Suppression de C8 : contre la « censure », ils manifestent devant l’Arcom
Ils disent non. À l’initiative des journalistes Michel Taube, directeur de publication d’Opinion internationale, de Radouan Kourak, journaliste à Entrevue et chroniqueur TPMP, et l’avocat Aurane Reihanian, une manifestation s’est tenue devant le siège de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) contre la suppression des ondes hertziennes de C8.
Sur place, une petite centaine de personnes s’est rassemblée pour soutenir cette initiative et rencontrer leur idole : l’animateur star de la chaîne, Cyril Hanouna - qui s’est exprimée en exclusivité à notre micro.
« Cette émission n’est pas de droite, elle est pluraliste »
À notre micro, Gilles Verdez, chroniqueur phare de Touche pas à mon poste !, dénonce une décision qui, selon lui, va à l’encontre des valeurs françaises : « Je suis là pour défendre la liberté d’expression, qui est une valeur sacro-sainte de la France. »
Pour le chroniqueur, la décision de l’Arcom n’est ni plus ni moins qu’un bâillon : « On veut nous priver de cette liberté d’expression en faisant taire une chaîne, une émission et un animateur qui parle à des millions de Français dans un esprit de débat contradictoire. »
Journaliste aux idées de gauche très affirmées, Gilles Verdez est souvent sous le feu des critiques, provoquant de vives réactions à la fois en plateau, sur les réseaux sociaux et autour des machines à café. «
J’ai des valeurs de gauche affirmées, mais jamais je n’ai eu ni consigne ni directive.
On ne m’a jamais briefé en amont sur ce que je devais dire », affirme haut et fort l’ancien reporter du Parisien, qui ajoute : « Dans l’émission, les échanges contradictoires peuvent être vifs, mais à aucun moment je n’ai dû taire mes opinions. »
Consterné, il reprend : « Cette émission n’est pas de droite, elle est pluraliste. »
Celui qui nous assure être venu en « simple soutien » et par amitié pour Radouan Kourak, co-organisateur de l'événement, conclut : « La chaîne a déjà payé des amendes. La double peine n’existe plus, en France, c’est bon, on a déjà payé. »
« Cette décision n’est pas fondée »
Venu remercier les organisateurs et les personnes présentes, Cyril Hanouna a fait une apparition éclair mais remarquée. « Ce qui compte, pour moi, c’est le public qui nous place premier talk de France », commence l’animateur.
Si l’avenir de C8 semble plus que jamais compromis, Cyril Hanouna l’assure : « On travaille sur d’autres solutions pour que vous continuiez à avoir votre émission tous les soirs. »
Une promesse qui semble ravir la maigre assemblée, qui applaudit.
Nouvelle chaîne ? Diffusion par décodeur ? Plate-forme de streaming vidéo ?
Nul ne sait comment l’émission TPMP perdurera.
Pour le moment, une chose est sûre : cette décision met au chômage plusieurs centaines de personnes. «
Je me demande au nom de quoi on met 400 personnes au chômage », s’interroge Gilles Verdez.
Mais Cyril Hanouna promet de récupérer l’ensemble de ses équipes qui seront « privilégiées » pour continuer à travailler avec lui.
« Mon objectif, c’est de faire travailler ceux qui contribuent au succès de mon émission. »
Partant sous les acclamations d’une foule resserrée, Cyril Hanouna a fait passer un message, à notre micro, aux commissaires de l’Arcom : « Je veux leur dire que nous sommes tristes, à la fois pour les gens qui travaillent avec nous et pour le public. »
iCe mardi 17 décembre, se tenait le procès de Cyril Hanouna poursuivi par le député Louis Boyard pour injure publique envers une personne dépositaire de l’autorité publique, au Tribunal correctionnel de Paris, après un renvoi le 18 novembre.
L’affaire remonte au 10 novembre 2022 sur le plateau de Touche pas à mon Poste où Boyard était invité à commenter la prise en charge de réfugiés par l’Océan Viking.
Dans cette séquence, Boyard avait vertement critiqué Bolloré pour ses actions en Afrique, ce qui lui avait valu d’être insulté copieusement par l’animateur vedette.
À l’audience, les accusés Cyril Hanouna, présentateur de l’émission Touche pas à mon Poste, et Maxime Saada, président-directeur général de Canal+, sont absents.
Me Stéphane Hasbanian et Me Olivier Chappuis les représentent respectivement.
