TRIBUNE LIBRE !
Les Tchèques ont raison : si on interdit le nazisme, on n’autorise pas le communisme !
La République tchèque, par son président, vient de promulguer un décret assimilant la propagande communiste à celle du nazisme, et mettant les deux hors la loi.
Les dirigeants de ce pays, qui ont vécu sous dictature communiste de longues années, qui ont vu les chars russes envahir Prague en 1968, savent de quoi ils parlent.
On s’interroge, suite à cette décision, sur l’avenir du parti communiste tchèque, qui existe toujours dans ce pays, et qui a protesté contre cette mesure.
La cohérence serait de le dissoudre.
Pourtant, il n’y a eu dans le monde qu’une seule expérience nazie, féroce pour les adversaires politiques du IIIe Reich, avec la conclusion abominable des camps de la mort et la mise en place de la solution finale pour les Juifs.
Personne ne peut dire que Mussolini était nazi, pas davantage que Franco, les colonels grecs ou Pinochet, symboles de régimes autoritaires, mais sans aucun rapport avec l’idéologie de « Mein Kampf« .
Dans le même temps, toutes les expériences communistes qui ont eu lieu dans le monde ont toujours eu les mêmes conséquences : perte de la démocratie, du pluralisme politique, d’élections libres, dictature du parti unique, du syndicat unique, du journal unique, de l’agence de presse unique.
Et surtout, persécutions féroces des dissidents, des suspects, avec des camps de rééducation dont la férocité n’avait pas grand-chose à envier à celle des camps nazis.
Stéphane Courtois, dans « Le livre noir du communisme » a estimé qu’entre Staline, Mao et Pol Pot, et quelques autres staliniens, c’est environ 100 millions de morts que les communistes ont sur la conscience.
Dans son dernier livre, « L’islam pire que le nazisme et le communisme« , notre contributeur Bernard Germain le démontre de manière indiscutable, tout en prouvant qu’en 2025, l’islam représente un danger bien pire que le nazisme et le communisme réunis.
Et pourtant, s’il y a eu le grand procès de Nuremberg – première fois dans l’histoire qu’on juge ainsi les vaincus – jamais on n’a demandé aux assassins communistes des comptes comme on en a demandé aux nazis.
Pourtant, dans un remarquable documentaire, chez nos amis de TV-Libertés, Bernard Antony, en 1 h 30 minutes, nous présentait un réquisitoire impitoyable sur « Les 100 ans de crimes communistes ».
Comment accepter qu’en France les patriotes soient systématiquement, et en toute impunité, traités de nazis, alors qu’un parti communiste, qui a sur les mains le sang de 100 millions de morts, se permet de se présenter à des élections, d’avoir des élus, et même de donner des leçons de démocratie aux autres forces politiques ?
Comment accepter que des nostalgiques de Staline, dont le parti a défendu le pacte germano-soviétique et a collaboré avec l’occupant nazi jusqu’en 1941, ose la ramener et mentir historiquement aussi grossièrement ?
Comment accepter que des Fabien Roussel ou des Ian Brossat paradent sur les plateaux de télévision et insultent régulièrement Marine Le Pen et tous les cadres du RN, et Éric Zemmour et Reconquête, alors que leur parti a trahi la France en Indochine et en Algérie, et continue de la trahir en imposant, avec d’autres collabos, l’invasion migratoire aux Français ?
L’idéologie communiste, qui dépasse l’existence du seul Parti communiste, et se retrouve chez les Insoumis, les wokistes et les écolos les plus extrémistes, devrait être combattue avec la même détermination que l’a été le nazisme, et toute propagande communiste devrait être interdite et clouée au pilori.
Là encore, la République tchèque, farouchement hostile aux bureaucrates immigrationnistes de Bruxelles, montre la voie au reste de l’Europe.
Mais il lui reste, comme d’ailleurs l’ensemble des pays européens, encore un pas à franchir : quelle crédibilité avoir si on interdit toute propagande nazie ou communiste, et que le Coran et l’islam sont, eux, toujours légaux ?
Source et Publication : https://ripostelaique.com
ET AUSSI
J' ai lu ! Les Communistes Français / Jean-Marie LE PEN .........
