TRIBUNES LIBRES !
Christine Kelly, encore victime du racisme de gauche
- Jean Kast
- COUP DE GRIFFE DU JOUR, Polémiques

Elle n’a pas sa langue dans sa poche.
Très active sur le réseau X, la journaliste Christine Kelly a fait parler d’elle cette semaine en relayant une image teintée d’humour noir.
On y voyait une jeune femme en larmes, venant tout juste d’apprendre le décès de son mari.
Mais contrairement à ce qu’elle s’était manifestement imaginé, le malheureux n’a pas été tué par « Poutine », sur le champ de bataille ukrainien, mais tout banalement par « un Algérien sous OQTF dans les toilettes de la gare de Montélimar ».
De quoi remettre certaines pendules à l’heure.
Vu près de quatre millions de fois et enregistrant à ce jour 15 000 « likes », le tweet de la présentatrice de l’émission Face à l’info a été largement apprécié sur les réseaux sociaux.
Mais il a aussi fortement déplu à une minorité qui a tenu à le faire savoir.
« Ça ne tourne pas rond dans votre tête pour poster de telles saloperies. (…)
Et vous vous dites journaliste ? Vous n’êtes qu’une courroie de transition de l’extrême droite ! », s’est par exemple ému Brice.
« Vous êtes totalement tarée », a renchéri Antoine, rejoint par quelques autres qui ont dénoncé une « horrible image de propagande ».
Il faut croire qu'affirmer, à l’aide d’un dessin, que nos militaires et forces de l’ordre sont plus fréquemment assassinés par des criminels étrangers que par des soldats russes relève d’une fake news « à la limite de la diffamation »…
Le procès en racisme
L’attaque la plus virulente est venue d’un certain Salim Djellab, ancien militant macroniste, qui a accusé Christine Kelly de racisme, ni plus ni moins.
« Pour comprendre le racisme de Christine Kelly, il faut lire Peau noire, masques blancs de Frantz Fanon, a-t-il ainsi tweeté.
Une analyse des mécanismes psychologiques du racisme et de l’aliénation. »
À ce sujet — Avec Christine Kelly, l’élégance a désormais un nom
Quel est donc cet ouvrage cité en référence ? Il s’agit du livre de chevet des décoloniaux.
L’essayiste Frantz Fanon y avance l’idée selon laquelle certains Noirs auraient « internalisé » le racisme du colonisateur blanc et été contraints d’adopter ses comportements et valeurs afin d’être acceptés par lui.
Voilà ce qui est reproché à Christine Kelly.
En relayant cette image, elle aurait repris à son compte une rhétorique raciste et perpétué les structures d’oppression coloniale.
La journaliste de CNews aurait ainsi trahi sa communauté ethnique.
En termes moins polis, elle serait une « Bounty ».
L’assignation identitaire
Ce n’est pas la première fois que la Guadeloupéenne est attaquée en raison de sa couleur de peau.
Au lancement de l’émission Face à l’info, en 2019, plusieurs s’étaient indignés de voir une femme d’un tel profil donner la parole à Éric Zemmour.
Journaliste de gauche, Daniel Schneidermann, notamment, l’avait très élégamment qualifiée de « servante ».
« Femme, noire, ex-sage du CSA, Christine Kelly est la caution idéale pour faire passer les saillies racistes d’Éric Zemmour », s’était même permis Télérama, cantonnant la talentueuse journaliste au rôle dégradant d’alibi.
Toute femme noire serait-elle ontologiquement vouée à être de gauche, en colère et haineuse envers le mâle blanc ?
À gauche, on semble le penser.
C’est en tous cas à cette même assignation ethnique que certains ont voulu soumettre Rachel Khan, une autre figure de CNews.
« On m'a dit "enfin, tu es noire, comment peux-tu penser ça ?".
Certains voudraient m'imposer le fait que, vu ma couleur de peau, ma pensée ne m'appartiendrait pas, mais appartiendrait à ma communauté », déplorait-elle en 2021.
Christine Kelly, Rachel Khan, mais aussi Sonia Mabrouk, Abdoulaye Kanté, Fatiha Agag-Boudjahlat, ou encore Amine El Khatmi, font partie de ces « racisés » qui refusent de servir aveuglément une quelconque « cause » communautaire, de se conformer au discours anti-« blanchité », de se dire discriminés.
Ils sont les erreurs 404 de l’antiracisme : en rejetant le statut ontologique de victime qu’on leur avait prédestiné, ces dissidents font bugger le logiciel racialiste.

