres, puis aux eurodéputés.

 Face à cet accord nocif pour notre agriculture, la France paraît plus que velléitaire. « Tout se passe comme nous pouvions hélas nous y attendre, explique à BV la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc’h. On a beau nous parler d’une opposition du gouvernement français à cet accord, la ratification du traité avance, elle va même s’accélérer. » 

L’UE est pressée de boucler les choses avant que Lula, le président brésilien, ne quitte la présidence tournante du groupe Mercosur, le 31 décembre prochain.

« Vaches contre bagnoles »

L’accord de libre-échange a été signé en décembre 2024 entre, d’une part, l’Union européenne et, d’autre part, l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Ursula von der Leyen se réjouissait alors d'« une victoire pour l'Europe », d'« un accord gagnant-gagnant ».

 Une vision des choses... contestable. Concrètement, l’UE va importer massivement de la viande bovine, du poulet, du maïs, du sucre… toutes choses qu’elle produit déjà très bien et qui ne feront pas le poids, une fois mis en concurrence avec l’équivalent sud-américain, produit à moindre coût, avec moins de contraintes réglementaires. 

Tous ces produits entreront en Europe en payant des droits de douane minimes.

Mais dans la croyance libre-échangiste qui est celle de Bruxelles, que pèsent les 93.000 exploitations bovines françaises face aux 700 millions de consommateurs sud-américains susceptibles d’acheter des liqueurs et des voitures ? La loi du marché n’a pas de limites. « C’est ce que certains appellent vulgairement l’accord "vaches contre bagnoles" », écrivait dans nos colonnes l’eurodéputée RN Valérie Deloge.

Des garde-fous fragiles

Pour rassurer les éleveurs français, on parle de clauses de sauvegarde. Pour le moment, elles n’ont qu’une existence virtuelle, puisqu’il faudra un « acte juridique » supplémentaire pour qu’elles se matérialisent. Et ce mercredi, en conférence de presse, la porte-parole du gouvernement, Sophie Privas, a bien insisté pour vérifier trois points concernant ces clauses : que les pays du Mercosur soient d’accord (sic), qu’un seul pays puisse les activer et qu’elles soient juridiquement opérationnelles !

 C’est dire si la France a la main…

Ces clauses permettraient d’intervenir en cas d’effets négatifs du traité. « C’est se moquer de nous, réagit Véronique Le Floc’h auprès de BV : On laisse les accords se mettre en place et on changera d’avis ensuite ? S’il y a le moindre doute, il faut exclure l’agriculture du traité. » 

 Agir (si on agit...), une fois qu’il est trop tard : voilà une curieuse politique. « La France a perdu un million de têtes de bétail en dix ans, nous rappelle Jérôme Besnard, de la Coordination rurale.

 Quand on pense à la fragilité actuelle de la filière d’élevage français, le risque est évident. Une filière détruite ne se reconstruira pas. »

La continuité Genevard

Début décembre 2024, lorsque l’accord a été signé à Buenos Aires, la France n’était déjà pas au mieux de sa forme politique : on vivait la fin du gouvernement Barnier. 

Aujourd’hui que l’accord entame son parcours dans les institutions européennes, on vit la fin probable du gouvernement Bayrou. « Ça tombe très mal, selon Jérôme Besnard. Avec le triste spectacle que donne notre classe politique, la France n’est pas en position de négocier. » C'est vrai, mais la situation ne date pas d'aujourd'hui.

 La falote Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a gardé son poste d’un gouvernement à l’autre, et la France n’a pas attendu les crises politiques pour se désintéresser du sort de ses agriculteurs.

 Emmanuel Macron lui-même a joué le en même temps qui lui est cher (sinon congénital) : se prononcer contre l’accord et se dire prêt à le signer

Du côté de la Coordination rurale, on n’abandonne donc pas le combat. « La CR va se mobiliser avec ses partenaires européens et ne pas laisser faire, assure Véronique Le Floc’h.  

Il faut gagner du temps pour porter les discussions au-delà de 2025, reprendre des négociations et, peut-être, au niveau européen, définir une exception agricole. »

 
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Par Samuel Martin
Journaliste 
 
 

 
 
ET AUSSI
 
 

[TRIBUNE] Rave-party : danser sur les cendres

Quand la fête se fait sur les cendres, c’est que nous ne savons plus distinguer la vie de la mort, le respect du mépris.
@ Idriss Bigou-Gilles / AFP
@ Idriss Bigou-Gilles / AFP

Ils sont venus par milliers, comme des insectes attirés par la lumière, s’installer au milieu des terres calcinées de l’Aude. 

