mardi 25 mars 2025

DÉNONCER LE RACISME ANTI-BLANC ! EST-CE ÊTRE UN " FACHO " ?

 TRIBUNE LIBRE

Football : Théo Hernandez, victime de racisme après son penalty raté

Le joueur de l’équipe de France a été pointé du doigt en tant que « seul Blanc » de l’équipe.
@Антон Зайцев-Wikimedia Commons
@Антон Зайцев-Wikimedia Commons

Ce dimanche 23 mars, TF1 diffusait le quart de finale retour de la Ligue des nations de football opposant la France à la Croatie.

 Un match très commenté, sur les réseaux sociaux.

 Bien cachés derrière leurs écrans, de nombreux internautes s’en sont donné à cœur joie, en matière de racisme anti-Blanc.

Le décor : les hommes de Didier Deschamps, qui avaient perdu 2 à 0, trois jours plus tôt, devaient se rattraper pour espérer une qualification pour le prochain tour.

 Ce qu’ils ont fait dans le temps réglementaire en marquant à deux reprises sans encaisser le moindre but. 

Au coup de sifflet final, les deux nations européennes étaient donc à égalité (2-2). 

Le score ne pouvant en rester là, les joueurs ont dû retourner sur la pelouse du Stade de France pour deux mi-temps de 15 minutes dans l’espoir de se départager.

 Il n’en a rien été. Aucun but n’a été marqué pendant cette prolongation. 

Dans ce cas, comme le veut le règlement, c’est en séance de tirs au but que le sort de la rencontre est scellé.

 

Bleu blanc

Une séance que Théo Hernandez n’est pas près d’oublier. 

L’arrière gauche de l’AC Milan s’est présenté devant le gardien croate en cinquième position. 

Après deux échecs adverses, il avait la balle de la qualification au bout du pied.

 Balle qu’il n’a pas mise au fond des filets. 

Une erreur pour le moins pardonnable, puisqu’elle n’a pas donné lieu à l’élimination des Bleus.

 Les tirs au but ont continué et, in fine, grâce à un arrêt de Mike Maignan lors du septième tir croate, l’équipe de France est sortie gagnante de la rencontre.

 L’histoire aurait pu en rester là et n’être que joie collective si l'échec de Théo Hernandez n’avait été accompagné de propos racistes.

 

Sur X, nombre d’internautes ont parlé du joueur comme du « seul Blanc » et ont fait le lien entre sa couleur de peau et son raté. 

Yonaldo a posté le message suivant : « Le seul Blanc de l'équipe, il rate. » 

De son côté, un certain Abd a poussé l’analyse un peu plus loin : « Après, on se demande pourquoi y a pas de Blancs en équipe de France, Hernandez purée. » 

Les posts de ce genre ont été nombreux. 

Tous, ou presque, publiés par des comptes arborant fièrement les couleurs d’un pays étranger (palestinien, congolais, camerounais, gabonais…).

Bizarrement, ces comptes n’ont pas eu les mêmes réactions lorsque, au cours du même match et de la même séance de tirs au but, Jules Koundé a, lui aussi, manqué la cible.

 Le joueur du FC Barcelone n’a pas été réduit à sa couleur de peau ou à ses origines béninoises par les internautes. 

Seul Théo Hernandez a bénéficié de ce traitement de faveur raciste.

 

Pas blanc-bleu

Ce n’est pas une première, en équipe de France. 

Avant l’arrière gauche, Hugo Lloris, l’ancien gardien de l’équipe de France, avait lui aussi été visé par des propos racistes.

 L’affaire remonte à décembre 2022, lors de la finale de la Coupe du monde de football perdue par la France, face à l’Argentine, aux tirs au but.

 Le portier français avait été tenu pour responsable de la défaite française.

 Sur X, les commentaires racistes n’avaient pas manqué. « Le seul Blanc de l’équipe, c’est Lloris et c’est à cause de lui que la France a perdu », « Lloris, sale Blanc » et « Lloris, il est titulaire juste parce qu’il est blanc » sont quelques-uns des messages qui avaient été publiés, à l’époque.

Des messages qui tendent à démontrer que le racisme anti-Blanc n’est pas qu’un concept d’extrême droite mais bien une réalité. 

Dans le football, professionnel comme amateur, et dans bien d’autres domaines, des Français jugés trop pâles sont insultés, pointés du doigt, exclus… parfois tués. 

Pour autant, les associations SOS Racisme et la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, contactées par BV, ne dénoncent pas ces faits. 

Ce, alors que la première des deux institutions citées s’est intéressée de près au match et « a déposé plainte pour provocation publique à la haine, à la discrimination ou à la violence raciale ainsi que pour apologie de crime contre l’humanité, sur le fondement des articles 23 et 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse », suite à des saluts nazis effectués pendant la rencontre par des supporters croates. 

 

Preuve que l'antiracisme est à géométrie variable.


