Soutien total, existentiel !
Les paysans, c’est l’origine, la patrie, la terre des pères, raison pour laquelle on peut et on doit la dire sacrée.
C’est repris des réseaux sociaux. Jean-Philippe Chauvin a publié sur l’affaire du Mercosur un article remarquable que nous reprendrons aussi prochainement.
JSF La Rédaction.
[CHRONIQUE]
Le Mercosur envers et contre tous.
Mme von der Leyen vient d’affirmer que la négociation de l’accord Mercosur était « dans la dernière ligne droite », mais en rappelant que celle-ci est souvent la plus difficile.
Il demeure que l’objectif constant de la Commission est la signature de cet accord.
En dépit de l’opposition de la France à ce texte « en l’état » - France rejointe par l’Italie - techniquement le traité international en question comporte d’une part un accord d’association, pour lequel une décision unanime des Etats membres est nécessaire, d’autre part un accord commercial, domaine dans lequel la Commission possède la compétence exclusive de négociation, sur mandat du Conseil de l’Union européenne.
En ce cas le mode de prise de décision est celui dit de la procédure ordinaire, à savoir la majorité qualifiée des États membres.
Le souhait de la Commission est évidemment de dissocier les deux volets afin de pouvoir faire adopter l’accord commercial de libre échange à la majorité qualifiée et de passer outre l’opposition de certains États membres s’ils n’obtiennent pas la minorité de blocage (au moins quatre États membres et 35% de la population de l’UE).
Mercosur serait-il abandonné ?
Il en résulte que lorsque M. Macron et M. Barnier affirment qu’ils s’opposeront à l’accord Mercosur « en l’état », ne peuvent y parvenir seuls.
La récente prise de position de l’Italie hostile à cet accord est une bonne nouvelle.
La Pologne et l’Autriche ont exprimé de sérieuses réserves et les Pays-Bas sont hésitants.
Le rejet du projet d’accord de libre échange n’est donc pas impossible, malgré l’Allemagne, l’Espagne et le Portugal qui y sont très favorables.
Pour autant l’accord Mercosur serait-il définitivement abandonné.
Évidemment non et pour une raison simple, le libre échange est en effet l’alpha et l’omega de la politique économique de la Commission européenne et que le Parlement européen, notamment le PPE, a une orientation très libre échangiste.
Et en matière de libre échange, la Commission est terriblement obstinée.
Pour avoir entendu dans les couloirs bruxellois : « pourquoi vouloir à toute force manger du bœuf européen quand on peut manger de bœuf argentin », il ne faut pas, hélas, se faire trop d’illusion sur l’issue du bras de fer en cours.
Il existe en effet une conjonction d’intérêts en faveur de l’accord Mercosur.
L’Allemagne souhaite pouvoir exporter ses berlines et ses machines outils en Amérique du sud, l’Espagne désire renforcer politiquement ses liens économiques, historiques et culturels avec « la hispanidad », la secte verte est hostile par principe à l’élevage bovin, et la Commission est idéologiquement libre échangiste, à la suite de Robert Schuman qui croyait aux effets pacifiques du « doux commerce » cher à Montesquieu et Kant.
Là où le commerce passe, les canons se taisent ! Funeste illusion. Le monde d’avant 1914 était celui du commerce international et du libre échange, doté d’une monnaie commune, l’étalon or.
A l’évidence, ceci n’a en rien empêché le déclenchement de la première guerre mondiale.
Quelques concessions probables
Le résultat est que l’Union européenne est l’espace le plus ouvert à tous les vents de la concurrence.
A titre d’exemple, le taux d’ouverture des marchés publics dans l’UE est le plus élevé du monde 95 %.
Ils sont fermés à 100 % en Chine, en Inde ou au Brésil.
A 29% au Japon et 32% aux USA (source Sénat).
Le plus probable et qu’il sera fait pour faire « passer la pilule » au monde agricole, mais que le Mercosur sera mis en œuvre.
La rhétorique des « clauses miroirs » est illusoire car comment l’UE pourrait-elle imposer aux États membres du Mercosur de changer leurs législations ?
Une fois encore nos producteurs seront mis en concurrence avec des producteurs qui ne supportent pas les mêmes contraintes sociales, sanitaires, écologiques et administratives.
Pour rassurer le « bon peuple », il est expliqué que l’ouverture sera limitée. Au départ sans doute.
Mais quelle sera l’évolution ?
L’exemple de l’industrie en Europe ne peut que faire trembler pour notre agriculture.
La réalité est que depuis des décennies, traité après traité, la France a abandonné sa souveraineté, donc sa liberté, entre les mains de l’UE et de son Eurocratie.
Il est un peu tard pour déplorer que nous ne soyons guère plus qu’une préfecture de l’empire sur lequel règne Ursula von der Leyen.
Un petit rappel toutefois.
La crise dite de « la chaise vide »de 1965/1966 avait pour origine une question agricole.
Elle avait débouché sur le compromis de Luxembourg, c'est-à-dire l’unanimité pour les votes importants. C’était le temps de De Gaulle.
