mardi 9 septembre 2025

MÉDIAS , CETTE GAUCHE QUI S' ENTEND SUR FRANCE INTER ........

REVUE DE PRESSE ! 

Abus de quatrième pouvoir?

Thomas Legrand / Patrick Cohen : complotera bien qui complotera le dernier…


Abus de quatrième pouvoir?
De gauche à droite, la ministre de la Culture Rachida Dati, les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen © Christian Liewig-POOL/SIPA

La connivence politique entre les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen avec deux responsables socialistes, attablés dans un bistrot et manigançant contre Rachida Dati, semble évidente. 

Mais aussitôt, un récit de circonstance s’est imposé: deux journalistes talentueux seraient injustement traînés dans la boue par « qui vous savez »… 

Voilà une polémique comme on les aime tant.


Il est toujours amusant de voir s’agiter progressistes et défenseurs de l’audiovisuel public sur le rafiot du camp du Bien quand il prend l’eau.

 D’autres séquences rigolotes nous sont vraisemblablement promises dans les prochains jours, à mesure que le système politico-médiatique va tenter de réhabiliter les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen – qui ont été surpris en train de parler fort maladroitement de leur ministre Rachida Dati avec deux pontes du Parti socialiste dans une vidéo filmée à leur insu.

Alors, Thomas Legrand serait un éditorialiste de gauche ? Voilà un scoop ! 

Et France Inter un bastion progressiste où l’on roule pour la gauche ? Quelle révélation !

 Sérieusement, qui pouvait encore l’ignorer ?

 On feint de s’indigner parce que la droite et le Rassemblement national ne cachent plus leur projet de privatiser un audiovisuel public qui coûte des milliards aux contribuables tout en étant systématiquement orienté contre eux ? 

Là encore, rien de bien nouveau.

Crise à France Inter

Dimanche matin, à 8h49, avant de lancer un disque, la journaliste Marion Lhour adopte un ton solennel : « Thomas Legrand n’est pas à l’antenne ce matin. 

La direction de France Inter a décidé de le suspendre à titre conservatoire.

 Des extraits vidéos et des propos rapportés d’un échange privé et informel (…) ont été publiés en ligne. 

Les propos tenus par Thomas Legrand peuvent porter à confusion ; la direction justifie cette décision par le choix de protéger l’antenne et le travail des journalistes de tout discrédit. »

 Un texte lu avec sérieux, mais sans grande conviction apparente.

La veille, Rachida Dati s’était insurgée sur X : « Des journalistes du service public et Libération affirment “faire ce qu’il faut” pour m’éliminer de l’élection à Paris.

 Des propos graves et contraires à la déontologie qui peuvent exposer à des sanctions.

 Chacun doit désormais prendre ses responsabilités. »

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La Société des journalistes de Radio France, de son côté, a rapidement réagi.

 Fidèle à son rôle de bouclier corporatiste, elle a assuré en écriture inclusive son soutien inconditionnel à MM. Legrand et Cohen, et a pris ses distances avec la ministre honnie et cette direction qui a déjà osé écarter de l’antenne l’hilarant Guillaume Meurice ou la délicieuse Giulia Foïs : « La SDJ de Radio France s’indigne de l’instrumentalisation par un média d’extrême-droite de propos volés et complètement sortis de leur contexte.

 Nous déplorons que certain.e.s s’en servent déjà pour s’en prendre à l’audiovisuel public, sans attendre d’explications. 

Nous sommes solidaires de Thomas Legrand et Patrick Cohen face à toutes ces attaques ».

Manipulera bien qui manipulera le dernier…

On nous explique désormais que nous n’aurions pas réellement vu ce que nous avons vu.

 Les deux journalistes ne complotaient pas contre Mme Dati : ils discutaient simplement avec Luc Broussy et Pierre Jouvet, cadres du Parti socialiste, dans une brasserie parisienne.

 Et si Thomas Legrand a lâché cette phrase maladroite – « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi » – il faudrait la replacer dans son contexte, bien sûr.

 D’ailleurs, ils ne complotaient pas.