Des hectares de forêts et de vignes partis en fumée, des collines noires comme des plaies ouvertes, nécrosées, et sur ce théâtre de désolation, les enceintes crachent leur vacarme.

 On danse dans les cendres

On boit, on se drogue et on rit sur le cadavre encore fumant d’un paysage meurtri. 

(L’incendie d’août a ravagé près de 16.000 hectares dans l’Aude, détruisant 36 habitations et causant la mort d’une personne.)

 Le drame n’est pas seulement dans l’image : il est dans l’impunité. 

Car l’État, en ces temps modernes, se dresse comme une statue de sel.

On ne peut pas dire que la loi soit absente. 

Bien au contraire : notre arsenal juridique est abondant et précis. Il punit la violation de domicile et l’intrusion sur une propriété privée. 

Il impose aux organisateurs de raves de plus de 500 personnes de se déclarer en préfecture un mois à l’avance sous peine de sanctions pénales.

 Depuis 2023, il sanctionne même d’une contravention de 135 euros le simple fait de pénétrer sans autorisation dans une propriété rurale ou forestière. 

La question n’est donc pas l’absence de règles, c’est leur application.

Car pour faire respecter la loi, encore faut-il en avoir la volonté et les moyens. 

Sur ce terrain brûlé de l’Aude, nous n’avons vu ni l’Office français de la biodiversité (OFB), pourtant compétent pour verbaliser les intrusions et constater les atteintes à l’environnement, ni une action résolue des pouvoirs publics pour mettre fin au désordre. 

 Il y avait bien des gendarmes et des CRS, casqués et équipés, mais leur rôle semblait incertain : étaient-ils là pour sanctionner les teufeurs ou pour dissuader les propriétaires et les agriculteurs de défendre eux-mêmes leurs terres ?

 La scène avait des airs de paradoxe : la force publique, censée protéger les victimes, semblait se dresser en rempart… mais pas du bon côté.

 

Le monde à l'envers

Pendant quatre jours, l’État a regardé la fête s’installer et prospérer.

 Quatre jours de désordre, de dégradations, d’atteintes à la propriété privée et à l’environnement. 

Ce n’est pas la loi qui manque mais l’autorité pour la faire vivre.

 C’est un peu comme si la République avait confié les clés de la maison commune à ceux qui veulent la dévaster, tout en gardant ses serrures pour des citoyens respectueux des règles.

 

C’est le monde à l’envers : on protège les squatteurs, on suspecte les victimes. 

On applaudit la transgression, on méprise la propriété. 

L’herbe n’a pas eu le temps de repousser que, déjà, l’insolence se plante sur le sol nu, comme une provocation à la mémoire de ce qui fut. 

Nos valeurs se retournent sur elles-mêmes, comme un vêtement trop usé qui ne sait plus quel est l’endroit et quel est l’envers.

On nous répète que c’est un problème d’éducation. 

Non : c’est une question de civilisation.

 Quel peuple sommes-nous, qui tolère qu’on saccage les champs d’autrui, qu’on profane des terres blessées, qu’on tourne en dérision la peine des habitants et celle des paysans ? 

Quel État est-ce là, qui protège davantage ceux qui violent que ceux qui sont violés ? 

Quelle République, sinon une République fatiguée, résignée, bureaucratique, qui regarde les flammes puis les fêtards, sans plus trouver la force de dire « non » ?

Il n’y a pas de civilisation sans limites, pas de liberté sans règles, pas de droit sans devoirs. 

Lorsque tout devient permis, tout finit par être détruit.

 Aujourd’hui les forêts, les vignes, les champs ; demain, les villages.

 Ce n’est pas seulement une rave-party dans l’Aude : c’est un avertissement lancé au pays.

 Quand la fête se fait sur les cendres, c’est que nous ne savons plus distinguer la vie de la mort, le respect du mépris, la liberté de l’anarchie

. C’est une nouvelle barbarie.

La question est là, brûlante comme la braise sous les pas des danseurs : que reste-t-il de nous ?

 
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Par Yves d'Amécourt
Chef d’entreprise, ingénieur de l’Ecole des Mines d’Alès, ancien élu local de Gironde 2004-2021 (conseiller général, maire, président d’EPCI, conseiller régional). 
 
 
 
Source et Publications :     https://www.bvoltaire.fr/




 

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