REVUE DE PRESSE !
LES ÉLECTORALISTES
Le monopole du Rassemblement national
Fondé en 1972 par, entre autres, les néofascistes d’Ordre nouveau, le Front National (FN) rassemblait à l’origine tous les courants de l’extrême droite sous l’autorité de Jean-Marie Le Pen
. La scission de 1998 a affaibli le parti jusqu’en 2011 où Marine Le Pen a succédé à son père avec la volonté de s’affranchir du folklore nationaliste.
En 2018, le FN devient Rassemblement national,
renforce sa ligne « ni droite ni gauche » et se paye le luxe de
rester sans véritables alliés, mais avec une base électorale solide :
Marine Le Pen est présente au second tour des présidentielles en 2017 et 2022 et le RN réussit à avoir 88 député·es aux législatives de 2022, puis 143 en 2024, tandis que le nouveau président du RN Jordan Bardella obtient plus de 31% aux européennes de 2024.
Préparant sa candidature de 2027, Marine Le Pen a en effet laissé la
présidence à l’ambitieux Bardella au détriment de certains de ses plus
fidèles soutiens, comme Steeve Briois,
créant une fracture au sein du RN.
Mais depuis, tout le monde semble rentrer dans le rang derrière la direction bicéphale Le Pen / Bardella, les vice-président·es ayant tou·tes le petit doigt sur la couture du pantalon.
Rien ne semble plus devoir arrêter le RN dans sa conquête du pouvoir…
Des concurrents absorbés ou marginalisés
Depuis plusieurs années la droite conservatrice se radicalise sur les
questions de sécurité, d’immigration et d’identité.
L’actuel ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau incarne à lui seul cette tendance lourde. L’élection à la tête des Républicains d’Eric Ciotti a rendu la frontière entre droite et extrême droite encore plus floue.
Après la dissolution de l’assemblée nationale
de juin 2024, Ciotti a créé son propre mouvement, l’Union des Droites
pour la République (UDR), s’est allié au RN pour les élections
législatives, provoquant une crise au sein des LR, enterrant au passage
l’illusoire positionnement « ni droite ni gauche » du RN.
Reconquête !, Le parti d’Eric Zemmour
devait incarner ce rassemblement de la droite de la droite. Tandis que
la conseillère et compagne de Zemmour, Sarah Knafo, prend la tête de
l’appareil, Marion Maréchal y a fait son retour comme tête de proue pour
les européennes, avant de finalement trahir Zemmour
pour se rapprocher de Marine Le Pen, emportant avec elle 4 des 5
député·es de Reconquête dont les mauvais résultats électoraux aux
élections et la mégalomanie de Zemmour l’empêche de se développer.
Après
les élections législatives de 2024, Marion Maréchal s’est retrouvée
finalement snobée par le RN, elle a donc fondé son propre mouvement, Identité Libertés, sur les cendres du Mouvement conservateur, issu de Sens commun, une tendance réactionnaire des LR, précédemment allié au sein de l’Alliance conservatrice aux catholiques de VIA et au CNIP.
L’avenir semble toujours aussi bouché pour les souverainistes de tout
poil.
Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, suite à de nombreux départs, n’est plus qu’une coquille vide, tandis que l’UPR et Les Patriotes de Philippot n’existent plus que dans les milieux complotistes et dont l’activité se concentre sur les réseaux sociaux.-
LES RÉACTIONNAIRES
Au-delà des partis favorables à l’union des droites, le mouvement
conservateur est aussi représenté par des personnalités politiques de la
droite « hors les murs », comme Philippe de Villiers, Jean Messiha ou Charles Million, qui a beaucoup fait pour la création de l’ISSEP,
une école pour former les cadres conservateurs de demain, qui a puisé
son inspiration dans une autre structure de formation conservatrice, l’Institut de Formation politique (IFP).
Mais la guerre culturelle est surtout menée par des sites (comme
Boulevard Voltaire ou Causeur) ou des revues, relativement
confidentielles comme Frontières ou L’Incorrect, ou bénéficiant d’une large diffusion comme Valeurs actuelles.
Des réacs comme Alain Finkielkraut, Gabrielle Cluzel, Geoffroy Lejeune entendent prendre leur revanche sur l’hégémonie supposée de la gauche dans ce domaine, et saturer l’espace public de leurs obsessions patriarcales, islamophobes, et nationalistes.