 Au contraire : on leur avait donné rendez-vous parce qu’ils ne récitaient pas comme il faut la bonne parole concernant le Secrétaire national un peu pâlot Olivier Faure !

Déjà, ceux qui diffusent cette vidéo se voient menacés de poursuites judiciaires pour atteinte à la vie privée. 

Partout, on martèle que l’émetteur du message est un « mensuel d’extrême droite », comme pour souligner à quel point se faire le relais de pareils quolibets contre de si éminents journalistes sent mauvais… 

Comme si les journalistes de gauche comme Elise Lucet ou « Quotidien » ne s’étaient pas également déjà fait une spécialité de la diffusion de propos volés.

Patrick Cohen dénonce de son côté un procédé manipulatoire : « On a pris des bouts de phrase. Il n’y a pas vingt secondes de conversation suivie. C’est complètement manipulatoire. » 

 Soit. Mais le mal est fait, le public a bien entendu : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati »

Mais, on tente de minimiser l’affaire. Le journaliste Laurent Joffrin nous présente Mme Dati comme un « cas très particulier », prompte à l’invective et aux approximations, presque une Trump à la française.

 En revanche, Jean-Luc Mélenchon dénonce une « vidéo consternante » révélant « deux journalistes essentiels de l’officialité PS », tandis que Marine Le Pen rappelle que « le service public ne peut pas être la succursale du Parti socialiste » et relance l’idée de privatisation.

Peuvent-ils rester à l’antenne ?

Thomas Legrand est éditorialiste : il peut bien penser ce qu’il veut.

 Mais ne devrait-on pas désormais ranger ses chroniques dans la fameuse rubrique « En toute subjectivité » ?

 Et surtout repenser le pluralisme des voix sur une antenne qui se prétend neutre ?

S’il n’y a peut-être pas vraiment d’agenda caché ou de complot, la connivence politique entre les éditorialistes et les socialistes est en revanche flagrante dans la phrase prononcée par M. Legrand.

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La suspension de M. Legrand ressemble à un sacrifice destiné à sauver Patrick Cohen, plus central à l’antenne et beaucoup plus présent cette année, de France Inter le matin à France 5 en soirée en passant par la Chaîne parlementaire. 

On donne l’impression de protéger le navire en sacrifiant un rameur secondaire : M. Legrand n’a plus l’édito politique quotidien de France inter, repris par M. Cohen, et il peut continuer d’écrire ses chroniques dans Libération

Il arrive à tous les journalistes de rencontrer des personnalités de toute tendance pour des discussions sans filtre, se défend Thomas Legrand. Il a raison. 

Mais pourquoi cette indulgence quand il s’agit de discussions avec le PS, et tant de sévérité dans d’autres cas ?

 Lors de l’affaire du journaliste Jean-François Achilli, écarté de France info, par exemple, tout ce petit monde avait moins de scrupules à sanctionner semble-t-il. 

Et sérieusement, MM. Cohen et Legrand iront-ils vraiment demain boire des bières avec des responsables du RN en leur promettant de « s’occuper » des « mensonges » de Raphaël Glucksmann, par exemple ses dénégations quand on lui rappelle qu’il était candidat « Alternative libérale » en 2007 ? 

On peut en douter.

 Oui : tous les journalistes et tous les politiques peuvent avoir une idée derrière la tête – même M. Cohen et M. Legrand. 

La seule vraie faute de ce dernier, c’est peut-être de s’être fait pincer !

 

ET AUSSI


Une vidéo compromettante circule et révèle une certaine connivence politique entre les journalistes Thomas Legrand, Patrick Cohen et deux responsables socialistes.


Je l’avoue, la vidéo Legrand-Cohen m’a emplie d’une allégresse passablement mauvaise.

 Le camp du Bien pris en flag, ça fait du bien. 

 Que les prêcheurs du Service public se prennent en boomerang leurs sermons déontologiques et leurs mines outragées au point d’obliger la direction de France Inter à réagir, ça n’arrive pas tous les jours. 

