lundi 19 mai 2025

LA MORT D' UN MILITAIRE EN ENTRAÎNEMENT ET L' INGRATITUDE DE LA NATION !

 



Militaires morts en entraînement : l’ingratitude de la nation


Les militaires décédés à l'entraînement sont déclarés « mort en service », une anomalie qu'un député souhaite corriger.


Aujourd’hui, un militaire qui décède accidentellement lors d’un entraînement sur le territoire national n’est pas reconnu « mort pour le service de la nation ».

 Une proposition de loi vise à réparer cette ingratitude.


Le vendredi 2 février 2018, lors d’un vol de formation, deux hélicoptères de l’armée de terre entrent en collision et s’écrasent à Carcès, dans le Var.

 Le tragique accident coûte la vie à cinq militaires dont le commandant Sébastien Grève.

 L’officier, appartenant aux Forces spéciales, a un parcours exemplaire. 

Âgé de 30 ans, marié et père de quatre enfants, il est engagé depuis neuf ans dans l’armée. 

C’est un pilote reconnu, aux états de service brillants.

 Il totalise 900 heures de vol, dont 200 de nuit. 

Comme ses quatre frères d’armes, il est déclaré « mort en service ».

Le 8 décembre 2020, un officier CRS décède dans des conditions similaires, en Savoie. Il aura droit, pour sa part, à la mention « mort pour le service de la nation ».


Réparer une injustice

Cette différence de mention est une injustice que le député de la Drôme Thibaut Monnier souhaite réparer.

À cet effet, le député Identités-Libertés (le mouvement que préside Marion Maréchal) a déposé une proposition de loi « visant à étendre le statut et les conditions d’attribution de la mention "mort pour le service de la nation" ».

 En effet, celle-ci « ouvre l’accès à des compensations financières et matérielles, comme le versement d’une pension de réversion à taux plein ou l’octroi du statut de "pupille de la nation" aux enfants du militaire décédé », peut-on lire dans l’exposé des motifs de sa proposition.


Ancien réserviste, le parlementaire explique à BV « avoir toujours eu à cœur de défendre la condition militaire »

Dans sa circonscription, il rencontre la veuve du commandant Grève et est touché par « son incompréhension devant le manque de reconnaissance de la nation ».

 « Mort en service » est en effet une formule sèche et laconique qui ne témoigne pas la reconnaissance que les militaires et leurs familles sont en droit d’attendre dans de telles circonstances dramatiques.

 « Lorsqu’un militaire perd la vie en opération, en service ou en dehors, la nation doit soutien et assistance à ses proches en reconnaissance de son engagement », a pourtant déclaré le ministre des Armées Sébastien Lecornu, en juillet 2024.

 Or, ils sont 130 soldats à ne pas avoir eu le droit à cette mention « mort pour le service de la nation ».


Le métier militaire : un métier pas comme les autres


Pourtant, l’engagement militaire, librement consenti « exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu'au sacrifice suprême », comme le précise le Code de la défense.

 Une exigence légale spécifique et exclusive de l'état militaire qui mérite en retour reconnaissance, notamment lorsque la mort survient.

 La mention « mort pour la France » est attribuée « lorsqu'un décès est imputable à un fait de guerre, survenu pendant le conflit ou ultérieurement ».

 La mention intermédiaire « mort pour le service de la nation » a été créée en 2012 pour les militaires ou agents publics décédés « du fait de l'accomplissement de [leurs] fonctions dans des circonstances exceptionnelles ».

 Depuis 2016, cette mention est toutefois réservée aux militaires décédés du fait « de l’acte volontaire d’un tiers ».

 Ainsi, les soldats décédés accidentellement « lors d’un entraînement, d’un exercice de préparation opérationnelle ou en mission intérieure (OPINT) » en sont privés.


Pour Thibaut Monnier, « les militaires doivent se sentir protégés lorsqu’ils sont en service commandé et avec potentiellement un décès sur le territoire national ».