Tous étaient derrière Zemmour, mais depuis ses revers électoraux, sa capacités à rassembler s’est très largement effritée.
Tout ce petit monde peut en revanche
compter sur le soutien sans faille de l’empire médiatique du
milliardaire catho tradi Vincent Bolloré qui leur offre des heures d’expression débridée sur ses chaînes.
Du côté des organisations de jeunesse, la Cocarde étudiante,
un syndicat dont les militants n’hésitent pas à faire le coup de poing,
roule aussi bien pour le RN que pour Reconquête !.
Le collectif Nemesis de son côté, sous couvert de « féminisme de droite », défend en réalité le modèle patriarcal.
Du côté de la défense de la famille traditionnelle, la Manif pour Tous
est devenue en 2023 le Syndicat de la Famille : son vice-président
Albéric Dumont est chargé de la sécurité de Zemmour.
Les nationaux-catholiques
Les réseaux catholiques tradis sont denses car ils peuvent s’appuyer sur
certaines paroisses et ils disposent de plusieurs médias (comme Radio
Courtoisie), de maisons d’édition comme les éditions du Chiré et de
sites internet, comme le Salon beige ou Media Presse Info.
Avec comme
mot d’ordre « Dieu, Famille, Patrie », Civitas,
devenu depuis sa dissolution Civitas international était un parti
politique voulant imposer sa foi à toute la société, à travers un
discours discrètement antisémite.
L’Agrif lutte elle contre la « christianophobie » et le « racisme
anti-blanc », porte plainte et se constitue partie civile dans des
procès.
La lutte anti-IVG est l’un des combats historiques des cathos tradis : les Marches pour la Vie rassemblent chaque année plusieurs milliers de gens et la Fondation Lejeune, depuis 1996, associe recherches scientifiques sur les maladies génétiques et engagement militant contre l’avortement.
Academia Christiana, fondée en 2013, est une structure de formation animée par Victor Aubert. Son réseau est assez étendu et a tendance à grossir : il va de mouvements traditionalistes (comme la Fraternité Saint-Pie-X) jusqu’aux activistes identitaires, en passant par la Nouvelle Droite.
Une autre structure, Ichtus, assure également des formations.
LA FACHOSPHÈRE
Des médias nationalistes locaux comme Breizh Info ou Infos Bordeaux tentent de faire passer leur propagande pour de l’information.
Plus professionnel TV Libertés propose une grille de programmes assez diversifiée.
D’autres se reposent sur les réseaux sociaux, en mettant en pratique le concept de réinformation forgé par le think tank Polémia, créé par Jean-Yves Le Gallou, proche des Identitaires et ancien du GRECE.
D’autres, comme Vincent Lapierre se déclare indépendant, alors que Le Média pour Tous a toujours été au service de l’extrême droite.
Ce sont aussi des médias mainstream qui
servent de relais à leur propagande, sous l’impulsion de leur
propriétaire comme le milliardaire catholique Vincent Bolloré avec
Cnews, ou à l’initiative d’animateurs, comme André Bercoff de Sud Radio.
D’autres rêvent d’associer la diffusion de leur propagande à de
l’activisme sans y parvenir, faute de militant·es
. C’est le cas de l’islamophobe Riposte laïque ou de l’antisémite Égalité & Réconciliation qui n’est plus désormais que le fan-club de son fondateur Alain Soral.
Les négationnistes comme Vincent Reynouard ou Hervé Ryssen, condamnés à plusieurs reprises, peuvent en tout cas remercier E&R qui a contribué à populariser leurs thèses délirantes.
Dans le sillage de
Soral, avec lequel tous sont fâchés ou presque, des individus se sont
fait un nom à travers des vidéos en affichant leur amour du nazisme
comme Daniel Conversano.
Nombre d’influenceuses·eurs d’extrême droite, comme le masculiniste Papacito, Julien Rochedy, Thaïs d’Escufon,
ex-égérie identitaire, ou Alice Cordier de Nemesis, se spécialisent
dans les discours antiféministes, par le biais de l’humour ou du
coaching personnel.
