mardi 14 octobre 2025

MÉDIAS : POUR L' ARCOM , L' AUDIOVISUEL PUBLIC N' A PAS BESOIN D' ÊTRE NEUTRE !

 

[MÉDIAS] 

 

Pour l’Arcom, l’audiovisuel public n’a… pas besoin d’être neutre !

Face aux députés, Martin Adjari a démontré sa maîtrise parfaite de la langue de bois et des acrobaties sémantiques.
Capture d'écran YT-LCP
Capture d'écran YT-LCP

Un président sur le gril. 

Mercredi 8 octobre, pendant près de deux heures, la commission des affaires culturelles a cuisiné le chef de l’Arcom, Martin Ajdari, le mitraillant de questions.

 Le représentant du « gendarme » du PAF a tenté de défendre le bilan de son autorité de régulation mais n’a pas pu échapper aux questions sur la nécessaire réforme de l'audiovisuel public, suspendue du fait du chaos politique actuel. 

Tandis que les députés d’extrême gauche ont cherché à noyer le poisson en concentrant leurs attaques sur CNews, les élus de droite, eux, n’ont pas dévié de leur trajectoire et ont mis en cause la ligne éditoriale partisane de l'audiovisuel public. 

 

Le mariniste Philippe Ballard, notamment, a pointé du doigt un défaut de « neutralité », récemment mis en lumière par l’affaire Legrand-Cohen, qui nourrirait un « contexte de défiance croissante envers le service public ».

 

En préambule à sa réponse, Martin Ajdari a tout d’abord tenu à apporter quelques « précisions terminologiques » : « Je n'ai pas évoqué la "neutralité", Monsieur Ballard, a rétorqué l’ex-militant socialiste.  

On n'a pas prétendu que le service public ait à être "neutre". 

La loi, d'ailleurs, ne le prévoit pas. 

Elle prévoit, en revanche, une "impartialité", qui se distingue du "pluralisme". »

Le service public serait donc tenu à l’« impartialité » mais pas à la « neutralité »… 

Voilà qui s’appelle jouer sur les mots. 

Dans le Larousse, les deux termes sont qualifiés de synonymes, désignant tous deux l’absence de parti pris.

` Et si, comme l’indique Martin Ajdari, la loi de 1986 relative à la liberté de communication proclame plutôt « l'impartialité » du secteur public de la radio et de la télévision que sa « neutralité » idéologique, cette dernière apparaît bien en toutes lettres dans d’autres textes officiels. 

On peut citer, notamment, le Code général de la fonction publique qui rappelle à tous les agents publics qu’ils doivent respecter « l’obligation de neutralité » et sont tenus de ne pas « manifester leurs convictions, qu’elles soient religieuses, philosophiques ou politiques »

On peut également citer l’audiovisuel public lui-même : n’en déplaise à l’Arcom, le devoir de « conserver une stricte neutralité politique » est stipulé noir sur blanc dans la charte d’éthique de France Télévisions !

Subtilités terminologiques et langue de bois

Relancé par Philippe Ballard, ancien journaliste du groupe TF1 et député RN de l'Oise, sur la clémence dont semble bénéficier l’audiovisuel public et la faiblesse des sanctions qui lui sont infligées par l’Arcom, Martin Ajdari a alors démontré sa maîtrise parfaite de la langue de bois. « 

Il y a sans doute des choses qui suscitent des questions, parce qu'il y a des frustrations, des incompréhensions dans une bonne partie de la population, a-t-il ânonné. 

 Mais justement, il faut arriver à percevoir ces incompréhensions et ces frustrations et éventuellement y apporter des réponses… 

Si France Télévisions et Radio France s’engagent dans les réponses à apporter à ces interrogations, eh bien, tant mieux, ça veut dire que le mouvement est en marche ! » 

 

 Traduction : les séquences litigieuses diffusées sur le service public et signalées par les téléspectateurs ne sont le fruit que d’une « incompréhension » à laquelle il faut répondre non par une sanction des médias en question mais par un meilleur effort de pédagogie…

 

Les sanctions, c’est bon pour les médias privés, exclusivement. 

 « Le service public, c'est par la qualité de ses programmes et par la confiance qu'il acquiert auprès des citoyens qu'il va recevoir une sanction positive, un satisfecit ou des interrogations dans le débat politique », a affirmé Martin Ajdari.

 

 En clair, l’Audimat fait figure de juge de paix. 

Aucune raison de sanctionner l’audiovisuel public tant que les audiences restent satisfaisantes. 

Une logique que les salariés de feu C8 apprécieront : la chaîne privée trônait en tête des audiences de la TNT lorsque l’Arcom a demandé - et obtenu - sa mort, sans pitié.

 Ses bonnes audiences ne lui avaient alors valu aucun totem d’immunité.

 

 

Journaliste indépendant, culture et société
Source :    https://www.bvoltaire.fr/medias



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