 Dans un courrier qu'il a adressé au président de la commission de la Défense nationale et des forces armées (le député macroniste Jean-Michel Jacques, lui-même ancien officier marinier), pour présenter son initiative, il explique : « Le métier des armes n’est pas un métier comme les autres »« de nombreuses familles réclament que leur soit étendue la menton "mort pour le service de la nation", ainsi que l’attribution des droits qui y sont attachés »

À ce jour, la proposition de loi fédère 70 parlementaires de droite, tous partis confondus (RN, UDR, LR).

 

Jean-Pierre Woignier avait un fils sous-officier parachutiste au 3e RPIMa.

 Le soldat a trouvé la mort, en 2017, en plein entraînement dans un accident de véhicule. 

Le ministre de l’armée de l’époque, Florence Parly, ne l’a pas reconnu « mort pour le service de la nation ».

 Pour lutter contre cette injustice, il a créé une association au nom évocateur : « Les Oubliés de la Nation ».


Boulevard Voltaire




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L’armée française prépare la guerre de demain

19 mai 2025

 

L’armée française prépare la guerre de demain

par

Le mardi 14 mai 2025 s’est déroulé à l’École Militaire le Cercle de l’Innovation et du Combat Futur (CICF) organisé par le Pôle rayonnement de l’armée de terre (PRAT). 

L’objectif ? Faire le point sur les ambitions de l’armée de terre, sur ses capacités opérationnelles et sur ses besoins en vue d’anticiper les combats de demain.

« Le monde est en train d’évoluer et il faut s’y adapter », a introduit le général Bruno Baratz, commandant du Commandement du combat futur, traçant ainsi le sillon à suivre pour les discussions à venir. 

L’événement a permis la réunion du trilogue entre la Direction générale de l’armement (DGA), les forces armées et les industries de défense, dans une optique de préparation de conflits de haute intensité, auxquels la France pourrait prendre part dans les années à venir.

À l’heure où se prépare la table des négociations à Istanbul et où l’avenir de l’Ukraine semble plus que jamais incertain, les menaces affluent de divers horizons. 

Dégradation de la situation au Liban, en Syrie, entre l’Iran et Israël, entre l’Inde et le Pakistan, une pression croissante sur Taïwan, une situation en France crispée par le maintien d’une menace terroriste, l’armée de terre française veut s’adapter pour « faire face ».

Les conflits actuels témoignent d’une dynamique générale de robotisation et d’autonomisation des systèmes d’armement, à laquelle il faut être à la hauteur.

 « Notre mission n’est-elle pas de gagner la guerre avant la guerre » ? interroge le chef de l’armée de terre, le général Pierre Schill. 

 D’où l’urgence d’anticiper, et de prévoir la guerre du futur.

 

Une nécessité d’innovation et de réarmement

Dans l’amphithéâtre Foch de l’École militaire et devant des centaines d’officiers, industriels, journalistes et civils de la Défense, les officiers supérieurs se succèdent dans la prise de parole. 

Leur position est unanime : la France a pris du retard dans sa souveraineté stratégique, mais les moyens sont mis en œuvre afin de la résoudre.

 Et c’est urgent.

Alors que l’Ukraine vise à produire 4,5 millions de drones par an dans les années à venir, les derniers chiffres font état d’à peine 4000 drones à usage militaire en France.

 Devant l’omniprésence de ces drones dans les conflits, devenus déterminants, ces chiffres sont le reflet d’un retard stratégique accumulé ces dernières années, n’attendant qu’à être comblé.

 Et le ministère des armées, notamment à travers la DGA, s’y emploie résolument. 

Ses derniers résultats en témoignent.

À lire aussi : l’Ukraine : la guerre des drones

 

Premièrement, la loi de programmation militaire 2024-2030 rehausse le budget alloué aux armées à 413 milliards d’euros, sur l’ensemble de ces années.

 Ensuite, la production d’armement s’accélère : la production des canons Caesar a été multipliée par deux, voire trois.

 Celle de ses munitions est passée de 30 000 à 60 000 par an.

 Dassault a hissé sa production de rafales d’un à trois par mois. 

