dimanche 18 août 2024

EN ATTENDANT LE NOUVEAU PREMIER MINISTRE ......

 



 TRIBUNES LIBRES !

[Chronique] 

La Ve République est morte, Macron l’a euthanasiée

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Les commentateurs politiques vont bon train, dans la situation politique incertaine de la France. 

Beaucoup célèbrent le fait que la France rentre dans le champ de nombre de démocraties européennes gouvernées par des coalitions souvent longues à constituer.

 D’autres évoquent avec nostalgie, semble-t-il, la IIIe ou la IVe République et expliquent que, en fin de compte, le système fonctionnait.

 C’est oublier un peu vite que les régimes politiques obéissent à une logique institutionnelle propre.

Les exemples belge ou néerlandais n’ont rien à voir avec la situation française. 

Tout d’abord, ce sont des monarchies où la pérennité de l’État et son incarnation résident dans le souverain qui est indépendant des sautes d’humeur électorales et tient la cohérence du corps politique. 

Ensuite, le mode de gouvernement est parlementaire et possède donc des traditions et des usages en accord avec cette conception de l’exercice du pouvoir. Enfin, pour la Belgique, le pouvoir est extrêmement régionalisé.

Pour ce qui concerne les deux Républiques précédentes, le mode de scrutin pour les élections législatives fut différent de celui en vigueur aujourd’hui : scrutin proportionnel pour la IVe, proportionnel avec une forte prime majoritaire pour la IIIe à partir de 1919, scrutin uninominal en 1889 et, de 1885 à 1889, scrutin de liste majoritaire départemental. 

Tous les modes de scrutin ont donc été utilisés et aucun n’a garanti la stabilité politique.

 De Gaulle en tirait la conclusion qu’en fin de compte, ce qui importait était le cadre constitutionnel et non la mécanique électorale. Il considérait que la « monarchie républicaine » qu’il avait mise en place réalisait la synthèse entre la tradition royale et impériale et le régime d’assemblées.

 La question est de savoir si elle ne cumule pas les inconvénients des deux régimes sans en tirer les avantages respectifs.

Dans les deux précédentes Républiques, le président de la République n’était là que pour inaugurer les chrysanthèmes, à l’opposé des institutions de la Ve République.

 Et la fin de ces Républiques ne fait pas rêver.

 La réécriture fleurie de l’Histoire par les nostalgiques du parlementarisme semble bien dérisoire.

Pour connaître l’esprit même de nos institutions, rien de mieux que d’interroger ceux qui en furent les architectes. 

De Gaulle, dans son allocution du 20 septembre 1962, déclarait : « La clé de voûte de notre régime, c’est l’institution d’un président de la République désigné par la nation et le sentiment des Français pour être le chef de l’État et le guide de la France »… « Le Président est en effet garant de l’indépendance et de l’intégrité du pays »

Devant le Conseil d’État, le 27 août 1958, Michel Debré avait déjà précisé : « Le président de la République doit être la clef de voûte de notre régime parlementaire »« Le régime d’Assemblée […] est impraticable et dangereux »

En pratique l’exact contraire de ce à quoi Macron nous a conduits. 

 Loin d’être « le guide de la France », il a passé son temps à hystériser les débats politiques et sociétaux, à soulever des contestations violentes et à diviser les Français avec une sorte de mépris de classe insupportable.

 Quant à l’indépendance de la France, il l’a passée par pertes et profits, car il ne jure que par la prétendue « souveraineté européenne », évidemment antinomique de celle de la France. Tout cela pour aboutir à retrouver « le régime d’Assemblée impraticable et dangereux » nourri par des accords électoraux contre-nature.

 Bravo, l’artiste !

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen 
 
 
ET AUSSI 

[L’ÉTÉ BV] 

Trouvaille macroniste : punir les agriculteurs… à leurs frais !

Agriculteurs
Cet article vous avait peut-être échappé.
 Nous vous proposons de le lire ou de le relire.

Cet article a été publié le 16/05/2024.

Tout l'été, BV vous propose de relire certains articles de l'année écoulée.

 Ici, nos chroniques du Macronistan.

C’est un détail de la loi d’orientation agricole actuellement examinée à l’Assemblée nationale, mais il se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux et ulcère les agriculteurs.

