samedi 27 décembre 2025

POLITIQUE ET ÉCONOMIE : UN DÉFICIT HORS DE CONTRÔLE ET UNE MENACE D' UNE MISE SOUS TUTELLE.........

 

[TRIBUNE] 

 

La France vassale

Derrière le budget 2026, un déficit hors de contrôle et la menace d’une mise sous tutelle financière.
© European Union-Wikimedia Commons
© European Union-Wikimedia Commons

Le Parlement va se réunir en janvier pour voter le budget de l’État, après avoir adopté celui de la Sécurité sociale en décembre. 

Selon certains chroniqueurs, son adoption constituerait une victoire pour le Premier ministre, lequel acquerrait alors le statut de présidentiable… 

On peut vraiment se demander sur quelle planète vit la classe politique.

 

Un budget calamiteux

Remplaçons les milliards qui flottent au plafond par des pourcentages du produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire du revenu national annuel à nous partager.

Le déficit des administrations publiques à l’issue de l’année 2025 sera probablement égal à 5,4 % du PIB. 

Pour 2026, en combinant la loi de finances sociales déjà votée et le projet de loi de finances de l’État tel qu’amendé par le Sénat, on aboutirait à un déficit global de 5,3 % – mais il y a un hic : il n’a pas été adopté en commission paritaire !

Or, Sébastien Lecornu se fixe désormais l’objectif d’un déficit ramené à 5 % du PIB.

 Il lui faut donc réduire l’impasse budgétaire de 10 milliards d’euros en 2026, tout en évitant le rejet ou la censure de la gauche.

 

Ce serrage de ceinture à 10 milliards d’euros peut s’effectuer de deux façons : soit en diminuant les dépenses, soit en augmentant les impôts.

 Ou pire, encore : en acceptant 5 milliards de dépenses supplémentaires afin de satisfaire la gauche et, « en même temps », 15 milliards de recettes fiscales nouvelles payées par Nicolas. 

Ainsi va le consensus mou du « toujours plus » (de tiers-mondisme, de fraude sociale, de wokisme culturel, de théories genrées, de politique de la ville et d’immigration de peuplement).

L’esclavage pour dettes

Dans la Grèce antique, le citoyen incapable de payer sa dette à son créancier lui était asservi, jusqu’à ce qu’il puisse rembourser sa dette initiale… c’est-à-dire le plus souvent à vie. 

Tel sera le sort de la République française si la masse de sa dette publique continue à faire boule de neige.

Or, nous sommes très loin de tendre vers la cure austéritaire qui freinerait, voire inverserait, cette spirale infernale. 

Pour une fois, toutes les estimations concordent : il nous faut ramener très rapidement le niveau des déficits publics de 5,4 % à moins de 2,8 % du revenu national. 

Même l’objectif européen des 3 % est devenu un peu trop timide, pour un pays surendetté et dont le coût des emprunts nouveaux remonte rapidement.

 

Il nous faudra donc effectuer, chaque année, un serrage de ceinture à concurrence de 100 milliards d’euros d’économies en dépenses ou de prélèvements nouveaux en recettes, ou de toute combinaison à due concurrence ; faute de quoi, nos capacités budgétaires seront étouffées par le poids de notre dette.

 

Il est désormais assez clair que nos compatriotes sont conscients de l’effort à accomplir et de la pusillanimité de la classe politique.

 Certaines thématiques ne sont donc plus d’actualité, telle une baisse très coûteuse du taux de la TVA. 

Ou encore la résorption du déficit par des privatisations : les ressources budgétaires proposées doivent être récurrentes et pérennes jusqu’en 2030. 

On n’achète pas sa poule au pot en bradant les couverts en argenterie ; et une privatisation ne peut viser qu’à assainir la gestion déléguée.

Le scénario de la glu

 

Dans l’immédiat, la France est en danger : si elle doit rémunérer ses nouveaux emprunts à des taux dignes des pays dits « du Club Med », c’est qu’elle court un risque.

 Il suffirait, en effet, d’une très légère crise telle que le mauvais placement d’un emprunt nouveau pour nous plonger dans une grave crise financière.

 C’est ce qu’on appelle « une glu » : le papier qui trouve peu d’acquéreurs reste « collé » aux mains de l’emprunteur, c’est-à-dire de l’État.

 Tel est le risque clairement décrit par le Cercle national des économistes.

En pareil cas, Bercy serait certes rapidement renfloué par la Banque centrale européenne, qui achèterait de la dette française : un tel scénario est d’ores et déjà anticipé.

 

 Mais nos partenaires de la zone euro nous placeraient alors sous la tutelle de la Commission de Bruxelles et exigeraient une cure d’austérité aussi violente que celles que cette dernière a imposées à la Grèce ou à l’Espagne.

Question subsidiaire : la classe politique française n’est-elle pas en train d’attendre qu’un tel deus ex machina nous oblige à nettoyer enfin nos écuries d’Augias ?

 

Et quel est alors le pouvoir d’un Macron face à madame von der Leyen ? 

Laquelle peut désormais, d’un seul claquement de doigts, nous plonger dans une grave crise financière ?

Nous allons très vite le savoir.

 Soit la France réussit à envoyer définitivement les accords du Mercosur aux oubliettes, et nous restons souverains. 

Soit, après les palinodies d’usage, la France doit avaler cette gigantesque couleuvre : Macron ne serait plus alors que le Président humilié d’une France vassale.

 

Picture of Pr Jean-Richard Sulzer

Pr Jean-Richard Sulzer
Agrégé des Facultés de l'Université Paris Dauphine. Membre honoraire des juridictions financières

 Source :  https://www.bvoltaire.fr/tribune-la-france-vassale



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