Rappelons leur jubilation à chaque fois qu’ils débusquent une mauvaise blague proférée par un homme de droite. 

Et imaginons que votre servante se fasse pincer en train de dire qu’elle rêve de tirer les cheveux de Sandrine Rousseau ou de faire rôtir la plante des pieds d’Ersilia Soudais, ce serait un déchaînement de « on vous l’avait bien dit que cette fille était dangereuse ! ».

 Cela dit, je ne me réjouis pas spécialement des déboires des confrères.

 Legrand est plutôt un bon gars, un vrai mec de gauche qui a mis ses enfants à l’école publique dans le 9-3 où il réside, tout en reconnaissant que c’est pas facile tous les jours. 

Son excuse pour le paquet d’âneries qu’il écrit, c’est qu’il croit vraiment lutter contre le fascisme qui vient. 

Legrand, c’est encore la gauche à l’ancienne, même pas woke sur les bords ni mélenchoniste.

 Ce n’est pas le plus sectaire, la preuve il a déjà pris un café avec Xavier Bertrand, ce qui devrait lui valoir un brevet de pluralisme. 

Cependant Legrand est beaucoup moins suspect de tendances droitières que l’insubmersible Patrick Cohen qui lui a succédé à l’édito politique et qui n’a pas la réputation d’être le meilleur camarade de travail du monde.

 En prime, Cohen a officié près de 20 ans dans des médias privés, autant dire l’antichambre du diable. 

N’empêche, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. 

Patco, c’est le mètre-étalon de la bienpensance, le roi de la doxa macronienne débitée en tranches. 

Mais pour Mélenchon et autres furieux, comme Pierre Jacquemain, impayable patron de la revue Politis, Legrand et Cohen, c’est la même engeance : des sociaux-traitres vendus au grand capital. 

D’ailleurs, ce samedi, Libération publiait un article sur Giula Foïs. 

Remerciée par la direction, la papesse du gender fluid et du sexe sans pénétration (là j’invente un peu) s’offusque de la déwokisation de France Inter menée par Adèle Van Reeth.

 Elle sent une «reprise en main, un étau qui se resserre » et qui menacerait « toutes les thématiques progressistes ». 

Qu’elle se rassure, ça ne saute pas aux oreilles. 

Tout de même au moment où la patronne de France Inter fait de véritables efforts pour désidéologiser un brin sa chaîne, se faire choper à fricoter avec des socialistes, c’est ballot.

Ce ne sont donc pas les pires qui se sont faits attraper par la patrouille.

 Dans le genre

 plus islamo-gauchiste et plus gaza-fanatique, il y a l’embarras du choix chez les francintériens. 

Evidemment, le mot d’ordre c’est de défendre les valeureux camarades honteusement attaqués par la méchante extrême droite.

 Mais à l’intérieur de la forteresse assiégée on doit entendre une autre musique.

 Non contents d’être droitards ces deux malins sont malchanceux en diable. Ou imprudents. 

En tout cas, maintenant qu’ils ont fait éclater au grand jour une vérité de polichinelle, ça va être plus compliqué d’expliquer partout que le Service public est le phare de la vertu journalistique. 

Encore que le journaliste de gauche, ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît.

On a donc eu droit aux grandes orgues de l’antifascisme dénonçant une méthode digne des années noires. 

Soyons honnête, le propos volé, ce n’est pas ma tasse de thé.

 Je ne me rappelle pas que les indignés aient protesté quand Mediapart a diffusé (et même fait admettre en justice) un enregistrement clandestin réalisé par le majordome de Madame Bettencourt, ou des propos volés (dans un café me semble-t-il) à un dirigeant du football français. 

Je ne sache pas qu’Adèle Van Reeth qui parle de « méthodes illégales et déloyales » ait interdit à ses troupes de citer et commenter les blagues de Depardieu captées et diffusées à son insu.

 Et pour finir, un internaute a déniché une vidéo où Cohen trouve parfaitement légitime que Laurent Wauquiez ait été enregistré en loucedé par un étudiant de son école de commerce. 