La transphobie obsessionnelle des médias et
personnalités réacs permet des rapprochements avec des femmes terfs (des
« féministes » pour qui les femmes trans sont des hommes) comme
Marguerite Stern ou Dora Moutot.
D’autres cultivent ad nauseam leur islamophobie, comme Damien Rieu dont
on ne compte plus les fake news ou Mila Orriols qui s’est récemment
associée à Yohan Pawer au sein d’un collectif homosexuel antiLGBT et
« antiwoke ».
La Nouvelle Droite
Pour réhabiliter sa vision inégalitaire du monde, l’extrême droite
devait lutter sur le terrain des idées.
Depuis les années 1970, le Groupement de Recherche et d’Étude pour la Civilisation Européenne (GRECE), inactif aujourd’hui, y travaille, donnant naissance à ce qu’on a appelé la Nouvelle Droite.
Alain de Benoist qui en est le représentant historique, se plaît à brouiller les cartes à travers la revue Éléments, dirigée par François Bousquet.
La Nouvelle Droite dispose aussi d’un outil de formation, l’institut Iliade, qui organise des conférences et des cycles de formation sur « le grand effacement », les « pensées non-conformes » ou la défense de la civilisation européenne.
LES ACTIVISTES
L’Action française (AF) est le plus vieux mouvement nationaliste en activité. Royaliste, historiquement école de formation, l’AF organise des colloques mais aussi des actions de rue.
Une scission en 2018 a éloigné les anciens restés fidèles à l’antisémitisme historique et à la nostalgie vichyste.
L’AF d’aujourd’hui se réfère toujours à Maurras, mais en concentrant ses
attaques contre les musulmans et en essayant d’être moderne.
Les Identitaires ont tenté depuis leur création en 2002 de se démarquer de l’extrême droite traditionnelle, en misant tout sur la communication.
Sa structure jeune, Génération identitaire (GI), a pris son autonomie en 2012, puis a été dissoute en 2021 alors qu’elle était déjà en perte de vitesse.
Depuis la dissolution du local lyonnais la Traboule en juin 2024, un seul local identitaire reste ouvert, Le Mora
à Rouen, et les différentes tentatives locales (les Normaux, les
Natifs) ou nationale (Argos) de relancer la machine identitaires ont
pour l’instant fait long feu : face à cette situation critique, une
structure collecte de l’argent, l’ASLA (association de soutien aux lanceurs d’alerte).
Fondé en 2009 par Carl Lang, ancien n°2 du FN, et aujourd’hui présidé par Thomas Joly, le Parti de la France
cherche à faire de l’agitation, tout en se présentant parfois à des
élections, avec des résultats insignifiants.
Nostalgique du FN des
années 1980, le parti se veut proche de Jean-Marie Le Pen, président du
FN pendant 40 ans, et exclu en 2015 du parti par sa fille.
Les groupes locaux
Des groupes implantés localement se revendiquent « enracinés » sans
être affiliés à une organisation précise.
Certains se posent en héritiers du GUD (mouvement étudiant nationaliste-révolutionnaire), mais la plupart sont en réalité de simples bandes affinitaires.
Il se retrouve chaque année
lors de la manifestation du Comité du 9 mai ou au sein des Active Clubs, qui organisent des entraînements au combat de rue.
Ils reçoivent à l’occasion le renfort de hooligans venus du stade et
n’ont pas vraiment d’expression politique en dehors de leurs attaques
contre des militant·es de gauche et la publication d’images néonazies
sur le canal Ouest Casual.
Pour essayer de suivre cette nouvelle
tendance, nous avons réalisé une carte de France des groupes
nationalistes locaux (téléchargeable sur notre site).
D’autres groupuscules tout aussi confidentiels se revendiquent
ouvertement du fascisme historique.
C’est le cas des Nationalistes (ex-PNF) qui s’inscrivent dans la continuité de l’Œuvre française dissoute en 2013.
Proche d’eux, un collectif de soutien aux nationalistes et aux
négationnistes emprisonnés, le CLAN, est animé par l’avocat Pierre-Marie Bonneau.
Les skins néonazis n’ont plus d’organisation les fédérant depuis la dissolution de 3e Voie de Serge Ayoub qui n’a plus d’activité militante apparente.
La Horde
Source: Lahorde.info
https://www.infolibertaire.net/
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