mardi 13 août 2024

CONFLIT ISRAÊLO / IRANIEN : LES AYATOLLAHS N' ONT PAS LES MOYENS DE FAIRE LA GUERRE À ISRAËL ! ( CHRISTIAN NAVIS )

 TRIBUNE LIBRE !

Les ayatollahs peuvent arrêter leur cirque, ils n’ont pas les moyens de faire la guerre à Israël

L’habit ne fait pas le moine. 

Ni le mollah.

 Toutefois, le look de Masoud Pezeshkian, le nouveau président iranien, a de quoi surprendre. 

Fini les grands mamamouchis barbus et enturbannés, engoncés dans de sombres cachabias médiévales. 

Ces marques d’appartenance à la caste dominante des religieux sont ringardes.

Dans la vie de tous les jours, Masoud Pezeshkian se montre en jeans et blouson. 

Et pour les cérémonies officielles, il porte un veston à l’occidentale sans cravate. 

Quant à son système pileux, il évolue entre glabre et mal rasé de trois jours. 

En Occident, cela paraîtrait anodin. 

Pas en Iran, où c’est une révolution capillaire.

 Puisque tout bon musulman se doit d’arborer la barbe du prophète.

Depuis une dizaine d’années, les jeunes mollahs sont devenus élégants.

 Ils portent des étoffes colorées drapées avec grâce, accompagnées de babouches flashy et d’anneaux d’argent incrustés d’agates. 

Les vieux leur reprochent d’être efféminés. 

Les jeunes se défendent en alléguant que leur pédo-prophète était pomponné et parfumé comme une cocotte.

L’ample caftan permet toutes les fantaisies de formes et de couleurs, découvrant des chemises à col mao et des parures orientales. 

Dans ce pays où la plupart des femmes sont dissimulées sous des voiles noirs de Belphégor, les hommes se la jouent gravures de mode. 

C’est pourquoi, on n’a pas été vraiment surpris par la rupture vestimentaire du nouveau président. 

Laïc certes. Mais libéré de la pression qui obligeait ses prédécesseurs à ressembler à des croque-morts.

 

Masoud est-il un pacifiste sincère ou un pétochard honteux ?

Derrière les apparences, on est fondé à se poser des questions sur le fond de sa politique. 

Considéré comme un « réformateur » par les gardiens de la révolution islamique qui n’en voulaient pas, il a bénéficié de l’appui du guide suprême pour se présenter et être élu dans une théocratie où les résultats sont connus d’avance.

En toute logique, l’ayatollah Ali Khamenei qui dirige de fait le pays, aurait dû l’évincer.

 Pezeshkian a manifesté contre le régime et ses élections truquées en 2007, 2009 et 2018. 

Il tient en public des propos pas toujours islamiquement corrects. 

Et on dit qu’il ne doit son salut qu’à son talent de chirurgien réputé. 

Les gérontocrates, pas pressés d’arriver en avance au paradis d’Allah (les 72 houris attendront) comptent sur lui pour prolonger leurs existences criminelles.

Peut-être est-ce là que réside le secret de la bienveillance à son égard de la part du « Guide » ? 

Kamenei est vieux et malade, et depuis qu’il a été victime d’un attentat en 1981, il est physiquement diminué.

 Poumons endommagés, un bras paralysé, les cordes vocales atteintes, le cerveau un peu lent. 

Et à 85 ans, son état ne s’arrange pas. 

En caricaturant à peine, on pourrait dire qu’il a choisi de mettre son garde-malade à la présidence. 

Pour l’avoir toujours sous la main.

Le grand ayatollah qui a signé la condamnation à mort de Salman Rushdie, sans possibilité de repentance, s’accommode d’un médecin féru de littérature anglo-américaine, qui avait ouvert des négociations secrètes directement avec les USA, et circonstance aggravante a choisi pour conseillère politique sa fille Zahra, belle et intelligente, qui prend des libertés avec le port strict du tchador.

 

On peut donc considérer Pezeshkian comme un frondeur opportuniste, qui sait jusqu’où aller trop loin, comme lorsqu’il a usé de son influence pour qu’on tolère le rock, le rap et les films américains, tout en fermant les yeux sur la consommation d’aragh sagi tant qu’on le boit en privé.

 Et c’est à l’aune de ce profil qu’on peut évaluer l’attitude qu’il préconise à l’égard d’Israël.

 

Pourrait-il devenir une sorte de Sadate iranien ?

J’ai posé la question à un ancien diplomate, retraité sous les cocotiers.

 Il a esquissé une grimace, réfléchi quelques secondes, et a fini par convenir que le défunt président égyptien, après avoir mené une dernière guerre « pour l’honneur » en 1973, était devenu quatre ans plus tard un artisan de la paix. 