 Et pour cause : il est infiniment révélateur. 

Les Verts ont encore sévi. 

Ils ont glissé dans la loi un amendement répressif bien dans leur style, une boîte à gifles anti-paysans, tellement provocatrice qu’elle ferait sourire si autant d’agriculteurs ne luttaient pas tous les jours pour survivre. L’amendement commence gentiment : « Sans préjudice des poursuites pénales qui peuvent être exercées en cas d’atteinte irréversible à la conservation d’espèces animales non domestiques, d’espèces végétales non cultivées et d’habitats naturels […] » De quoi coincer à peu près n’importe quel agriculteur…

 La suite colle les paysans contre le mur de l’administration tenue d’une main de fer par nos sympathiques Khmers verts : « L’autorité administrative compétente peut, sans avoir procédé préalablement à une mise en demeure, obliger à l’accomplissement, aux frais de la personne physique ou morale de la personne responsable de l’atteinte, d’un stage de sensibilisation aux enjeux de l’environnement et notamment à la reconnaissance et à la protection des espèces et habitats. »

 

La secte verte manie le bâton

La majorité tord ainsi, à nouveau, le bras des agriculteurs : poursuites pénales sans avertissement, imposition d’un stage de sensibilisation sans mise en demeure et matraquage pour le paiement des frais de ladite sensibilisation auprès de populations agricoles dont toute la France a compris qu’elles sont au bout du rouleau et en danger. 

 Toute la France… sauf Macron et ses macronistes. Les intenses révoltes paysannes dans toute la France et en Europe, précisément contre ce type de diktat ? 

Pas vu, pas compris par le pouvoir.

La colère du syndicat Coordination rurale ne s’est pas fait attendre : « Monsieur le Ministre, écrit le mouvement, sur X, retirez cet amendement sans délai, la colère paysanne est immense. » 

De nombreux agriculteurs voient rouge, comme Cédric : « Celui ou celle qui me recevra en stage ne sera pas déçu : il ne finira pas la journée, il aura craqué avant moi ! » Jamais on n’avait piétiné à ce point une révolte, celle de professionnels qui veulent continuer à nourrir les Français, après tant de promesses et tant de mots.

Les Soviets verts sont si certains de leur fait qu’ils manient le bâton par réflexe, comme les mauvais régisseurs d’autrefois rudoyaient les serfs. 

C’est une seconde nature : les auteurs de ce texte ne voient plus ce que leur comportement a d’insupportable, coupé des professionnels de la nature, coupé des Français, coupé du réel et du bon sens, mais persuadé de faire le bien. Vous avez dit sectaire ?

Le maniement du bâton écolo, de la complexité administrative et de la menace de l’État face aux derniers entrepreneurs agricoles qui se battent pour survivre est devenu une peau indétachable de l’État macroniste. 

Le même qui, au terme de mois entiers de soulèvement paysan contre sa politique, a imposé, à la quatrième place de la liste Hayer aux européennes, le sinistre Pascal Canfin, l’artisan du Green Deal.

 

Moins compétents qu’eux

Il suffit de quelques clics sur le site de l’OFB (Office français de la biodiversité), où des fonctionnaires idéologues et bien nourris font profession de tracasser sans fin nos agriculteurs, pour vérifier que l’amendement n’est que la partie émergée de l’iceberg.

 Ainsi, quatre coupables d’avoir circulé en motoneige, non agriculteurs, ont-ils testé un dispositif connexe en 2021. 

Pour éviter les poursuites judiciaires, ils ont été inscrits de force à un stage de « sensibilisation à la préservation de l’environnement » organisée par la Maison régionale de l’eau (oui oui, ça existe !) pour suivre une journée de formation théorique et un volet terrain, le tout à leurs frais.

 Pour des Parisiens, admettons.

 

 Mais contraindre des paysans, dont les diplômes, l’héritage familial, l’expérience, le métier les mettent en permanence au contact de la nature, à se faire tirer l’oreille et taxer par moins compétents qu’eux témoigne d’une morgue, d’un sentiment de supériorité, d’un mépris liberticide et d’un maniement décomplexé de la contrainte qui font froid dans le dos.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste 
 
 
ET AUSSI 





[Point de vue]

 En attendant le nouveau Premier ministre…

Capture d'écran
Capture d'écran

Dans la pièce de Samuel Beckett, En attendant Godot, deux personnages espèrent la venue d’un homme appelé Godot. 