L’anticommunisme, l’autre moteur de Jean-Marie Le Pen
Référence électronique : Adrian Thomas, « L’anticommunisme, l’autre moteur de Jean-Marie Le Pen », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 161 | 2024, mis en ligne le 01 janvier 2025, consulté le 04 mars 2025.
Du quartier latin à l’Algérie, la priorité du combat anticommuniste (1948-1962)
Jean-Marie Le Pen est né dans une modeste famille bretonne.
Il est issu d’une famille ni foncièrement extrémiste ni compromise dans la collaboration.
C’est en montant à Paris en 1948 que le jeune étudiant se politise.
De nature bagarreuse, Le Pen se range vite dans l’aile la plus à droite du milieu estudiantin et fréquente un temps l’Action française.
Cette ligue d’extrême droite, qui plonge ses racines dans le revanchisme du 19e siècle, a survécu à l’épuration des collaborateurs mais a perdu son énorme influence culturelle d’avant-guerre.
Le Pen se dédie plutôt à la représentation étudiante et à en éliminer les syndicalistes de gauche, quitte à être souvent violent : « Quand je suis arrivé au Quartier latin, toutes les corpo[ration]s étaient entre les mains des communistes.
La corpo de droit a été la première à s’en libérer » 1, se vantera-t-il a posteriori. À la tête de l’association représentative des étudiants de cette faculté conservatrice, Le Pen se construit un large carnet d’adresses, bien au-delà de l’extrême droite très affaiblie de l’après-guerre : la France est alors à gauche, avec en tête le Parti communiste français à 28 %.
Le Pen n’est pas le seul à en être très préoccupé.
Grâce au ciment de l’anticommunisme, il va contribuer à la recomposition de l’extrême droite française, alors très éclatée entre ses multiples tendances (des collaborationnistes à d’anciens résistants nationalistes).
Il tient, par exemple, en 1951 le service d’ordre, composé des gros bras de la corpo de droit, du pétainiste Jacques Isorni lors d’un meeting très chahuté de sa campagne électorale.
L’ancien avocat de Pétain est élu député au sein d’une coalition de droite antigaulliste, le CNIP 2.
C’est un courant très large, qui va d’ex-vichystes à des libéraux comme Valéry Giscard d’Estaing, et qui lui permet de se faire beaucoup de profitables relations.
Tout ce petit monde se prépare, dans le contexte de la guerre de Corée, à une aggravation des hostilités avec l’Union soviétique et à une éventuelle guerre civile avec le PCF.
Le Pen se place d’emblée habilement à la convergence de ces courants très droitiers.
Le prélude à ce terrible affrontement prend alors la forme d’une croisade en Indochine.
Le Front de libération nationale, dirigé par Hô Chi Minh, est alors en passe de chasser le colonisateur.
L’anticommunisme de Le Pen s’est toujours parfaitement marié au colonialisme et à la défense de l’empire français.
Il l’exprimera bien à la radio en 1974 : « J’ai eu le sentiment que l’Europe et la France étaient en guerre avec le communisme.
Je me suis senti appelé par ceux qui portaient l’honneur du pays ».
C’est pourquoi il s’engage chez les parachutistes et débarque au Vietnam en 1954, peu après la défaite de Diên Biên Phu.
Il rumine alors, comme d’autres paras, contre la supposée trahison de l’arrière : « des Français se battaient, poignardés dans le dos par le PCF qui jetait hors des trains les blessés d’Indochine » .
Ce genre de fable est toujours répétée de nos jours par l’extrême droite et les réseaux de vétérans.
Ce n’est pas par hasard s’il sert durant un an de propagandiste au journal officiel du corps expéditionnaire, Caravelle.
De retour en France, Le Pen reprend sa place au centre de l’échiquier de la droite réactionnaire et rencontre Pierre Poujade.
Ce petit papetier a monté un mouvement antifiscaliste qui cultive l’ambiguïté en imitant le style du PCF, afin de lui prendre une série d’électeurs par un biais populiste.
Mais l’équivoque est vite levée.
Sitôt élu député poujadiste en 1956, à 27 ans, Le Pen intervient contre le PCF pour rejeter sur lui la responsabilité de la guerre d’Indochine.
« Fasciste ! » , répondent en chœur les bancs communistes.
Poujade dérivera rapidement vers la xénophobie et l’apologie de l’Algérie française.
