samedi 20 décembre 2025

TRUMP TRAITE BIEN LES NARCO-TRAFIQUANTS , MAIS NE TRAITE PAS LE HAMAS........

 POLITIQUE   INTERNATIONALE  !

Pourquoi Trump ne traite-t-il pas le Hamas comme il traite les narcos ?



 

L’art du deal n’est pas opérationnel avec un mouvement totalitaire

Le 20 janvier 2025, soit le jour même de son entrée en fonction, le président des États-Unis Donald Trump a signé un décret désignant les cartels de la drogue comme des organisations terroristes.

 Ces cartels, dit le décret, « menacent la sécurité nationale dans une proportion qui est sans commune mesure avec ce que représente le crime organisé traditionnel ».

 Et la politique des États-Unis, ajoute le décret, est de les « éliminer totalement… ».

Il a fallu attendre presque huit mois avant que ce décret soit exécuté. 

Mais depuis le mois de septembre, pas moins de « vingt-six embarcations transportant de la drogue ont été envoyées par le fond, tuant au moins quatre-vingt-quinze personnes ».

 Le 2 septembre, à Washington, l’opposition démocrate a cependant violemment protesté contre l’élimination de trafiquants qui avaient survécu à un premier impact et avaient ensuite été éliminés physiquement en tant que naufragés, par une seconde frappe.

La polémique n’a pas entamé la volonté éradicatrice de l’administration américaine. 

Le 15 décembre, la Marine a envoyé par le fond trois autres bateaux, faisant huit morts

Et le 17 décembre, Trump a parlé de bloquer les exportations de brut vénézuélien.

 

Il ne s’agit pas ici d’un débat moral
 

La Maison-Blanche a trouvé légitime de tuer des narcotrafiquants déjà naufragés, mais s’est déclarée émue qu’Israël ait éliminé, le 13 décembre, Raed Saad, l’un des rares hauts dirigeants du Hamas encore en vie. 

Donald Trump se serait plaint en privé du risque que l’élimination de Raed Saad faisait peser sur la poursuite des négociations devant mener à une paix durable.

 Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, signé le 9 octobre, est en effet censé déboucher sur « une paix solide, durable et pérenne », a écrit Donald Trump sur X.

 

Ces regrets du président américain posent la question de l’« ennemi »

N’y a-t-il pas un paradoxe à exterminer des narcotrafiquants d’un côté et à s’imaginer, de l’autre, que le Hamas est un interlocuteur pour la paix ?

Donald Trump supprime les narcotrafiquants, parce qu’il sait qu’aucune négociation n’amènera un cartel à renoncer à son business. 

Les profits vertigineux liés à la drogue et à la terreur sont le moteur du trafic.

 Pour se débarrasser de la drogue, l’administration américaine pense qu’elle n’a qu’un seul outil à sa disposition : l’éradication des trafiquants et le démantèlement de leur organisation.

Si la drogue et l’islamisme sont deux formes de terrorisme, n’y a-t-il pas un paradoxe à éradiquer les trafiquants tout en négociant avec les islamistes ?
 

Si une logique transactionnelle ne peut pas réussir avec les terroristes de la drogue, pourquoi réussirait-elle mieux avec les terroristes de l’islam ?

 

L’organisation et le but sont les deux éléments clés d’un mouvement totalitaire

 

L’organisation
 

Demander au Hamas de désarmer sans avoir à l’écraser militairement revient à lui demander de détruire lui-même son organisation.

En effet, dans Les Origines du totalitarisme, Hannah Arendt écrit qu’une organisation totalitaire tire précisément sa puissance de son… organisation.

 « Pour Staline, la croissance et le développement ininterrompu de l’encadrement policier étaient incomparablement plus importants que le pétrole de Bakou, le charbon et le minerai de l’Oural, les céréales d’Ukraine et les trésors que recelait en puissance la Sibérie… 

Le même état d’esprit a conduit Hitler à sacrifier toute l’Allemagne à l’encadrement SS [1] ».

 Hitler n’a pas pris conscience de la défaite nazie en apprenant que l’industrie allemande était en ruines ou que les villes allemandes étaient en cendres.

Il a accepté la défaite « à la nouvelle qu’il ne pouvait plus compter sur les troupes SS [2] ».

Pour le Hamas, renoncer à ses armes, c’est renoncer à son but.

 

Son but : détruire Israël
 

Comme tous les mouvements totalitaires, le Hamas est convaincu d’être l’instrument d’une volonté supérieure : l’islam.

 La charte du Hamas précise d’emblée qu’« Israël existe et continue d’exister jusqu’à ce que l’islam l’abroge ».

Le Hamas est donc persuadé d’incarner l’islam.

 Lequel a une vocation hégémonique. 

Dans Les Origines du totalitarisme, Hannah Arendt, parlant des nazis et des bolcheviks, écrit que « les gouvernements totalitaires aspirent à conquérir le globe et à faire entrer dans leur mouvance tous les pays de la terre [3] »

. Elle ajoute : « Les régimes totalitaires conduisent leur politique étrangère à partir de l’hypothèse logique qu’ils atteindront cet objectif à un moment ou un autre… 

Ils ne considèrent aucun pays comme définitivement étranger, mais bien au contraire tous les pays comme leur territoire potentiel[4] ».

Détruire Israël et propager l’islam, telle est la vocation du Hamas. Son armement et sa mission sont une seule et même chose.

 

Négociation et totalitarisme
 

Imaginer que le Hamas devienne un parti de gouvernement qui fait campagne à Gaza, accepte de perdre les élections et renonce à détruire Israël est donc une illusion stratégique.

Dans Paix et guerre entre les nations, Raymond Aron précise que la diplomatie ne peut se tricoter qu’entre acteurs qui acceptent la survie de l’adversaire.

 Or le Hamas n’est pas un acteur diplomatique. 

Il fait la guerre pour imposer l’islam, lequel ne reconnaît aucune légitimité à l’adversaire (Israël ou tout autre pays non musulman).

Le Hamas ne se bat pas pour un partage de la terre ou un meilleur partage de la terre. 

Ses armes sont le marqueur d’un refus, celui d’un monde partagé.

 

Avant les massacres du 7 octobre 2023, Israël s’était également imaginé que le Hamas était « dissuadé ». 

Trump va devoir apprendre à son tour qu’on ne règle pas un conflit ontologique avec des outils transactionnels. 

Dans un monde régi par le totalitarisme, le « gagnant-gagnant » n’existe pas.

Si on ne détruit pas le Hamas, c’est lui qui vous détruit.

 

Par Yves Mamou

https://mamou.substack.com/

 


[1] Hanna Arendt, Les Origines du totalitarisme, Quarto Gallimard, p. 757

[2] Idem

[3] Hanna Arendt, Les Origines du totalitarisme, Quarto Gallimard, p. 752

[4] Idem

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