Le pire n’est donc jamais certain.

Depuis plusieurs années, en tant que ministre et conseiller du Guide, le nouveau président iranien Masoud Pezeshkian s’oppose aux partisans de la ligne dure du régime. 

Il voudrait qu’après plus de 40 ans de bannissement avec des conséquences économiques désastreuses, son pays puisse réintégrer le concert des Nations.

Mais pour faire oublier l’infâme agression contre l’ambassade des USA avec prise d’otages qui dura 444 jours, il doit donner des gages de bonne volonté.

 En commençant par empêcher l’attaque avec des missiles de Tel-Aviv et d’autres villes en Israël, comme y poussent les gardiens de la révolution pour venger l’élimination à Téhéran du leader du Hamas Ismail Haniyeh.

Les Iraniens, même les plus radicaux et les plus vindicatifs, savent que si Israël riposte de la même manière, et probablement un cran au dessus conformément à son habitude, les dégâts et le nombre de morts risquent d’être très importants.

 Sans rien y gagner d’autre que le plaisir d’une petite vengeance en se défoulant.

Pour calmer le jeu sans perdre la face, Pezeshkian préconise des frappes contre des bases du Mossad disséminées dans la région. 

En particulier en république d’Azerbaïdjan et au Kurdistan irakien, en prenant soin d’en informer ces pays à l’avance pour éviter des dommages collatéraux. 

 Symboliquement l’affront serait lavé, et il pourrait reprendre ses approches diplomatiques pour tenter de normaliser les relations avec l’Occident.

Il a dit récemment que sortir l’Iran de son isolement international, faire tomber les sanctions économiques, et réintégrer l’accord sur le nucléaire, était plus important que de soutenir des groupes de djihadistes sans espoir.

 Mais il doit faire vite car, selon des infos tenues pour fiables, les métastases de Kamenei ne lui laisseraient pas plus de deux ans à vivre. 

Et qui sait si « l’assemblée des experts », qui sont des religieux pointilleux, ne choisirait pas son successeur parmi les plus intraitables ?

 

Derrière cette sagesse, il y a sans doute aussi une bonne dose de réalisme

Pezeshkian craint les conséquences désastreuses d’une attaque directe, considérant que « l’Iran a eu de la chance de ne pas entrer en guerre totale avec Israël lors de la précédente attaque en avril. » 

 Ses généraux ont évalué les forces en présence. Israël est trop fort. 

 Avec des avions et des pilotes plus performants, des missiles et des drones plus précis, des informateurs parlant farsi mêlés à la population.

 

L’essentiel de la flotte aérienne en Iran est composée de McDonnell Douglas F-4 Phantom II fournis au shah’in shah dans les années 1970. 

Et de quelques Grumman F-14Tomcat des appareils qui ont fait leur temps et pour lesquels on manque de pièces de rechange.

 Auxquels on peut ajouter quelques Kowsar, copies locales imparfaites du F 5 de Northrop dont la conception date de 1962.

 

Tous ces jets seraient pulvérisés s’ils devaient affronter des F-35 furtifs, aux performances améliorées en Israël. 

Des machines qui viennent de temps en temps survoler Téhéran, et le font savoir, histoire de se rappeler au bon souvenir de la république islamique.

Quant aux centaines d’hélicos vieux d’un demi-siècle, « cannibalisés » pour les pièces d’entretien, leur nombre ne doit pas impressionner. 

Celui qui s’est crashé avec le précédent président était considéré comme un des plus sûrs.

Reste la promesse de livraison prochaine de Soukhoï Su-35 russes pour rétablir l’équilibre. 

Mais il est probable que les Israéliens les élimineraient avant qu’ils puissent décoller, selon une tactique éprouvée lors de la guerre des six jours. 

Dans un contexte similaire, si les menaces s’accumulaient et si la survie d’Israël était menacée, ce pays pourrait même lancer une guerre préventive comme celle de 1967. 

Sa supériorité aérienne le lui permettrait.

 D’autant qu’en Iran, l’acquisition et le renouvellement des licences de pilotes tient plus à la connaissance du coran qu’à celle du manuel de vol, et à la réussite aux tests.

Selon « Iran International », média proche de l’opposition iranienne, Pezeshkian aurait exhorté le Guide suprême Khamenei à renoncer à une attaque directe contre Israël. 

Le prix à payer serait trop lourd. 

Il est vraisemblable que les Iraniens riposteront, comme ils l’ont toujours fait, en utilisant leurs proxys hezbollah et Houthis après avoir vociféré pour la forme.

 Même si les Gardiens de la Révolution, motivés par leur volonté de nuire au président réformiste, prônent la politique du pire sans en mesurer les conséquences.

Par Christian Navis

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