C’est dans cette idée que Le Pen retourne à la lutte armée.
Même si les communistes sont très minoritaires au sein du FLN algérien, il faut bien saisir que la guerre contre les indépendantistes s’apparente pour les colonialistes français à une grande lutte civilisationnelle contre le communisme mondial.
Les réprimer, c’est faire reculer Moscou pour préserver l’Occident menacé.
Cette conviction restera très prégnante chez les nostalgiques de l’Algérie française qui cofonderont le Front national quinze ans plus tard, comme Roger Holeindre.
Après un détour par l’Égypte de Nasser durant la crise de Suez, le parachutiste Le Pen se déchaîne en Algérie et torture sans vergogne des suspects.
Il s’en targuera, de façon à légitimer dans l’opinion publique les autres tortionnaires de son acabit.
Revenu au pays, Le Pen est de toutes les manifestations, souvent brutales, du lobby colonial.
Les partisans de l’Algérie française se durcissent et ramènent l’extrême droite au premier plan de la scène politique.
Le Pen soutient de près en 1961 la fondation de l’OAS mais reste prudemment en-dehors de l’organisation pour ne pas être inquiété par la justice.
Il ne reniera jamais par la suite son passé colonialiste.
La lente construction d’un parti violemment anticommuniste (1962-1981)
Malgré la déconfiture du poujadisme, Le Pen parvient à être réélu en 1958 comme député du CNIP, en tant que héraut de l’Algérie française.
Mais il perd son cheval de bataille en 1962 avec les accords d’Évian, puis, peu après, son siège à l’Assemblée nationale.
Il aurait pu chercher à se notabiliser comme politicien de droite, mais la ligne désormais gaulliste du CNIP l’en détourne.
Il déteste De Gaulle depuis son alliance dans la Résistance et à la Libération avec le PCF, crime suprême, et surtout pour avoir cédé l’Algérie aux valets arabes du Kremlin.
Le Pen trouve un souffle éphémère en 1965 dans la campagne de l’ancien pétainiste Tixier-Vignancour.
Durant la première présidentielle, il devient son bras droit, mais il le lâche quand Tixier appelle à voter au second tour pour François Mitterrand, candidat de l’union de la gauche, quitte à se condamner à la marginalité.
C’est dire si c’est la frontière à ne jamais dépasser.
S’en suit alors une traversée du désert.
Le Pen disparaît des radars, mais continue à entretenir ses relations hétéroclites.
L’originalité de Le Pen réside dans sa volonté de populariser une doctrine sociale d’extrême droite afin de capter le vote ouvrier.
Il n’arrivera à formuler sa doctrine qu’à la suite d’Enoch Powell : ce député conservateur britannique réussit en 1968 à gagner l’adhésion de nombreux dockers en jouant (déjà) sur la peur raciste du « grand-remplacement » par l’immigration afro-asiatique.
Le Pen essaye en vain d’imiter des tactiques du PCF, comme lorsqu’il lance, avec un ex-Waffen-SS, une maison de disques politiques pour pallier l’absence de l’extrême droite des grands médias ; mais cette stratégie ne fonctionne pas.
Dans le contexte du plein-emploi des Trente Glorieuses, du gaullisme triomphant des Golden Sixties et de l’hégémonie culturelle de la gauche et des syndicats, il n’y a pas vraiment encore de place pour un grand parti d’extrême droite.
Mais Le Pen garde des contacts avec divers groupes néofascistes, eux-mêmes en lien avec le Mouvement social italien.
Le MSI s’est très vite reconstitué après la guerre sur les cendres du fascisme et a repris pied dans le corps électoral, montant jusqu’à 9 % en 1972.
Le MSI soutient activement ses amis transalpins, qui reprendront gratuitement la flamme de son logo (figurant l’éternité de Mussolini).
Des valises de billets transiteront entre Rome et Paris .
Le terrorisme est leur premier fil conducteur : des anciens de l’OAS se réfugient en Italie et forment au maniement d’explosifs les tueurs qui commettent des attentats durant les années de plomb.
Les néofascistes ont la conviction d’être l’avant-garde de la guerre antisoviétique, dans la défense globale de l’Europe, de la civilisation occidentale et de la race blanche.
