Comme le démontre Gérard-François Dumont, la politique familiale de la France a très longtemps été fondée sur un principe d’universalité – soutenu par l’ensemble des partis politiques – et complétée par un système du « quotient familial », afin de rendre l’impôt le plus neutre possible par rapport à la taille des familles.
Ce système avait su satisfaire les Français, comme en témoignait leur niveau de fécondité nettement supérieur à la moyenne de celui des autres pays de l’Union européenne – d’un quart ou d’un tiers selon les années.
Pourtant, à compter des années 1970, la politique familiale s’est de plus en plus muée en une simple politique sociale – visant à réduire les inégalités. De même, son caractère universaliste a progressivement été détricoté avec la multiplication de prestations sous conditions de ressources, pour des catégories ciblées, et aux modalités changeantes.
Ce processus a atteint son paroxysme dans le milieu des années
2010, avec la fin de l’universalité des allocations familiales et la
baisse du plafonnement du quotient familial – passé de 2000 à 1500 euros, complété par d’autres mesures régressives comme la réforme contre-productive du congé parental, et accentué par une politique du logement qu'il qualifie de « malthusienne ».
De telles évolutions ne sont pas restées sans conséquences : la
France a enregistré une forte baisse de son indice de fécondité, passé
de 2 à 1,64 en France métropolitaine entre 2014 et 2023 selon
l'INSEE – ce qui n’avait pas été anticipé, avec à la clé une
accélération du vieillissement de sa population. Gérard-François Dumont
souligne ainsi que toute politique publique exerce nécessairement des effets sur les comportements des populations,
et que la politique familiale ne fait pas exception à la règle - ce que
de nombreuses études confirment par ailleurs, comme celles du prix
Nobel d’économie Gary Becker.
Le nombre moyen d’enfants idéalement désiré par les familles était de 2,27 en France l’an dernier – certes en baisse par rapport à 2020 où il était de 2,39 –, ce qui reflète un véritable décalage entre les aspirations des ménages et la possibilité concrète pour eux de les réaliser.
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