[CHRONIQUE]
Provocation, agitation, exhibition : la méthode Macron
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- Stéphane Buffetaut
- EVENEMENT DU JOUR, International, Politique
- Macron, Guerre en Ukraine, Trump

La diplomatie nécessite de la discrétion, de la retenue, de la conviction et de la compréhension.
De la discrétion car, lors de tout conflit, ceux qui gouvernent sont toujours entourés de « jusqu’au-boutistes » qui rêvent de victoire totale.
L’exposition au grand jour des tractations ne peut que fragiliser les faiseurs de paix.
De la retenue, car prendre sans nuance le parti de l’un contre l’autre est assurément la meilleure façon de faire échouer les négociations.
De la conviction pour convaincre certes, mais aussi la conviction profonde que la recherche d’une solution pacifique est préférable à la poursuite d’une guerre sans fin dont l’aboutissement serait la reddition sans condition de l’adversaire, au nom d’une morale qui, bien souvent, n’est que pure hypocrisie.
Comme ce fut le cas pour la seconde guerre d’Irak, par exemple.
Enfin, de la compréhension, car il faut comprendre les ressorts d’action des belligérants.
Il est toujours si facile de dénoncer la paranoïa, les provocations délibérées ou l’impérialisme de l’un ou l’autre, mais c’est le meilleur moyen de ne rien comprendre aux raisons qui ont pu conduire à la guerre et, dès lors, de jamais trouver les voies de la paix.
C’est en écartant les causes qui ont provoqué le conflit que l’on peut parvenir à une paix durable, par un équilibre des intérêts et des conditions de sécurité.
Macron et l'UE se sont condamnés à n'être que des figurants
Or, le président de la République et, avec lui, l’Union européenne ont agi exactement à l’inverse et se sont donc condamnés à être exclus du processus de paix, à n’être que des figurants qui prétendent au premier rôle et qui ne feront sans doute que tapisserie dans le décor diplomatique.
L’UE, qui se rêve une puissance, ne réussit qu’à sortir l’Europe de l’Histoire.
Était-il opportun de faire échouer les pourparlers engagés à Istanbul, en mars 2022, et de pousser à une guerre sans fin, même si les crimes de guerre de Boutcha provoquaient une juste indignation 1 ?
Était-il opportun d’agiter l’idée d’envoyer des troupes au sol en Ukraine ?
N’était-ce pas faire bon marché de l’Ukraine et de la vie des Ukrainiens tout en prétendant le contraire ?
Ou n’était-ce pas la traduction de l’illusion d’une défaite russe à venir, fondée sur une sorte de sentiment de supériorité occidental, alors même que nul ne voulait ni n’avait les moyens d’entrer en guerre ouverte contre la Russie ?
Arrogance française, réalisme américain
Macron comme Thierry Breton ont ainsi souligné, avec une certaine condescendance, que la Russie, « c’est un peu plus que le PIB de l’Espagne » (mars 2022), ce qui démontrerait que la Russie n’est plus une grande puissance.
Outre que cette assertion est en trompe-l’œil, c’est méconnaître qu’une nation et qu’un peuple ne se réduisent pas à un PIB, même si la richesse des nations est un des éléments de leur puissance.
La suffisance de Bruno Le Maire annonçant, en mars 2022, « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe » relève du même mépris.
Or, il est deux règles absolues, en cas de confrontation : ne jamais ni sous-estimer ni humilier son adversaire car c'est, d’une part, s’exposer à de graves déconvenues, d’autre part, s’en faire un ennemi irréductible.
La formule « la Russie est une station-service dotée de l’arme nucléaire », attribuée à un ancien conseiller de Barack Obama, traduit cette prétention occidentale qui exaspère tant le reste du monde et dégrade notre influence plus qu’elle ne la conforte.
La Russie est d’abord un empire, avec une longue Histoire, trop souvent dramatique, pour son peuple comme parfois pour les peuples voisins, qui, en effet, est doté d’un arsenal nucléaire impressionnant, d’une armée conventionnelle, d’une diplomatie expérimentée et de services spéciaux habiles.
Autant de raisons, malgré ses faiblesses, de ne pas la sous-estimer. Même et surtout dans l’intérêt de l’Ukraine.
Donald Trump, avec ses méthodes de cow-boy, en s’appuyant sur ses alliés moyen-orientaux au détriment de ses alliés européens va-t-en-guerre, a remis le mot « paix » à l’ordre du jour.
La perspective d’un cessez-le-feu se profile, même si la réponse en demi-teinte de Poutine est ambiguë.
Il lui faudra bien sortir de cette ambiguïté, probablement due à la pression de ses généraux et à la volonté de repousser les troupes ukrainiennes hors de l’oblast de Koursk.
Le président de la République aime le spectacle, mais le cabotinage est contre-productif sur le théâtre international.
Le ridicule du « Donald, c’est pas toi », suivi de la mise en scène de la réunion des chefs d’état-major à Paris, ne traduisent qu’une forme de panique et la marginalisation de la France et de l’UE dans le règlement de la guerre en Ukraine.
Pas plus que Rome, on ne refait une armée en un jour.
Quant à ceux qui se complaisaient dans la vassalité américaine et se demandent aujourd’hui si les États-Unis sont toujours nos alliés, ils feraient bien de méditer les propos de Lord Palmerston, applicables à tous pays : « L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents, elle n’a que des intérêts permanents. »
1 : le « torpillage » anglo-américain d’un projet d’accord « d’Istanbul » entre Ukrainiens et Russes, au début du conflit, a été relaté par le Welt, le Wall Street Journal, Le Monde diplomatique, Le Figaro, et évoqué par Vladimir Fédorovski sur BFM TV, le 12 mars 2025
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