TRIBUNE LIBRE !
Paris : les reliques des JO, plus précieuses que les vitraux de Notre Dame ?
Après la fête, adieu le saint.
L’adage ne vaut pas pour les Jeux olympiques, au vu des vœux, sinon des injonctions, d’en conserver les signes les plus emblématiques.
Anneaux, vasque, statues… Anne Hidalgo et Emmanuel Macron voudraient tout sauvegarder.
Mais pourquoi cet attachement à un patrimoine de fraîche date et de qualité douteuse ?
Dans l’inimitable style d’Amélie Oudéa-Castéra, cela donne : « On serait tous orphelins si on voyait la tour Eiffel sans ses anneaux. »
Ils sont trop lourds pour la structure, mais Hidalgo y tient tellement qu’elle a la solution : les décrocher et les remplacer par de plus légers.
L'Association des descendants de Gustave Eiffel est opposée à cette « pérennisation », mais Hidalgo n'en a cure, tout comme Macron, favorable à leur maintien.
Concernant la vasque qui a porté la flamme olympique sous un ballon dans le ciel parisien, des discussions sont en cours entre la ville, la région et l’État.
L’immobilisera-t-on au sol, définitivement éteinte, comme un gros OVNI en panne dans les jardins du Louvre ?
Rencontres du troisième type avec les sculptures de Maillol…
Le cheval de la cérémonie d’ouverture part à Versailles rejoindre l’exposition « Cheval en majesté - Au cœur d’une civilisation ».
Il n’y manquera plus qu’un cheval de manège pour que notre civilisation en sorte grandie. Tout se recycle.
La survie de dix femmes, porte de la Chapelle
Tout cela n’est rien en comparaison du destin qui attend les dix femmes imitation or.
Ces statues de squares IIIe République en version bling-bling semblent avoir été imaginées et sculptées par une intelligence artificielle.
Elles font halte à l’Assemblée nationale avant une installation définitive porte de la Chapelle.
Problème : comment tiendront, dans le temps, ces grands bibelots en résine polymère durcie à la fibre de verre ?
Le chef de projet de CMDS Factory (Pas-de-Calais), l’un des fabricants de ces merveilles, explique à BV : « Des études vont être faites pour connaître leur résistance en fonction de l’emplacement où elles seront posées. »
Il était prévu que les statues soient, après la cérémonie, exposées dans des lieux privés.
Le contexte public change la donne. « Là, nous dit le spécialiste, la durabilité dans le temps n’est pas liée à la matière utilisée mais aux conditions humaines et d’interaction avec les statues. »
C’est-à-dire ? Elles pourraient être vandalisées ? « Bah ! C’est Paris ! », nous répond le chef de projet.
La durée de survie de ces dix féministes porte de la Chapelle, ancien haut lieu du crack, sera intéressante à observer.
« La durabilité dans le temps n’est pas lié à la matière utilisée mais aux conditions humaines et d’interaction avec les statues »
Entrées royales et patrimoine républicain
Les « entrées royales », lorsqu’un souverain arrivait dans une ville, s’accompagnaient de décors tels que des arcs de triomphe, qui faisaient travailler les corporations de peintres et d’artisans.
« La ville se met[tait] à l’heure de la fête à la manière des villes modernes, hôtesses des Jeux olympiques », note un historien.
Personne n’a jamais pensé conserver ces décors, par définition éphémères.
Mais là, il faudrait tout immortaliser des JO, en protéger « la trace mémorielle » ?
Curieuse sollicitude alors que Macron n’a de cesse de remplacer des vitraux de Viollet-le-Duc par une création contemporaine.
Peu lui chaut - comme à Dati - l’avis de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture.
Il serait intéressant de connaître l’opinion d’Hidalgo sur cette question.
Contactée, la ville de Paris n’a pas donné suite.
Il en va de Macron comme d'Hidalgo : ils ne sont conservateurs que « pour leur pomme ».
Tout est jetable, sauf ce dont ils sont à l'origine, qu'ils décrètent indéboulonnable.
C'est le fait du prince et de la princesse.
À nous de faire jouer la vox populi : la pétition contre la substitution de vitraux de Notre-Dame, lancée par Didier Rykner et La Tribune de l’art, en est à 223.300 signataires.
Rappelons à nos élites qu’elles sont au service du patrimoine, et non l’inverse.
[EDITO]
Gouvernement Barnier : la République des copains macronistes
Au lendemain de la nomination du nouveau gouvernement, les espoirs des électeurs de droite toutes tendances confondues ont du plomb dans l'aile.
Enfumage et copinage apparaissent plus que jamais comme les deux mamelles de la Macronie, la version Barnier n'ayant malheureusement pas grand-chose à envier aux précédents gouvernements.