Il faut le comprendre comme un tout, comme quand Holeindre expliquera dans un de ses livres que les communistes, « étant rouges, ne peuvent être tout à fait blancs » .
Cette autoproclamée « Nouvelle Droite » s’inscrit pleinement dans la stratégie de la tension qui vise à établir un régime autoritaire.
Cette dictature aurait eu comme but la répression des communistes et des syndicalistes qui n’ont jamais été aussi influents, en Italie comme en France.
Cette manœuvre n’aboutit pas, mais Le Pen maintient un rapport solide avec son homologue italien, siégeant ensemble au Parlement européen en 1984, comme le confirmera à LCI son conseiller Lorrain de Saint-Affrique : « Dans les années 1970, le lien politique avec le Front national [et le MSI] était très important » .
Le MSI imprimera ses premières affiches et l’aidera financièrement dans ses premières années.
La plus grosse bande néofasciste française est Occident, rebaptisée en 1969 après sa dissolution Ordre nouveau.
Cette faction appelle ouvertement à l’assassinat des communistes sur l’exemple grec et indonésien (1966-1967).
Ses adeptes veulent recomposer idéologiquement l’extrême droite avec de nombreuses publications et cherchent aussi la bagarre avec des groupes gauchistes, notamment lors de meetings en faveur du Vietnam, blessant gravement certains jeunes militants.
Leur devise est « Être intellectuels et violents », comme l’écrivait Charles Maurras en 1900.
Plusieurs futurs ministres de droite et des amis de Le Pen y font leurs armes.
À l’approche des élections de 1973, les nationalistes-révolutionnaires veulent se doter d’une vitrine légale et respectable, commune avec les anciens poujadistes, vichystes et partisans de l’Algérie française.
C’est ainsi qu’est formé en 1972 le Front national.
Le nom fait référence au rassemblement en 1934 des ligues nationalistes contre le Front populaire.
Placé à sa tête, Le Pen est alors perçu comme un modéré, un tribun, et fait l’unanimité parmi les divers clans d’extrême droite, surtout par la centralité de son anticommunisme.
Cette dimension est décisive pour les autres dirigeants du FN, comme les anciens Waffen-SS Pierre Bousquet et Léon Gaultier, qui ont affronté sur le front de l’Est l’Armée rouge.
La priorité du FN est de se présenter comme le meilleur barrage à l’union de la gauche, le « néo-Front populaire » , qui voudrait établir la dictature du prolétariat.
Mais le FN n’obtient que 1 % des voix aux élections de 1973.
La plupart des cadres néofascistes quittent alors le FN pour revenir à leur radicalité.
Le FN essaie de se structurer et imite l’organigramme du PCF, avec un bureau politique et un comité central.
L’anticommunisme est fondamental dans son programme.
Le FN se veut être la « troisième voie [corporatiste] entre lutte des classes et monopoles » et le champion de la lutte antisoviétique, comme Le Pen le démontre lors de la campagne de boycott des Jeux olympiques de Moscou en 1980
Mais il enchaîne les bides et les disputes fratricides.
Quand François Duprat, cerveau du FN, est assassiné en 1978 par un groupe rival, Le Pen accuse comme toujours la « guerre inexpiable que les communistes mènent à notre pays » .
Endetté et groupusculaire, le FN va survivre grâce à l’héritage d’un riche cimentier, Hubert Lambert, qui permet à Le Pen de tenir sa petite boutique durant dix ans, dans le contexte où l’union de la gauche accumule les succès électoraux jusqu’au triomphe de 1981.
« Le FN a atteint son premier objectif : battre le PCF ! » (1981-1991)
Le FN parvient à remporter ses premiers succès locaux en 1982-1983 en s’immisçant dans la recomposition de la droite, désorientée par la victoire de la gauche en 1981.
Jacques Chirac, son dirigeant, joue par opportunisme l’ambiguïté, reprenant parfois un discours très conservateur (voire xénophobe ), et n’établit pas de réelle ligne de rupture avec ce nouveau venu au grand dam de la libérale Simone Veil qui plaide pour le front républicain (soit l’union de tous partis contre l’extrême droite quand une victoire électorale de celle-ci est possible).
La droite classique renvoie cyniquement la gauche à son alliance avec le PCF pour justifier une accointance avec le FN.
