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« Les agriculteurs ne sont pas seuls » : à Versailles, les jeunes citadins se mobilisent

Ils étaient une bonne dizaine de jeunes Versaillais, ce dimanche 14 décembre au soir, à se réunir place du Marché, armés d’écharpes chaudes et de slogans, pour témoigner leur soutien aux agriculteurs.
S’ils ne sont pas issus du milieu agricole, ils se sentent entièrement concernés par la crise que traversent de nombreux éleveurs en France, récemment ravivée par les abattages liés à la maladie de la dermatose nodulaire.
« Que les agriculteurs entendent qu’ils ne sont pas seuls »
« C’est la base de notre vie, l’agriculture ! »
Lucille, qui a lancé la mobilisation spontanée observée par les passants au cœur de la cité royale, se dit particulièrement sensible aux difficultés du monde rural, tout comme Auguste qui, sans en faire partie, a décidé de « faire entendre [s]a voix » pour soutenir les agriculteurs.
Stationnée sur la place du Marché, la camionnette des manifestants arborait plusieurs slogans, parmi lesquels « Pas de pays sans paysans » ou encore « >La mort est dans les prés, by Macron ».
Un message destiné à rappeler qu’en France, un agriculteur se suicide tous les deux jours, et que la proportion de pensées suicidaires est sept fois plus élevée chez les agriculteurs (28 %) que dans le reste de la population (4,2 %).
« Les agriculteurs vont mal, et je regrette qu’en ville on dise qu’on ne peut rien faire.
On peut toujours faire quelque chose », poursuit Lucille.
À travers cette action modeste, menée avec quelques amis, elle souhaite avant tout adresser un message de soutien : « Que les agriculteurs entendent qu’ils ne sont pas seuls, et que, s’ils veulent se mobiliser à Paris, nous, Versaillais et Parisiens, on est là. »
Entre ville et campagne, un fossé à combler
Citadine depuis toujours, la jeune femme explique avoir découvert le monde agricole à la sortie du lycée en suivant un BTS agricole.
Une expérience qui, selon elle, lui a permis d’ouvrir les yeux sur des réalités qu’elle ignorait jusque-là.
« On ne se rend pas compte du travail et des sacrifices qu’il y a derrière l’activité de ceux qui nous nourrissent, ni de l’amour qu’ils portent à leurs animaux », confie-t-elle, regrettant que sa génération, en ville, « soit aussi étrangère à ce monde-là ».
Elle estime, par ailleurs, que ces enjeux devraient être davantage abordés par l’Éducation nationale afin que les enfants connaissent mieux la façon dont ils sont nourris.
Pour Auguste et Ambroise, même constat.
Malgré leur jeune âge (entre 18 et 20 ans), ils refusent de se montrer insensibles à une cause qu’ils jugent « essentielle à défendre », même lorsqu’on est Versaillais.
Ils ne veulent d’ailleurs pas « subir plus tard ces lois et ces décisions » contre lesquelles se battent aujourd’hui les agriculteurs.
« Montrer l’exemple »
À leur niveau, ils essaient de « montrer l’exemple » dans l’espoir d’encourager d’autres jeunes, issus comme eux des milieux urbains, à se mobiliser afin que, s’ils les voient et les entendent, les agriculteurs se sentent soutenus et moins isolés dans la crise qu’ils traversent.
Un « combat », disent ces étudiants, qui tranche avec celui des porte-drapeau queer et palestiniens qu’on voit flotter dans les grandes villes au rythme des manifestations.
Ceux-ci, loin des réalités qui les concernent pourtant plus directement qu’un conflit au Moyen-Orient, sont aux abonnés absents pour battre le pavé, ces derniers jours, tout comme « les écolos et les vegans », qu’on « n’entend plus », regrette Lucille.
Motivés par cette première action, les jeunes entendent poursuivre la mobilisation cette semaine, encouragés par l’afflux de messages reçus par Lucille, qui reste convaincue que « même si on est des citadins, il faut pouvoir dire qu’on est prêts à se battre pour de bonnes causes ».
Source : https://www.bvoltaire.fr/


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