En 1914, Robert de Jouvenel avait stigmatisé, dans un livre à succès réédité récemment - La République des camarades -, celle qui, au-dessus des partis, s’entend pour menus ou grands services.
Cette fois-ci, on va bien au-delà, car c’est la République d’un clan qui, chassé par la grande porte, revient par la fenêtre pour reprendre possession des postes.
Car à la fin, c’est Macron qui gagne.
Battu sèchement aux européennes, ridiculisé au premier tour des législatives, amputé de 100 députés au deuxième tour en dépit de tractations ahurissantes avec toute la classe politique, de la gauche à la droite, Macron change les visages mais conserve la ligne, celle du macronisme.
Avec une nuance : ce CDD gouvernemental a fait fuir les grandes ambitions, les ambitions présidentielles, comme Wauquiez ou Philippe.
Celles qui n’ont pas fui, comme David Lisnard, le maire de Cannes dont le nom a été cité, ont été rayées de la liste par un Emmanuel Macron soucieux d'éparpiller la concurrence.
Les hommes et les femmes disponibles pour cette aventure gouvernementale n’ont rien à perdre et tout à gagner : expérience, notoriété, voiture de fonction, retraite.
Témoin de mariage
Quelques jours après la nomination du très pâle et très macroniste Séjourné en Europe, Macron a donc profité de l’anonymat général de ce gouvernement pour imposer de nombreux « camarades » façon Jouvenel.
Ces intimes ne risquent pas de mordre la main qui les a placés là.
Champion dans la catégorie « promotion présidentielle », le ministre Marc Ferracci, HEC, ancien conseiller économique de Jean Castex, inconnu du grand public.
C’est Le Monde qui en parle le mieux : « Le nouveau ministre délégué à l’Industrie est un fidèle du président de la République, écrit le quotidien du soir. Mieux, un intime. Les deux hommes, nés à deux jours d’intervalle en décembre 1977, se connaissent depuis leurs études à Sciences Po en 1999.
Le chef de l’État a été le témoin de mariage de son ami avec Sophie Ferracci – qui dirigea le cabinet du ministre Macron à Bercy, en 2016.
Marc Ferracci, lui, a été le témoin de son union avec Brigitte Macron. »
Au poste clé de ministre de l'Économie et des Finances, le jeune Antoine Armand, 33 ans, a donné d’emblée l’ampleur de son analyse critique.
Alors que Barnier a souligné le défi financier auquel est confronté la France après sept années de macronisme, une dégradation financière et des perspectives tragiques, son ministre des Finances a prononcé, ce 23 septembre, ces mots surréalistes :
« Je mesure la chance que j’ai d’hériter un tel bilan. »
Foin des 3.000 milliards de dettes.
Papier cadeau
Armand livre aussi un hommage appuyé au ministre des PME Olivia Grégoire, alors que la vague de faillite des PME est plus qu’inquiétante.
Comment Barnier imprimera-t-il sa marque, flanqué d’un Antoine Armand à l’un des postes les plus importants du gouvernement ?
Le ministre a, du reste, immédiatement donné une leçon de macronisme en évoquant la nécessaire souveraineté alimentaire, énergétique, industrielle, technologique ou numérique pour laquelle « on a besoin de l’Europe et d’une Europe forte qui défende l’intérêt des nations ».
Comment emballer le mondialisme européiste exécré des Français dans le papier cadeau aux couleurs de la nation ?
Quatrième ministre de l’Éducation nationale en mois de trente mois, Anne Genetet n’a pour compétence, accusent les syndicats d’enseignants pour une fois réalistes, que son macronisme absolu.
Guislaine David, la secrétaire générale du SNUipp-FSU, évoque même auprès de l'AFP la désignation d'un « clone de Gabriel Attal ».
Pannier-Runacher, Barrot, Lecornu et tant d’autres bien moins célèbres composent un gouvernement d’exécutants froids, européistes et obéissants, très proches du Président et sans moyens de lui résister par leur compétence, leur expérience ou leur personnalité.
Isolé, déjà ciblé tous azimuts par l’extrême gauche qui veut sa peau, Retailleau aura fort à faire.
De son côté, le RN, qui marchandait son soutien, tweete officiellement, ce 23 septembre : « Les Français n’ont rien à attendre de ce remaniement entre macronistes, qui n’améliorera pas leur quotidien. »
Macron, qui a tordu le bras de Barnier jusqu'à obtenir le gouvernement de ses vœux - une équipe à sa botte mal cachée par le chiffon rouge Retailleau -, pense avoir roulé une fois de plus la classe politique et dupé les Français.
Il a peut-être raison. Pour combien de temps ?
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