samedi 31 août 2024

DÉMOCRATIE : TAMBOUILLE, MAGOUILLE ET TRIPATOUILLE ! ( JEAN-PIERRE PÉLAEZ )

 

 


 

TRIBUNES LIBRES !

 

Sondage : horrifiés par LFI, les électeurs regrettent leur barrage anti-RN !

©shutterstock_editorial_2139717395
©shutterstock_editorial_2139717395

Si le second tour du 7 juillet semble avoir figé la situation politique, l'été Castets et les consultations interminables pour dégager une majorité introuvable et un gouvernement ont toutefois fait bouger les lignes.

 LFI et Mélenchon, en assumant ce qu'ils sont, se sont exclus de l'équation et l'on va probablement (réponse lundi ?) vers une majorité PS-Renaissance-LR, dirigée par un Bernard Cazeneuve ou quelque chose dans le genre.

 Cette fracturation du NFP répond, en fait, aux désirs de Mélenchon comme de Macron. 

L'un pour s'ériger en seul leader de la vraie gauche qui ne trahit pas et continuer à tirer les dividendes d'une posture d'opposition extrémiste.

 L'autre pour replâtrer sa majorité défaite dans un énième élargissement du « en même temps ». 

PS et LR - ou du moins ce qu'il en reste - vont une nouvelle fois passer à la centrifugeuse de cet attelage qui se délitera jusqu'à la prochaine dissolution.

Mais les lignes ont aussi bougé dans l'opinion vis-à-vis de LFI et de Mélenchon, comme le montre l'enquête post-électorale d’Ipsos, réalisée pour Le Monde, le centre de recherches politiques de Sciences Po, l’Institut Montaigne et la Fondation Jean Jaurès.

 

LFI de plus en plus rejetée

C'est l'enseignement majeur de cette enquête : pour 74 % des Français, LFI est une formation d’extrême gauche, un chiffre en progression de 9 points par rapport à septembre 2023 ; elle attise la violence (72 %, +12 points) et elle est dangereuse pour la démocratie (69 %, +12 points). Un tel portrait-robot désigne clairement la cible du prochain barrage électoral.

LFI et Mélenchon seulement attractifs chez les électeurs... musulmans

 

L'autre enseignement spectaculaire - mais guère surprenant - relevé par Brice Teinturier, c'est que le socle de LFI est « numériquement faible » : « 7,5 % , soit moins que le PS qui obtient 10 % sans passer par le canal de la radicalité, autant que LR et loin derrière les 21 % qui choisissent le RN »

Et, surtout, ce réduit mélenchoniste est bâti sur un électorat bien spécifique : les musulmans. 

Ainsi Mélenchon est-il la personnalité politique la plus rejetée des Français mais, souligne Brice Teinturier, « seuls les Français musulmans portent sur Jean-Luc Mélenchon un regard positif, avec 64 % de jugements favorables ».

 

Un RN solide

Face à ce rejet massif de LFI, le RN se distingue : pour Brice teinturier, « l’examen comparé de ces deux formations est sans appel »

Sur l'accusation d'attiser la violence, le RN fait 18 points de moins que LFI ! 

Dangereux pour la démocratie ?  16 points de moins que pour La France insoumise.

 La stratégie de désextrémisation a porté ses fruits. 

 Le stade ultime de la conquête du pouvoir repose donc sur le renversement du fameux barrage du front républicain.

Le parti extrémiste, antidémocratique, outrancier, avec toute une rhétorique plus ou moins antisémite assumée, contre lequel il faut voter, c'est bien LFI !

 

Les électeurs du centre et de droite regrettent d'avoir voté NFP !

Justement, cette même étude Ipsos a judicieusement questionné les électeurs sur leur sentiment postélectoral, notamment ceux qui, au centre ou à droite, ont « fait barrage », allant même jusqu'à voter NFP et LFI, à l'appel d'un Gabriel Attal ou de leaders LR (p. 8 de l'enquête).

 Chez les électeurs macronistes, ils sont 46 % à regretter ce vote en faveur du NFP. 

Chez les électeurs LR et divers droite, le regret est nettement majoritaire : ils sont 62 %, dont 24 % à éprouver des regrets importants ! 

 

Pourquoi ce revirement ? 

D'abord, l'épouvantail LFI, bien sûr.

 Ensuite, la prise de conscience d'avoir été victime d'un hold-up électoral du NFP et de la Macronie suscite des sentiments négatifs chez une majorité de Français (p. 17), d'autant plus forts que l'on va vers la droite. 

Enfin, le retour au réel, avec Solingen, La Grande-Motte, Mougins et Vallauris fait voler en éclats les subterfuges du NFP et de la Macronie sur l'immigration et l'insécurité.