Cette alliance des droites est promue en particulier par Charles Pasqua, homme clé du gaullisme, depuis longtemps proche d’une certaine extrême droite et animé par un rude anticommunisme.
Le Pen reste néanmoins largement inconnu, en raison du cordon sanitaire médiatique.
Comme il le dénonçait en 1978, « l’intelligentsia marxiste et cosmopolite qui gouverne la plupart des médias » le boycotte.
François Mitterrand a pourtant promis durant la campagne présidentielle de faire respecter le pluralisme dans la presse.
Le Pen saisit la balle au bond, lui écrit et obtient quelques premières invitations.
Il s’y montre mielleux, loin de tout dérapage.
L’émission télévisée L’Heure de vérité marque le tournant en 1984.
Le Pen perce médiatiquement dans cette émission très regardée.
Durant l’entretien, il se lève subitement pour observer une minute de silence aux « victimes du communisme »
. Ce coup d’éclat fait sensation.
Nombre d’électeurs de la droite classique sont séduits par une approche aussi frontale envers les socialo-communistes.
Les adhésions se multiplient.
Le cordon sanitaire médiatique est brisé.
Mitterrand et Chirac en sont responsables, en ayant essayé de manipuler le FN pour s’affaiblir mutuellement.
Le Pen multiplie les passages télévisuels et profite à fond de la polarisation du débat autour de questions identitaires, et non plus socio-économiques, pour marteler ses mots d’ordre xénophobes (déjà clairement racistes) comme le célèbre slogan « Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés en trop ».
L’effet d’entraînement offre au FN un tremplin aux élections européennes de 1984, où il atteint 11 % des voix.
Émergeant en 1984-1988, Le Pen n’aurait pas pu pousser son avantage électoral sans la fortune d’une secte sud-coréenne mue fanatiquement par l’anticommunisme.
Le révérend Moon voit en ce vétéran de l’Indochine le champion de la cause en Europe et lui ouvre son chéquier (et son carnet d’adresses).
Des zélotes lui sont envoyés pour lui servir d’hommes à tout faire.
Le Pen se présente alors en Reagan français, épousant le néolibéralisme des Chicago boys, et rêve de rentrer après les législatives de 1986 dans la « majorité antimarxiste » de Chirac comme ministre antisoviétique et ultra-atlantiste de la Défense.
C’est un échec, mais qui n’entame toutefois pas sa progression électorale, lui permettant cette fois de dépasser le PCF.
Le Pen en était d’ailleurs très fier, car c’est par là qu’il ouvre sa soirée de victoire : « Le FN a atteint son premier objectif, battre le PCF ! » .
Georges Marchais, son dirigeant, a âprement mené campagne contre lui (« Le Pen, c’est tout ce qui nous fait horreur ! , clame-t-il alors).
Le PCF continuera à lui mener la vie dure : lorsque Le Pen remonte au perchoir de l’Assemblée nationale, vingt-quatre ans après l’avoir quitté, les communistes quittent l’hémicycle en guise de protestation.
Le FN et le PCF s’affronteront rudement à l’Assemblée par la suite.
C’est surtout pour lutter contre le FN que sera adoptée en 1990 la loi Gayssot, du nom du député communiste, punissant le négationnisme.
Le FN est le seul parti à s’opposer à cette loi.
Le Pen va en effet concentrer l’attention médiatique par ses célèbres et abjectes déclarations, comme l’affaire révisionniste du « point de détail de l’histoire » en 1987.
Le président du FN montre son vrai visage et se diabolise lui-même.
Il est intéressant de relever que, quand Le Pen attaque en 1988 « M. [Michel] Durafour-crématoire », c’est d’abord pour ridiculiser la volonté de ce centriste de s’allier avec le PCF contre le FN.
Chez Le Pen, l’antisémitisme le plus ignoble et l’anticommunisme se tiennent la main jusqu’au bout.
Le Pen essaie de récupérer une part de l’électorat du PCF, alors en repli. Le trio comique Les Inconnus s’en moquent justement dans un célèbre sketch où un ancien communiste explique son revirement : « On a fondé une association d’aide aux anciens communistes.
Faut dire qu’on a été bien aidé par le FN » (1991) . Selon Nonna Mayer, la professionnalisation du FN s’est effectuée par imitation du style militant du PCF, notamment sous la direction de Bruno Mégret, alors numéro deux du FN.