L’attente dure toute la pièce, constituant le principal ressort dramatique.

 Ils restent désespérément seuls au bord de la route, car Godot ne viendra jamais.

Dans la pièce d’Emmanuel Macron, « En attendant le nouveau Premier ministre », l’attente est tout aussi présente, mais à la différence des personnages de Beckett, tout le monde s’en moque, excepté le microcosme politique et médiatique, et les candidats attendus sont nombreux; ils viennent et se pressent aux portes du pouvoir.

 Ainsi, la première d’entre eux et la plus persévérante est une inconnue qui ne l’est plus désormais : Lucie Castets.

 Elle commence à devenir un véritable casse-tête pour le Président qui ne sait comment s’en débarrasser, elle est partout, du matin au soir - ou presque -, revendiquant le poste de Premier ministre pour lequel le NFP l’a désignée. 

L’ennui est que cette coalition électorale brinquebalante, faite de carpes et de lapins, n’a pas de majorité et qu’elle serait incapable de se coaliser avec quiconque ; elle n’arrive même pas à se coaliser elle-même.

Mais d’autres sont là, et il en sort un tous les jours, comme le marchand d’assurances et de pantoufles Xavier Bertrand, une caricature de LR, plus proche de l’esprit de collaboration que des prétendues valeurs gaullistes de son parti, ou comme l’ex-candidate à la présidentielle et somptueuse oratrice de théâtre de marionnettes, la très BCBG Valérie Pécresse, qu’on croirait sortie d’un magazine féminin de la gauche caviar. 

Et il y a eu aussi, l’espace d’un jour, l’ex-secrétaire de la CFDT, dont j’ai déjà oublié le nom, héros de la grève contre la retraite à 64 ans, ou Clémence Guetté et Olivier Faure, proposés l’un par LFI, l’autre par le PS.

 En revanche, personne n’évoque, pour l’instant, le retour de Flanby, qui a repris son cursus honorum à la base, puisque devenu simple petit député de Corrèze. Et après la trêve olympique, les différents médias nous sortent chaque jour un nouveau champion que le Président pourrait appeler…

On le voit, les Godot de Macron se pressent alors même qu’on ne les attend pas, ils pullulent depuis début juillet, et sur les plateaux des télévisions, des politolologues et des politolologistes savants nous expliquent pourquoi tel ou tel a des chances ou ferait un bon ou un mauvais Premier ministre. 

C’est passionnant, mais à la vérité, tout le monde s’en moque, puisque quel que soit l’heureux élu, comme les marionnettes, il fera trois petits tours et s’en ira, et l’attente d’un nouveau Godot et godillot reprendra. 

Car ce Premier ministre ne sera qu’un guignol de plus dans la théâtrocratie qui mène le pays.

Mais dans cette tempête dans un verre d’eau, ce que l’on ne dit pas, c’est que la clé de voûte de cette construction destinée à vite s’écrouler, c’est tout simplement l’obstination d’un Président sans avenir ni passé à perdurer dans son inutilité et son pouvoir de nuisance, et dont la seule attitude gaullienne qui vaille serait qu’il démissionnât ; ce serait conforme aux valeurs de la Ve République et de la République tout court, ces valeurs dont il nous rebat les oreilles et avec lesquelles il justifie ses barrages contre le seul parti qui représente encore un peu la volonté du peuple français aujourd’hui : le Rassemblement national.

À force de barrages et de fronts républicains pout se maintenir en place, il a dévoyé notre démocratie, il a privé le peuple de toute véritable représentativité et de la possibilité de voir abordés les vrais problèmes du pays

Mais n’est pas de Gaulle qui veut, et ce Président n’est pas un homme d’État, il n’est qu’une absurdité constitutionnelle, préférant voir le pays barboter dans une sorte de sous-Quatrième République sans âme et sans éclat plutôt que de s’en aller.

Jean-Pierre Pélaez
Par Jean-Pierre Pélaez
 
Auteur dramatique 
 
 
Source et Publications :  https://www.bvoltaire.fr


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