Peut-on croire un instant que le très europhile Macron aurait le courage de pratiquer la politique de la « chaise vide » ?
A force de préférer l’Union européenne à la France, la technocratie à l’enracinement charnel, la mondialisation à la nation, il faut bien en payer le prix.
Viande contre bagnoles
Craignant la colère de ses agriculteurs, la France essaie de faire marche arrière sur le traité du Mercosur
La France parviendra-t-elle à refuser d’appliquer le traité du Mercosur ?
Nos agriculteurs tricolores, déjà mal en point, sont vent debout contre cet accord de libre-échange.
C’est une révolte ? Demande le président Macron.
Non Sire, une Révolution ! Répond le Premier ministre.
Car en ce moment des blocages ont lieu dans toute la France et la Coordination Rurale promet le «chaos ».
Endurants et persévérants nos paysans souffrent depuis plus de 20 ans, souvent en silence et en courbant l’échine.
Accord après accord, gouvernement après gouvernement, promesses non tenues après promesses non tenues, ils sont assassinés à petit feu.
Les exploitations agricoles étaient près de 490 000 en 2010 et moins de 390 000 en 2020, soit une baisse de 20% en 10 ans.
Dans le même temps, la population des chefs d’exploitation et co-exploitants est passée de près de 604 000 personnes à moins de 496 400, soit une baisse de 18 %. En 2024, ils sont environ 400 000, soit près de 800 000 de moins qu’en 1980.
Chaque année depuis 2015, en moyenne 20 000 chefs d’exploitation cessent leur activité tandis que 14 000 s’installent.
A ce rythme, en 2035, ils ne seront plus que 275 000.
Poids administratif, lourdes charges sociales, MSA (Mutualité Sociale Agricole), contrôles multiples notamment de la part de l’Office Français de la Biodiversité, droits de transmission, retraite misérable (1176€ par mois après 40 années de cotisations !), augmentation de 30% du prix des entrants (engrais et produits phytosanitaires), aides de la PAC (Politique Agricole Commune) chaque année moins importantes, 253 suicides en 24 mois, cours en chute depuis un an, augmentation de plus de 10% en deux ans du montant du fermage, rendements en baisse et pour clore ce tableau une récolte 2024 catastrophique !
Les mouvements de contestation de janvier n’ont mené à rien ou à si peu.
Nos paysans ont alors repris depuis quelques semaines des actions, d’abord timides mais qui montent en puissance afin de mobiliser leur profession.
On nous annonce le chaos, et c’est bien ce qui nous attend si la ratification du traité du Mercosur entre la France et l’Amérique du Sud a lieu.
Viande contre bagnoles. 20 ans de négociations pour arriver à ça !
L’accord commercial entre l’Union Européenne et l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay, la Bolivie et le Paraguay reste en attente car à ce jour aucune des parties ne l’a encore ratifié.
L’accord vise à faciliter les échanges commerciaux entre l’Union Européenne et les pays d’Amérique du Sud en supprimant progressivement sur une période de 10 ans 90% des droits de douane.
L’accord prévoit également des réductions importantes sur des produits agricoles majeurs comme la viande de bœuf, la volaille, l’éthanol et le sucre.
L’Union Européenne et les pays d’Amérique du Sud représentent un marché d’environ 740 millions de consommateurs et des échanges commerciaux avoisinant les 45 milliards d’euros ce qui en ferait la plus grande zone de libre échange au monde !
Comment nos paysans français pourraient-ils trouver ainsi leur place dans cet immense marché où les conditions de production des pays sud-américains sont bien différentes des nôtres ?
Comment pourraient-ils concurrencer les producteurs d’Amérique latine qui ont des contraintes sanitaires et environnementales beaucoup moins strictes qu’en Europe et qu’en France en particulier, allant même jusqu’à utiliser des produits phytosanitaires et des antibiotiques interdits en Europe depuis 20 ans !
Face à cela la France, animée par un dernier sentiment envers nos paysans mourants, semble s’opposer à cet accord.
Mais pour empêcher l’adoption du texte elle doit impérativement réunir une minorité de blocage ; Paris doit donc réunir à minima quatre pays représentant au moins 35% de la population de l’Union Européenne.
Un tour de bras compliqué mais pas impossible si la Pologne, l’Irlande, les Pays-Bas et l’Autriche se rallient à la position de la France.
On se demande d’ailleurs pourquoi ce réveil tardif après 20 ans de négociations.
La peur du chaos annoncé ? Des enjeux électoraux ?
Nos voisins allemands, quant à eux, attendent avec impatience de ratifier le traité qui permettrait à leur industrie automobile d’encaisser de beaux bénéfices.
Le couple « franco-allemand » fantasmé qui n’existe que dans la tête des dirigeants français semble être en crise !
Si le traité vient à être ratifié par l’Union Européenne, ce qui semble le plus probable, adieu veaux, vaches et cochons pour nos paysans et bonjour Mercedes et BMW pour l’industrie automobile allemande.
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