Guerre avec la Russie, haine de soi : Emmanuel Macron en plein délire
Silence, on tue… Pas seulement en Ukraine, « délaissée par
Washington » et à laquelle l’Union européenne a décidé lors du sommet du
6 mars d’apporter une aide militaire de 800 milliards d’euros tout en
renforçant ses propres capacités militaires.
Mais aussi en Syrie où,
entre le 6 et le 8 mars, près de 900 civils alaouites — branche
dissidente de l’islam à laquelle appartenait le clan al-Assad — sont
tombés, sans distinction d’âge ni de sexe, sous les coups des nouveaux
maîtres de Damas, vétérans d’Al Qaïda et de l’Etat islamique armés et
soutenus par les Emirats et la Turquie – pilier de l’OTAN.
L’hypocrisie des dirigeants européens
Faut-il rappeler qu’après leur victoire et la fuite de Bachar
al-Assad le 8 décembre 2024, les gouvernements européens avaient reconnu
avec enthousiasme le nouveau régime ayant selon eux rétabli la
démocratie ?
Du reste, le 7 février dernier, Emmanuel Macron avait même
appelé son chef, le chef djihadiste Ahmad al-Chareh, pour le « féliciter
» et l’inviter en France où, si l’invitation est maintenue, il pourra
recruter à foison des « soldats du Califat ».
On comprend donc le silence assourdissant de Bruxelles, de Paris ou
de Londres.
Seuls ont réagi aux récents massacres les trois patriarches
de Syrie, à bon droit inquiets pour la sécurité des chrétiens (que
n’avait jamais menacés la dynastie al-Assad, qui autorisait même les
processions mariales, à Alep notamment où j’en fus témoin en mai 2010).
Chose rare, les patriarches qu’opposent maintes chicanes se sont unis le
8 mars pour condamner « ces actes horribles qui sont contraires à
toutes les valeurs humaines et morales ».
Sans doute l’Ukraine, au contraire de la Syrie, est-elle
« européenne », comme l’a souligné le président français le 5 mars dans
son discours à la nation avant de marteler que « si un pays peut envahir
impunément son voisin en Europe alors personne ne peut plus être sûr de
rien, c’est la loi du plus fort qui s’applique et la paix ne peut plus
être garantie sur notre continent même », il conclut que l’on ne
saurait donc abandonner le pays envahi.
Mais Chypre, l’île d’Aphrodite
et des rois angevins, est elle aussi européenne.
Tout comme leurs
prédécesseurs depuis plus d’un demi-siècle, Emmanuel Macron et ses
homologues ne se sont pourtant jamais préoccupés de la savoir divisée
par un mur de la honte après que les Turcs, qui avaient en juillet 1974
envahi tout le tiers nord de l’île désormais érigé en république
autonome, en eurent manu militari (1 200 victimes) expulsé les Grecs pour l’annexer et le recoloniser avec des paysans anatoliens.
Vedette de LCI (groupe Bouygues), le citoyen — helvétique — Darius
Rochebin affichait le 23 février une indécente satisfaction après la
non-exclusion par Emmanuel Macron de l’envoi de troupes au sol en
Ukraine : « Donc, on peut rester optimiste.
Si les Européens prennent la
relève, la guerre peut continuer. »
Il a été entendu puisque,
s’ajoutant aux 300 milliards d’euros déjà débloqués depuis l’agression
de la Russie, 800 milliards d’euros vont être consacrés à dynamiser
l’effort de guerre, dont, pour la seule France « autour
de 90 milliards d’euros par an, soit presque le double de ce qu’il est
actuellement », indiquait le ministre de la Défense Sébastien Lecornu
interrogé le 6 mars.
Cela suffira-t-il ?
Puisant dans leurs vastes stocks, les États-Unis ont fourni depuis
2022 à Kiev plus de 3 000 missiles Stinger, 21 radars antiaériens, 200
obusiers et plus de 3 millions d’obus de 155 mm, quarante
lance-roquettes montés sur des blindés légers, 10 000 Javelins (des
missiles antichars), plus de 120 000 autres armes et munitions contre
les véhicules, plus de 500 millions de cartouches et grenades, 31 chars
lourds Abrams, plus de 5 000 voitures militaires Humvee, plus de 300
ambulances blindées, mais aussi 239 camions-citernes pour le transport
du carburant.
Un arsenal impressionnant, qui n’a toutefois pas réussi à
mettre fin aux hostilités.
D’autre part, le réarmement annoncé prendra des années et profitera
principalement aux Etats-Unis.
Ils fournissent déjà la plupart de nos
partenaires européens, qui leur commanderont de nouveaux armements, et
même la France dépendra d’eux, qui ont la haute main sur nombre de
brevets ou d’ingrédients indispensables à la fabrication de nos
matériels.
D’où les Européens tireront-ils le pactole annoncé ?
Pour « soutenir la résistance ukrainienne », certains poussent à
piocher dans les avoirs russes (209 milliards d’euros) actuellement
détenus par les 27 à la suite des sanctions contre Moscou.
Las ! le
droit international interdit « tout mouvement, transfert,
modification, utilisation, manipulation de fonds ou accès à ceux-ci qui
aurait pour conséquence un changement de leur volume, de leur montant,
de leur localisation, de leur propriété, de leur possession, de leur
nature, de leur destination ou toute autre modification qui pourrait en
permettre l’utilisation, y compris la gestion de portefeuilles ».
Seuls les intérêts des avoirs gelés (195 millions d’euros en 2024) sont donc utilisables.
Des sacrifices pour le peuple, des sinécures pour les potes
Le gouvernement Bayrou va-t-il accroître encore la pression fiscale
pour faire front, toujours selon Macron, contre « la Russie [qui] est
devenue une menace pour la France et pour l’Europe » ?
Il n’est pas sûr que les 78% de Français qui, selon la dernière étude
menée par IFOP-Fiducial, s’estiment « perdants de la politique menée
par la politique menée depuis l’élection d’Emmanuel Macron » à la
présidence de la République en 2017, acceptent une nouvelle purge.
Et
l’on voit mal la Vème République, si vermoulue, maîtrisant une
mobilisation qui pourrait dépasser celle du mouvement des Gilets jaunes.
Surtout si les futurs pressurés s’avisent que, pendant qu’on leur
demande des sacrifices mais pour consoler des copains blackboulés aux
dernières législatives, l’Élyséen a trouvé à ceux-ci une sinécure en or
massif : le 5 mars, Clément Beaune a ainsi hérité de Bayrou le
Haut-Commissariat au Plan, et Sarah El Haïri, en effet mère de famille
mais par PMA, au sein d’un couple lesbien, du Haut-Commissariat à
l’Enfance ; cependant que la Verte Barbara Pompili était bombardée
ambassadrice à l’Environnement.
Bien entendu, chacune de ces Excellences
est pourvue d’un cabinet pléthorique, d’un véhicule de fonction avec
chauffeur, etc. Au diable l’avarice !
Reste l’épargne publique.
Des assurances-vie ou un nouveau livret
mieux rémunéré pourraient être créés, de même que l’emprunt national
évoqué par François Bayrou, pour financer l’effort de guerre, mais ce
serait évidemment au détriment du logement social (livret A) ou d’autres
priorités.
Telle une autre guerre ô combien nécessaire : celle contre
la criminalité et le terrorisme, trop souvent d’importation, qui
menacent directement les populations européennes — et notre nation en
particulier, et sur le front de laquelle le Pouvoir-qui-ne recule-jamais
multiplie les échecs.
Ainsi que les démissions, comme l’a si bien
démontré récemment Michel Geoffroy avec une causticité assassine.
En finir avec la subversion, les abdications, l’autodénigrement et l’autoculpabilisation
Il y a toutefois plus grave encore.
Dans son discours, Emmanuel Macron s’est adressé en termes solennels
aux Français : « La patrie a besoin de vous, de votre engagement.
Les
décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une
chose, mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation. »
C’est beau comme l’antique mais qui, depuis des décennies, a sapé
sciemment et systématiquement via l’Education nationale, les médias et
le cinéma subventionnés, la « force d’âme » de la nation, sinon les
locataires de l’Élysée, le dernier en date excellant particulièrement
dans cet exercice ?
Chacun a en mémoire ses attitudes équivoques, ses
choix sociétaux (une troupe de travestis noirs emperruqués, en guêpière
et bas résille, pour la fête de la Musique à l’Élysée en 2018 ou,
en 2024, les vomitives provocations antichrétiennes et antinationales de
l’inauguration des Jeux Olympiques de Paris), des initiatives comme la
facilitation du divorce et la constitutionnalisation de l’avortement,
les déclarations faisant de la France une organisation criminelle, comme
lorsqu’il affirma en 2017 en Algérie que la colonisation de ce pays —
qui n’existait pas en 1830 — avait été « un crime contre l’humanité ».
Certes, tout pécheur a droit au pardon, mais après s’être repenti.
Aucune repentance dans l’adresse du 5 mars, mais une simple prestation
théâtrale, genre que ce cabot adore.
On ne peut faire appel à la force d’âme d’une nation sans avoir
auparavant procédé au réarmement moral de cette nation, qu’on a
déracinée sur sa propre terre, à laquelle on a fait avaler tant de
mensonges et de subversions présentées comme autant de « progrès »,
qu’on a fait vivre depuis si longtemps dans l’autoculpabilisation, le
mépris et la haine de son passé, plus que jamais inculqués aux jeunes
générations avec une insigne perversité et un acharnement proprement
satanique.
Dégringoler la pente est facile, la remonter bien plus ardu. Pour
guérir la France des virus qui lui ont été inoculés, il faudra beaucoup
de temps, et une volonté sans faille.
A l’évidence, l’homme qui a
dissous sa présidence avec la dissolution de l’Assemblée nationale et
tente maintenant de sauver les meubles en se posant en généralissime de
l’Europe contre la Russie, quitte à renoncer à toute souveraineté sur
notre force nucléaire (passant ainsi « de la soumission aux Etats-Unis à
la soumission à l’Europe », comme l’en accuse à juste titre Marine Le
Pen), n’est pas l’homme de la situation.
Et il ne le sera jamais.
Par Camille Galic
12/03/2025
Diplômée des Langues orientales, directrice de l’hebdomadaire Rivarol de 1983 à 2010, Camille Galic a aussi collaboré à des publications comme Le Spectacle du monde et Le Crapouillot.
Sous son pseudonyme Claude Lorne, elle a rédigé en 2012 Les Médias en servitude pour Polémia, dont elle est une contributrice régulière depuis 2011.
Chroniqueuse au quotidien Présent, elle a publié en 2013 un Agatha Christie (éd. Pardès, coll. « Qui suis-je ? »).
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