vendredi 30 mai 2025

L' EXPOSTION " L' ART DANS LA RUE " AU MISÉE D' ORSAY ! QUAND L' AFFICHE GUIDAIT LE PEUPLE !

 REVUE DE PRESSE !    

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Quand l’affiche guidait le peuple

Exposition "L'art est dans la rue" au Musée d'Orsay à Paris, jusqu'au 6 juillet 2025


Quand l’affiche guidait le peuple
Louis-Robert Carrier-Belleuse (1848-1913) L’Étameur, 1882 Huile sur toile, 64,8 × 97,8 cm 
 
Collection particulière © Photo Studio Redivivus Musée d'Orsay
 

Jusqu’au 6 juillet, le Musée d’Orsay, en collaboration avec la Bibliothèque nationale de France, met à l’honneur les maîtres de l’affiche de la seconde moitié du XIXᵉ siècle – une époque où la rue éduquait le regard des Parisiens


 

Au-delà du message politique et social, de l’enrobage culturel, de la fonction didactique de cette exposition intitulée « L’art est dans la rue », de son argumentaire historique irréprochable, de toute la bonne volonté instructive de nos chères institutions, c’est leur mission, nous informer en replaçant les affiches dans leur contexte, une vérité banale, triviale apparaît et nous décille.

 Elle éclate dans les couloirs d’Orsay sous les joyaux de l’impressionnisme, au rez-de-chaussée.

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Avant le fatras des idées qui réconfortent les professeurs, le besoin de tout régenter intellectuellement, un constat s’impose à la vue de tous ces tableaux urbains où se marient le génie de l’imprimerie moderne d’alors et le trait du créateur : Paris s’est enlaidie en un siècle et demi. 

 

La publicité d’aujourd’hui a revêtu les habits d’un camelot hâbleur et vulgaire. 

De grandes photos montrant des sacs à main et des mannequins alanguies recouvrent nos bâtiments nationaux dans une geste criarde et déjà périmée. 

Cette publicité qui salit le regard est le fichu d’une globalisation saturée d’images. 

Les colonnes Morris sont mortes de honte.

 Le graphisme a été remplacé par le faux éclat du mirage commercial.

 Une propagande grossière, poussive, flattant on ne sait trop quel hypothétique acte d’achat. 

La ménagère a été abandonnée par les artistes. 

Les marchands à court d’idées, se vautrant dans la facilité esthétique et la démagogie langagière, n’ont même plus le respect du badaud. 

Du furtif. 

Du promeneur.

 Le peuple de Paris baisse la tête, il ne s’attarde plus sur les murs de sa capitale.

 Il file. Il s’extrait de son environnement extérieur pour retrouver la chaleur de son foyer. 

Il fuit les lumières de sa propre ville.

 Il a perdu toute capacité à s’émerveiller.

Aux lueurs du capitalisme industriel et des progrès techniques, les communicants avaient au moins la volonté de faire semblant, de nous alpaguer sur le trottoir, de nous émouvoir, de nous charmer, de nous intriguer, de nous faire lire, voter, pédaler, conduire ou s’habiller élégamment. Ils suscitaient par le placardage intensif l’intérêt de leurs futurs clients. 

La courtoisie de la Belle époque n’a plus cours. Il faut absolument voir cette collection de 230 œuvres majeures qui furent en leur temps balayées par le vent et la rumeur des faubourgs, à l’air libre ; car elles sont belles.

Belles dans leurs couleurs, dans leurs recherches stylistiques, dans leur féérie, dans leur élan républicain ou leur secousse anarchiste.

 Dans leur onde nostalgique qui n’en finit plus de se propager dans nos esprits.

 Le Musée d’Orsay a réuni les cadors du métier, ils s’appelaient Bonnard, Chéret, Grasset, Mucha, Toulouse-Lautrec, Steinlen, etc.

 Qu’ils promeuvent La Belle Jardinière, Le Moulin Rouge, le dernier Émile Zola, la Chaîne Simpson, les automobiles Brasier, des jouets pour les étrennes, le Palais de l’Industrie, la Goulue, une belle redingote ou qu’ils alertent sur les profiteurs de guerre, ils furent les nouveaux architectes de la rue, plus qu’un décor, ils façonnèrent la caisse de résonance de toutes les mutations du moment.

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À vrai dire, au commencement de cette exposition, on est sur nos gardes, comment des affiches par nature éphémères et fragiles peuvent-elles égaler des peintures ?

 Elles les surpassent souvent par leur inventivité, leur audace, leur composition et leur profondeur. 

Elles sont notre identité urbaine.

 Nous ne savions même pas que nous conservions inconsciemment ces images dans notre tête. 

Ces affiches nous sont familières, elles sont le canevas de notre propre frise chronologique, Aristide Bruant avec son écharpe rouge nous salue, plus loin l’écolier au petit-beurre nantais ou la fillette du chocolat Menier nous rappellent les douceurs de l’enfance, le Quinquina Dubonnet était la boisson vedette des bistrots, toutes ces affiches semblent nous appartenir.

 Elles sont notre mémoire collective. 

Elles nous amusent parfois, nous fascinent par leur majesté populaire et nous font amèrement regretter cette ville nouvelle aux façades ternes.

 

Source et Publication :     .causeur.fr/exposition-l-art-est-dans-la-rue-



Informations pratiques sur le site du musée: Exposition L’art est dans la rue | Musée d’Orsay
16 € l’entrée

Tendre est la province

Price: 19,00 €

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L'art est dans la rue - Catalogue d'exposition

Price: 45,00 €

8 used & new available from 37,99 €

 

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