Un guide du militant explique ainsi aux frontistes de manière pratique comment faire de la propagande sur le terrain, ce qui n’allait pas forcément de soi.
Le transfert de votes du PCF au FN est cependant un mythe.
Des sociologues comme Julian Mischi ont montré que les électeurs du PCF ont largement préféré s’abstenir.
Les nouveaux frontistes sont des partisans de la droite classique, que Nicolas Sarkozy récupérera un temps avant d’amplifier l’élan du FN.
De même, bien que les ouvriers aient davantage voté Le Pen, le FN est resté un parti interclassiste, d’autant plus que la France se désindustrialisait.
La pauvreté n’explique pas non plus son succès : ses bastions sont des zones aussi bien aisées que marquées par le chômage.
Le parti brasse donc largement.
Le FN comme parti des petites gens correspond plutôt au vieux narratif national-populiste répété par la famille Le Pen depuis le début, même si certains politologues croient y voir un soi-disant « gaucho-lepénisme .
La « droite nationale et populaire » que le FN veut incarner n’est jamais que le recyclage de la vieille fable ethno-nationaliste du peuple organique homogène.
C’est un fil brun qui relie Pétain à Jordan Bardella, l’actuel président du Rassemblement national.
Le FN n’a jamais porté ou aidé sous aucune forme le combat
social, comme il le rappellera en 1995 en blâmant les « gréviculteurs de
la caste politico-syndicaliste »
La persistance de l’anticommunisme après 1991 chez Le Pen
L’anticommunisme devient moins perceptible par la suite en raison de la fin de la guerre froide et du recul du PCF.
Les frontistes ne peuvent s’empêcher d’y revenir régulièrement, voire même d’y associer leur racisme décomplexé comme en 1990, quand le candidat du FN à Colombes (Hauts-de-Seine) accuse le maire (PCF) d’en faire « une république musulmane soviétique »
Le Pen se concentre sur la stigmatisation des immigrés et les provocations racistes, ce qui aide à la création d’un réel front républicain en sa défaveur.
La droite cesse de renvoyer dos à dos PCF et FN.
Chirac accepte le principe de faire élire des députés de gauche, même communistes comme à Gardanne (Bouches-du-Rhône) en 1996, quand un frontiste risque localement de gagner.
Le Pen ne l’entend pas de cette oreille et accuse la droite de se gauchir (« Chirac, c’est [Lionel] Jospin en pire » ).
Il se déchaîne en 1997 contre les communistes « criminels, ennemis de la liberté » alors en passe de revenir au gouvernement.
Ce n’est pas pour rien que Mégret utilise en 1997 une formule explicite, « Le Mur est tombé » quand sa femme conquiert la mairie de Vitrolles (Bouches-du-Rhône).
Le FN tend cependant à la stagnation, voire régresse, surtout à la suite de la purge du clan Mégret en 1998, qui emporte une grande partie des cadres.
Il y a une nouvelle génération dans l’appareil du parti, moins éduquée à l’anticommunisme et moins violente, plus policée, qui contribue à banaliser le FN aux yeux des Français.
Malgré la grande surprise en 2002 de l’accession de Le Pen au second tour de la présidentielle, le FN ne parvient pas à conforter et à rentabiliser son installation dans le paysage politique.
Le Pen connaît des difficultés, à la fois politiques en interne et financières.
Même si le climat sociopolitique (insécurité, chômage de masse ou encore glissement des grands repères idéologiques) joue en sa faveur, le FN recule lors de la présidentielle de 2007, doublé par Sarkozy.
C’est la campagne de trop.
À 78 ans, Le Pen, fragilisé, prépare alors sa troisième fille à reprendre le parti. Marine Le Pen lui succède en 2011 et déploie la dédiabolisation du FN, en germe depuis 2002.
Mais Le Pen refuse de laisser totalement la main et entre rapidement en contradiction avec cette dédiabolisation, multipliant à nouveau les dérapages négationnistes et antisémites.
Quand il s’emporte, son anticommunisme ressurgit soudainement, comme quand il hurle en 2011 au parlement européen : « On se croirait chez les bolcheviks ! » Pourtant très vieilli, il persiste à chercher stérilement la confrontation avec le PCF, alors très affaibli.
