La crise qui touche le monde agricole est plus que jamais d’actualité.
Ci après un florilège de déclarations de différents acteurs.
Julien Tallec (Confédération paysanne) –
« Rappelons que la ration d’une vache nourrie à l’herbe ne nécessite aucun apport protéique supplémentaire, l’herbe étant naturellement équilibrée pour les ruminants.
Plus Marguerite ira au pré, moins nous serons dépendants de nos amis américains.
Plutôt que de panser les plaies de notre agriculture et de notre environnement, prenons le taureau par les cornes en relocalisant et en construisant une agriculture bretonne robuste et indépendante et regagnons de la fierté à exercer notre métier.
L’agriculture bretonne, même si elle est excédentaire, n’a pas vocation à nourrir le monde, pas plus que l’agriculture brésilienne sur un continent où tout le monde ne mange pas à sa faim. »
(Le Télégramme, mercredi 20 novembre 2024)
Cédric Henry (FNSEA) – La crainte est de voir déferler 90 000 tonnes de viande bovine provenant d’Amérique du Sud sur le territoire de l’Union européenne, « de la viande importée provenant d’élevages utilisant des antibiotiques, des insecticides, des hormones de croissance interdits en France. »
(Ouest-France, Ille-et-Vilaine, mercredi 20 novembre 2024)27 octobre 2024)
Véronique Le Floc’h (Coordination rurale)
– A propos de la technostructure qui entrave les agriculteurs : « Oui, c’est une administration…
En Bretagne, aujourd’hui, nous avons un administratif pour deux fermes ! Cela représente pour chaque ferme un mi-temps si on le mettait à traire les vaches, à soigner les cochons ou les volailles…
Nous serions peut-être plus compétitifs, plutôt que de les payer à faire des papiers !
On nous opposer la réalité budgétaire, mais supprimez l’Office français de la biodiversité et vous
récupérez 650 millions d’euros, au lieu de protéger les loups et de dire à chacun de nous de se barricader, alors qu’une ferme, c’est un milieu naturel, un milieu ouvert. »
(Le Journal du dimanche, 27 octobre 2024)
Pierre-Yves Floch (Confédération paysanne) – « On paie les pots cassés d’une politique agricole qui tend à s’agrandir au détriment du voisin.
Moi, je n’ai pas envie de bouffer mon voisin : je préfère avoir des voisins agriculteurs.
Quand tu t’inscris dans ce système à toujours détruire les petits paysans, un jour, c’est toi le petit d’un autre. C’est ce qui est en train de se passer (…)
Depuis l’après-guerre, l’agriculture française est gérée par l’Etat et le principal syndicat, la FNSEA, qui défend plus l’agro-industrie que les paysans (…)
La FNSEA a la mainmise sur bon nombre de décisions. Elle est toujours dans une logique d’élimination des autres : le nombre de paysans ne cesse de baisser.
Son bouc émissaire, c’est l’environnement.
Je ne vais quand même pas manifester contre l’environnement ! »
(Ouest-France, Bretagne, lundi 18 novembre 2024)
Gaellic Le Roux (FNSEA) – « Quand on touche des aides, il faut que ce soit encadré, mais là, c’est trop, on croule sous la paperasse et les contrôles. »
La société demande de « produire plus blanc que blanc », selon des normes (pesticides, engrais, OGM, antibiotiques…) dont les produits importés sont exemptés (…) « Beaucoup de gens disent vouloir des produits sains, mais le moins cher possible. Alors qu’ils s’achètent le dernier smartphone sans se poser de question. »
(Ouest-France, jeudi 14 novembre 2024)
Jérôme Fourquet (Ifop) – « Les prix augmentent moins, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils baissent.
La crise inflationniste a laissé des traces, durablement. Beaucoup de Français sont dans l’arbitrage face à des fins de mois difficiles.
Cette contrainte, hélas pour les agriculteurs, va demeurer assez présente. Six Français sur dix se disent prêts à payer plus cher, mais la majorité d’entre eux pour une augmentation de seulement 5 %. »
(Ouest-France, jeudi 14 novembre 2024)
L’Union européenne programme la mort des agriculteurs – « L’Europe attend toujours que “l’anomalie“ agricole française se résorbe pour créer une agriculture industrielle dont les Français et leurs agriculteurs ne veulent pas.
Pour passer de 390 000 exploitants à moins de 200 000, il faut laisser le système péricliter, comme c’est le cas actuellement en dépit des belles paroles.
Sans moratoire fiscal ni soutien volontariste de la production nationale dans sa diversité, leur mort est programmée ; ça gronde donc, parce que c’est ça ou disparaître en silence. »
(Pierre Vermeren, Le Journal du dimanche, 17 novembre 2024) [cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches
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De l’argent contre des réformes.
Bruxelles et Von der Leyen préparent un nouveau chantage pour les pays membres de l’UE
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dont il faut rappeler qu’elle n’a jamais été élue par les citoyens Européens qu’elle prétend diriger, poursuit son emprise sur les mécanismes financiers de l’Union avec une initiative controversée : fusionner deux départements stratégiques sous son contrôle direct pour instaurer un modèle conditionnant l’accès aux fonds européens à la mi en œuvre de réformes idéologiques.
Un chantage donc.
Cette réforme, révélée par Politico, suscite de vives critiques, notamment pour les risques de dérive politique et de concentration du pouvoir à Bruxelles.
Une fusion stratégique pour un contrôle accru
Près de 200 fonctionnaires du département des réformes de la Commission européenne seront intégrés à celui chargé de la gestion des fonds de relance post-pandémie.
Ce département, supervisé directement par Ursula von der Leyen, est au cœur de la stratégie européenne depuis le lancement du programme de relance en 2020.
Ce rapprochement pave la voie à un modèle dit de « réformes contre financements », applicable non seulement aux fonds de relance, mais également aux politiques de cohésion et aux subventions agricoles. Jusqu’à présent, ces financements étaient attribués principalement sur la base de critères économiques, comme le PIB par habitant inférieur à la moyenne européenne, sans conditions spécifiques.
Le mécanisme de conditionnalité introduit en 2020 pour les fonds de relance reposait sur des engagements en matière de réformes et d’investissements, justifiés à l’époque par l’urgence de la crise pandémique. Cependant, cette mesure temporaire semble devenir un outil pérenne, étendu à tous les financements européens.
Sous ce nouveau modèle, chaque État membre devra respecter une feuille de route spécifique, incluant des étapes précises et des réformes dans des domaines variés, tels que l’économie, la gouvernance administrative ou encore l’état de droit.
Ces exigences pourraient être publiées dès la seconde moitié de 2025.
Un outil de pression politique déguisé ?
Bien que présenté comme un instrument pour rationaliser les réformes et réduire la bureaucratie, ce modèle soulève des inquiétudes quant à son utilisation idéologique.
Déjà, des pays comme la Suède et la Finlande plaident pour lier tous les financements européens au respect des « valeurs communes », telles que l’état de droit, la démocratie et les droits fondamentaux.
Cette perspective ouvre la porte à des abus politiques, où l’attribution des fonds pourrait devenir un levier de pression pour aligner les politiques nationales sur des orientations idéologiques dominantes au sein de l’Union.
Les précédents montrent que la Commission parvient souvent à faire passer ses initiatives, même face à des résistances initiales des États membres.
La manœuvre affaiblit également le portefeuille Cohésion et Réformes, détenu par l’Italien Raffaele Fitto, seul commissaire conservateur dans le cabinet actuel.
Bien qu’il vienne d’un pays bénéficiaire des politiques de cohésion, Fitto a soutenu le modèle « réformes contre financements » lors de son audition de confirmation.
Ce soutien soulève des interrogations sur sa capacité à défendre les intérêts des États membres les plus vulnérables face à Bruxelles.
Les risques pour l’avenir de l’Europe rurale et des régions défavorisées
L’un des dangers majeurs de ce modèle réside dans l’érosion des politiques de cohésion, qui visaient jusqu’ici à réduire les inégalités économiques entre régions.
En conditionnant ces fonds à des réformes idéologiques, l’Union risque d’abandonner les zones rurales et les régions économiquement fragiles qui ne peuvent pas répondre à ces nouvelles exigences.
La concentration accrue des pouvoirs à Bruxelles et l’idéologisation des financements pourraient accentuer la fracture entre les institutions européennes et les citoyens des pays membres.
Les critiques dénoncent un recul de la souveraineté des États et une uniformisation forcée, loin de l’esprit initial d’une Union fondée sur la diversité et la coopération volontaire.
La réforme initiée par Ursula von der Leyen, dont le visage a de plus en plus l’allure de celui d’un tyran, marque un tournant dans la gestion des fonds européens.
Derrière le discours de rationalisation et d’efficacité, se dessine un projet de centralisation renforcée où les financements deviennent des outils de contrôle politique.
Pour les opposants, il s’agit d’une attaque contre les principes fondamentaux de l’Union européenne, qui devrait prioriser la solidarité et le développement équilibré de ses régions, plutôt que de conditionner son soutien à des réformes dictées par une élite technocratique et idéologiquement orientée.
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
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