Ces électeurs manipulés, floués, peuvent certes se réjouir de l'exfiltration en cours de LFI par Macron et les groupes parlementaires qui ont prévenu qu'ils censureraient un gouvernement NFP, mais l'arnaque électorale reste amère. 

Pour la droite et le RN, tout l'enjeu de cette législature chaotique sera d'accompagner cette frustration, d'accueillir ces électeurs et d'ouvrir une perspective crédible d'alternance : derrière la déception et la colère, l'attente est immense.

 Il ne s'agit pas de refaire le match mais de préparer le prochain. Et de le gagner.


Frédéric Sirgant
Par Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire 
 

ET AUSSI

[POINT DE VUE] 

Démocratie : tambouille, magouille et tripatouille

cocotte minute

Si Sully, le ministre d’Henri IV, était parmi nous, ce n’est pas « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France » qu’il dirait, mais tripatouillage et grenouillage sont celles de la démocratie en marche.

Tout l’effort de la caste politique actuelle - sorte de droite gauche molle centriste, résurgence de la droite orléaniste, mâtinée de bien-pensance -, incapable de relever notre pays à la dérive, consiste, au nom de la démocratie et des valeurs républicaines, à rejeter la démocratie et l’esprit de la Ve République. 

Au lieu d’écouter le peuple (le dèmos de la démocratie) et la volonté qu’il exprime pour résoudre les vrais problèmes de ce pays - tout le monde les connaît sauf ceux qui ont des yeux pour ne pas voir -, il s’agit de faire comme si le seul danger était une arrivée au pouvoir de l’extrême droite.

 Cela fait un moment que ça dure, mais en dépit des peurs et des mises en garde, une nombre croissant d’électeurs votent pour elle jusqu’à constituer un bloc de 11 millions de voix et le premier parti de l’Assemblée, mais rien n’y fait et la caste s’acharne à se maintenir contre le vote populaire.

 

Oublié, le référendum !

Ainsi le référendum, pilier de la Ve République, est aux oubliettes depuis que les Français ont voté contre le traité européen et que Sarkozy a fait voter par le Parlement le contraire de ce qu’ils avaient répondu. 

Mais à force de nier le peuple, c’est bien dans l’impasse où nous sommes que Macron a conduit le pays. 

Les dernières élections en sont l’aboutissement le plus absurde. 

À vouloir installer une pseudo-démocratie qui rejette la démocratie et, donc, le vote populaire, il a rendu ce pays ingouvernable.

Aujourd’hui, au bout de deux mois bientôt, le voilà incapable de trouver un Premier ministre en état de gouverner durablement. 

Après avoir, au nom du sempiternel barrage contre l’extrême droite, fait s’allier les derniers centristes qui le soutenaient, la droite molle des Larcher, Pécresse ou Bertrand aux grosses pantoufles et le bric-à-brac d’un front LFI populaire fait de carpes socialistes, de lapins écologistes, de bourricots communistes et de pintades islamo-gauchistes, Macron se retrouve face au mur de ses contradictions, congédiant ses faux alliés d’hier, lesquels, furieux, le menacent, oubliant que leur patchwork n’a ni cohérence ni majorité.

 

Une inventivité sans limites

Que de tambouilles et de tripatouilles pour empêcher, en France, la démocratie de vivre et de fonctionner ! 

On reste pantois devant tant d’inventions, de tractations, de tartufferies, de contorsions, de circonvolutions destinées à ne pas respecter la volonté du peuple, dans une République dont son créateur disait qu’elle est faite pour le peuple et par le peuple.

 Mais de tout cela, ce Président n’en a cure. Pourvu qu’il se maintienne, et sa finance européiste avec lui, l’État peut continuer de tomber en ruine.

Et du matin au soir, dans une cacophonie de perroquets médiatiques, avec ses gaullistes qui n’en sont plus, ses socialistes bobo, ses communistes croupions, ses écolo-gauchistes dingos, ses centristes paralysés, le système en place poursuit son travail de sape de notre pays.

 Il invente les tambouilles gouvernementales les plus abjectes ; au moment où l’on aurait besoin d’un gouvernement fort et déterminé, il perpétue des momies de politicards et leur langue de bois.

Mais, sous ce chaos, il y a la violence qui monte d’un pays qui n’en peut plus.

 De Gaulle, le fondateur, avait démissionné dans l’honneur. 

Macron, son lointain successeur, sorte de Romuluscule de fin d’empire, pourrait bien devoir démissionner dans la honte et le ridicule.

Jean-Pierre Pélaez
Par Jean-Pierre Pélaez 
 
Auteur dramatique 
 
Source et Publications :   https://www.bvoltaire.fr/point-de-vue
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire