TRIBUNE LIBRE !
L’État français dépense un milliard d’euros par an en communication !
Pour quoi ?

En septembre, Sébastien Lecornu annonçait à ses ministres, en prévision du budget, une réduction de 20 % des dépenses de communication en 2026 par rapport au niveau de 2025.
Matignon communiquait alors sur des dépenses de communication qu'il évaluait à 440 millions d’euros.
Il s’agissait donc de faire une économie de 50 millions d’euros.
Un moratoire était même décidé en ce domaine, appliqué dès le 4 octobre « jusque fin 2025 », à l’exception des campagnes de santé publique et de prévention.
À l’origine de cette annonce, le lancement de la « mission État Efficace » dans le but « de regrouper, de questionner et, si besoin est, de supprimer des structures qui font double emploi dans le même champ de politique publique ».
Quelques mois plus tard, le Premier ministre reconnaît, dans un projet de circulaire révélé par le JDD, que la communication de l’État a dévoré un milliard d’euros, en 2024.
Désormais, ce sont 300 millions d’économies, soit près d’un tiers des dépenses, que veut imposer Sébastien Lecornu.
Combien, exactement, l'État français dépense-t-il en communication et comment ?
C’est un domaine d’une singulière opacité, au point qu’à plusieurs reprises, la Cour des comptes a déploré l’incapacité de l’État à jauger et donc à contrôler ses propres dépenses de communication.
Elles sont multiples et leur champ est infini : dépenses de veille de médias et de sondages, d’achats d’espaces (publicités), de production de contenus audiovisuels et de supports, l’événementiel, le développement de produits numériques portés par les directions de communication et les relations presse, etc.
Bienheureuses prestations de conseil
Le Service d’information du gouvernement (SIG), dont le rôle relève de l'analyse de l'opinion, de l'information du public et du pilotage de la communication gouvernementale, est à lui seul à l’image de la gabegie indécente de l’État en matière de deniers publics.
Selon la Cour des comptes, « ensemble, les actions pilotées directement ou coordonnées par le SIG représentent, sur la période 2017-2022, un montant de 527,2 M€ ».
Dans son rapport publié en septembre 2024, la même Cour des comptes souligne des évolutions inquiétantes.
Le SIG est composé de 87 personnes. Dix-neuf embauches supplémentaires sont dénombrées, de 2018 à 2023, soit une hausse de 28,3 % des effectifs.
En plus de ce bataillon de fonctionnaires, il est monnaie courante de faire appel à des prestations de conseil.
« Développer une stratégie de partenariat avec la société civile » : marché confié à THINKERS & DOERS et à LSA pour un montant de 864.040 euros.
« Disposer d’une vision globale de la communication gouvernementale et en améliorer le pilotage » : mission de conseil confiée à EUROGROUPE pour 12.394 euros. « L’évolution des métiers du SIG ou son positionnement » : prix 1.639.242 euros.
Dans la domaine des sondages, les dépenses inconsidérées du chef de l'État ont été maintes fois soulignées.
En mars 2022, Le Monde avait pointé du doigt l’explosion des budgets du SIG en matière de commandes de sondages, au cours du premier quinquennat d’Emmanuel Macron : elles étaient passés de 1,4 million en 2017 à 3,3 millions en 2019 et à 2,6 millions en 2020 ! ``
Le montant de ces études d'opinion était toujours de 1,2 million en 2024 et de 464.000 euros pour la période s’étalant de janvier à mai 2025.
Mais le SIG ne représente pas la totalité des dépenses de communication de l'État, loin s'en faut.
Chaque ministère, chaque entité dispose de ses fonds. `
Sans parler des collectivités territoriales, régions, départements, intercommunalités, communes, dont les dépenses sont disséminées dans des comptes distincts et restent opaques.
« Je baisse, j’éteins, je décale »
La communication de l’État se distingue notamment par les campagnes grotesques et infantilisantes qui rythment les mois de l'année.
Souvenez-vous, il y a un an, de la campagne « Chaque geste compte : économisons l'énergie. »
Le ministère de la Transition écologique nous invitait à la sobriété énergétique : « Je baisse, j’éteins, je décale. »
La même année, le même ministère lançait la campagne « Changeons d’air, changeons de mobilités » pour « sensibiliser les Français aux effets de leurs déplacements sur la qualité de l’air et encourager le recours à des mobilités alternatives » en faisant la promotion, notamment, des ZFE tant décriées depuis.
« Retour vers le présent », lancée par le Haut Conseil à l'égalité, était une campagne conçue par l’agence de communication BETC visant à dénoncer « le sexisme » et « un retour en arrière sur la question de l’égalité femmes-hommes ».
Vous n’avez pas oublié, non plus, les pépites de l’ADEME !
L’Agence gouvernementale de la transition écologique qui recommandait, en ce début d’année, de porter sept fois un soutien-gorge ou de mettre 15 à 30 fois le même jean, le tout via une grande campagne accompagnée d’un guide : « Comment faire le ménage de façon plus écologique ».
Il serait agréable d’en rire.
Si la tentation est forte, l’envie s'évanouit à la vue des sommes abyssales que l’État dilapide.
Une communication aussi futile que militante... sur le dos du contribuable.
[TRIBUNE]
Après 2027, la consolidation budgétaire déclenchera un déluge… d’impôts !

L’accumulation des déficits publics a surendetté la France et nous obligera à réduire la facture budgétaire.
Tôt ou tard, un rétablissement de nos comptes publics s'imposera, soit par des augmentations d’impôts, soit par des compressions de dépenses.
À cet égard, les débats parlementaires sont d’une rare pusillanimité : chacun sait qu’aucun tour de vis sérieux ne se produira avant la prochaine présidentielle.
Mais pendant que la classe politique débite des billevesées, ses think tanks font chauffer leurs calculettes ; il en ressort, de 2027 à 2030, la nécessité d'une purge sévère, tant sur le plan fiscal que social.
Des cercles de réflexion crédibles
Le rétablissement des comptes publics vient de faire l’objet de trois publications en un mois.
L’institut Avant-Garde de Pierre Rosanvallon, avec sa Simulation macro-budgétaire, le Conseil d’analyse économique rattaché à Matignon et son Focus 124 et, enfin, le très libéral Institut Montaigne avec un Budget base zéro.
Ces trois cercles de réflexion sont dotés d’instances dirigeantes et scientifiques crédibles, avec des équipes et des correspondants de qualité (chercheurs, universitaires, hauts fonctionnaires principalement de Bercy).
Tous les chiffres sont justifiés par des données sourcées, y compris les conséquences de chaque mesure envisagée en augmentation de prélèvements ou en diminution de dépenses : il est clair que certaines évaluations qu'on retrouve d’une étude à l’autre proviennent de Bercy.
Quelle sera l’ampleur de la purge ?
Pudiquement rebaptisée « consolidation budgétaire », la purge à venir totalisera les restrictions de dépenses publiques et l’augmentation des prélèvements obligatoires.
Il est clair que, pour les trois instituts, le redressement budgétaire passe par la disparition de tout déficit primaire structurel (déficit hors intérêts de la dette et hors phénomènes conjoncturels).
Et pour eux trois, de sensibilités pourtant différentes, il est absolument évident que la cure d’austérité et de stabilisation de la dette se prolongera bien au-delà de 2030.
Pour ce qui est de son ampleur, les chiffres sont très variables, y compris dans une même étude ; car l’inflation et la croissance pourraient éventuellement faciliter le retour à l’équilibre des comptes publics.
Dans son Focus 124, les conseillers de Matignon aboutissent à une tendance centrale de 125 milliards d’euros ; ce qui correspond aux préconisations du Cercle national des économistes.
Pour l’Institut Montaigne, il serait préférable d’atteindre une saignée de 180 milliards en 2029 : une perspective « économiquement soutenable, mais politiquement difficile à mettre en œuvre »… doux euphémisme !
L’Institut Avant-Garde dresse un tableau beaucoup plus rose-vert, avec un effort budgétaire de 40 milliards d’euros seulement… dont 10 % d’économies et 90 % d’impôts supplémentaires.
Il va de soi que les nouveaux prélèvements envisagés sont centrés sur l'écologie punitive : la gauche ne se refait pas.
En tout cas, de tous ces travaux, on peut tirer une conclusion : la France va subir une correction budgétaire supérieure à 100 milliards d’euros par an, et ce, pendant le reste de la décennie.
Et nos gouvernants nous mentent quand ils nous laissent croire qu’il ne s’agit là que de prélèvements ponctuels effectués pour solde de tout compte.
Quant aux débats parlementaires, qui ne concernent que 2 % du stock de dette publique, ils sont devenus hors-sol.
Les crocodiles empaillés rôdent à Bercy
Nous avons sous les yeux trois études récentes qui ne relèvent pas de la même vision politique mais qui testent l’empilement de mesures très similaires en dépenses ou en recettes, avec des chiffrages assez identiques quant à leur impact.
Et pour cause : les fonctionnaires de Bercy sont très présents dans ces groupes d’experts et ils tentent de redonner vie à leurs « crocodiles empaillés » : il s’agit de projets très anciens que les fonctionnaires ressortent périodiquement des tiroirs pour les proposer aux nouveaux ministres.
Un exemple de crocodile empaillé : le loyer fictif du propriétaire occupant. Vous êtes propriétaire d’un logement que vous louez : vous payez l’impôt sur ce revenu.
Donc, si vous occupez vous-même ce logement, la logique fiscale voudrait que vous vous payiez à vous-même un loyer fictif… qui serait alors imposable sur le revenu !
Cette loufoquerie fiscale repasse plus souvent dans le ciel de Bercy que la comète de Halley.
Maintenant, relevons au fil des pages les horreurs empilées dans les tiroirs de Bercy et qui nous attendent après la présidentielle.
En vrac, les auteurs citent, sans nécessairement les approuver : un point supplémentaire d’impôt sur le revenu et de CSG, le gel du barème de l’impôt sur le revenu ; pour les retraités : l'alignement de la CSG sur celle des actifs, la suppression de l’abattement de 10 % sur les pensions.
Pour la TVA, un point de plus sur le taux normal et 2,5 points de plus pour le taux intermédiaire.
Pour parachever la crise du bâtiment, sont chiffrés : le rétablissement de la taxe d’habitation sur la résidence principale et la suppression de tout abattement sur les plus-values immobilières en fonction de la durée de détention.
Afin d’accélérer le retour à l’équilibre budgétaire, sont également envisagées des baisses sur les transferts sociaux : -8,3 % pour les pensions, -60 % pour les APL, -18,5 % pour les indemnités chômage.
Enfin, pour rapprocher les recettes du coût de certains services publics, le prix du ticket dans les transports en commun serait multiplié par trois et les frais d’inscription en licence universitaire par 16 (et 11 au niveau master) !
Au chapitre des économies sur les dépenses, notons le gel de l’indexation des retraites et des minima sociaux, le délai de carence dans la fonction publique porté à trois jours et la suppression de 200.000 postes dans la fonction publique territoriale.
N’oublions pas une mesure souvent évoquée : la baisse de 33 % des subventions à l’enseignement privé.
Pour conclure, citons André Duval : « Une dette n’est rien si elle ne vous prive de rien. »



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