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Felix Baumgartner : excessif, identitaire, antidémocrate et amoureux de la belle vie
Felix Baumgartner passait de paisibles vacances en Italie.
Il avait décidé de faire un saut en parapente - une formalité, pour lui.
Apparemment, il a été victime d’un malaise cardiaque.
Son cadavre, toujours suspendu à la voile, a terminé sa course dans une piscine.
Une mort presque banale, pourrait-on dire, bien dans le ton, en revanche, d’une vie passée dans les airs.
Né à Salzbourg, Felix Baumgartner avait commencé sa vie professionnelle dans l’armée autrichienne, d’abord dans les blindés.
Mais ce qu’il voulait, depuis l’enfance, c’était vivre dans le ciel.
Il devint alors parachutiste, passa ses qualifications de chute, puis fut rapidement promu instructeur.
Incapable, de son propre aveu, d’obéir à des « ordres stupides », il est exclu de l’institution militaire en raison de son tempérament rebelle et succombe alors à celle qui sera la compagne de sa vie : l’adrénaline.
Entre-temps, en 1992, il a disputé son unique combat professionnel de boxe, qu’il gagne par KO en un round.
Parachutiste de l’extrême, il s’intéresse alors au base jump (cette discipline qui consiste à sauter d’une altitude très basse, souvent d’un pont ou d’une tour), dont il devient rapidement l’un des experts mondiaux.
En 1999, il bat simultanément deux records de base jump : le saut le plus haut (depuis les tours Petronas de Kuala Lumpur) et le plus bas (depuis la main de la statue du Christ à Rio - le Corcovado).
En 2003, il est le premier à traverser la Manche avec une aile en fibre de carbone.
L'incroyable exploit d'octobre 2012
Tout cela serait déjà saisissant sans l’exploit qui le fit entrer dans l’Histoire.
Le 14 octobre 2012, il s’élance de la stratosphère, à 39 kilomètres d’altitude, franchit le mur du son en chute libre et ouvre sa voile à 2.500 mètres du sol.
Les images et la performance sont impressionnantes.
52 ans après le colonel américain Kittinger, qui avait sauté à 31 kilomètres du sol et restera en liaison avec lui pendant son ascension, Baumgartner devient une légende.
Avec cela, une vie dans les plus beaux endroits du monde, deux enfants et des relations longues avec quelques-unes des plus belles femmes d’Europe.
On aurait pu ériger cet excessif en modèle pour la jeunesse.
On ne l’a pas fait : pensez donc, c’était un sale facho !
Opposé à la démocratie, il s’était prononcé, en 2012, en faveur d’une « dictature modérée » exercée par des experts venus du secteur privé.
Il avait précisé sa pensée en 2017 en ajoutant que la démocratie directe, sur le modèle suisse, permettrait seule de changer les choses.
En 2016, Baumgartner publiait, sur Facebook, un avis plutôt sensé sur la politique migratoire de l’UE : « Un pays où la pêche sans permis de pêche est légalement punie et où les gens franchissent la frontière sans passeport ne peut être gouverné que par des idiots ! »
Il se prononçait, également, en faveur de l’attribution du prix Nobel de la paix à Viktor Orbán plutôt qu’à Barack Obama.
La même année, il apportait son soutien au candidat du FPÖ, classé à l’extrême droite, aux élections générales autrichiennes.
En 2019, quand un humoriste autrichien avait critiqué les tentations nationalistes du peuple, Baumgartner s’était occupé de son cas sur les réseaux sociaux en l’insultant vertement.
Clou du spectacle en 2024 : le rédacteur en chef de l’hebdomadaire autrichien Falter se disait très fier de ses cinq doses anti-Covid 19, bien qu’il eût attrapé la si terrible maladie.
Baumgartner, qui le considérait comme un « idiot con », l’avait traité de « pute pharmaceutique ».
Bref, Felix Baumgartner était un homme de caractère, avec des convictions ancrées.
Ça l’a empêché de devenir une star.
Ça ne nous le rend que plus sympathique.
Bravo à lui, pour l’intégralité de sa vie à cent à l’heure, et qu’il repose en paix.
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