Il vient par exemple, en 2013, soutenir une liste frontiste dans le bastion communiste de Champigny (Val-de-Marne) : « le clientélisme et l’immigration sont les deux mamelles du communisme local » , déclare-t-il en marge d’une manifestation.
Le Pen est si gênant pour sa fille qu’il est exclu en 2015 du FN.
Il perd par la suite son influence, même s’il s’obstine à s’exprimer couramment.
Et Marine Le Pen ?
Fidèle à sa ligne, elle a lissé son discours au maximum, si bien qu’il lui est rare de montrer son anticommunisme.
Elle en use surtout lors de ses tentatives d’ancrage dans le Pas-de-Calais, en particulier en 2012.
Jean-Luc Mélenchon l’affronte aux législatives.
Son suppléant est le dirigeant de la fédération locale du PCF, Hervé Poly.
Le Pen s’étrangle au micro de France Info contre la résurrection du « cortège de folies, de violences, d’anarchies » du PCF.
Quand le FN s’empare en 2014 de petites villes désindustrialisées, comme Hayange au cœur de l’ancienne sidérurgie lorraine, l’une des premières mesures des nouveaux maires frontistes est de couper les subsides du Secours populaire, accusé d’être une « succursale » du PCF
Marine Le Pen a aussi fait ressortir en 2021 son anticommunisme, quand elle raconte hilare dans l’émission TV de Karine Lemarchand que son père lui interdisait durant son enfance de lire Pif Gadget ou, en 2024, lors de la panthéonisation du groupe Manouchian, invoquant les traditionnels « 100 millions de morts du communisme » .
Il est du reste pertinent de relever que l’ouvrage de Stéphane Courtois32, qui a popularisé ce chiffre fallacieux contredit par les historiens, fait partie de l’actuelle liste des livres conseillés par le FN pour la « formation générale » des militants du parti.
C’est une trace de la continuité de l’anticommunisme au RN.
Jordan Bardella, qui a rejoint le clan Le Pen en se mettant en couple avec une nièce de Marine, utilise également assez peu l’anticommunisme, si ce n’est à l’occasion des débats des élections européennes de 2024 contre Léon Deffontaines.
« Vous êtes communiste.
En 2014 ! Il s’agirait de grandir », lui avait-il lancé sur LCI, avant que le candidat du PCF ne lui réplique : « Ok OSS 117 »
L’anticommunisme est en revanche bien plus au centre du discours de Marion Maréchal-Le Pen, surtout depuis qu’elle s’est distanciée de sa tante en 2017.
Adepte de la ligne dure, zemmouriste avant son récent retour au bercail, elle en fait souvent la démonstration dans ses interventions médiatiques et ses tweets.
C’est d’ailleurs dans la jeune garde qu’on retrouve les éléments les plus radicaux et les plus anticommunistes, comme le porte-parole Julien Odoul, sans parler de la porosité avec des groupes néofascistes (sur les listes électorales, au sein du personnel d’encadrement ou du service d’ordre) pour qui l’antibolchevisme reste une fin en soi.
En conclusion, cette histoire de l’anticommunisme à la française témoigne de son rôle central dans l’idéologie d’extrême droite.
L’antimarxisme est une part constitutive de sa doctrine, au même titre que l’antiféminisme, l’autoritarisme ou la xénophobie.
L’anticommunisme est allé de pair tout au long du 20e siècle avec le colonialisme et toutes les formes de racisme.
Son usage et sa résurgence doivent alerter tous les démocrates.
Il y a lieu d’être critique des communistes du 20e siècle, de leurs erreurs et de leurs échecs, mais leur place se situe clairement dans le champ démocratique, du moins en Occident, à l’égal des socialistes ou des libéraux.
Ne pas le leur reconnaître et les criminaliser, c’est rejeter l’antifascisme qui cible très précisément l’extrême droite comme une exception antidémocratique et, au final, adhérer à son anticommunisme.
Ce rappel de l’histoire du FN puis du RN est important à l’heure où le RN atteint des sommets dans les résultats électoraux et où le front républicain s’avère si précieux.
Collectif, Le Livre noir du communisme, Paris, Robert Laffont, 1997.
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