Je ne vais pas faire un concours de pureté : si un lecteur m’avait apporté cette vidéo, j’aurais évidemment trouvé des accommodements avec mes légères préventions morales pour le diffuser.

Notre jeune et hardie consœur Juliette Briens, auteur de ce scoop magistral, n’a pas engagé des limiers pour traquer le duo, elle a eu une sacrée chance. 

Un lecteur de l’Incorrect, attablé dans le même bistrot du 7ème arrondissement que les deux journalistes et leurs interlocuteurs socialistes, a entendu et enregistré leur conversation.

 Pour avoir su en capter toute la saveur, ledit lecteur doit être passablement au fait des manigances politico-médiatiques, peut-être même officie-t-il à l’Assemblée.

 Même dans les beaux quartiers parisiens, on n’est plus à l’abri des oreilles populistes, tout fout le camp. 

Ce n’est pas seulement une blague. 

Cohen et Legrand combattent le populisme, un ennemi sans visage dont ils n’imaginent pas qu’il puisse fréquenter les mêmes bistrots qu’eux.

 Ils sont habitués à ce qu’autour d’eux, tout le monde pense comme eux.

Reste à savoir ce que nous apprend cette conversation entre deux journalistes du Service public et deux hiérarques socialistes. Pas grand-chose. 

Des journalistes qui causent avec des politiques et se font engueuler pour leurs papiers, c’est banal. 

Seulement, si on remplit les blancs, on comprend que, pour se faire pardonner ses méchanteries sur Olivier Faure, Legrand plaide qu’à Paris lui et Cohen s’occupent de Dati (ce qui ne signifie pas qu’ils détiennent sa fille mais qu’ils s’emploient à la faire perdre). 

Le sous-texte, c’est que ce n’est pas leur pureté idéologique qui est en jeu, mais la personne et le positionnement de Faure.

 Avouer aussi clairement qu’on est en service commandé, c’est fâcheux. 

Pour le reste, on savait que les deux lascars n’étaient pas de droite et qu’ils n’aimaient pas Rachida Dati. 

Du reste, un éditorialiste est payé pour avoir des opinions. 

En l’occurrence, ce qui chiffonne c’est que, sur une chaîne financée par le contribuable, ils aient peu ou prou tous les mêmes.

 Cependant, convoquer Baron noir me semble un peu drama queen. 

En fait de complot, c’est du bavardage d’arrière-salle de gens qui réalisent qu’ils sont en train de perdre la main.

En réalité, le passage le plus croustillant et le plus embarrassant est celui où Legrand déroule sa théorie politique du « marais centre-droit centre-gauche» dont il prétend être le guide spirituel – « ces gens-là écoutent France Inter en masse », plastronne-t-il. 

Pour lui, le centre de gravité de cette nouvelle version de l’UMPS ne peut pas être Faure, trop mélenchonisé et pas assez ukrainien, mais Glucksmann, qu’il s’efforce de vendre à ses interlocuteurs comme le bon adversaire face au RN (ce qui laisse assez songeur quant à ses capacités d’analyste). 

Lui fera sa part du boulot en parlant à sa part de marché électorale. 

En réalité, il joue à l’important, se prend l’espace d’un instant pour le faiseur de roi qu’il n’est pas. 

Mais il a lâché le morceau : à France Inter, le journalisme c’est la poursuite de la politique par d’autres moyens. 

Notez, ça aussi, on l’avait compris.

Ce qui a transformé cette millième francintériade en affaire d’État, sur laquelle chacun se sent tenu de se prononcer, le fait réellement inédit, c’est qu’Adèle Van Reeth a lâché et annoncé illico la suspension à titre conservatoire de Thomas Legrand, qui n’a donc pas officié ce dimanche. 

Sans doute sert-il de paratonnerre. 

Le gros gibier, celui qu’il faut protéger à tout prix, c’est Cohen – à qui on ne peut reprocher aucun propos.

 N’empêche, cette fois, il n’a pas suffi de discréditer le messager en braillant « extrême droite » pour faire oublier le message. 

Il faut croire que l’hégémonie, ce n’est plus ce que c’était. 


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