En parallèle, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a inauguré en mars dernier une ligne de production de poudre gros calibre pour les systèmes d’artillerie de l’usine Eurenco, à Bergerac.

 Et enfin, les programmes de modernisation s’accentuent.

 Scorpion, le système de combat aérien du futur (SCAF), le Main Ground Combat System (MGCS), le porte avion nouvelle génération (PA-NG), le pacte drones aériens de défense, visent tous à multiplier et moderniser les systèmes de défense. 

Le Pacte drone, justement, réunit une centaine d’entreprises civiles et militaires autour d’un projet commun : l’émergence d’une filière dynamisant le développement et la production de drones de contact.

Tout cela est bien le signe d’une volonté d’acquérir et de développer une autonomie stratégique en matière de conception et de production d’armements. 

Un objectif : être à la hauteur des conflits de demain.

À lire aussi  : L’urgence de financer les industries de défense 

 

Co-Ho-Ma : coopération homme-machine

Si la tendance est davantage à la robotisation des combats et à la transparence du champ de bataille, l’homme continuera à prendre toute sa part dans les combats futurs. 

C’est l’avis du Commandement du combat futur, qui considère que le soldat aura à connaître des situations de stress extrême, et que préparer la guerre de 2040, c’est également préparer l’homme à absorber des charges cognitives immenses.

 C’est le tandem homme-machine, que le ministère s’efforce d’accroître.

 Le général Baratz précise justement « qu’il ne faut pas opposer la technologie et la masse, puisque nous avons besoin des deux », voyant en eux une forme de complémentarité.

À lire aussi : La France face à la guerre du futur 

 

Le triptyque forces – DGA – industrie : un levier essentiel

Le CICF représente une « occasion unique de dialogue entre les forces armées, la DGA et les industriels ».

  C’est ainsi que l’ancien numéro deux de l’armée de terre, le général Bernard Barrera a ouvert la table ronde réunissant le chef d’état-major de l’armée de Terre, Pierre Schill, Emmanuel Chiva, de la DGA, et le président du GICAT, Nicolas Chamussy, représentant la base industrielle et technologique de défense (BITF).

Les acteurs de la table ronde ont ainsi abordé la question du besoin fondamental de disposer de capacités importantes tout en maîtrisant les coûts.

 Cela ne se fera que par l’affermissement de la collaboration entre le monde de la défense et celui civil.

 La complexité de l’ère d’extrême modernisation entamée depuis peu obligera au renforcement de ces liens.

Ainsi, rassembler les représentants des forces armées terrestres, de la DGA et des industries de défense, c’est témoigner de l’existence d’une réflexion commune autour de ces enjeux. 

C’est montrer que les moyens mis en œuvre sont à la hauteur des ambitions affichées par les armées.

 Si cela prendra du temps, le CEMAT rassure : « Je ne vois aucune raison pour laquelle la France ne serait pas capable de répondre aux enjeux de demain ».

 Au délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, de conclure : « Nous sommes capables de le faire ».

À lire aussi : Thalès face aux enjeux de l’industrie de défense 

 

Anticiper et prévoir : une leçon de l’histoire

L’amiral Philippe de Gaulle, fils du général, se confiait à Sébastien Lecornu avant de s’éteindre en mars 2024 : « Il y a une question que je me pose encore, M. le ministre. Je vais bientôt mourir et il y a quelque chose que je ne m’explique toujours pas. Mais pourquoi a-t-on perdu en 40 ? ».

Une interrogation, plus de 80 ans après les faits, qui révèle sans doute un traumatisme demeuré ancré dans la mémoire des anciens. 

Les réponses à la défaite, elles, sont nombreuses.

 Un commandement qui peine à penser la guerre à mener.

 Un état-major incapable de s’adapter aux nouvelles formes de la guerre, loin des guerres de tranchées de la Grande Guerre. 

Un ennemi mieux préparé, qui a prévu et préparé le conflit.

Les responsables politiques et militaires français cherchent à tirer tous les enseignements de cette blessure française, en vue de forger les armées de demain.

 

Source et Publication : https://www.revueconflits.com/larmee-francaise- 




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