dimanche 18 mai 2025

POLITIQUE : E. MACRON LE MIRAGE DE LA MODERNITÉ , LA RÉALITÉ DE L' IMPUISSANCE !

REVUE DE PRESSE !

« Emmanuel Macron, les derniers jours d’une présidence ». 

Une forte analyse de Mathieu Bock-Côté

« En prime time, Macron exhibe son impuissance » | Mediapart

Par Mathieu Bock-Côté.

Cette chronique est parue dans Le Figaro d’hier samedi (17.05.2025). Nous n’avons guère de commentaire à y ajouter sauf que nous trouvons Mathieu Bock-Côté de plus en plus anti Système, de plus en plus revenu de ses pratiques usées, de plus en plus enclin à pronostiquer son échec. 

Au fur et à masure que, mutatis mutandis, se renforce l’analogie entre la situation présente et les images et les souvenirs d’un effondrement précédent, celui de mai et juin 1958. 

  JSF  

L'essayiste Mathieu Bock-Côté.

C’est probablement le mauvais sort qui guette tous les grands comédiens.

 Au début, ils émerveillent. Quel talent ! 

Portés par une critique enthousiaste, ébaubie, ils obtiennent rapidement les premiers rôles, avant de préciser leur manière de jouer, quel que soit le personnage qu’ils incarneront.

 C’est qu’ils ont trouvé leurs mimiques, leur manière de sourire, leur manière de se choquer. 

On sait quand ils veulent nous impressionner.

 On connaît leurs trucs. Et on applaudit. 

Mais un jour, sans qu’on ne sache trop pourquoi, ils en viennent à lasser.

 Ce qui amusait, désormais, agace. Ce qui faisait sourire exaspère. Alors ils s’acharnent – c’est bien normal. 

Et s’essaient une dernière fois à leur tour de charme. Mais le public n’en veut plus.

Je parle ici des grands artistes, mais aussi des politiques – on aura compris que je parle plus particulièrement d’Emmanuel Macron

 Depuis quelques mois, il voulait redevenir maître du jeu, sortir de son rôle de prestigieux figurant, d’apprenti sorcier ayant perdu le secret de ses formules magiques un soir de dissolution. 

Il a alors voulu devenir le chef de guerre européen au service de l’Ukraine tenant tête à la Russie. 

Cela permettait de rediaboliser l’opposition intérieure – elle n’était plus seulement d’extrême droite, mais factieuse, et pro-poutinienne -, et de revendiquer pour soi seul la référence au patriotisme. 

Emmanuel Macron avait plutôt fait carrière dans le dépassement des nations.

Mais il fallait sortir de la seule politique étrangère, d’autant qu’entre-temps, les simagrées européennes se sont révélées de peu de poids dans un paysage international où s’affrontent plutôt des empires, et revenir aux Français, sur le mode du face-à-face, dans l’espoir de renouer avec l’opinion.

 Je parle maintenant de la performance d’Emmanuel Macron, cette semaine, à la télévision, où il était apparemment appelé à parler directement aux Français.

 Tout y était, évidemment – Emmanuel Macron est toujours un fin dialecticien, et il est à son meilleur lorsqu’il veut convaincre, et plus encore séduire. 

Mais rien n’allait. 

Car tout était écrit d’avance, comme il se doit.

 

Principes désincarnés

Emmanuel Macron n’allait évidemment pas consentir à un référendum sur l’immigration, qui est pourtant le seul que les Français désirent ardemment.

 Nous sommes arrivés à ce moment très particulier dans l’histoire de France où les institutions sont formatées de telle manière qu’elles verrouillent complètement la vie démocratique lorsque vient le temps de se poser une question existentielle, portant sur la composition et la survie du peuple français.

 La Constitution, apparemment, devient plus importante que le peuple qu’elle structure politiquement, et cela, même si elle vient à l’étouffer. 

On pourrait parler ici d’idolâtrie constitutionnelle. 

Les principes désincarnés remplacent le peuple concret, qui se voit ainsi submergé dans le respect de l’État de droit.

Mais cela va encore plus loin. Une caste installée aux affaires et résolue à se maintenir dans les palais de la République a ainsi élaboré une doctrine pour bloquer à tout prix la circulation des élites, sans laquelle, pourtant, n’importe quel régime politique finit par s’encrasser, qu’il soit monarchique ou républicain. 

Évidemment, le régime ne peut pas l’avouer comme tel, surtout dans un pays, comme la France, qui couve toujours une jacquerie, peut-être une révolution, au moins une vraie révolte, électorale, peut-être, ou sur le mode « gilet jaune », au pire. 

Alors au peuple, on envisagera de donner la parole, à condition que ça ne compte pas. Il ne faudrait quand même pas devenir populiste.

Emmanuel Macron se veut ainsi ouvert à un référendum sur la fin de vie si le projet ne trouve pas de déblocage parlementaire.

 C’est ce qu’on appellera un référendum illusoire, ayant pour fonction d’accélérer institutionnellement la tendance lourde de l’époque, qui est au détricotage des interdits anthropologiques ancrés dans les plis les plus intimes de l’humanité. 

Alors que le référendum, aujourd’hui, a surtout pour fonction de renverser une tendance lourde à la dépossession, d’infléchir le sens de l’histoire, de s’arracher à un régime démophobe – et de permettre à une nouvelle élite, sortie des marges où trop longtemps ont été refoulés les opposants, de redresser le pays.

Alors voilà, on s’occupe, on ressort le théâtre républicain, on met en scène un grand échange viril entre le monarque et les Français, on s’assure toutefois qu’il demeure dans les paramètres des convenances républicaines pour que rien ne déborde. 

On se dit peut-être même que sur un malentendu, ça pourrait fonctionner. Au moins, on préparera 2032. 

Le commun des mortels n’est pas bluffé. Mais il ne se choque même plus. Il baille. 

Il se détourne du décor et des acteurs, tout en se disant que tout cela ne pourrait pas durer éternellement. 

À l’échelle de l’Histoire, il a évidemment raison.   ■  

Par MATHIEU BOCK-CÖTÉ


[TRIBUNE]

Emmanuel Macron : le mirage de la modernité, la réalité de l’impuissance

À défaut de réformes, il emprunte ; à défaut de courage, il déresponsabilise.
Capture d'écran
Capture d'écran

Sur le plateau de TF1, Emmanuel Macron s’est voulu une fois encore le chantre de la responsabilité budgétaire. 

 Mais en l’écoutant, difficile de ne pas se souvenir du candidat qu’il était en 2017. 

À l’époque, face à Jean-Jacques Bourdin, il promettait fièrement de réaliser 60 milliards d’euros d’économies par an, soit 300 milliards sur le quinquennat ! 

Une surenchère budgétaire sans lendemain, un effet d’annonce, pour faire plus et mieux que François Fillon, qui plaidait avec méthode pour un sérieux budgétaire devenu aujourd’hui introuvable.

 

Dix ans plus tard, l’heure du bilan est sans appel

Emmanuel Macron est le Président qui aura le plus creusé la dette de la République. 

En deux mandats, la dette publique est passée de 98 % à plus de 115 % du PIB, atteignant des niveaux historiques.

 Non seulement les économies annoncées n’ont jamais vu le jour, mais la dépense publique a poursuivi sa folle ascension, sans réforme structurelle digne de ce nom.

Le Président qui promettait, hier, d’être le « chef des réformes » est, aujourd’hui, celui qui déplore, la mine grave : « On est dans un moment difficile mais je pense que nous ne devons pas être trop pessimistes. » 

Ajoutant même, comme pour se dédouaner : « Je suis le président de la République et ce n’est pas le Président qui fait les lois. »

Sur l’Europe, même grand écart.

 En 2017, il lançait, à la Sorbonne : « Le temps où la France propose est revenu. »

  L’Europe était alors son horizon, sa promesse de souveraineté retrouvée. 

Huit ans plus tard, il dramatise : « Notre Europe est mortelle. Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix. » 

Que s’est-il passé, entre-temps, sinon l’impuissance à transformer ses discours en actes ? 

La vérité, c’est que l’Europe n’a plus confiance dans les sempiternelles promesses de la France.

 La France propose, l’Europe dispose !

Sur le travail et la fiscalité, le contraste est encore plus saisissant. 

En 2017, il clamait : « Je veux que le travail paie mieux. Je baisserai les cotisations sociales. » 

 À peine élu, il augmentait pourtant la CSG de 1,7 point, prélevant ainsi 22,4 milliards d’euros supplémentaires, chaque année, sur les revenus ! 

Après le Covid-19, il prolongeait la CRDS jusqu’en 2033 pour financer le « quoi qu’il en coûte ». 

Et aujourd’hui, découvrant soudainement le poids des charges qu’il a lui-même alourdies, il s’exclame : « Le financement de notre modèle social repose beaucoup trop sur le travail. » 

En résumé, il allume les mèches fiscales, puis revient, casque sous le bras, pour déplorer qu’il y ait un incendie !

Sur la fiscalité locale, même scénario : l’autonomie sacrifiée, la dette alourdie.

 En 2017, il annonçait : « Je supprimerai la taxe d’habitation pour 80 % des Français. » 

 Cette suppression fut finalement étendue à 100 % des foyers, privant les communes de plus de 20 milliards d’euros de recettes annuelles. 

 L’État a compensé… mais en recourant à l’emprunt, donc à la dette, sans la moindre réduction des dépenses publiques pour financer cette promesse. 

Plus grave encore, cette suppression a rompu un lien essentiel entre les élus locaux et leurs administrés : au lieu de rendre des comptes à leurs habitants, les maires rendent désormais des comptes à l’État et aux propriétaires fonciers, à travers la fiscalité sur le bâti et le non-bâti. 

Et le Président de conclure, désabusé : « Les élus locaux doivent faire des efforts, mais je sais combien c’est difficile. » 

 Après avoir coupé le lien fiscal entre les maires et leurs habitants, il ne reste à l’État que la dette pour masquer les failles de sa propre gestion. 

À défaut de réformes, il emprunte ; à défaut de courage, il déresponsabilise.

 

Sur l’immigration, l’impuissance d’un État à traduire la volonté du peuple

En 2017, Emmanuel Macron adoptait une posture d’ouverture : il soutenait la politique migratoire d’Angela Merkel et affirmait que l’accueil des réfugiés était une chance pour la France.

 Mais très vite, confronté à l’inquiétude grandissante des Français, il durcit son discours. En 2019, déjà, il évoquait la nécessité de fixer des objectifs annuels d’immigration.

En 2024, sous la pression, il proposa que l’Assemblée nationale tienne chaque année un débat sur l’immigration pour fixer des quotas (c’était la proposition de François Fillon).

Cette mesure figurait dans la loi du 26 janvier 2024, mais elle fut rapidement censurée par le Conseil constitutionnel, jugée contraire à la Constitution. 

Voilà, résumé, le mal profond de notre démocratie : même lorsque l’exécutif se rallie enfin à une mesure de bon sens, largement soutenue par le peuple, il se heurte à l’impuissance des institutions et à l’incapacité de traduire cette volonté dans les faits.

Et lorsqu’on croyait voir poindre une réponse démocratique, Emmanuel Macron écartait l’idée même d’un référendum sur l’immigration, pourtant ardemment réclamé par une grande partie de nos concitoyens.

 Il préfère s’en tenir à de vagues promesses de référendums sur des sujets économiques et sociaux, soigneusement choisis pour éviter les débats qui fâchent.

Sur le Parlement, une relation ambivalente.

 En 2017, Emmanuel Macron promettait de « renouveler le Parlement et le rendre plus efficace »

Pourtant, en 2020, il déclarait devant les députés de sa majorité : « Si les professionnels, ce sont ceux qu'on a virés il y a deux ans et demi, et que les amateurs, c'est vous, alors soyez fiers d'être amateurs ! » 

Face aux blocages parlementaires, il a tenté de contourner l’Assemblée en s’appuyant sur des conventions citoyennes, comme celle pour le climat, dont il s'était engagé à reprendre les propositions « sans filtre ». 

Mais ces propositions furent bien vite édulcorées ou abandonnées, et aucun référendum n’a vu le jour. Aujourd’hui, il revient à l’idée de consultations populaires, déclarant : « Je souhaite qu’il y ait plusieurs référendums […] dans les prochains mois », sans en préciser ni les thèmes ni les modalités.

 La dernière initiative de convention citoyenne lancée par Emmanuel Macron concerne « les temps de l’enfant », notamment les rythmes scolaires et les périodes de vacances.

 Elle doit être lancée en juin !

En 2027, méfions-nous de ceux qui arrivent sans bagage, mais avec un bagout. 

Méfions-nous des effets d’annonce et des hommes providentiels qui n’ont jamais exercé de mandat, jamais dirigé de collectivité, jamais affronté les réalités du terrain.

 Choisissons l’expérience, la clarté et le courage. 

Refusons d’être à nouveau séduits par un candidat sans programme qui, faute de mieux, pioche dans ceux des autres quelques belles idées qu’il se révélera incapable d’appliquer.

 
Picture of Yves d'Amécourt
Par Yves d'Amécourt 
 
Chef d’entreprise, ingénieur de l’Ecole des Mines d’Alès, ancien élu local de Gironde 2004-2021 (conseiller général, maire, président d’EPCI, conseiller régional). 
 
 
ET AUSSI
 

Le verbe vide d’un président déconnecté

18 Mai 2025

Plus de trois heures. 

Plus de trois longues heures de logorrhée présidentielle, d’auto-satisfaction creuse, de bons sentiments en boucle, de « en même temps » aussi fades qu’inefficaces.

 Emmanuel Macron s’est livré hier soir à un monologue indigeste, à mi-chemin entre le sermon d’un curé progressiste et le discours lénifiant d’un DRH en séminaire.

 Pendant trois heures, les Français ont eu droit à un étalage d’arrogance technocratique, sans une seule annonce concrète, sans la moindre décision forte – et surtout, sans le moindre courage.

Pas de référendum. Pas même sur un sujet anecdotique. 

Quant à l’immigration, sujet brûlant s’il en est, le Président l’a une nouvelle fois enjambé avec un mépris glacé, comme s’il s’agissait d’une lubie populiste. 

Pour Macron, l’immigration massive n’est pas un problème, c’est une richesse, un fantasme diversitaire qui détruit lentement mais sûrement l’unité de la Nation. 

Il nie l’évidence, il méprise les Français qui souffrent et il continue de vanter une société multiculturelle qui fracture, qui gangrène, qui ensauvage.

Et comme toujours, la Russie est le bouc émissaire parfait.

 Obsession russophobe pathologique : Macron dénonce, menace, brandit des sanctions comme un enfant gâté agite son hochet. 

Mais où est son indignation quand Israël, qu’il encensait encore hier, rase Gaza avec une brutalité inouïe ? 

Ce 13 mai, il a feint l’équilibre : un soupçon de critique, quelques mots humanitaires, mais sans jamais remettre en cause la destruction systématique d’un peuple.

C’est trop tard, trop lâche, trop hypocrite.

Son seul talent est celui du verbe. 

Mais les mots ne réparent pas les ruines.

 Les Français veulent des actes, pas des pirouettes lexicales. 

Ce président gouverne par l’illusion, par le théâtre.

 Et pendant ce temps, la France décline.

 Économiquement asphyxiée, migratoirement submergée, sécuritairement livrée à elle-même.

Comment des Français sains d’esprit peuvent-ils encore accorder le moindre crédit à ce manipulateur cynique ? 

Il est le symptôme d’un pouvoir coupé du réel, d’une élite déconnectée, d’un déclin organisé. 

Et son interminable talk-show d’hier n’a fait que confirmer une chose : Emmanuel Macron est l’homme du verbe vide et du pays vidé.

Thomas Joly – 

Président du Parti de la France

 



 
 
 

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