La séquence vidéo de la passe d’armes est projetée : « Espèce d’abruti » ; « T’es un abruti » ; « Tocard, va » ; « Bouffon, va » ; « Toi, t’es une merde » tel est le florilège d’insultes lancées par Cyril Hanouna à l’égard de son ancien protégé Louis Boyard, au cours d’une séquence intense de neuf minutes.
Les injures citées, retenues par le tribunal, sont proférées, selon M. Boyard, en sa qualité de député, tandis que la partie adverse explique qu’elles le désignent comme ancien chroniqueur.
Le député dénonce également une tentative de censure de la part de l’animateur-vedette pour avoir critiqué Vincent Bolloré, le propriétaire de la chaîne C8.
Quant aux avocats des prévenus, ils pointent une provocation de la part de Louis Boyard.
Les intentions pures de Louis Boyard
Pourtant connu pour ses nombreuses provocations, le député explique qu’il n’est pas venu pour faire un clash.
Il rappelle qu'il intervient sur les plateaux pour faire de la politique.
Selon le bandeau en bas d'écran, il est bien là en tant que député.
Revêtu du costume de la vertu, le député rappelle que le programme politique de LFI dénonce la concentration des médias et défend la cause de l'immigration et que c’est dans cette démarche qu’il intervient.
Interrogé sur l’accueil des clandestins par l’Océan Viking, il explique avoir d'abord mis la focale sur Patrick Pouyannet, président de Total, et son projet pétrolier en Ouganda, puis avoir parlé de l'implication de Bolloré car Hanouna lui demandait de s'expliquer dessus, répétant ceci : « Bolloré est en procès contre 150 Camerounais qu’il a pillé en déforestant le Cameroun avec ses projets d’huile ».
Une assertion hardie, majorant très fortement la responsabilité du groupe Bolloré qui « ne possède que 9,35% du capital de cette plantation camerounaise, alors que l'Etat camerounais est actionnaire lui à 27% » expliquait à l’AFP l’avocat du groupe Bolloré, Me Olivier Baratelli, ajoutant que Socfin (la holding luxembourgeoise détenue à 38,75% par Bolloré, NDLR), « n'exerce aucun contrôle opérationnel sur ses plantations.»
Me Chappuis, l’avocat de Maxime Saadé, récuse la justification de Louis Boyard : « Quel est le rapport entre l'Océan Viking et la déforestation de Bolloré, il faut arrêter de nous faire avaler des couleuvres. »
Hanouna tombe dans le piège
Me Chappuis, l’avocat de M. Saadé, va plus loin sur les intentions du jeune député puisqu’il affirme que la provocation était préméditée.
C’est ce qu’auraient souligné des membres de LFI selon lui.
À la question de savoir si Boyard avait préparé son coup, l’ex-députée Raquel Garrido aurait répondu favorablement.
« Cette séquence s'est passée exactement comme il aurait pu l'espérer, un rêve pour Boyard. Il a bu du petit lait en voyant à quel point Hanouna était sorti de ses gonds », déclare non sans humour l’avocat de Saadé.
Il explique même que la plainte pour injure avait pour objectif d’éluder la question de la provocation.
Par ailleurs, l’avocat tempère la portée des qualificatifs employés par Hanouna : « [Le qualificatif de] "Mon chéri" montre bien qu'il ne faut pas prendre le lexique d'Hanouna à la lettre, au même titre que quand il emploie le terme de "merde" : il ne le considère pas comme une matière fécale ».
Il fait même remarquer que le député n’a aucune réaction de quelqu’un qui se sent insulté.
« Boyard est un professionnel de l'agitation politique et il explique qu'il était stupéfait par la réaction d'Hanouna », remarque Me Chappuis.
Boyard connaissait les éléments de langage de ce programme auquel il participait avec l’emploi de mots comme « déconner » et « merde » lors de précédentes éditions, pointe l’avocat de l’animateur, Me Hasbanian.
Il va encore plus loin pour dénoncer une malhonnêteté intellectuelle : « Manon Aubry utilisait aussi le qualificatif de tocard envers Bruno Le Maire.
Il faut une cohérence.
On ne va pas maintenant pleurer d'être traité de tocard, en ratant un jour à l'Assemblée aux frais du contribuable que nous sommes. »
L’avocate de Louis Boyard réclame une condamnation de 10.000 euros contre Cyril Hanouna.
Délibéré le 20 février 2025.
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