Picture of Sarah-Louise Guille
Par Sarah-Louise Guille
Journaliste 
 
 
ET AUSSI
 

Quand l’AFP refuse de reconnaître l’existence d’un racisme anti-Blanc

L'AFP écrit : « Le racisme-anti-Blanc en France, un concept porté par l'extrême droite et contesté par des sociologues »
AFP

Mauvaise volonté, aveuglement ou déni idéologique ? 

La sortie récente du livre-enquête sur le drame de Crépol relance le débat sur le racisme anti-Blanc.

 En pleine promotion de leur ouvrage, les auteurs - qui mentionnent pourtant l’hypothèse d’un crime raciste - minimisent l’existence d’une telle discrimination. 

Sur le plateau de C à vous (France 5), l’un d’eux explique ainsi : « Ce n’est pas parce qu’ils disent des insultes anti-Blancs au moment de la rixe qu’ils veulent tuer du Blanc. »
 

 Un autre surenchérit : « Le racisme anti-Blanc est un concept d'extrême droite, […] ça n'existe pas devant les tribunaux. »

 Autant d’interventions qui ont relancé la querelle sur les réseaux sociaux et dans les médias…

 Et les membres du gouvernement n’échappent désormais plus à la question.

 Pour Bruno Retailleau, pas de doute, « le racisme n’est pas l’apanage d’une couleur de peau ».

 Sur CNews/Europe 1,

 Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, affirme, quant à elle, ne « pas avoir de pudeur » à évoquer l’existence d’un racisme anti-Blanc. 

« Il est arrivé à ma fille au lycée de se faire traiter de "sale Blanche". 

Donc, ça, c’est du racisme vraiment à l’état pur », a-t-elle ainsi déclaré.

Une déclaration qui a conduit l’Agence France-Presse (AFP) à produire, ce 23 mars, une dépêche afin de relater le point de vue de la porte-parole du gouvernement. 

Mais au lieu de se contenter de rapporter les propos de Sophie Primas, les journalistes ont tenu à ajouter un commentaire. 

L’AFP explique, ainsi, d’abord que « le racisme-anti-Blanc en France [est] un concept porté par la droite et l'extrême droite mais contesté par des sociologues ». 

Il est ensuite précisé : « Des sociologues jugent qu'une telle forme de racisme est soit résiduelle, soit ne peut exister en l'absence d'une discrimination systémique envers les Blancs. »

 Un parti pris loin d’être anodin qui se retrouve retranscrit dans de nombreux médias. 

En effet, peu de temps après la publication de cette dépêche, de nombreux titres (notamment France Info, La Provence, La Voix du Nord et même Le Figaro) publient une brève signée « avec l’AFP » dans laquelle on peut lire la dépêche reprise textuellement. 

Le paragraphe sur la négation du racisme anti-Blanc par les sociologues y est plus ou moins étoffé. 

Ce parti pris idéologique est d’autant plus grave que l’AFP assure avoir pour « mission de rapporter les faits sans jugement » et dispose d’un important pouvoir dans la mise en récit des faits.

 

L’AFP perçoit une compensation de l’État

Ce n’est pas la première fois que l’AFP tente de minimiser les faits.

 En février dernier, alors que les parents du jeune Élias, poignardé à mort à Paris, publiaient une lettre pour rappeler les faits et dénoncer l’inaction de l’État, l’AFP décidait ainsi de passer sous silence l’arme du crime.

 En effet, au début de l’enquête, il était admis qu’Élias avait reçu un coup de couteau mortel.

 Mais les parents de l’adolescent et leurs avocats ont tenu à préciser les faits : « Élias a reçu un profond coup de machette et non un "simple coup de couteau", comme il a pu être écrit. »

 Ce détail sur l’arme, qui en dit long sur le degré de barbarie, n’a pas été repris par l’AFP dans sa dépêche sur la lettre des parents.

 Résultat : de nombreux médias, qui se fondent sur les textes de l’AFP pour produire leurs brèves, n’ont pas mentionné non plus qu’Élias avait été tué à la machette.

En octobre 2023, l’AFP se retrouvait à nouveau au cœur d’une polémique.

 En cause, son refus de qualifier le Hamas d’organisation « terroriste ». « Le mot a perdu son sens », se justifiait le directeur de l’information auprès du Figaro.

 Par ailleurs, quelques mois plus tôt, pour synthétiser l’entretien de Nicolas Lerner, patron du renseignement intérieur, au Monde, l’AFP angle sa dépêche sur « la résurgence des actions violentes d’ultra-droite ». 

Pourtant, comme le titre Le Monde, le chef de la DGSI pointe du doigt non pas une, mais trois menaces : « Djihadisme, ultra-droite et ultra-gauche ». 

Étonnamment, l’AFP n’a retenu que la deuxième…

L’AFP, « organisme autonome » de droit privé, remplit une mission d’intérêt général (diffusion de l’information) en échange d’une compensation financière de l’État

« Le produit enregistré au titre de la compensation par l’État du coût net des missions d’intérêt général est resté stable, à 113,3 millions d’euros », en 2023.

 
Picture of Clémence de Longraye
 
ParClémence de Longraye
Journaliste à BV
 
 
Source et Publications:    https://www.bvoltaire.fr/football
 
 



 
 

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